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Sans pitié ni pardon


Sans pitié ni pardon

Titre original :Expect No Mercy

Titre(s) alternatif(s) :Virtual Kickboxing

Réalisateur(s) :Zale Dalen

Année : 1995

Nationalité : Canada / Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Sans maîtrise ni budget

Acteurs principaux :Billy Blanks, Anthony De Longis, Jalal Merhi, Wolf Larson, Laurie Holden, Michael Blanks...

Wolfwood
NOTE
1.5/ 5



L’amateur de nanars est une belle ordure. Non, je n’ai pas viré ma cuti, mais tout de même : d’abord fan des post-apo miteux avant de les délaisser pour les « 2 en 1 », vénérant le cinéma turc pour ensuite le rabaisser face aux furieux délires venus d’Inde ou du Pakistan, le cinéphile dépravé a toujours tendance à jouer les infidèles, allant jusqu’à brûler ses anciennes idoles (sauf Max Thayer qui est ignifugé en plus d’être immortel. Quel homme ce Max Thayer !). De là, rendons-nous à l’évidence, les films involontairement amusants obéissent eux aussi à des effets de mode, et si un temps nous avons pu glorifier les métrages de tatane des années 90, ils ont depuis laissé leur place à des genres plus dans l’air du temps. A première vue, il peut donc sembler difficile à ce « Sans pitié, ni pardon » d’avoir grâce aux yeux de certains nanardeurs, qui sont déjà passés à autre chose. Dommage pour eux.


Une affiche comme les Ghanéens savent si bien les peindre.



Rien qu’au titre, on devine que le scénario ne va pas briller par sa finesse. Ici, l'excuse des différentes échauffourées est une série de meurtres orchestrée par Warbeck, directeur d’une étrange école d’arts martiaux. Mettant à profit la réalité virtuelle, il forme une armée secrète de tueurs à gages et propose les services de son commando à divers mafieux, le tout au nez et à la barbe de ses élèves et employés. Ayant déjà perdu un espion dans l’affaire, les deux enquêteurs sur le dossier envoient un nouvel homme sur place afin qu’il puisse rassembler des preuves sur les méfaits du groupe et distribuer quelques mandales au passage. Une mission qui s’annonce périlleuse malgré la présence d’Eric, instructeur sur les lieux mais surtout indic' de nos limiers.


Les agents chargés de l’enquête, alias « Les louzes brothers ».


Warbeck et son bras droit jubilent devant l’ingéniosité de leur plan.


Eric, interprété par le grand Jalal Merhi. Nous reviendrons sur lui plus tard.



Comme d’autres avant lui, « Sans pitié, ni pardon » obéit à tous les tics du DTV d’action. Explosions (l’intégralité des décors y passera), poursuites, fusillades, rien ne nous sera épargné dans cette saine orgie de testostérone. Les duels au corps à corps sont évidemment présents, mais ne dénotent pas dans cette course à l’excès, la faute au responsable des bruitages pétant sa dernière durite pour nous infliger des sons et cris que l’on aurait cru ne pouvoir entendre que dans un sketch des Inconnus. Cela dit, la vraie originalité du film se trouve en fait dans la présence de l’outil informatique, les applications de l’ordinateur ayant une fois encore un rôle quasi magique. Prenez un programme, un casque de réalité virtuelle, tapez à toute vitesse sur votre clavier et vous voilà prêt à devenir le nouveau Bruce Lee. Bien sûr, cette naïveté est le lot commun d’un paquet de productions mais la force de « Sans pitié, ni pardon » c’est de nous en resservir jusqu’à plus soif. Privilégier l’audace aurait pu être payant mais quoiqu’on en dise, voir des acteurs mouliner dans le vide avec des lunettes de soleil en guise de combinaison high-tech, ça fait toujours un peu minable, surtout quand on doit composer avec le budget boisson d’un « Matrix ».


Gilbert Montagné, roi du kung-fu.


L’arme ultime pour dominer le monde : le GPS.



Ces défauts se confirment une fois plongé dans l'univers qui tient lieu d’arène à nos combattants. Si les décors y sont indignes d’un économiseur d’écran, nous sommes tout autant surpris par le parti pris graphique des différentes entités du logiciel. Un barbare, un clown, un samurai... aucun des avatars proposés n’échappe à des poncifs qu’on dirait sortis du cerveau d’un geek en phase terminale, programmant avec les pieds le dernier mod de son jeu favori. En soit, l’idée ne paraît pas si surprenante lorsqu’on prête attention à la période à laquelle le film fut tourné, et qui correspond à l’éclosion populaire des franchises Street Fighter II et Mortal Kombat. Sauf qu’au lieu de passer leur temps devant une console, les responsables du projet auraient mieux fait de créer un univers un peu plus cohérent. Déjà bien ridicules sur la borne d’arcade d’un troquet interlope, ces personnages n’ont pour ainsi dire rien à faire dans une machine révolutionnaire visant à créer des assassins.


Quelques trombines du programme. Autant crédibles en supers combattants que les Charlots en acteurs bergmaniens.


Embouteillage sur le tatami.


Chic, il y a même un ninja !



De ce fait, on a du mal à croire en la réussite des projets de l'infâme Warbeck, joué par le chevelu Wolf Larson. Déjà rencontré dans « Picasso Trigger » ou « Piège Mortel à Hawaï », Wolf incarne un personnage regroupant toutes les caractéristiques du vilain comme on les aime. Despote dictant ses ordres à des sbires soumis, notre mégalo de service expose dans son repaire une décoration qui verse dans le culte de la personnalité. Du bureau aux couloirs en passant par le hall, toutes les pièces affichent fièrement une représentation du bonhomme, tant et si bien qu’on se demande comment son personnel peut encore avoir des doutes sur ses penchants autocratiques. Devant un tel potentiel, on est donc forcément déçu que celui qui connut son demi quart d’heure de gloire en jouant l’un des deux flics de la série « Los Angeles Heat » se contente de maigres excès dans son jeu, là où d’autres auraient pu nous livrer des prestations d’anthologie. Ne soyons toutefois pas trop difficile, car à défaut d’être un histrion de la pire espèce, Wolfy semble s’amuser à jouer les salauds et son plaisir s’avère plutôt communicatif.


Même pas capable de se faire une vraie mulette. T’as craqué, Wolf !


Égocentrique, vous dites ? Non, on ne remarque rien.



Mais qui dit tyran en goguette, dit héros de service pour lui apprendre le savoir-vivre à grands coups de pompes dans les valseuses. Ici, on retrouve donc le duo présent dans « TC 2000 » à savoir Jalal Mehri et Billy Blanks. Si on ne remet pas en cause une seconde les talents martiaux de Billy, qui fait le boulot comme à son habitude, le malheureux a parfois un peu de mal à assurer son statut de vedette, la faute à un costumier héroïnomane nous rappelant que les années 90 ont aussi connu leurs modes vestimentaires pour le moins douteuses. Remarquons qu’il n’est pas le seul à avoir été maltraité et qu’outre certains accoutrements hasardeux, on retrouvera aussi quelques bonnes têtes de vainqueurs.


T’as le look coco !


Une galerie de seconds rôles comme on n'en fait plus.


Lazar Rockwood, déjà vu face à Jalal Merhi dans « L’œil du dragon ». Billy Drago devait être en vacances à la Baule, donc on l’a appelé.



Ces histoires de garde-robe restent pourtant le cadet de ses soucis, son travail de chorégraphe lui réservant bien d’autres embrouilles. Non pas qu’il soit lui-même en faute mais disons qu’il est toujours difficile de composer avec certains comédiens, surtout ceux n’étant pas à la base des ceintures noires de karaté. De ce fait, s’il n’a aucun problème avec des personnes comme son frangin ou Anthony De Longis, maître d’armes sur un bon nombre de films, la vraie difficulté se présente lorsque Billy doit aider à nous faire croire que des figurants n’ayant jamais mis les pieds dans une salle de sports sont en fait des combattants endurcis. Même avec la meilleure volonté du monde, impossible alors d’être un tant soit peu crédible et les quelques entraînements, à force d’être faits n’importe comment, ressemblent dès lors à une séance de gym tonic pour déficients moteurs.


Pour les katas, c’est la cata.


Michael Blanks, propre frère de Billy.


Chez les Blanks, on sait comment laver son linge sale.



Le cas de Jalal Mehri vaut de nouveau qu’on s’y attarde, et admettons que lorsque j’évoquais une paire de combattants pour en découdre avec Warbeck, je m’emballais un peu. Surnommé le « Steven Seagal de Beyrouth », notre ancien bijoutier mérite plus ce sobriquet pour son rôle de producteur sur de nombreux films de tabasse que pour ses aptitudes de lutteur. Une fois encore, Jalal a beau se donner un joli rôle, il n’est pas aidé par ses capacités au combat, expédiant la moindre escarmouche en quelques levers de jambe. Un moyen comme un autre de ne pas trop montrer que ses vaines gesticulations font pâle figure face aux cabrioles de ses collègues. La situation est ici d’autant plus cocasse qu’il interprète un instructeur d’arts martiaux et que ses élèves, joués par des acteurs autrement plus convaincants, pourraient de toute évidence lui mettre la misère s’ils ne retenaient pas leurs coups. Évidemment, Jalal a de nouveau eu l’intelligence commerciale de partager l’affiche avec un expert plus connu pour éviter d’être trop grotesque, mais ses interventions nous montrent une fois encore la différence qu’il peut y avoir entre faire le mariole devant sa glace et jouer les gros bras dans un film de savate. A noter par ailleurs que la version originale en rajouterait une couche pour définitivement ridiculiser le personnage, Jalal massacrant toutes ses répliques d’épouvantables intonations françaises. A moins que le témoin des faits ne confonde avec son véritable accent libanais, de toute façon pas beaucoup plus délicat.


Jalal Merhi est... l’homme puma !


Hey ! Hey ! Dès qu’il s’agit de faire des vrais saltos, c’est la doublure qui s’y colle. On s’en doutait un peu.


"Il y a là de quoi le mettre à l'ombre jusqu'à sa dixième réincarnation". Ah, c'est bon de savoir que même sans accents rigolos, on peut toujours compter sur nos doubleurs pour en remettre une couche à l'occasion.



Sentant bon la viande saoule et les dessous de bras, « Sans pitié, ni pardon » est le genre de divertissement qu’on apprécie une fois le cerveau débranché. Sans être un cador de sa catégorie, il montre cependant son originalité par des effets spéciaux déjà ringards au moment de sa sortie et la fameuse « Mehri touch » qui produit toujours son petit effet. Certes, il y a eu bien mieux dans le genre mais cela permet au moins de nous rappeler l’époque pas si lointaine où les exploits des Van Damme et autres Chuck Norris nous semblaient les références ultimes en matière de nanardise, nous autres qui attendons, avides, la dernière découverte au point d’en oublier tous ceux qui nous ont déjà fait rêver. Pauvres fous, qu’on nous pardonne.


« - Toi ! On avait dit que cette chronique c’était sans pitié ni pardon.
- Oh zut, mille excuses !
- Ouais, j’aime mieux ça ».






Quand la réalité virtuelle dépasse la fiction



Il existe en effet une version vidéoludique de ce « Expect no Mercy », ersatz difforme programmé par un amateur de Mortal Kombat en plein bad trip. Sorti en 1995 chez l'éditeur canadien Microforum International, cet exploit inconcevable mériterait à lui seul d'adjoindre au glossaire de Nanarland une définition de jeu vidéo nanar.


L'écran de sélection des personnages !



Plus d'informations sur le site de MobyGames.

Et plus de saignements auriculo-oculaires sur ce lien youtube.

- Wolfwood -
Moyenne : 2.33 / 5
Wolfwood
NOTE
1.5/ 5
Kobal
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Comme tout bon film de castagne des années 90, « Sans pitié, ni pardon » semble avoir connu le chemin habituelle des éditions VHS et DVD. Si la cassette de chez Delta Vidéo ne se trouvera plus que dans les brocantes, prenez garde à l’édition reprenant la charte graphique d’ « Une journée en enfer ». Celle-ci cache en fait « Les maîtres du pouvoir », un autre Billy Blanks, mais sans réalité virtuelle.


Beware the flying jaquette !


Le visuel de la version VHS. Dommage que la combinaison casque blanc/tuba ne soit finalement pas présente à l’écran.



En l’état, il semblerait donc plus judicieux (et plus facile) de se tourner vers deux éditions DVD portant le titre de « Virtual Kickboxing », reprenant visuels et résumé du métrage qui nous intéresse. Pourtant, difficile d’être absolument certain que l’une comme l’autre contiennent bien le film qu’elles nous vendent, puisque nous n'avons pas pu tester ces éditions.