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Itoka le monstre des galaxies

(1ère publication de cette chronique : 2007)
Itoka le monstre des galaxies

Titre original :Uchuu Daikaiju Girara

Titre(s) alternatif(s) :Big Space Monster Guilala, Gilala, Frankensteins Teufelsei, Odissea sulla Terra, The X from Outer Space

Réalisateur(s) :Kazui Nihonmatsu

Année : 1967

Nationalité : Japon

Durée : 1h34

Genre : Rira bien Guilala l’dernier !

Acteurs principaux :Eiji Okada, Toshiya Wazaki, Peggy Neal, Franz Gruber, Mike Daneen, Shinichi Yanagisawa

Mandraker
NOTE
4.5/ 5

 

Une notule préliminaire signée Rico :


Dans les années 50 puis 60, les studios de la Toho ont initié un filon particulièrement juteux avec le personnage de Godzilla, figure de proue du kaiju eiga. La société sort quasiment un film par an à cette époque et rassemble facilement jusqu’à 3 millions de spectateurs pour assister aux travaux de démolition du dinosaure atomique. « King Kong contre Godzilla » ira même jusqu’à 11 millions de tickets vendus. Ca fait rêver... et justement les autres sociétés de cinéma japonaises sentirent qu’il y avait là un marché qu’il serait ballot de laisser à la seule exclusivité de la Toho. D’où l’éclosion de toute une galerie de gros kaijus destructeurs pour séduire les foules, chaque studio y allant de son petit protégé.

Les premiers (et les seuls) à tirer leur épingle du jeu à ce petit pillage en règle furent la Daiei avec la tortue à réaction Gamera, qui visait clairement le public enfantin. La plupart des autres tentatives se soldèrent par des bouillons financiers, l’inanité de la bébête ou le manque d’originalité des scénarios plombant le résultat. On pourrait citer pour mémoire le très mensonger « Gappa, le descendant de Godzilla » de la Nikkatsu ou les quelques efforts de la Toei comme « Les Monstres de l’apocalypse » mais ça nous ferait rater l’heure du goûter, donc recentrons-nous sur le sujet.


La très sérieuse Shockiku, le plus ancien studio nippon (produisant quand même les très respectables Ozu ou Mizoguchi) tenta donc d’apporter son écot à la cause du monstre géant avec cet « Itoka le monstre des galaxies »… et ne récolta que des lazzis. Si c’est pas malheureux. Il faut dire aussi qu'elle n'avait guère d'expérience dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les effets spéciaux, et qu'elle confia la caméra à un débutant, Kazui Nihonmatsu, dont tout le monde s'accorde à célébrer l'absence de talent et la platitude de la mise en scène. Nihonmatsu livrera encore un film catastrophiste (et catastrophique) pour la Shockiku l'année suivante, « Genocide » alias « The Great Insect War », où le Japon doit faire face à une invasion d'insectes tueurs suite à des tripatouillages atomiques. Après cela il raccrocha les gants et disparu de la circulation.


Les Italiens sont les seuls à s'être rendu compte que le monstre faisait mieux d'être caché.


« Itoka le monstre des galaxies » ne connu donc pas le succès escompté chez lui, probablement parce que le marché japonais devait commencer à être un peu trop encombré. Cela étant, les pontes de la firme furent tout de même assez avisés pour inclure des acteurs occidentaux au casting et rendre ainsi leur film plus attractif à l’export, la distribution de leur encombrant bébé un peu partout dans le monde laissant penser qu’ils ont dû rentrer dans leurs frais. C’est donc par pure lucidité artistique que la Shockiku ne s’acharna pas dans cette voie du kaiju eiga. On critique, mais il faut au moins leur reconnaître ça… Quand on voit « Taxi 4 », on se dit qu’il y en a qui feraient bien de s’en inspirer…



La chronique de Mandraker :


Si le cinéma de SF était de la cuisine, le Kaiju-eiga serait un soufflé. Il suffit parfois de peu de choses pour qu’un bon film potentiel se mue en nanar – un acteur en roue libre, des effets spéciaux pas crédibles, un doublage crétin au possible – alors quand tous ces éléments sont concentrés en un seul film, on peut dire qu’on obtient du nanar de grande cuvée. « Uchuu Daikaiju Girara » (littéralement : « Guilala le grand monstre de l’espace »), où le monstre en renommé Itoka dans la version française (faut dire aussi que « Guilala » c’est pas terrible comme nom pour un monstre géant...), pur film d’exploitation du succès des Kaiju de son époque, fait partie de ces grands crûs.


Et en route vers les étoiles !


L’histoire : une équipe d’astronautes est envoyée grâce à un vaisseau de très très haute technologie, le AAB-Gamma, que même la NASA ils osent pas en avoir un pareil, vers l’orbite de Mars où il se passe des trucs bizarres. L’équipe est typique : un jeune homme fonceur et froid, un rigolo de service, une jolie blonde qui rend jalouse la jolie Japonaise du vaisseau... Nos héros, après une escale sur une base lunaire pour se détendre, se retrouvent enfin dans la zone où des évènements étranges se déroulent.


Les z'héros qui vont sauver la Terre !

Le AAB-Gamma, fleuron de la technologie en carton et plastique.

Son intérieur.


Soudain, un vaisseau orange et flou surgit et les attaque ! C’est l’occasion pour un des scientifiques du vaisseau de péter une durite (et pour son doubleur aussi). Finalement tout le monde s’en sort et rentre sur Terre. Mais auparavant le vaisseau des méchants avait accroché des sortes de spores au vaisseau des gentils, qui en prélèvent une pour l’étudier sur Terre. Ils ne savent pas encore que cette spore va être la plus grande menace de l’humanité depuis les enjoliveurs volants de « Plan 9 From Outer Space » !


L’attaque de la soucoupe floue.


Après ces inévitables scènes d’exposition qui occupent quand même la première moitié du film, heureusement marquées par une réalisation honteuse et un manque de crédibilité catastrophique sauvant le spectateur de l’ennui (on se croirait devant « Objectif Nul », le second degré en moins), le carnage nanar déjà bien entamé peut enfin atteindre son apogée avec l’arrivée du terrifiant monstre des galaxies, l’invincible créature qui se nourrit d’énergie électrique et nucléaire et qui absorbe les chocs d’obus, Itoka, alias Guilala. Ce monstre est proprement indescriptible. Inimaginable. Non pas à la manière d’un monstre de Lovecraft, c’est plutôt que... oh et puis admirez :


Roulement de tambour...


WHAT THE F*CK ?!

Un des pouvoirs de Guilala : les lumières bleues inutiles.


Effroyable. A côté de ça, Godzilla c’est rien du tout. Et justement, comme on est dans un gros film qui copie tout sur son voisin, on va bien entendu avoir droit aux traditionnelles destructions de maquettes par un monsieur dans un costume de monstre en caoutchouc. Et là, c’est horrible encore, une fois : jamais une maquette de bâtiment n’aura autant ressemblé à une vulgaire maquette en carton vide — ce qui est d'autant plus bête que vues de loin elles sont très acceptables —, jamais des véhicules modèle réduit n’auront autant ressemblé aux Majorette de notre enfance, et même si le costume de Guilala n’a pas de gros problèmes de confection (mis à part une sorte de « goitre » de respiration peu élégant, une mobilité réduite et une inexpressivité désarmante), son apparence ridicule suffit à provoquer les éclats de rire les plus déments.


Bientôt sur vos écrans : « Black Guilala va tout casser ! »

Bientôt sur vos écrans : « Guilala-FX18 casse tout ! »

Allô Mr Harrison ? Oui, je vous appelle à propos du concours de téléphones ridicules…

Quand on demande des tanks, l'armée envoie des Majorettes.


Mais les gentils, se rendant compte que les tanks Majorette ce n’est pas très efficace contre un gars en costume de monstre géant, décident d’aller chercher la seule chose pouvant venir à bout de Guilala : du Guilalanium irradié dans l’espace ! Après une autre altercation avec le vaisseau orange flou qui passait par là, l’équipage du AAB-Gamma revient sur Terre avec le précieux métal.


Guilala tape mal l’incruste.

La poursuite infernale.


Guilala devient colère et déclenche ce qui reste probablement aujourd’hui la course-poursuite entre une créature géante et un véhicule la plus ridicule de toute l’histoire du cinéma. Finalement l’effet du Guilalanium se montre spectaculaire et Guilala (ah là là ce nom, c’est si chantonnant...) revient à l’état de spore extraterrestre minuscule et peut enfin être renvoyé dans l’espace pour ne plus nous casser les glaouis.


La déchéance de Guilala : changé en sperme...

...avant d’être transformé en... euh... meringue géante ?


Le monde est sauvé et la cruche blonde nous fait profiter d’une bien belle leçon, apprise de Guilala : « Les choses doivent rester où elles sont ». A méditer. Ceci n’était qu’un survol de l’histoire totalement dégénérée de ce gros Z qui regorge d’une foultitude de détails, répliques et twists à la nanardise tonitruante.


Usual gweilos.

The end. Putain c'est beau.


« Itoka le monstre des galaxies », première et dernière tentative de film de monstre géant de la respectable compagnie Shochiku, pille à tous les râteliers du Kaiju eiga et de la SF japonaise en réussissant l’exploit de ne parvenir à dépasser ses modèles que dans le ridicule et le grotesque. Ce qui aurait pu ne devenir, à l’instar de beaucoup de kaijus, qu’un film kitsch et gentiment rétro, accède au rang de nanar thermonucléaire en transformant systématiquement ses emprunts aux classiques du genre en grands moments de portnawak.


Forcément, quand c'est X ça se vend mieux.





Sur la copie que j’ai pu visionner se trouve un mystérieux épilogue, en japonais uniquement, où un homme fait un discours et où des enfants se rendent sur un plateau de tournage où se trouve Guilala.


Note de notre forumer Stem : Pour info, Criterion a sorti le film dans un coffret DVD "When horror came to Shochiku". Sur leur page produit on peut voir ce fameux épilogue avec des sous-titres anglais. Du coup, on comprend qu'ils ont lancé un concours auprès des enfants pour créer le nom du monstre.

- Mandraker -
Moyenne : 4.00 / 5
Mandraker
NOTE
4.5/ 5
Rico
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
4/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Guilala a beau avoir atteint la France, il n’a pas dépassé le stade de la sortie en salles. Quelle tristesse lorsque l’on sait qu’à l’étranger il est apparu en DVD et a même généré un merchandising de figurines à la beauté incomparable ! Il existe notamment des éditions DVD japonaises en zone 2 / NTSC. Celle des américains de "Criterion" à l'avantage d'avoir des sous-titres français





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