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Breeders


Breeders

Titre original : Breeders

Titre(s) alternatif(s) :Breeders : the sexual invasion, L'Hybride infernal

Réalisateur(s) :Tim Kincaid

Producteur(s) :Charles Band

Année : 1986

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h17

Genre : Alien libidineux

Acteurs principaux :Frances Raines, Teresa Farley, Lance Lewman, LeeAnne Baker, Ed French

Nikita
NOTE
3/ 5


Non, ne rêvez pas, vous ne verrez pas des femmes agrippées en pleine rue par des tentacules sortis d'une soucoupe volante, on n'est pas chez Rockefeller.


L’expression « cinéma d’exploitation » recouvre une définition assez vaste, ou plutôt un ensemble de définitions, qui ne se discuteront pas forcément ici ; l’un des sens les plus péjoratifs du terme désigne cependant une catégorie de films misant sur l’exploitation financière des bas instincts du public : une définition à laquelle répond totalement « Breeders », qui doit représenter quelque chose comme le nadir moral absolu du cinéma Z. Les plus vieux d’entre nos lecteurs ont peut-être connu les BD de gare pour adultes, principalement éditées chez nous par Elvifrance : des histoires d’horreur ou d’aventures, généralement agrémentées d’une forte dose de sexe et de violence (souvent les deux ensemble). Ceux qui ont lu une BD Elvifrance de la bonne période, à base de viols de vierges par des nains bossus lubriques, d’aliens qui espionnent la Terre en se cachant dans les vagins des terriennes, ou de castrats qui font repousser leurs parties en s’injectant des gênes de lézard, auront sans doute une idée de la quintessence de « Breeders », sans doute la meilleure histoire d’extraterrestre lubrique de tout le cinéma américain.


Le thème : une créature humano-insectoïde gluante et verdâtre (souvent camouflée en humain, déguisement dont elle se débarrasse à grand renfort d’effets gore) hante les rues de New York et agresse des jeunes femmes vierges, pour les violer et les laisser ensuite dans un état comateux. Un inspecteur mène l’enquête avec l’aide d’une femme-médecin, pendant que le monstre continue à violer des vierges de trente-cinq ans. Il faut croire qu’il y en a beaucoup à New York, surtout quand elles ressemblent à des starlettes fatiguées et revenues de tout.


Cette femme est vierge, malgré ses allures de bimbo sur le retour.


Et voilà, enlevée par un mutant violeur récidiviste, ça devait arriver : l’insécurité urbaine continue de régner.

Cette femme porte des traces de semence venue de la planète Mars, qu’est-ce que ça peut cacher ?

L’héroïne (Teresa Farley, plutôt jolie, mais qui joue comme une patate lyophilisée).


Cinéma d’exploitation, disions-nous : dans tous les sens du terme, car si exploitation il y a dans ce film, c’est également celle de l’homme par l’homme, ou plutôt de la femme par l’homme (et même de la femme par la femme, puisque l’épouse du réalisateur était productrice exécutive). Littéralement aucun prétexte n’est oublié pour mettre à poil les actrices qui composent la distribution : d’ailleurs, parfois, il n’y a même pas de prétexte, qu’est-ce qu’on va se faire chier ? Depuis Andy Sidaris, on pensait avoir vu le maximum en la matière, mais le background du réalisateur Tim Kincaid, venu du porno hard (certes, du porno gay, mais c’est intrinsèquement la même chose), fait franchir au film un palier supplémentaire dans la complaisance la plus absolue sur le marché de l’exhibition de chair humaine. Filmé avec beaucoup de plans fixes, et même figés, photographié de manière à la fois froide et relativement propre, « Breeders » a une esthétique très similaire à celle du porno des années 1970-80, rivalisant avec ce genre de métrage dans le spectacle d’un érotisme brut et sans chaleur. Les actrices se désapent avec une morne résignation, dans les situations les plus incongrues : une mannequin qui vient de terminer sa séance photos et se met à faire de l’aérobic à poil dans le studio, insouciante d’être surprise par un(e) collègue ou un photographe qui reviendrait sur ses pas ; une nana dans sa cuisine se déloque mollement, avant d’aller prendre sa douche (quoi de plus naturel que de se déshabiller dans sa cuisine plutôt que dans sa salle de bains ?), etc.







Bon, et si je faisais ma gym toute nue, au risque de me faire surprendre par le premier venu ?





Ben tiens, justement, je me fais choper par le monstre violeur : c’est ballot !



Ho là là, il fait chaud, dans ma cuisine…


C’est fascinant, on en viendrait presque à faire des paris sur la manière dont la prochaine actrice va se fiche à oilpé. A ce niveau, ce n’est même plus racoleur : on se trouve dans une autre dimension, où le voyeurisme devient la règle. Quant les victimes comateuses du monstre se relèvent et se mettent à marcher, somnambules, pour rejoindre leur maître, on ne fait même plus attention au fait qu’elles marchent à poil dans les couloirs de l’hôpital sans que personne ne les arrête ; c’est normal. On remarquerait plutôt leurs marques de slip.


Je suis hypnotisée et je vais maintenant rejoindre le repaire des aliens en me baladant à poil à travers New York sans que personne ne me remarque.


L’un des intérêts de « Breeders » tient à l’alliance entre un fond d’une complaisance à la limite du répugnant et une forme d’une extrême inertie : alors que l’alien viole des jeunes femmes à grand renfort de tentacules baveux, que font nos héros ? Ils se plantent devant un ordinateur et ils en parlent. L’inspecteur et la doctoresse sont littéralement figés devant leur écran de PC, et bavassent sans fin. Bayant aux corneilles avec des yeux morts, les personnages semblent sortis d’une dramatique télévisuelle d’avant-garde du début des années 1970.


Les deux glands.

C’est trop dur, cette enquête, et si on faisait une réussite à la place ?


Le récit progresse par succession de périodes d’inaction et de brusques accélérations mues par des coïncidences : si cela sert les intérêts du récit, les personnages sont brusquement experts en tout, comme ce chirurgien qui se montre d’une culture déconcertante en matière d’architecture new-yorkaise, capable de déduire de quel bâtiment proviennent des fragments de brique rouge ; il s’entraîne peut-être pour un « Question pour un Champion » spécial BTP ?



Sapristi, de la brique rouge ! Cela ne peut venir que d’un immeuble construit entre mars et juin 1939. (NB pour les connaisseurs : le rôle du toubib est joué par le maquilleur Ed French)


Quant à la cohérence du scénario, de nombreux détails de cette histoire très linéaire nous laissent cois : les monstres verdâtres et violeurs sont-ils un, deux, trois ? On n’en voit jamais qu’un seul en même temps, mais de nombreux éléments semblent indiquer qu’ils ne peuvent qu’être plusieurs, sans que rien ne vienne nous le confirmer ; à moins qu’il ne s’agisse d’une grotesque erreur de découpage, ce que l’on n’oserait croire. Des hommes explosent à grand renfort d’effets spéciaux nanars, pour révéler le monstre avec sa tête de mouche à merde géante : s’agit-il du monstre qui était déguisé en humain, ou bien d’une quelconque infection qui transforme des humains en monstres ? Mystère ; le scénario est à la fois rachitique et plein de trous.



Elle, c'est Frances Raines, l'héroïne de « Telephone Killer ».



Des transformations finement exécutées.


Mais au fait, pourquoi tous ces viols de pucelles trentenaires ? Ceux qui comprennent la signification du titre auront compris qu’il s’agit d’un plan diabolique par des extraterrestres (ou un extraterrestre, on n’est décidément pas sûrs…) pour féconder des Terriennes et ainsi envahir progressivement notre monde.



On comprend pourquoi ils veulent des vierges, parce que quand ils fécondent des non-vierges, ça donne ça.


On voudrait bien croire au concept, mais une méthode un peu plus efficace consisterait à enlever les Terriennes en masse, à les détenir dans des bases secrètes ultra-sophistiquées (merde quoi, ils peuvent voyager dans l’espace, ils doivent bien avoir des trucs comme ça !) et à les féconder via des techniques futuristes. Hé ben non : il s’agit d’une invasion nanarde, avec des aliens fauchés, qui en sont réduits à envoyer des monstres baveux dans la rue pour violer individuellement des New-yorkaises. Avec une méthode pareille, ils peuvent espérer envahir en une trentaine d’années un territoire équivalent au Val-de-Marne, s’ils ne se font pas repérer avant, ce qui est moins que probable vu leur absence totale de discrétion. Quant aux victimes, une fois violées et transformées en espèces de zombies, elles vont achever leur fécondation en se rendant à poil dans un sous-sol où elles barbotent dans une sorte de baignoire extraterrestre remplie de sperme alien. Voilà, on espérait un complot extraterrestre un tant soit peu crédible, du type « L’Invasion des profanateurs », et à l’arrivée, on a des cruches qui prennent des bains de semence et se tartinent la chose sur les nichons en poussant des glapissements. C’est merveilleux.






S’il peut en énerver certains par un relatif manque de rythme dû à la mollesse hypnotique de l'action (d’aucuns n’en supportent pas le visionnage), « Breeders » demeure un beau spécimen de ce que la série Z américaine peut engendrer de plus crapoteux : c’est techniquement plus propre que du Andy Milligan, mais ça plonge dans de tels abîmes de bassesse que cela en deviendrait presque poétique. D’ailleurs, au vu de l’esthétique du film et du talent des comédiens, on jurerait presque que le plateau servait à tourner un film X en parallèle ; mais non, ils ont vraiment essayé de faire un film de science-fiction sérieux, et ils ont tourné un quasi-porno à la place, c’est beau comme du Gérard de Villiers. Et dire que dans la décennie 1980, cette chose est passée en prime time sur la 5 : de là à en déduire que de jeunes téléspectateurs impressionnables ont pu le voir, en rester traumatisés, et gâcher aujourd’hui leur vie en collaborant à des sites internet glauques, il n’y a qu’un pas, qui est celui qui nous sépare du gouffre.



- Nikita -
Moyenne : 3.06 / 5
Nikita
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.75/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Mais comment ont-ils réussi ce coup-là ? Les droits du film appartiennent désormais à la MGM, qui rentabilise son achat en éditant le film sous forme d’un DVD dont la jaquette ne tente absolument pas de rappeler le look d’un quelconque autre film pour attirer le gogo.


Quel BEAU visuel, non mais où vont-ils chercher ça ?


Attention à ne pas confondre cette oeuvre majeure avec un autre film, datant de 1998, et qui porte le même titre. Pour ne rien arranger, il s'agit là aussi d'une histoire d'extraterrestres qui viennent féconder nos filles et nos compagnes (les bonnes idées, faut que ça serve).


"L'autre" Breeders, réalisé par Paul Matthews.