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Glen or Glenda


Glen or Glenda

Titre original :Glen or Glenda

Titre(s) alternatif(s) :I changed my sex, Louis ou Louise (Belgique)

Réalisateur(s) :Ed Wood

Année : 1956

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h07

Genre : Rendez-moi mon angora

Acteurs principaux :Ed Wood, Bela Lugosi, Dolores Fuller, Timothy Farrell

Alcatel
NOTE
4/ 5


Mon premier vrai nanar... Et de luxe, pour commencer : du Ed Wood, rien de moins !



Ed Wood, qui on le sait, aimait les vêtements féminins, traite dans ce premier film des travestis. Pour ce faire, il a une guest-star : Bela Lugosi en personne. A vrai dire, personne ne sait bien quel rôle l'acteur déchu joue dans ce film. Il apparaît de temps à autre, notamment dans la première scène où le voit, entouré de livres et d’ossements, répétant "Tirez les ficelles, dansez !", sans bien comprendre de quoi il s’agit.



Bela Lugosi joue à Dieu dans un décor gothique à souhait


On enchaîne sur le cas d’un suicide de travesti. Notez le médecin qui laisse son stéthoscope au-dessus du corps décédé (qu’espère-t-il entendre ?) et le plan sur un radiateur qui n’a aucun rapport, mais bon. L’inspecteur va voir alors un médecin spécialiste de ces cas et lui dit : "J’aime apprendre. Nous n’avons qu’une vie. Si nous la bousillons, que nous reste-t-il ?" Le doc comprend ce qu’il dit, pas moi : "seules les profondeurs infinies de l’esprit humain peuvent réellement tout nous dire." Ah bon. Flou, effets spéciaux (orage, éclairs mal fichus) et retour à Lugosi qui nous apprend une autre vérité fondamentale : " personne ne peut vraiment conter l’histoire. Des erreurs sont commises, mais il n’y a pas de méprise dans les pensées de l’homme."


Glen tiraillé par ses penchants pour la lingerie féminine... Va t-il oser ?

Bevare... Bevare...


C'est à partir de là qu'Ed Wood, via le docteur, nous apprend l’histoire de Glen/Glenda. En commençant par quelques observations profondes sur la nature humaine : il remarque d’abord que bien que le Créateur ne nous a pas donné d’ailes, nous volons quand même. Quel rapport ? Nul ne saurait dire. Ensuite, on apprend que les chapeaux empêchent le sang de monter à la tête, et provoquent donc la calvitie ! Et que 7 hommes sur 10 sont chauves ! Ca paraît incroyable, mais ce n’est pas fini ! On voit ensuite une scène de "danse" exécutée par deux figurants qu’on fait passer pour des primitifs portant un masque. Aucun rapport, là non plus, mais c’est cela la magie Ed Wood ! Pour résumer, on nous parle d’ " instinct animal " et on voit une scène de divorce (je crois, c’est pas très clair) chez un juge derrière lequel trône la photo du drapeau américain dressé sur Iwo-Jima en 1945. Entre tout ça, Glen découvre les vêtements féminins et commence à mener sa vie de travesti.



Glen... or Glenda... ou Ed Wood au naturel ?


Glen, qui est fiancé, reçoit le journal des mains de Mademoiselle, ou plutôt elle le fait apparaître dans ses mains puisque le plan est coupé en plein milieu. Puis l’on voit des stocks-shots de troupeau de bisons galopant en surimpression sur notre ami Bela qui répète " Tirez les ficelles, l’erreur est commise. " Re-stock-shots, ce coup-ci de voitures (qu’on avait déjà vues avant, avec l’exemple de l’avion), puis de scènes de métallurgie sur lesquelles Ed greffe un dialogue confus entre deux ouvriers qui se plaignent que c’est lundi et qui se disputent sur le travestissement.


Dolores Fuller prend déjà des poses à la Vampira


C’est là que le film dérive dans le n’importe quoi. Ce qui avait un semblant de cohérence jusqu’ici (encore que Bela…) part totalement en quenouille. Glenda rentre chez lui/elle… Et se fait tirer dessus (disons qu'on entend un BANG et que Glenda s’effondre mollement). Lugosi nous sert alors un GRAND moment de nanardise : "Méfiez-vous du gros dragon vert assis sur votre seuil. Il mange les petits garçons, la queue des petits chiens et les escargots gras". Si, si, Glen or Glenda contient de tels dialogues !


Ed prend soudain conscience de ce que va être sa carrière


J’ignore combien de verres Ed avait bu avant de taper cette partie du script mais la suite ne démérite pas : à des mimiques muettes (et grotesques, bien que Wood tentait apparemment d’imiter Fritz Lang) de Glenda et sa fiancée, succède une scène où Glenda, qui est morte, tente de dégager la fiancée de sous le décor de l’appartement ravagé (Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Glenda n’est pas morte ? Impossible de comprendre). Comme elle n’y arrive pas, elle disparaît (pouf, d’une image à l’autre) et Glen arrive et dégage la fiancée. On voit alors :
1) Le mariage de Glen et la fiancée, avec un prêtre assisté d’un démon (un figurant très mal maquillé).
2) Re-Lugosi, avec Glen cette fois, qui prend des poses très "Eraserhead".
3) Un homme qui fouette une femme (Qui est-il ? Pourquoi est-il là ? On ne sait pas).
4) Une galerie de femmes prenant toutes sortes de poses sous l’œil impassible de Bela et (il me semble) éberlué de Glen.
Un autre homme arrive (qui ? Pourquoi ?), il fait semblant d’essayer de violer une des femmes (là encore, aucun rapport avec le reste…).


Bon Dieu, sont-ce les symboles de la honte de Glen pour son travestissement ou les spectateurs de la salle qui se marrent !?


Sans transition, retour à l’appartement ! Glen entend une voix off : " tu es un garçon, la queue d’un petit chien, ah, ah, ah " (abominable) et l’inspecteur apparaît " mélies-quement " devant la porte. Que fait-il là ? Mystère… Les fantômes des personnages apparaissent alors avec une voix off qui répète : " je suis une fille, pas moi, tout ce qui est joli, ah, ah, ah ", et l’acteur qui joue Glen essaie de paraître effrayé. Les fantômes pointent un doigt accusateur sur Glenn et avancent vers lui, rejoints par le démon de tout à l’heure (le mal maquillé), puis ils se retirent et apparaît Glenda. Quelle est la signification de tout ceci ? Nouveau mystère !


Le diable joué par un ami producteur de strip-tease (et un peu proxénète dit-on) qui fournit quelques filles pour une ou deux scènes un peu chaudes de fantasme du film (n'insistez pas je ne mettrai pas de photos)
NON J'AI DIT ! N'INSISTEZ PAS JE NE METTRAI PAS DE PHOTOS DES SCENES DE FANTASMES...


Vous êtes super lourds les gars, mais bon puisque vous insistez... (et je rappelle que pour les années 50, ça peut être considéré comme très hot !!)


C’est fini ? Mais non, ce n’est pas fini ! Le médecin qui parlait à l’inspecteur du cas Glen enchaîne sur le cas Alan/Ann ! C’est l’occasion d’admirer un véritable documentaire de plus d’une minute avec des stock-shots de la Seconde Guerre mondiale. Au moins, entre la métallurgie et la guerre, on ne pourra pas dire qu’on ne s’est pas instruits. Alan est un pseudo hermaphrodite, nous apprend le docteur : on l’opère, il devient une femme (et hop, on rajoute des stock-shots de chirurgie…) Glen, lui, reçoit un traitement psychiatrique et guérit peu à peu. Voilà, c’est fini.


Le maître et le disciple...


Du premier long-métrage d’Ed Wood, que peut-on dire ? La patte du maître n’est pas encore bien affirmée. Certains moments sont réussis, d’autres géniaux, d’autres très ennuyeux. Les scènes de Bela Lugosi sont un bel exemple de n'importe quoi. Impossible de savoir quel rôle il joue, ni pourquoi il parvient à faire disparaître les personnages qui approchent de lui, d’un mouvement de main. Il " tire les ficelles " ? Pourquoi ?


Pull ze stings


Pour la technique, si la mise en scène n’est pas encore catastrophique (du moins, pas tout le temps : les faux raccords, les plans inutiles ou brouillons, sont l’exception et pas la règle), l’interprétation des personnages est elle désastreuse, d’un bout à l’autre. Suivant le classique schéma du nanar "surjeu / inexpressivité", même les voix off s’y mettent, toutes horribles, au mieux soporifiques ! Rendons justice à notre ami Bela : même du temps de sa splendeur, dans le Dracula de Ted Browning, il surjouait déjà…


Glenda s'assume enfin...

L'image mythique qui a inspiré l'affiche du film de Burton...



- Alcatel -
Moyenne : 3.10 / 5
Alcatel
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5
Labroche
NOTE
3,5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Avec la biographie de Tim Burton, les films d'Ed Wood ont connu un renouveau aux Etats-Unis qui se traduit par une avalanche de rééditions DVD. Celui, multizone, d'"Image Entertainment" est le plus facilement trouvable. Toutefois on peut s'étonner du prix (de 22 à 30 $ !) pour une édition en VO mono, sans bonus et au master médiocre. C'est d'autant plus incroyable qu'on le trouve chez "HollyWeird" pour moins de 8 $, et même en double programme chez "Catcom" avec "The Jail Bait" du même Ed Wood et des bonus sympas tels que des pubs des années 50 pour seulement 6,5 $ !


En France, après un relatif purgatoire, Ed a eu les honneur d'un superbe coffret aux éditions "Abeille Musique" reprenant la quasi totalité de ses films dont celui-ci dans un coffret cher mais riche (avec notamment des cours métrages inédits d'Eddy) mais hélas des copies d'assez mauvaise qualité.


Une vieille VHS en VO sous-titrée existe aussi chez "Les Films du Paradoxe". Là encore, pièce rare...