Recherche...

Beauty & Warrior

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Beauty & Warrior

Titre original : Beauty & Warrior

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Sukma Romadhon

Producteur(s) :Joseph Lai

Année : 2002

Nationalité : Hong Kong / Indonésie

Durée : 45 minutes

Genre : Kung-fu Con-fus

Barracuda
NOTE
2.5/ 5

Même le plus sain des hommes douterait de son équilibre mental après la vision de ce film. « Beauty & Warrior » repousse loin, très loin les frontières de l’incohérence, même pour un dessin animé de Joseph Lai, pourtant habitué des histoires sans queue ni tête. Ce film est une œuvre dont l’absurdité pourrait confiner au sublime, mais ne réussit qu’à s’échouer sur les plages riantes de la nanardise la plus épaisse.


De plus en plus fort ! Un mannequin en mousse dans un dessin animé !


« Beauty & Warrior » est l’incarnation de la contradiction. Pour tout vous dire, j’ai essayé d’en rédiger un résumé aussi complet que possible, mais il y a tellement de rebondissements que le résultat était parti pour s’étaler sur plusieurs pages. Et pourtant, paradoxalement, non seulement le film est très court (environ 40 minutes à peine !), mais il souffre d’un « syndrome Ikéa » très avancé. Entendez par là que le film meuble, meuble, meeuuuble, étirant jusqu’aux limites du ridicule le moindre plan, la moindre séquence. Ca pourrait être ennuyeux, voire agaçant, mais tous ceux qui l’ont vu sont d’accord : c’est tellement gros que c’en est vraiment drôle. La meilleure comparaison que je puisse trouver est celle d’une scène dans « Spiderman 2 », lorsque Spidey se retrouve en costume à prendre un ascenseur avec un parfait inconnu. Ce plan retranscrit à la perfection le malaise qu’on éprouve toujours à partager un ascenseur avec quelqu’un d’autre. La scène est d’autant plus drôle qu’elle est interminable, provoquant plusieurs vagues de rire nerveux. « Beauty & Warrior », c’est un peu pareil, sauf que l’effet est totalement involontaire et se répète une bonne dizaine de fois dans le film.


Les deux frères. Ils ne sont pas jumeaux, mais les dessinateurs ne se sont pas trop foulés non plus pour marquer leurs différences physiques.


La Princesse Sari, mal réveillée un lundi matin.


Ce côté "tout et son contraire" se retrouve bien sûr dans le scénario plus que n’importe où ailleurs. Il est question de la princesse Sari, fille du roi des dieux exilée sur Terre, et de sa sœur qui a choisi de l’accompagner afin qu’elles restent toujours ensemble. A peine arrivées, leur première décision est de se séparer à tout jamais. Un peu plus tard un groupe de monstres demande à la princesse de devenir leur reine pour qu’elle donne un sens à leur vie. Ils passeront les années suivantes rigoureusement immobiles, elle sur un sofa et eux agenouillés devant…


Des monstres issus des pires cauchemars d'un dessinateur doué !


« Ne te retourne pas tout de suite, j’ai l’impression que quelqu’un nous observe… »


En fait, il est surtout question d’une épée magique gardée par la princesse et de deux guerriers, deux frères, qui luttent l’un contre l’autre pour la récupérer. Enfin, pas tout le temps. Au début, Batara et Mega – ce sont leurs noms – sont alliés et Mega, par la méditation, envoie son esprit vers le château mystique de la princesse pour récupérer l’épée tandis que Batara reste sur place pour veiller sur son corps. Quand Mega revient avec l’épée, Batara tente de s’en emparer mais se fait sèchement rebuffer. Du coup, ils se frittent le temps d’un combat particulièrement nanar d'un bon quart d'heure qui constitue le plat de résistance du film. Finalement, Mega décide qu’il refuse de se battre contre son propre frère et l’enjoint d’accepter l’épée. Content, Batara s’en va tandis que la princesse arrive de nulle part. Mega lui explique que, hélas, il ne peut pas rester avec elle car il doit stopper son frère par tous les moyens : maintenant qu’il a l’épée, il risque en effet d’établir sa domination sur le monde ! Tout le monde s’attend alors légitimement à une longue quête s’achevant par un nouveau combat fratricide, mais un coup d’œil à la minuterie du lecteur DVD montre qu’il reste à peine 15 secondes de film. Croyez-le ou non, ils arriveront à conclure grâce à une ellipse particulièrement audacieuse, que les esprits chagrins n’hésiteront pas à qualifier de vieille arnaque des familles.


Il a beau tirer sur son braquemart, ça ne veut pas sortir !


Cette histoire sans queue ni tête (et encore, là je ne vous ai fait que le résumé) n’est bien sûr pas le seul aspect nanar de « Beauty & Warrior ». J’ai évoqué sa lourde tendance au meublage, il est temps d’y revenir. A plusieurs reprises dans le film, on a droit à des séquences en vue subjective très mal animées au milieu de décors aux motifs répétés encore, et encore, et encore, et encore, dégageant un pouvoir hypnotique assez impressionnant. Il y a en particulier une scène de déplacement dans une sorte de grotte absolument interminable, fascinante tant son utilité et sa qualité d’animation sont inversement proportionnelles à sa longueur. Cette animation n’en est pas moins répétée à plusieurs reprises, variant vaguement les chemins suivis au milieu des lignes mouvantes représentant de façon très stylisée les parois de la grotte. Et s’il n’y avait que ça… Dans le combat lui-même, dans ce qui est censé être la grande scène d’action du film, un phénomène étrangement similaire se reproduit. Pour donner une impression de puissance, il arrive presque une fois sur deux que le personnage se fige juste avant de porter son coup… puis qu’on nous le remontre figé comme ça… Puis encore un coup… Voilà ! Il a fini par cogner ! Bon, l’autre a esquivé de justesse mais c’est pas grave, quelle force en tous cas !


Le ridicule du combat est loin toutefois de reposer uniquement là-dessus et je tiens d’ores et déjà à vous prévenir que si vous êtes membre ou sympathisant de l’Association pour la Protection des Stalactites et Stalagmites, passez votre chemin ! Ce film n’est pas fait pour vous ! Les deux frangins ont en effet l’étrange manie de s’accrocher systématiquement à tous les stalactites/stalagmites de la grotte (surtout quand ça ne sert à rien et quand ça peut les mettre dans les postures les plus improbables) avant de les défoncer violemment à coups de latte.


Je parlais de son épée évidemment, à quoi pensiez-vous !


Il faudrait encore évoquer les tronches des personnages, depuis le perpétuel air ahuri de la princesse jusqu’aux délires punko-psychédéliques des monstres qui la gardent. Une belle brochette de winners ceux-là, avec un doublage qui met bien en valeur leur aspect parfaitement grotesque. J’aime particulièrement le Tigrou version trash-punk, mais la voix du poisson, mal déformée à l’ordinateur, rappelle que les Français n’ont pas le monopole du doublage nanar.


Dans notre série « Que sont-ils devenus », aujourd’hui, Tigrou nous raconte les difficiles années de l’après-Winnie l’Ourson.


Nouveau : le monstre moustachu et à mullette. Celui-là ils l’auraient inventé exprès pour nous ils ne s’y seraient pas pris autrement !


Si le graphisme de « Beauty & Warrior » est infiniment supérieur à la moyenne des dessins animés de Joseph Lai (le film a pour une fois été réalisé en Indonésie et non en Corée), le design et l’animation par contre ne sont toujours pas au point, les faux raccords n’ont pas disparu et personne ne semble avoir retrouvé le scénariste à temps pour monter le film. J’insiste, le côté "foire de l’ameublement" qui pourrait être insupportable dans tellement d’autres films ne fait ici que renforcer la nanardise et le côté hypnotique de ce foutoir nawak et ronge-tête, totalement imprévisible de par son incohérence et qui laissera plus d’un nanardeur subjugué, les neurones grillés par cette chose venue d’un autre monde situé quelque part entre la grosse arnaque et le trip sous acide.


Ces images ne sont pas tirées d'une coloscopie comme on pourrait le croire mais d'une interminable animation de l'intérieur d'une grotte qui nous sera montrée pas moins de trois fois.

- Barracuda -
Moyenne : 2.30 / 5
Barracuda
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
0.5/ 5
Hermanniwy
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Le film est sorti en DVD anonyme, uniquement aux Etats-Unis. Comme il a apparemment fait l'objet là-bas d'une distribution assez large, au moins dans les bacs à solde des magasins Wal-Mart, il est possible aux fans irréductibles de le trouver en ligne sur des sites d'occasion style eBay USA ou Grande-Bretagne.