Recherche...

Les Maîtres du pouvoir

(1ère publication de cette chronique : 2024)
Les Maîtres du pouvoir

Titre original :Balance of Power

Titre(s) alternatif(s) :Hidden Tiger, Dojo, La loi des arts martiaux, Pouvoir de justice

Réalisateur(s) :Rick Bennett

Année : 1996

Nationalité : Canada / Etats-Unis

Durée : 1h32

Genre : #Balancetonpower

Acteurs principaux :Billy Blanks, Mako, James Lew, Christopher Lee Clements, Garry Robbins, Denis Akiyama, Lisa Jai, Vojislav Govedarica

Kobal
NOTE
2/ 5

Le risque avec la dissection d'une chimère comme Gladiator Cop, c'est de donner envie de poursuivre sans fin ses recherches en se lançant sur la trace des exploits passés des protagonistes de cette étonnante histoire... Quitte à soulever le voile de la réalité pour y découvrir d'innommables horreurs qui se refusent à la compréhension de notre espèce. Bon, ne nous emballons pas non plus, on ne va pas braquer la lumière vacillante de notre lampe-torche sur Nyarlathotep mais plutôt sur une obscure bobine d'action canadienne dénommée Les Maîtres du pouvoir, alias Balance of Power. Un titre des plus anonymes qui prouve par sa banalité que le génie créatif humain n'a jamais eu besoin de ChatGPT pour auto-digérer éternellement les mêmes trucs.

Niko (Billy Blanks) est professeur de karaté et "mère poule" d'une jeunesse orpheline de cadres éducatifs et de repères moraux, errant dans des quartiers urbains ravagés par le fléau de la DROGUE. Et du RACKET. Et des COMBATS CLANDESTINS. Des problématiques sociales si interconnectées que c'est le même entrepreneur qui est à la tête de toutes ces belles mécaniques capitalistes : Atashta, un mafieux d'ascendance japonaise qui règne par la force, l'intimidation et le divertissement. Mais si le biz de la drogue marche bien, celui des combats souffre de la surconsommation de pratiquants, inhérent à l'attractivité que sont les mises à mort et autres mutilations estropiantes. Le risque est donc de devoir faire, pour Atashta, ceinture.

À l'épaisseur de sa chevelure, on comprend que Les Maîtres du pouvoir est un Billy Blanks vendange tardive.

Niko participe également à l'éducation écologique de ses ouailles en leur faisant ramasser les saletés.

Et puis après, entraînement sur le respect des ressources aquatiques.

Atashta (Astishita en VO), interprété par le stakhanoviste Denis Akiyama, veut la meilleure poudre, les meilleures fighters et le meilleur éclairage.

Assoiffé de sang neuf, le caïd envoie alors son avocat pressuriser Matsumoto, un vieux maître japonais, pour le convaincre de se remettre à l'élevage de champions, et ainsi alimenter la filière de la tatane de caves et de parkings ; hé, il faut bien penser aux bourgeois locaux qui ont le droit de se détendre le week-end en agitant leurs biftons dans des paris toujours aussi bordéliques. D'abord insensible à cette noble cause, Matsumoto finit par céder sous la menace des sbires de s'en prendre à Jasmine, sa petite-fille chérie.

Matsumoto est incarné par Mako, un acteur du top 3 Asie pour tout bon directeur de casting.

Slater (Adrian Hough), avocat multi-tâches qui supervise en personne l'ensemble des activités criminelles du boss.

Mais quand est-ce que la Française des Jeux va enfin se positionner sur ce marché ?

Mais tout à l'orgueil de sa stratégie de diversification d'activités, Atashta va commettre l'erreur de trop dans sa filière racket. En représailles au refus de l'indomptable Niko de payer la "protection" de son dojo, Takamura, combattant star du mafieux et séide de ses basses oeuvres, va exploser au pompeux le jeune Billy, un des braves petits élèves, puis molester notre héros. En plein désarroi, et avec la sale odeur des poubelles dans lesquelles il a passé la nuit, ce dernier se fait recruter par la petite fille de Matsumoto. Le plan du vieux maître : faire de Niko le best of the best qui va gagner tous ses matchs à mort et ainsi assécher les finances du trafic de drogue ! Une stratégie audacieuse de simplicité que n'auraient pas reniée des gnomes voleurs de slip.

Alors quoi, on peut plus comater tranquillement dans un tas d'ordures sans venir se faire proposer une mission suicide ?

Jasmine (Lisa Jai), la petite-fille du maître, à ranger dans la catégorie des gamin(e)s pète-couilles, sous-genre HPI de la sagesse orientale qui te fait des phrases alambiquées à rallonge et te prend grave le chou. À noter que la sous-intrigue tire-larmichette de sa mère qui la délaisse car elle préfère "s'adonner à la DROGUE" ne trouvera jamais aucun dénouement.


C'est donc parti pour la séquence entraînement, étape incontournable et toujours très attendue de ce type de film, et elle a le mérite de s'avérer plutôt sympathique : c'est course sur la plage à la Rocky 3 (avec de l'eau dans la bouche et l'interdiction de l'avaler ou de la cracher, sinon tu recommences), pompes dans la neige en montagne à la Rocky 4 (ça renforce les jointures gelées des doigts), et le p'tit plus, immobilisation par la taille dans le sable pendant que ton maître te tape et te vanne pour t'enseigner à résister à la vexation et la colère. Original. Le tout sur fond de musique dynamique et de progression à vue d'oeil des compétences martiales de Niko, bah oui faut se grouiller car il n'a que deux semaines avant le tournoi.

Niko souffre d'un trop-plein de yang, donc faut bien lui faire rentrer du rab de yin à coups de godasses.







Training photomontage (avec bonhomme de neige).


La construction de l'histoire reste, elle, très classique, avec des gentils un peu concons et des méchants option FDP. On s'amuse tranquillement des maximes de Takamura ("Détruire est facile, mais construire est plus cher et assez long" ou "Agace une abeille et elle te piquera tel le dragon"), de la fragilité du scénario, de la poussivité d'une baston de bac à sable (littéralement, vu que ça se passe dans un parc de jeux pour enfants) mal filmée/photographiée/chorégraphiée, de la bande-son composée par un synthétiseur fou (quand il ne fait pas des mix dignes de la MJC des Pour être libre, il kiffe à fond les lignes de basse), de la réplique "oui monsieur" prononcée avec la vigueur d'une limace burn-outée par Niko quand il répond aux harangues de son maître, et dont la répétition finit par devenir un leitmotiv rigolo. Un canevas certes un brin usé, mais qui prend progressivement un intérêt nouveau quand il commence à s'autoriser quelques écarts qui ont bien vite fait de se transformer en sorties de route.

Ambiance de pouilleux pour cette production sans l'sou, bien loin des fastes de Film One Production, la boîte de Jalal Merhi.

Même s'il a totalement démissionné de tout acting, Billy Blanks assure tout de même physiquement et propose parfois de jolis mouv' favorisés par son impressionnante détente. Dommage que la caméra ne sache pas vraiment le mettre en valeur.

Takamura, boss de fin de ce versus fighting, est interprété par James Lew, un chorégraphe et cascadeur de renom qui a autant travaillé sur de nombreux blockbusters (Jack Burton, Inception, Avengers Endgame) que dans dans moult productions nanarland-friendly (Guns, Ninja Academy, Terrain Miné, American Ninja 5).


Alors que tout roule pour Niko qui gravit les échelons de la ligue des castagneurs libres, et pour Atashta qui voit les cotes gonfler à son profit, débarque sans raison une série d'épreuves de sélection pour le grand tournoi de la saison. Enfin, on a l'impression que seul notre héros y est soumis et qu'elles sont pensées pour être insurmontables, ce qui n'a aucun sens au vu de l'objectif final. Engagé dans des cavernes d'heroic-fantasy placées sous l'égide d'une fraternité de vieux moines, Niko doit affronter... une paire de ninjas (la puissance de ce lobby professionnel !), attraper un crâne qui déclenche la fermeture d'une herse sans se faire enfermer derrière (!!) et surmonter le défi du soleil (en fait une séance de hammam de l'extrême durant laquelle il utilise sa technique secrète du grand écart pour faciliter l'écoulement inguinal de la sueur, avant de carrément démarrer un échauffement musculaire !!!).

Autre avantage, cela permet d'éviter d'avoir les testiboules qui collent aux cuisses.

L'occasion d'une petite séance de paris pour des sbires de passage (avec le Père Noël en caméo).

Le comité organisateur en bure a un dress code tout aussi exigeant pour ses invités.


Une fois tous ces délires surmontés, c'est enfin le tournoi final sur lequel je préfère ne pas m'étendre pour vous laisser la surprise de savoir qui l'emporte entre le grand capital et la voie honorable des arts martiaux (suspense). Retenons que les règles de sécurité du public apparaissent un peu légères pour un tel événement, car le ring est entouré de cuves d'acide (bouillonnant et fumant, bien entendu), sans aucune sécurisation pour qui que ce soit. Mais c'est aussi le charme de l'authenticité et une petite éclaboussure sera l'occasion de se la péter un peu lors de sa partie de golf au Yacht Club. De plus, le film prend le parti de ne pas conclure avec le main event, pour le plaisir d'une dernière petite course-poursuite mortelle dans les sous-terrains.

Round 1, fight !

Résoudre son problème d'équilibre spirito-martial (donnant son titre original au film : Balance of Power) permet à Niko d'atteindre sa forme d'ataraxie bouddhique finale.

Il sait aussi désormais se fondre avec son environnement pour surprendre ses ennemis.


Je pourrais m'en tenir là en vous recommandant de n'aborder Les Maîtres du pouvoir qu'à plusieurs lurons joyeux, au risque sinon de trouver le temps un peu long jusqu'à la survenue de son dernier tiers vraiment rigolo. Mais je vous rappelle surtout la raison première qui m'a amené devant ce film de fin de règne (Rick Bennett a d'ailleurs conclu sa courte carrière de réalisateur avec), vous entraînant avec moi dans cette folle investigation : l'étude du microcosme des nobodys du cinéma fauché canadien ! Nick Rotundo, grand orfèvre du bricolage Gladiator Cop, répond en effet présent pour le montage et semble avoir emmené devant l'écran tous ses potos troisièmes couteaux avec lui (la plupart étant en fait cascadeurs de métiers). Merci à eux sans qui cette chronique n'aurait jamais vu le jour. Lançons donc le diaporama en guise de congrats.

Dans la famille Gladiator Cop, je voudrais :

Christopher Lee Clements (à gauche), cantonné ici au rôle d'homme de main d'arrière-plan sans aucune ligne de dialogue.

Dave Geneau et Scott Hogarth, qui jouent désormais les samouraïs durant leurs 15 secondes de présence à l'écran.

Garry Robins, qui conserve un jeu d'acteur concentré sur deux axes : je suis grand et je beugle.

Tig Fong, qui passe du rôle de "Asian henchman" à celui de "Bull man".

 

Dans la famille "acteur canadien de video-club", je voudrais :

Simon Kim, que l'on peut voir en grand méchant dans The Circuit (où se produit Michael Blanks, frère de), ainsi qu'avec son bro dans Jumeaux Jumeaux des frères Paul.

Jung-Yul Kim, qui joue dans Mortal Conquest (réalisé par Nick Rotundo), la pseudo-suite de Gladiator Cop, et donc 3ème opus de la franchise officieuse du Maître d'armes.

Cet inconnu que je n'ai pas réussi à identifier mais comme j'aime bien sa tête, je vous le mets quand même (si jamais un lecteur reconnaît le gonze, écrivez-nous qu'on alimente le Who's who).


Dans la famille random sbire, je voudrais :

Vojislav Govedarica, alias Voyo, connu comme le Soviétique qui torture Rambo dans La Mission, tellement célèbre qu'il éclipse le reste du casting sur nombre d'affiches promotionnelles alors qu'il n'interprète ici qu'un rôle très mineur de combattant de 2ème ligue.

 

 

Merci à Pascal Grenier pour l'aide logistique

- Kobal -
Moyenne : 1.88 / 5
Kobal
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.75/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Le film a beau être une petite production, il a tout de même bénéficié d'une belle distribution internationale, et surtout d'une série d'affiches et de jaquettes aventureuses.

Le visuel le plus répandu emploie un Billy Blanks vendange précoce (avec des cheveux, donc), un Mako un brin rajeuni, et met en avant Vojislav Govedarica.

La VHS polonaise fait de même.

Tout comme cette édition DVD française de chez Quadra Vision (un faux nez de Prism), au titre alternatif Pouvoir de justice (l'accroche "Ensemble ils sont la loi" est écrite par quelqu'un qui n'a pas vu le film).

Et aussi par ce DVD allemand de chez Uncut Video.

A contrario, cette autre édition DVD allemande tente de rétablir la vérité en remplaçant Vojislav Govedarica par James Lew.

Cette 3ème édition DVD allemande (quelle passion teutonne !) s'en tient au Billy Blanks du film, tout en contraction musculaire.

Variante française avec le DVD Dojo, La loi des arts martiaux, qui nous offre carrément deux Billy Blanks pour le prix d'un, au risque de faire passer la version chauve pour James Lew (ou la version coupe à la brosse pour Mako en cas de double fumble).

Existe aussi en Black Edition.

Autre changement de titre avec l'édition DVD britannique Hidden Tiger (histoire de parasiter Tigre et Dragon, alias Crouching Dragon, Hidden Tiger).

Changement complet d'ambiance avec le laser disc qui semble dans un état d'esprit plus Tae Bo.

On retrouve ce même visuel sur cette jaquette de VHS québécoise. C'est d'ailleurs la seule édition avec le titre francophone du film, obtenue grâce à la contribution d'un de nos fidèles lecteurs de la Belle Province. Un grand merci à Mathieu Lavigne !

 Un petit tour par l'Espagne avec Corazon de Fuego (starring El rey de los kickboxers)...

...et par le Brésil avec Gladiadores da morte.

Et enfin, histoire de parachever la confusion, Prism semble avoir planqué le film sous la flying jaquette de Sans Pitié ni pardon, autre Billyblanxerie.