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Telephone Killer


Telephone Killer

Titre original :Disconnected

Titre(s) alternatif(s) :Angoisses sur la Ligne, Disconnected

Réalisateur(s) :Gorman Bechard (Bob Stewart chez Ciné Budget)

Année : 1983

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h25

Genre : Thriller expérimental auteurisant

Acteurs principaux :Frances Raines, Mark Walker, Karl Koch, Carmine Capobianco

LeRôdeur
NOTE
3.5/ 5


Une vague histoire de tueur en série qui chasse ses victimes féminines dans les vidéoclubs. Pour gagner leur sympathie, le tueur prétend ne pas posséder de magnétoscope. Il séduit, puis il tue, à coups de couteau. Parallèlement, l'héroïne, gérante de vidéoclub et amoureuse du tueur, est harcelée au téléphone par un inconnu qui fait des bruits bizarres dans le combiné.

 


Les affiches originales


Un flic qui mange un sandwich.
Un homme mystère.
Et puis un beau jour, le mari de l'héroïne disparaît :
- Il a disparu... le téléphone était décroché..., dit l'héroïne.
- C'est parce qu'il avait envie de téléphoner, dit sa soeur.
- C'est la seule explication, conclut le beau-frère.
La conversation se déroule dans une discothèque. La bande-son : des bruits d'orgasmes. Bienvenue dans Téléphone Killer, thriller expérimental auteurisant signé Gorman Bechard, cinéaste underground.

 


Frances Raines téléphone, Frances Raines glandouille, l'homme-mystère (William Roberts) est mystérieux.

 


Son truc, c'est de déconstruire, tu vois, de casser les vieilles conventions. Il y a de l'image, soit, mais c'est mieux quand l'image montre autre chose que ce qu'elle veut montrer tout en ne montrant pas, tu vois. Filmer des dialogues, oui, mais en travelling latéral plutôt qu'en champ/contre-champ et en les coupant brutalement au milieu. Filmer un type en bagnole, okay, mais ne montrer que la pendule du tableau de bord. Filmer un meurtre, mais ne pas filmer le meurtre. Filmer l'essentiel. Filmer le Groucho Marx en céramique sur la commode de la chambre puis une main ensanglantée sur un mur. Remonter de la main jusqu'au plafond. Filmer un flic, mais le non-filmer, tu vois, filmer la fermeture éclair du blouson du flic. Ca fait Auteur. Et puis filmer l'héroïne devant sa fenêtre, mais ne montrer ni l'héroïne ni la fenêtre, filmer une image blanche, filmer avec le soleil de face. You know what I mean ? Casser les codes, quoi. Feuque zeu système. Et puis rajouter des bruitages électroacoustiques, un peu comme dans L'Homme Puma. Des bruits de pendule, du Hard Rock quand l'héroïne rampe devant sa télé. Des chansons de The Cure sur des scènes gore. Citer Hitchcock à tout bout de champ. Voler un plan de Psychose et mettre un homme mystère qui sort du Bates Motel. Tous les grands films ont leur homme-mystère. Ne pas parler mais dire les mots.

 


L'homme-mystère qui hante le télephone


Conversation entre deux flics :
- Tout ce que l'on sait, c'est que les victimes habitaient le quartier...
- Et alors ?
- Alors, c'est tout ce qu'on sait.
Et puis, finalement, ne plus s'occuper du scénario. Faire la fin du film une demi-heure avant la fin et partir en roue libre. Filmer l'héroïne qui traînasse en slip dans son appart'. La faire entrer dans une cabine téléphonique, ne pas la faire téléphoner, filmer du sang qui coule du téléphone. Remonter dans l'appart', filmer un clou, filmer la pendule, filmer le sang de sa soeur qui coule sur le mur (NB : la soeur de l'héroïne, pas la soeur de la pendule). Faire un clip avec les images du film dans le désordre et l'héroïne qui danse avec un cintre. Et puis ne plus filmer que deux images à la seconde en noir et blanc. Une main, un cendrier. Conclure avec l'homme-mystère.

 


Photo de tournage : Frances Raines avec le jeune réalisateur Gorman Bechard (avant ou après la prise de LSD?)


Bref, Téléphone Killer est une grande oeuvre floue (au sens propre : le film a été tourné en 16 mm, gonflé en 35 et transféré en vidéo n'importe comment, même les couleurs bavent de plaisir !) que l'on pourra considérer au choix comme une boursouflure auteurisante génératrice d'ennui profond, ou bien comme une formidable expérience frappadingue délicieusement nanarde. Ce qui est certain, c'est que le cinéaste a voulu faire un film qui ne ressemble pas aux autres, et que d'une certaine manière, il y est parvenu : ça ne ressemble à rien. Cela n'est quand même pas tous les jours que dans un film d'horreur, on voit l'héroïne remonter sa pendule en temps réel. Personnellement, j'ai adoré.

 



- LeRôdeur -
Moyenne : 2.88 / 5
LeRôdeur
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Le film avait été prudemment oublié par tous les éditeurs responsables, au nom de la sauvegarde de la santé mentale de leurs contemporains. Il faut donc chercher les vieilles VHS de chez "Ciné Budget" au visuel portnawesque ou celles, similaires, et nommées Angoisses sur la Ligne de chez "Socaï films" et "D.E.C." plus proches de l'imagerie originale. Enfin, dernièrement, on vient de découvrir encore une autre version reprenant cette fois le titre original chez "U.S Vidéo" (visuel dans la chronique).

 


Et puis en 2017, l'éditeur américain "Vinegar Syndrom" l'a ressorti dans une superbe édition blu-ray/DVD multizone limitée de 2000 exemplaires gavée de bonus en tous genres, commentaires audio et interviews du réalisateur et de l'acteur Carmine Capobianco, photos de tournages, jaquettes réversibles etc... Un pièce de collection donc à laquelle ne manque qu'une piste ou des sous-titres français.