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Challenge the Ninja


Challenge the Ninja

Titre original : Challenge the Ninja

Titre(s) alternatif(s) :Born a Ninja, Dragon Ninja, Le Défi du Ninja (Québec)

Réalisateur(s) :Godfrey Ho

Année : 1986

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h28

Genre : Petit Godfrey Ho

Acteurs principaux :Bruce Baron, Pierre Tremblay, Rey Malonzo (non crédité), Richard Berman, Eric Redner, Silvia Rod

Ambassadeur
NOTE
2/ 5


S’inscrivant de plain-pied dans la tradition du "2 en 1" chère à Godfrey Ho, « Challenge the ninja » mêle, avec une habileté toute relative, deux intrigues différentes censées former un semblant de film. Par souci de clarté nous les appellerons « la partie asiatique » et « la partie occidentale ». « Challenge the ninja » narre ainsi les aventures de deux justiciers en lutte contre le crime : Billy, dans la partie asiatique, « ne vit plus que dans l’espoir de se venger du gang des evils ninjas, auteurs de crimes odieux. Avec l’aide de Mark, son ami et officier de police (le héros de la partie occidentale donc), il décide de répondre au crime par le crime » (dixit la jaquette).


Billy (ne sait pas qu'il tourne dans une grosse production internationale). Il s'agit de l'acteur philippin Rey Malonzo, vu dans "Chaku Master", "Attaque à mains nues", "Special Force"... et aussi dans la partie asiatique de "The Ninja Squad" de Godfrey Ho).


Mark / Bruce Baron affiche ses opinions centristes

Dans la partie asiatique, la famille de Billy est massacrée par un gang de ninjas mené par Ted Devil, un méchant barbu très seventies. Et là, je vous demande de bien réfléchir à la subtilité de ce plan : ils viennent pour assassiner Billy, et à la place ils tuent toute sa famille (sauf lui). Bon, en même temps ils ne pouvaient pas deviner qu'il chercherait à se venger. On peut pas tout prévoir !


Ted Devil : trop funky pour être méchant !

Dès lors, malgré sa huitième dan de kung-fu, Billy ressent le besoin de recevoir l’enseignement d’un maître ninja, et accessoirement vague look-alike de Bruce Lee.


Un entraînement ninja impitoyable (pas péter !)

Quand il ne s'entraîne pas, le héros combat des sbires ou de mystérieux hommes en blanc, aux motivations obscures, qui se jettent sur lui en hurlant "c'est Billy" avec la haine d'une armée de mélomanes qui parviendraient à coincer Jérémy Châtelain (NdlR: mais si souvenez vous, un des candidats de la Star Academy... Vous aussi vous l'avez déjà oublié ?). Ces karatékas n'étant pas explicitement liés au gang de Ted Devil, ces attaques semblent en effet totalement gratuites. Décidément l'incivilité semble atteindre des sommets dans certaines forêts d'Asie du Sud-est.


Un film bourré d'humour !

A film d'exception, plan nichons d'exception.

Je suis agression par un chien doublé à la bouche.

Si la partie asiatique occupe près des deux-tiers du film, ce sont presque deux-tiers de trop ! Tout est raté, mais pas suffisamment pour être drôle : on note des festivals de faux raccords lors des combats, mais pas « le » détail qui ferait sortir le film de l’ennui. On pourra juste s’amuser de la délicieuse odeur d’arnaque que dégage cette sous-série indonésienne : le label ninja est péniblement justifié par les cagoules à pompon (!) portées pas les méchants (d'où un côté "les ninjas font du ski" un peu surprenant). Les visuels de la VHS ne mentionnant que la partie occidentale, nous allons en parler et ça tombe bien, elle est d’une nanardise bien plus copieuse.


Contre-façon indonésienne (ou philippine, les avis divergent) contre ninja label rouge d'origine.

La partie occidentale, c’est d’abord un casting de rêve : Bruce Baron et Pierre Tremblay. Quand on pense qu’à la même époque certains fantasmaient sur un film rassemblant Schwarzenegger et Stallone, laissez moi dire MOUAHAHAHAHA ! Bruce Baron est Mark : ninja et policier d’élite, il tente de démanteler un gang de ninjas dont le chef n’est autre que son propre supérieur... Pierre Tremblay. Je vous laisse méditer sur la dimension shakespearienne de ce scénario, ainsi que sur ses implications oedipiennes. Précisons par ailleurs que Pierre Tremblay est également le cerveau qui se cache derrière les agissements de Ted Devil.


Pierre Tremblay casse son image dans un rôle à contre-emploi.

Tremblay, alerté par les progrès de Mark, décide de le supprimer. Et d’éliminer Billy aussi, tant qu’à faire.


Vos ennemis s’appellent Mark et Billy. Mais je vous préviens : ils ne jouent pas dans le même film.

Si Mark est le meilleur policier du monde, ce n’est pas grâce à son ninja training : c’est surtout qu’à chaque fois qu’il fait un footing, que sa voiture tombe en panne, qu’il va aux toilettes (dans la version longue peut-être ?) un méchant lui tombe dessus. Il peut donc éliminer progressivement toute la bande. Quelqu’un finit toutefois par avoir pitié et lui envoie la photo du coupable par la poste : quoi ? Ce serait donc Pierre Tremblay ? ! Espèce d’enfoiré !


Bruce Baron : le guide du voyageur intergalactique lui a tout piqué !

Léon avait tout faux. Quand on est un vrai sbire, c'est pas le couteau qu'on apprend à manier en dernier, c'est la serviette.

Mark, je passe de super vacances, embrasse toute la famille pour moi. Au fait, c’est Pierre Tremblay le méchant.

Les combats ninjas respectent quant à eux le cahier des charges de Godfrey Ho : chorégraphies au millimètre et pouvoirs nanars au programme. Si le combat de serviette constitue le plus haut fait d'arme du film, Mark nous gratifie également de sa désormais fameuse transformation en bout de bois : il se focalise sur une brindille et se transforme en branche pour faire trébucher son adversaire. Si ça c'est pas wouhou !!!


La transformation en bout de bois :


Traaansssmutation !!!

Ceci n'est pas une brindille : ceci est un ninja surentraîné.

Et là je te fais bout de bois dans les tibias.

La lame magique :

Je fais rentrer la lame dans un sens... Elle ressort dans l’autre !

La disparition ninja :

Un ninja est caché dans cette image : sauras-tu le retrouver ?

 

La rage du tigre :

Je suis colère parce que je suis trahison !


Deux intrigues donc, mais un seul film. Afin d’assurer la cohérence de l’oeuvre, Godfrey Ho pourrait se servir d’un stratagème malhonnête et se contenter de quelques échanges de coup fil entre nos héros. Mais ce n’est pas le genre du professeur Ho d’utiliser ce genre de ficelles. Non, Mark et Billy vont bien se rencontrer à deux reprises. Le premier tête à tête témoigne notamment de toute la virtuosité 2-en-1-iste de Godfrey Ho : il filme Bruce Baron dans un décor vaguement ressemblant au cimetière où se retrouve Billy. Heureusement pour l'amateur de nanar, la supercherie est assez évidente malgré l'utilisation de champs/contre-champs "cache-misère" par le réalisateur :


- T’es sûr qu’on joue dans le même film ?
- Mais bien sûr, tu ne vois pas que nous sommes dans le même décor ?


« Challenge the ninja » est en définitive un petit Godfrey Ho. Si la partie asiatique présente, comme souvent, assez peu d’intérêt, la partie occidentale remplit elle honnêtement le contrat nanar. Dommage donc que cette dernière ne constitue qu'une faible portion de l'"oeuvre".

- Ambassadeur -
Moyenne : 2.48 / 5
Ambassadeur
NOTE
2/ 5
Nikita
NOTE
1.5/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Peter Wonkley
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5
LeRôdeur
NOTE
2.5/ 5
Barracuda
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Le DVD zone 2 est disponible chez "Bach films". Il est juste dommage qu'ils n'aient pas choisi un Godfrey Ho plus représentatif ou plus délirant pour le passer en numérique. A noter pour les cinéphiles qu'avec Tremblay et Baron, Eric Redner est le troisième gweilo apparu aussi dans « L'Enfer des Armes » de Tsui Hark. Si ça se trouve Godfrey voulait rendre hommage à ce film...


Le pseudo-éditeur de DVDs à bas prix "Monarch" a lui aussi sorti ce film sous le titre "Dragon Ninja" (alias "Ninja Dragon" sur le disque), utilisant visiblement une édition VHS comme master. A fuir.


La jaquette annonce fièrement "Par le réalisateur de Karate Fury !" tandis que celle de Karate Fury chez le même éditeur annonce "Par le réalisateur de Dragon Ninja !". Le visuel est celui de « Ninja Condor 13 ».


Sinon pour mémoire (et éclairer les chineurs qui pourraient tomber dessus en trocante), le film est sorti en vidéo chez "Moonlight", puis sous le même nom et visuel chez "Scherzo" en numéro 10 de sa jolie collection rouge et jaune "Blood Sport Festival".


Enfin vous trouverez ce film sous le titre « Born a Ninja » chez "B.M. production" (collection "arts martiaux").

Jaquettes en plus

Bonus

Croyez-le ou non mais une fois attifé en ninja, Bruce Baron constitue une muse tout à fait acceptable, pour peu qu'on ait un minimum de sensibilité artistique. Touché par la grâce, Le Rôdeur s'est fendu d'un poème en alexandrins à la gloire du ninjutsu et des gweilos à paillettes.

Mon nom est Bruce Baron et je suis ninja connection

C'était la matinée, je faisais mon jogging

Un gredin m'attendait près d'une table de camping

Je passe devant lui, que sitôt il m'assaille

Un gaz paralysant sort du manche de son saï



Halte là, foutriquet ! Tu n'auras pas la loi !

Mon nom est Bruce Baron, je suis flic ou ninja !

Le vilain part alors dans un salto arrière

Mon dieu mais quelle souplesse, on dirait Max Thayer !

Je mouline des mains et sort une bombinette

C'est la transmutation en ninja à paillettes.

Et alors qu'il me toise, les yeux remplis de haine

Je fais un triple flip et lance un shuriken

Il cherche à éviter le terrible ustensile

J'en profite pour lui mettre un grand coup dans le squeele

Et tandis qu'il fait mine de revenir vers moi

Me transforme en brindille et lui brise un tibia.







Avis aux impudents qui en veulent à sa vie

Bruce Baron n'est pas né de la dernière pluie

Vous finirez la tête fendue comme une pastèque

Et on passera l'extrait à la Cinémathèque.