Ce site web utilise des cookies, uniquement à des fins statistiques.
Ils nous permettent de connaître la fréquentation de notre site web, et les contenus qui vous intéressent.
Lloyd Kaufman
(1ère publication de cette bio : 2008)Consulter la filmographie / Consulter les films chroniqués
Découvrez notre interview vidéo inédite de Lloyd Kaufman sur Nanarland TV !
Acteur, réalisateur et producteur américain, Lloyd Kaufman est indissociable de Troma, la société de production et de distribution qu’il créa dans les années 70 avec son partenaire en crimes cinématographiques Michael Herz. Une oasis créative forte de 35 années d’existence, ce qui en fait, selon les dires de Kaufman en personne, « la plus vieille compagnie indépendante à avoir survécu sans hit au box-office ». Une firme qui se targue légitimement de ne jamais avoir renié son esprit franc-tireur, et encore moins les libertés conférées par un mode de fonctionnement en grande partie autogéré. Troma souffre de plus en plus de l’hégémonie écrasante imposée par les majors hollywoodiennes, mais la société bénéficie d’atouts que ses gigantesques rivaux n’auront jamais : un créateur / réalisateur littéralement investi par son activité, quitte à faire absolument n’importe quoi pour financer et vendre ses films ; une histoire riche en productions libertaires et radicales qui aura inspiré des auteurs aussi essentiels que Peter Jackson, Quentin Tarantino, Gaspar Noé, Alex De La Iglesia ou Takashi Miike ; et surtout, des légions de fans à travers le monde, prêts à tout pour que ses activités cinématographiques perdurent le plus longtemps possible.
Né à New York le 30 décembre 1945, Stanley Lloyd Kaufman est initialement passionné par les spectacles musicaux de Broadway, et n'attrape le virus cinéphile que pendant ses années d’études à la prestigieuse université de Yale. Ses deux camarades de chambrée le convertissent aux plaisirs des salles obscures, et dès lors, Kaufman s’abreuve d'œuvres dont l’influence se fera sentir (de façon diffuse) dans sa filmographie : les films de Preston Sturges, John Ford, Kenji Mizoguchi, Charlie Chaplin le bercent, mais c’est le « To be or not to be » d’Ernst Lubitsch qui le pousse à franchir le pas. Il dévore également Les Cahiers du Cinéma, et reste marqué par cette image d’une Nouvelle Vague affranchie de toutes contraintes de style, de production et de réalisation.
Durant un séjour en Afrique, au Tchad, il filme la mise à mort d’un cochon. La post-production de ce coup d’essai distinguera très nettement l’approche de son réalisateur du travail d’un Jean Eustache : Kaufman monte le tout et obtient ainsi son premier film, 15 minutes d'hystérie gore et décomplexée. Les réactions horrifiées de son infortuné public-test (des membres de sa famille pour l'essentiel) confirment le futur metteur en scène dans ses intentions, et une partie du style Troma était née (les expériences libidineuses de "Uncle Lloydie" dans les années suivantes s’occuperont de compléter le cahier des charges). Deux opportunités s’ouvrent à Lloyd Kaufman dans l’ultime année de son cursus universitaire : travailler sur une production prestigieuse avec Barbara Streisand, ou intégrer les rangs d’un Cannon Group pas encore sous la férule des inénarrables Menahem Golan et Yoram Globus. Au sortir d’un trip de LSD, il prend la décision de rejoindre le Cannon Group.
Il y rencontre le producteur / réalisateur John G. Avildsen, qui le fait travailler sur des films comme « Joe », « La Fièvre du Samedi Soir » ou « Rocky ». Autant d’expériences que Kaufman envisage comme des études de cinéma sur le tas. Auparavant, il aura réalisé dès 1969 son premier long-métrage, « The Girl who returned », une comédie satirique et sexy se déroulant dans un univers où les hommes et les femmes vivent en communautés séparées et ne se retrouvent qu’une fois par an pour des Olympiades. De cet opus tourné à la Bolex et sans le son pour seulement 2000$, Lloyd Kaufman tire deux enseignements essentiels : une actrice à la poitrine généreuse sur l’affiche attire les foules, et une fois qu’ils ont payé, les spectateurs ne se plaindront pas, quelle que soit la qualité du film.
Peu amène sur les contraintes de production extravagantes de l’industrie cinématographique américaine, Lloyd Kaufman décide de fonder en 1974 la firme Troma avec Michael Herz, un camarade de Yale. Les deux larrons s’engouffrent dans une brèche inédite, le mélange imparable sexe / comédie slapstick. « Squeeze Play », « Waitress! », « Stuck on you! », « The First Turn-On!! », autant de titres cheap, graveleux, sottement jouissifs, où des pointures comme Kevin Costner ou Vincent d’Onofrio firent parfois leurs débuts, le plus souvent à leur grand dam. La recette est simple : un tout petit budget et un marketing aussi drôle qu’offensif. En 1980, Lloyd Kaufman coproduit « Nimitz, retour vers l’enfer » (The Final Countdown) ; en dépit d’une belle rencontre avec Kirk et Peter Douglas, l’expérience scellera la décision de Kaufman de ne plus jamais frayer avec l’organisation des studios hollywoodiens, dont il stigmatise le caractère fumiste avec violence.
Les années Reagan ne manquent pas de révolter notre homme outre mesure. Ces deux mandatures verront la fin des circuits de distribution réellement indépendants (les films Troma auront dès lors de plus en plus de mal à aboutir sur les écrans américains). Désormais marié, Lloyd Kaufman constate par ailleurs avec dégoût les excès irresponsables de la société de consommation : tandis que les principales compagnies alimentaires inondent les villes de leurs déchets non biodégradables, les plus riches se bourrent de vitamines et s’occupent de leur corps alors que la planète se meurt à petit feu.
Au cinéma, le créneau de la comédie est porteur mais Lloyd Kaufman, qui croit au mélange des genres, souhaite y adjoindre quelque chose de plus corsé. En réaction à la lecture d'un article proclamant la mort des films d'horreur, Lloyd a le déclic et sa carrière prend dès lors l’axe dont elle ne se détournera plus : la comédie sociale satirique bourrée ras-la-gueule d'effusions de sang, de sexe et de vomi, combinée à un emploi impératif du système D. Ainsi, de même que son précurseur Roger Corman inventait la comédie d'horreur avec des films comme « A Bucket of Blood » ou « La Petite Boutique des Horreurs », Lloyd Kaufman étrenne le genre crétin mais jouissif du "slapstick gore".
Ainsi naquit « The Toxic Avenger », parangon du genre et film totem de la firme Troma. Tourné en 1983/84, le film ne sort qu'en 1985, Lloyd Kaufman et Michael Herz peinant à distribuer les aventures du "1er super-héros du New Jersey" dont le gore grumeleux, la potacherie irrévérencieuse et le mauvais goût absolu déroutent. Les deux compères trouvent finalement une exploitante de Greenwich Village qui accepte de projeter le film. Les séances font salle comble, et de fil en aiguille, Toxie sera finalement diffusé dans 2000 salles au firmament de sa gloire. Une projection tapageuse au Marché du film cannois plus tard, la machine Troma gagne sa vitesse de croisière. Les productions se multiplient, le catalogue s’agrandit (il compte aujourd’hui près d’un millier de titres) et Lloyd Kaufman enchaîne les réalisations au prix de quelques désillusions instructives.
Sur le tournage de « Troma’s War », ses conditions de production spartiates rencontrent leurs premières limites humaines – James Gunn, réalisateur d’« Horribilis » ayant débuté chez Troma comme co-scénariste de « Tromeo et Juliet », parle du syndrome de la "Tromacitis" : la boucle éternelle de lamentations d’une personne exploitée, sous-payée, naviguant à vue dans le chaos… L’année suivante, les conditions de coproduction de « Toxic Avenger 2 et 3 » impliquaient la labellisation "R" de la censure américaine (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés), et la Motion Picture Association of America fut trop heureuse de couper les films à la serpe. Lloyd Kaufman jura (mais pas trop tard) qu’on ne l’y reprendrait plus.
Les années 90 soulignent avec cruauté les difficultés économiques de Troma pour le montage financier et la distribution de ses films. Mais la firme s’en sort peu ou prou grâce à son attrait précurseur pour deux innovations technologiques : l’Internet et le support DVD. La diffusion Tromesque touche enfin le plus grand nombre, les fans peuvent enfin se fédérer et apporter leur pierre à l’édifice en soutenant financièrement ou logistiquement ses projets. Certains d’entre eux vont jusqu’à traverser le monde pour venir apporter un coup de main à la dernière production maison, en acceptant les conditions d’un tournage Troma : ne pas être payé, dormir sur le plateau à même le sol, se nourrir exclusivement de sandwich au fromage et faire ses besoins dans un sac en papier.
Lloyd Kaufman honore cet engagement rarissime de ses supporters d’une maturité cinématographique de plus en plus affirmée. Depuis « Terror Firmer », ses films n’ont cessé de gagner en qualité, jusqu’à la réussite incontestable du ravageur « Poultrygeist ». Un opus revigorant et sans concession qui, s'il ravit le public des festivals où il est projeté, peine en revanche à convaincre les distributeurs, laissant craindre, comme le dit son auteur, que le chant du cygne de Lloyd Kaufman ne soit un film sur les poulets.
Heureusement depuis la rédaction de cette bio, Lloyd Kaufman a su rebondir bénéficiant notamment du soutien de réalisateurs en vogue dont il avait produit les premiers films comme Trey parker et Matt Stone, James Gunn ou Eli Roth. Après une série de documentaires qu'il coréalise revenant sur ses méthodes de cinéma guerilla à petit bugdet, la trilogie "Make/Direct/Produce Your Own Damn Movie", de 2005 à 2012, il multiplie les apparitions et les caméos dans des films mais aussi des festivals, des conventions lui permettant au passage de continuer à financer des cours métrages et ponctuellement un long lui permettant de faire revenir ses personnages fétiches. Toujours actif et assurant le show comme personne, bénéficiant de l'amour de toute une génération de cinéastes formés à l'école Troma comme d'autre le furent par Corman, Lloyd, n'ayant rien bradé son mauvais esprit et son goût de la provoque continue son bonhomme de chemin pour notre plus grand plaisir.
Le site officiel de Troma
Le site officiel de Lloyd Kaufman
Films chroniqués
Filmographie
En tant que réalisateur ou réalisateur-producteur (en gras les films à proprement parler) :
2020 - Shakespeare's Sh*tstorm
2018 - Festival to Fascism: Cannes 2017 (Court)
2017 - Heart of Fartness: Troma's First VR Experience Starring the Toxic Avenger (Court)
2017 - Return to Return to Nuke 'Em High Aka Vol. 2
2016 - Grindsploitation
2015 - Uncle Lloydie's Diary (TV Series)
2015 - A Very Troma Christmas
2015 - New Found Glory: One More Round (non crédité)
2015 - Make Your Own Damn Movie: The Master Class 2014 - A Halloween Carol (Court)
2014 - Lloyd Kaufman Speaks with Guardians of the Galaxy's James Gunn!
2014 - Return to Nuke 'Em High's Buffalo Dreams
2014 - Jason and the Art-go-nuts!
2013 - Return to Nuke 'Em High Volume 1
2013 - Let Your Fans Be Your Distributor!
2012 - Sunny Acres Farms (Court)
2011 - Produce Your Own Damn Movie!
2009 - Diary-Ahh of a Mad Independent Filmmaker
2009 - Direct Your Own Damn Movie!
2008 - Splendor & Wisdom
2006 - Poultrygeist : Night of the Chicken Dead
2006 - Debbie Rochon Confidential: My Years in Tromaville Exposed!
2006 - The King of Cult: Lloyd Kaufman’s Video Diary / ‘Slither’-ing Through Hollywood
2005 - Make Your Own Damn Movie!
2004 - Tales from the Crapper
2003 - Parts of the Family
2002 - All the Love You Cannes!
2000 - Citizen Toxie : The Toxic Avenger IV
2000 - Troma's Edge TV (2 episodes)
1999 - Terror Firmer
1997 - The Tromaville Café
1996 - Tromeo and Juliet
1994 - Troma Theater
1993 - The Troma System
1991 - Sgt. Kabukiman N.Y.P.D.
1989 - The Toxic Avenger, Part III : The Last Temptation of Toxie
1989 - The Toxic Avenger, Part II
1988 - Troma’s War / 1000 Ways to Die
1986 - Atomic College (Class of Nuke’Em High)
1984 - The Toxic Avenger
1983 - The First Turn-On!!
1983 - Stuck on You!
1982 - Waitress! / Soup to Nuts
1980 - L'Ecole des Dragueuses / Les Pulpeuses / Campus en Folie (Squeeze Play)
1976 - The Divine Obsession
1974 - Sweet & Sour
1973 - Balash Ha’Amitz Shvartz, Ha / Big Gus, What’s the Fuss
1972 - The Newcomers / The Newcallers / Seven Delicious Wishes
1971 - The Battle of Love’s Return
1969 - The Girl Who Returned
En tant que producteur seulement (nous ne garderons ici que les films pas les nombreux documentaires ou making of sinon cette liste serait triplée d'un coup):
2021 - Joel D. Wynkoop's the Craiglon Incident
2020 - Slashening 2: The Final Beginning
2019 - After School Lunch Special
2018 - The Toxic Avenger: The Musical (comédie musicale sur scène)
2018 - Mutant Blast
2017 - Another Yeti a Love Story: Life on the Streets
2017 - Spidarlings
2017 - Grindhousploitation
2016 - Revenge of the Gweilo
2016 - B.C. Butcher
2013 - Lipstick
2012 - Death on the Day List
2012 - Teenape vs The Monster Nazi Apocalypse
2012 - 30 Days 30 Girls
2012 - Weekend
2011 - Hack Job
2011 - PUTA: People for the Upstanding Treatment of Animals
2011 - Mr. Bricks: A Heavy Metal Murder Musical
2011 - Father's day
2010 - The Killer Bra
2010 - Mother's day
2008 - Kickball: The Movie!
2007 - Dancing Into the Future
2006 - The Life of a Child Star: Bill Winckler on His Father Bobby Winckler
2005 - Slaughter Party
2005 - Virgin Beasts
2004 - Who Flung Poo?
2003 - Doggie Tails, Vol. 1: Lucky’s First Sleep-Over
2001 - Sidney Pink on ‘Pyro’ / Phantom of the Ferris Wheel
2000 - The Rowdy Girls
1999 - A Midsummer Night’s Dream
1999 - Touch Me in the Morning
1998 - Sucker: The Vampire
1997 - Sgt. Kabukiman Public Service Announcement
1997 - Hamster PSA
1997 - Hellinger
1995 - Blondes Have More Guns
1994 - House of the Rising
1994 - Atomic College 3 (Class of Nuke ‘Em High 3: The Good, the Bad and the Subhumanoid)
1991 - Atomic College 2 (Class of Nuke ‘Em High 2: Subhumanoid Meltdown)
1989 - Fortress of Amerikkka / The Mercenaries
1989 - Dialing for Dingbats
1986 - Combat Shock
1986 - Girls School Screamers
1985 - Igor and the Lunatics
1984 - The Dark Side of Midnight / The Creeper
1980 - Mother’s Day
1977 - Nimitz, retour vers l’enfer (The Final Countdown / U.S.S. Nimitz: Lost in the Pacific)
1977 - Secret Dreams of Mona Q
1975 - The Divine Obsession
1974 - Douce Nuit, Sanglante Nuit (Silent Night, Bloody Night / Death House / Night of the Dark Full Moon)
1973 - Sugar Cookies / Love Me My Way