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L'Emir préfère les blondes

(1ère publication de cette chronique : 2006)
L'Emir préfère les blondes

Titre original : L'Emir préfère les blondes

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Alain Payet

Année : 1983

Nationalité : France

Durée : 1h30

Genre : Pris dans les sables

Acteurs principaux :Paul Préboist, Katia Tchenko, Roger Carel, Pierre Doris, Françoise Blanchard, Jean Tolzac

Nikita
NOTE
1.5/ 5



Que dire ? A chaque fois que l’on croit avoir touché le fond, on tombe encore plus profond. A Nanarland, on va finir par trouver du pétrole. Astucieuse image qui permet d’établir un rapport subtil avec le film qui nous occupe : « L’Emir préfère les blondes », d’Alain Payet, c’est le point ultime de la décadence du comique français, une sorte d’apothéose de non-humour, de non-gag, de non-rythme, assaisonné de cabotinage massacreur de neurones. Impossible de trouver plus minable, à moins d’aller chercher du côté de trucs malsains comme « La Pension des Surdoués ». On reste suffoqués devant l’audace conceptuelle d’un film qui, sous couvert d’une comédie absolument pas drôle, nous refourgue en douce un pamphlet d’une rare virulence sur la crise pétrolière et le comportement des émirs moyen-orientaux en Occident. Comment ? On me signale que ce n’est pas voulu et qu’il n’y a aucun discours politique dans le film, mais simplement une pochade lamentable ? Je n’ose y croire, ça ne peut pas être aussi nul, ça doit être fait exprès, ou alors il n’y a plus aucun espoir pour le genre humain…


Jean Tolzac.




L’Emir du titre, c’est Ibn ben Fattal, en goguette dans un bout de Normandie pisseuse que le scénario semble par moments essayer de faire passer pour la Côte d'Azur (les personnages vont au New Jimmy, un night-club de Monaco). Pour une raison mystérieuse, le rôle-titre du film est interprété par Jean Tolzac, acteur dont la filmographie sporadique compte essentiellement des seconds ou troisièmes rôles dans des films Eurociné. Sans doute était-il un ami du réalisateur, puisque cet honorable comédien avait tenu des emplois dans deux autres films d’Alain Payet, « French érection » et « Monique et Julie, deux collégiennes en partouze ». Cette incursion dans la comédie est en effet, avec « Les Amazones du temple d’or », l’une des rares œuvres de Payet à ne pas relever du porno hard. Hé ben, en voyant le film, on comprend pourquoi le réalisateur est rapidement revenu à ses premières amours avec « Elle suce à genoux » ou « Les Tontons tringleurs » : rarement aura-t-on vu cinéaste moins doué pour le genre comique. Filmées d’une caméra flasque et amorphe, les scènes s’étirent lamentablement jusqu’à se noyer dans les méandres d’une mare vaseuse d’humour saumâtre et liquéfié par sa propre bêtise.


Françoise Blanchard brame « Je veux ma chance ! » Ben, c’est pas avec cette chanson que tu l’auras, ma grande. Pourtant, « Ca va faire un tube », dixit le technicien en régie.


Les Arabes, c'est vraiment des pique-assiettes !


Roger Carel.



En vacances en France, donc, l’émir ben Fattal décide de s’établir dans la somptueuse demeure de Sam Moreau (Roger Carel), imprésario musical qui aimerait bien avoir un peu de temps pour roucouler avec Sylvie (Françoise Blanchard), sa nouvelle chanteuse à succès. Mais un super-agent du gouvernement français, chargé de veiller à la sécurité de l’émir, convainc Moreau de ne pas le mettre à la porte : ben Fattal est en effet menacé par le terrible McGorell (Pierre Doris), un ignoble malfaiteur international. Vont s’ensuivre des gags lamentables, des quiproquos ineptes et d'inévitables plans nichons avec le harem de l’émir tandis que Moreau et consorts tentent de protéger la maison des intrusions des sbires de McGorell.


McGorell (Pierre Doris) et son sbire (Jacques Couderc)


Katia Tchenko, l’âme damnée de McGorell.


Encore Jacques Couderc.



Que dire ? C’est en dessous de tout. Alain Payet réalise une comédie avec autant de verve et de fantaisie qu’il tournerait un film d’entreprise sur la récupération des huiles de vidange. Le rythme est désespérément mou, comme un film porno sans scènes de cul. Les seuls plans un peu moins nuls que les autres sont d’ailleurs ceux où Françoise Blanchard se désape, comme si le réalisateur retrouvait d’un seul coup un peu de ce qu’il sait faire. Les gags sont si subtils qu’on ne se rend même pas compte de leur passage et les dialogues semblent écrits par des gagmen stagiaires refusés à l’Almanach Vermot : on patauge dans un humour si vaseux que l’on s’y enfonce à chaque pas.



Roger Carel bichonné par le harem de l’émir.



Les acteurs oscillent entre surjeu moyennement inspiré et franche nullité : si Jean Tolzac n’est pas le pire comédien de la bande, il est à peu près aussi arabe que Dolph Lundgren est javanais. Roger Carel, véritable vedette du film, charge tellement son personnage d’impresario à l’accent judéo-germano-portnawak qu’on finit par en attraper une overdose de cabotinage. Il est néanmoins magnifié par la caoutchouteuse présence du chanteur Noé Willer qui, dans le rôle de l’espion, ressemble à une sorte de sous-Michel Boujenah aussi crédible en agent secret que Richard Harrison en ninja.


L’agent spécial Archibald : Noé Willer, son interprète, est devenu depuis expert en peinture.





De son côté, Paul Préboist, dans le rôle du majordome de Roger Carel, s’en tire plutôt bien. En tête de générique du fait de sa notoriété, le Paulo n’apparaît qu’une moitié de film. En retrait par rapport à Carel, Préboist préserve sa dignité en en rajoutant relativement peu.


Un bon plan pour avoir Paul Préboist dans son film : embaucher son frère Jacques.



Dans les rôles des méchants, Katia Tchenko (qui ne sert strictement à rien dans l’histoire) et Pierre Doris tiennent malheureusement des rôles qui doivent compter parmi les pires de leur filmographie, à vous faire regretter « Mon Curé Chez les Thaïlandaises » et « Le Führer en Folie ».



Reste le cas Françoise Blanchard. Sans vouloir trop charger cette sympathique comédienne qui fut une sorte d’égérie de Jean Rollin, je tiens quand même à signaler qu’elle joue comme une savate, à donner la nostalgie de Brigitte Bardot et Mylène Demongeot. Je subodore tout de même une part d’intentionnalité dans ses intonations « à la Bardot », son personnage étant une cruche blonde. Mais même l’imitation, si c’en est bien une, sonne faux : voir une actrice jouant faux imiter en jouant faux une autre actrice qui, elle-même, jouait faux, est l’une des expériences les plus fantabuleuses d’une vie de cinéphile.





Interprétation au fond du caniveau, scénario retrouvé par hasard dans une poubelle, mise en scène crapoteuse : « L’Emir préfère les blondes » est un objet plus extrême qu’extrême, qui ne manquera pas de plonger les nanardeurs téméraires dans les affres douloureuses d’un abîme d’ennui glauque, ou au contraire dans un nirvana opiacé. C’est innommable, c’est infect, c’est douloureux ; est-ce bon pour autant ? Comment expliquer rationnellement une réponse par l’affirmative ? Sans doute parce qu’à Nanarland, nous ne sommes que des losers qui passons notre temps à chercher des vieilles VHS de films pourris pour ensuite nous esbaudir devant. Après cet aveu déprimant, je vais aller me pendre. Le sommeil de la raison engendre des monstres et « L’Emir préfère les blondes » en est un.


Sacré Paulo !


- Nikita -
Moyenne : 1.20 / 5
Nikita
NOTE
1.5/ 5
MrKlaus
NOTE
0/ 5
LeRôdeur
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
0/ 5
Wallflowers
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Après une période de purgatoire où l'on pouvait se consoler avec les vieilles VHS et les rediffusions sur le câble, le film a été édité en pack DVD chez "Fravidis" avec un classique de Darry Cowl, "L'Abominable homme des douanes ", puis dans le coffret "les rois de la comédie N°2" avec une dizaine d'autre fonds de tiroir dont "Arrête de ramer t'attaques la falaise !"