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Hologram Man


Hologram Man

Titre original : Hologram Man

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Richard Pepin

Année : 1995

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h35

Genre : Pic et pic et hologram

Acteurs principaux :Joe Lara, Evan Lurie, Arabella Holzbog, Michael Nouri, Tommy Lister

Zord
NOTE
2/ 5



Ce qu'il y a de bien avec la série B américaine, c'est qu'il s'agit d'un domaine du cinéma qui, même s'il n'est pas doté des colossaux budgets hollywoodiens, n'en reste pas moins suffisamment fortuné pour permettre à de petites boîtes de production de péter plus haut que leurs culs et de noyer le marché de la vidéo sous le nombre de leurs chefs-d'œuvre à bon marché. Et si l'on devait établir une hiérarchie de ces crève-la-dalle du divertissement, de ces ramasse-miettes de vidéo-clubs, PM Entertainment arriverait sans doute dans le peloton de tête, très loin devant des compagnies bien moins friquées comme Nu Image ou Ciné Excel, qui sont un peu à l'industrie cinématographique ce que les musiciens roumains du métro de Paris sont à la musique classique : des types à qui on donne la pièce en échange de leurs performances, non pour en saluer la qualité, mais parce qu'ainsi, on a le sentiment de procéder à un acte charitable qui rapportera quelques points supplémentaires pour aller au Paradis avec le petit Jésus. Dans la plupart des cas, une production PM Entertainment dispose toujours de quelques millions de dollars permettant de s'offrir quelques seconds couteaux en guise de tête d'affiche, des explosifs à la tonne (et Dieu sait qu'ils aiment ça les bougres ! C'est bien simple : dans une production PM, n'importe quel objet du quotidien est susceptible d'exploser à un moment ou à un autre), des cascades pas toujours spectaculaires mais généralement exécutées par des professionnels, et des effets spéciaux moyennement misérables. Bref, pour révolutionner le cinéma, il ne faut pas trop compter sur Richard Pepin et Joseph Merhi, mais pour alimenter les programmes des chaînes pay-per-view américaines en les gavant de Lorenzo Lamas, de Joe Lara, de Don « The Dragon » Wilson et de films décalqués sur les blockbusters du moment, ce sont des champions !

Et c'est d'ailleurs bien ça le problème. Le nanardeur qui se lance dans l'acquisition d'un film PM n'est jamais sûr de bénéficier d'un bon retour sur investissement (en même temps, à 1 ou 2 euros le DVD...). Réalisés par des tâcherons bénéficiant d'une certaine compétence, leurs films peuvent se révéler n'être que d'honnêtes séries B, des téléfilms corrects, voire - le plus souvent - des navets ennuyeux, mais rarement d'authentiques nanars de haute volée. C'est une constante chez PM : leurs films disposent généralement de budgets suffisants pour dissimuler une partie de la misère derrière un large rideau de fumée (provoqué par des explosions, la plupart du temps). Reste qu'au milieu de ce marigot de médiocrité, on peut toujours trouver quelques morceaux de choix, qui n'auraient pu être que des « classiques » de la production PM (c'est-à-dire des films avec des explosions) s'ils n'étaient bouffis d'une ambition démesurée au regard de leur budget, et d'une volonté clairement affichée de bouffer dans la gamelle des grands. Et à ce jeu du « c'est qui qu'à la plus grosse », les deux compères de chez PM partaient perdants d'avance, Mère Nature ne les ayant pas doté d'un organe suffisant pour leur éviter d'être les éternels lanternes rouges de la compétition, rivalisant avec les nullards de chez Nu Image pour savoir lesquels seraient les pines d'huîtres du concours (heureusement, quelques années plus tard, Cine Excel arriva et mit tout le monde d'accord par la même occasion, mais c'est une autre histoire).



Car avant de se reconvertir dans le film d'action cheap nécessitant un minimum d'effets spéciaux (c'est toujours autant d'argent qu'on peut réinvestir dans le budget explosions), les deux comparses n'hésitèrent pas à se lancer sur le marché de la contrefaçon de films de SF, offrant au public goguenard des perles telles qu' « American Cyborg », « Cyber Tracker 2 » ou « Steel Frontier », décalques bon marché de blockbusters sortis sur les écrans peu de temps avant. Sans aller jusqu'aux futurs excès des psychopathes de Cine Excel, PM Entertainment n'en a pas moins surfé sur le marché juteux de la contrefaçon cinématographique, produisant pendant la seconde moitié de la décennie 90 des films au fort parfum de déjà-vu... ailleurs et en mieux !


« Naaaaan ! Mon vieux coéquipier noir ! Mourir à huit jours de la retraite ! Pourquoiiiiiiiiiiiiii ?... Ah, tiens, t'es pas encore mort ? »


Alors là, normalement, dans pas longtemps, quelque chose va exploser.


Hum... rien n'a explosé depuis au moins trois minutes. Que mijotent les méchants ? Ce suspense est insoutenable !



« Hologram Man » n'échappe pas à cette règle. Repompe de « Tron », d' « Highlander le retour », de « Robocop » et de pleins d'autres trucs, il est probablement le projet le plus ambitieux de la firme : un vrai film de science-fiction, avec de vraies ambitions scénaristiques, de vrais effets spéciaux, de vrais has-beens au générique, de vraies explosions (ah, non, ça, c'est normal), de vrais plans-nichons, un vrai méchant abominable (le co-producteur et co-scénariste Evan Lurie s'offrant le beau rôle), le tout porté par un vrai jeune premier charismatique. Ayant renoncé à confier le rôle principal à Lorenzo Lamas qui se révéla malheureusement être trop cher (une douche chaude, deux sandwichs et vingt litres d'essence pour sa moto), les deux comparses se rabattirent sur Joe Lara dont les exigences salariales (un vieux 33 tours de Woody Guthrie et un sachet de M&M's) étaient plus dans leurs moyens. Et mine de rien c'est toujours ça d'économisé pour s'offrir plein de chouettes pétards qui feront de belles explosions à l'écran.


The Joe Lara's tuning touch.


Skoda est fier de vous présenter... la voiture de l'an 2000 !!



Cependant, « Hologram Man », qui n'aurait pu être que l'énième production cyberpunk fauchée issue des studios PM s'offre le luxe (ou la pédanterie, c'est selon) de vouloir être le vecteur d'un MESSAGE ! Hé oui ! « Hologram Man », c'est un film citoyen ! Un film qui balance ! Un film qui n'hésite pas à dire tout haut ce que tout le monde dit tout haut ! Un film qui dénonce les travers de la méchante société ! Un film tellement engagé qu'à côté Michael Moore, Oliver Stone et Sean Penn, c'est de la petite crotte de musaraigne ! Un film qui montre du doigt les vilaines hyènes de la classe politique, qui les chope contre un mur et qui leur balance un « Hou ! Galopins ! Vous êtes très vilains ! » bien senti dans leurs sales gueules de capitalistes politicards ! Mais si, vous savez bien : les politiciens ! Ces vampires technocrates sans cœur assoiffés du sang et de la sueur du peuple qui font rien qu'à détourner l'argent des orphelinats et des hospices pour se payer de somptueuses villas et des piscines olympiques remplies de billets de banques ! Hé bien, chez PM Entertainment, on ne les aime pas beaucoup ces chenapans, et on n'hésite pas à leur dire en face ce qu'on pense d'eux et de leurs sales magouilles, non, mais !


La PME de la terreur.



Pas étonnant, dans ce contexte, que le rôle de grand méchant du film soit tenu par le président d'une méga-corporation (qui malgré tout ressemble davantage à une PME de l'Aveyron qu'à un cartel multinational) insouciant du sort de la vie des habitants de Los Angeles et obsédé par les profits. Car, dans un avenir proche qui constitue la trame d' « Hologram Man », la pollution sera telle que les autorités californiennes ne pourront rien faire d'autre pour s'en protéger que faire appel au service d'une multinationale afin de construire un bouclier susceptible de protéger la ville des radiations et autres effluves malsaines (ah, tiens, un peu comme dans « Highlander II »). Hélas, ces sinistres capitalistes nanars, qui ne sont décidément pas des honnêtes gens, en profiteront pour mettre la main sur la cité, privatiser la justice et la police (ah, tiens, un peu comme dans « Robocop ») et se goberger ainsi aux frais de la populace !


The director of the ressources humaines of the COGIP is watching you !



Mais, de par la simple loi du syllogisme, une oppression nanarde appelle une résistance nanarde, laquelle s'incarne dans Norman « Slash » Gallagher, psycho-terroriste, leader de la révolution mondiale, patron d'une bande de sbires au look futuriste inimitable et sosie notoire de Francis Lalanne, ce qui n'arrange rien. Et pour résister à l'oppression et ouvrir les yeux du peuple face aux ronds-de-cuir, Psycho Francis a une méthode imparable : il fait exploser des tas de trucs un peu partout (avec une préférence pour les voitures de flics et les maquettes d'immeubles), là où son sosie, lui, aurait écrit des tas de chansons comme « La Maison du Bonheur » ou « Touchez pas les Enfants » pour élever la conscience populaire...

...Hum... mouais... en fait, faire péter des trucs, c'est pas une si mauvaise idée au final.

Mais, on ne badine pas impunément avec le bon droit. Après la tentative avortée d'enlèvement d'un quelconque technocrate à cravate moche (tentative qui se soldera par l'explosion de quelques voitures de police au passage), Psycho Lalanne se voit arrêté par Kurt Decoda, l'invincible flic qui passait par là, après un gunfight d'anthologie qui verra les deux Némesis jouer à la roulette russe ensemble après avoir ruiné une autoroute, explosé trois douzaines de bagnoles dans le décor et s'être mutuellement balancé 40 kilos de plomb dans le buffet en beuglant l'intégralité de leur répertoire d'injures. Ah, c'est sûr que ce genre d'interpellation à l'américaine, ça peut nous surprendre, nous autres Européens. C'est pas Navarro qui prendrait la peine d'interrompre son apéro chez Ginou pour courir à la poursuite d'un quelconque malfrat. C'est pas Derrick qui risquerait de rayer la peinture de sa BMW pour alpaguer un terroriste. Derrick, lui, il se contente de fixer l'aigrefin dans les yeux en lui disant « Allez, hop là, jetzt, canaille, rends-toi ! La Kommandantur, c'est par là ! » De toute façon, Derrick, c'est rien qu'un vieux sac à schnaps teuton qui fait faire tout le sale boulot par son larbin Harry et qui en tire toute la gloire pour lui seul après, mais je m'égare et je perds le fil de mon récit.

Revenons-en à nos moutons. Donc, le sosie terroriste de notre troubadour en cuissardes de cuir préféré est mis aux arrêts et jugé. Et c'est là que tout commence à partir en vrille. Si, pour l'instant, « Hologram Man » se contentait d'être un polar futuriste très basique relativement acceptable, il va dès lors sombrer dans le franchement ringard grâce à la magie des effets spéciaux made in PM Entertainment. Car, dans ce futur proche, les condamnés à l'incarcération voient leur esprit extrait de leur corps, transformé en hologramme et stocké dans une banque de données : tel est le tragique destin qui attend les déviants dans le monde futuriste des capitalistes nanars. Nonobstant un bien bel exemple de fête à la science comme nous les aimons tant ici, on ne voit pas tellement en quoi cette méthode est plus rentable que l'incarcération classique, autrement moins coûteuse en matériel électronique, mais au vu des résultats à l'écran, on ne va pas s'en plaindre. Car qui dit « hologrammes », dit « effets spéciaux numériques », et qui dit « effets spéciaux numériques » dit « besoin d'argent pour les créer ». Généralement, c'est comme ça que ça marche, sauf précisément quand c'est Monsieur Pingre qui tient les cordons de la bourse. Et Monsieur Pingre, il ne voit pas pourquoi il devrait payer un studio graphique et des techniciens compétents alors qu'il vient juste de récupérer tout un stock de vieux Commodores Amiga 500 pour une poignée de roubles.


« Oui, vous, les ronds de cuir ! »


« Fais-moi l'amouuuuuur,
fais-moi l'amouuuuuur,
pas la guerreeeeeeeeee ! »



« Pense à moi, comme je t'aimeeeeee ! »


Tiens, ça me rappelle les graphismes de mon vieil Amstrad CPC 464.


« Hé les gars, je viens de récupérer pleins de vieux costumes de Tron au marché aux puces ! Ouaouuuh, Joe, ça te va trop bien ! T'as vraiment la classe à Dallas là-dedans. Snif... snif... quelle odeur de naphtaline ? Ah non, moi, je sens rien... »



Comment ça ils sont pas beaux les effets spéciaux de Monsieur Pingre ? Comment ça les prisonniers holographiques ont l'air de ressembler à des grosses taches toutes floues mal incrustées dans le décor ? Comment ça le simulateur de tir de Joe Lara a l'air tout droit sorti d'un antique jeu vidéo en 3D tout pourri ? Mais Monsieur Pingre, il vous emmerde, les petits gars ! Il vous la colle bien profond dans le squeele, Monsieur Pingre ! Qu'est-ce que vous y connaissez en hologrammes futuristes d'abord ? Et puis, tant qu'on y est, dites tout de suite qu'elles sont pas chouettes les explosions de Monsieur Pingre ?


« Naaaaan ! Ma vieille coéquipière féministe ! Mourir à huit jours de la retraite ! Pourquoooiiiiiiiiii ? »



Il va sans dire que Slash, le terroriste holographique va réussir à s'échapper et, désormais nanti de super-pouvoirs nanars, va mettre la ville à feu et à sang, entouré de sa bande de sbires au rictus carnassier et au cabotinage indécent. Entre Slash l'invincible et Decoda le flic incorruptible, l'affrontement est inévitable et se fera dans un maelström d'explosions de toutes sortes, de vannes nazes et d'hécatombes de sidekicks-à-deux-jours-de-la-retraite et de sbires à tronches de cake à qui Joe Lara va faire tâter de son putain de gun !

La routine, quoi !


« Francis, une chanson ! Francis, une chanson ! »


« Putain, le prochain qui me confond encore avec Francis Lalanne, je lui fracasse sa sale gueule d'enculé ! »



Bon petit nanar, « Hologram Man » est, comme les chips ou la Finksbraü en pack de 24, l'ingrédient d'une soirée-visionnage réussie. Cependant, l'honnêteté intellectuelle impose d'avouer que certains passages s'avèrent décevants et bien trop mous. Victime de son budget non négligeable et surtout de sa prétention, « Hologram Man » ne recèle pas ce petit grain de je-m'en-foutisme et de folie furieuse qui caractérisent certaines productions PM Entertainment comme « Steel Frontier ». Ce n'est pas tant que le quota d'explosions ringardes ou de seconds couteaux cabotinant comme des malades ne soit pas respecté (mention spéciale à la bande de Slash et particulièrement à Tommy « Tiny » Lester, hélas trop rare à l'écran, ainsi qu'à Evan Lurie, totalement en roue libre), le problème serait plutôt que ce film se prend bien trop au sérieux. Assumé comme une simple série B bourrine et décomplexée, il aurait pu devenir un fleuron du mauvais film sympathique, mais malheureusement, imbibé de la profondeur de son « message », il n'évite pas les scories qui rendent certains passages longs, verbeux et, au final, ennuyeux.

Attention, mon petit Joe, tu deviens sérieux et c'est pas cool, ça !
- Zord -
Moyenne : 1.95 / 5
Zord
NOTE
2/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
0.5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.25/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Véritable chair à bacs de soldes, « Hologram Man » grenouille pour 1 ou 2 € maximum chez de nombreux éditeurs. Les collectionneurs se rueront bien sûr sur la version de chez "Intégral Vidéo" ou de chez "Westar Pictures" (probablement les mêmes en fait) qui pompe sans scrupules le visuel de « Shocking Dark » du grand Bruno Mattei (ah, on me signale dans mon oreillette que le visuel serait en fait tiré d'un petit film d'auteur américain réalisé par un certain James Mammeron... ou Jess Cannon... enfin un nom comme ça. Il paraît que c'est avec un acteur allemand ou autrichien. Haha ! Un acteur autrichien dans un film américain, c'est n'importe quoi, haha ! Et pourquoi pas un ancien bodybuilder gouverneur de Californie tant qu'on y est ?).



Les autres se contenteront de l'édition sortie chez Public Media Video dont la jaquette montre Evan Lurie sous sa version holographique. Attention tout de même à ne pas confondre ce visuel avec celui du DVD « The Sensationnal Francis Lalanne featuring Jean-Michel Jarre House of Happiness and Don't Touch The Children's laser show ». Je me suis laissé dire que les fans de Francis seraient nombreux à s'être fait berner.



Ah, et comme c'est également Monsieur Pingre qui s'est occupé des bonus, il ne faut pas s'attendre à Byzance. Une ou deux bandes-annonces poussives et c'est marre.