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Sultan Rahi
(1ère publication de cette bio : 2010)Consulter la filmographie / Consulter les films chroniqués
La découverte de Lollywood par les rédacteurs de Nanarland, il y a déjà quelques années de cela, a été un véritable choc comparable à une monumentale beigne qu'on se serait mangé sur le milieu de le tronche. L'avant-gardisme de son montage, le surjeu de ses acteurs, l'exacerbation de la violence et des sentiments ainsi que la mauvaise qualité des copies : tout était réuni pour nous transporter dans un monde parallèle bien loin des conventions généralement admises. Et pour cause, sa forme assez similaire à celle de Bollywood - en plus rudimentaire - rend la production ciné pakistanaise difficilement exportable sur le territoire européen, jugé trop « raffiné » pour ce genre d'œuvres.
Après avoir ponctuellement vanté les mérites de films made in Lahore (Lollywood), Peshawar (Pollywood) ou Karachi (Kariwood), des joyaux bruts nommés Haseena Atom Bomb ou International Guerillas, Nanarland a décidé d'aller plus loin. Il lui fallait un héros avec un grand H, viril, violent et bedonnant, capable de nous venger des héros aseptisés des blockbusters hollywoodiens. Attention, loin de nous l'idée de nous montrer insultant avec l'industrie du cinématographe pakistanais bien que d'un Sultan, il en est justement question.
Sultan Rahi (de son vrai nom Sultan Muhammad) est né en 1938 d'une famille d'immigrés de l'Uttar Pradesh (région du nord-est de l'Inde) et installée à Rawalpindi, au Pendjab. Sultan commence sa carrière d'acteur non pas au cinéma mais sur les planches de théâtre, dans quelques pièces dramatiques (ce qui expliquera par la suite la théâtralité outrancière de son jeu). Il intégrera ensuite le 7ème art via de petits rôles, en commençant par faire de la figuration sur le film Baghi. Si les années 60 ne lui réservent encore que des seconds rôles indignes de son talent, il commence peu à peu à se faire connaître du public, en jouant dans un premier temps des rôles de méchants, puis en campant enfin, à partir du début des années 70, des rôles de héros . C'est finalement en 1972 que sa carrière prend une tournure décisive, avec pas moins de trois films tenant le haut de l'affiche durant plusieurs mois. La légende est en marche…
En 1979, Maula Jatt, considéré comme le film pakistanais le plus populaire de tous les temps, impose définitivement son personnage - interchangeable d'un film à un autre - de redresseur de torts incorruptible et protecteur des opprimés. Le succès de ce western paki est immédiat, engendrant un assez grand nombre de séquelles (dont "Maula Jatt à Londres" !), ce qui en fait la première franchise de l'histoire de Lollywood.
Maula Jatt, l'équivalent paki d'Autant en emporte le vent. Un peu plus ciblé pour les mecs quand même…
Maula Jatt à Londres. Et un rosbif saignant, un !
Son physique de Pakistanais moyen, idéal pour l'identification du spectateur, et sa capacité à déclamer de longues tirades shakespeariennes avant chaque combat en feront l'acteur le plus apprécié de l'ancienne partie islamique de l'Inde. Il est même cité dans le Livre Guinness des records comme l'un des comédiens les plus prolifiques de l'histoire du cinéma.
Sultan Rahi, un patriote, un vrai !
Sultan détient... l'arme absolue.
Les années 80 seront les années de la consécration, qui verront notre justicier de Karachi enchaîner les succès au box office pakistanais, tels Sher Kanh, Chan Veryam et même un certain The Godfather dont Coppola se serait, paraît-il, honteusement inspiré pour mettre en scène une obscure trilogie. On le voit dans des productions de plus en plus improbables, comme l'inqualifiable Hitlar, dans lequel il affronte le fils du Führer, ou bien Janbaaz, deux perles chroniquées en ces lieux. Dans les années 90, tandis que toutes les industries de cinoche populaire du monde s'écroulent les unes après les autres, Lollywood résiste tant bien que mal et Sultan continue de tourner régulièrement.
Pourtant, le 9 Janvier 1996, alors qu'il est âgé de 58 ans et qu'on lui promet encore de nombreux rôles de jeune premier, Sultan Rahi commence l'année très abattu. En effet, c'est au volant de sa voiture, roulant tranquillement sur la « Grand Trunk Road » (route permettant de rejoindre Lahore et Islamabad) qu'il est tué à bout portant. Selon le rapport de police, Sultan aurait été assassiné par deux tueurs non identifiés alors qu'il changeait la roue de son véhicule. Une affaire un peu trouble qui n'a jamais été résolue, et voit le Pakistan, en ce jour funeste, perdre un de ses plus grands héros populaires. Nanarland aussi d'ailleurs.
Aujourd'hui d'autres têtes d'affiche telles que Shaan lui ont succédé (voir les chroniques de Desan da raja ou Badmash Te Quanoon), mais personne n'a encore atteint la notoriété de Sultan Rahi qui, mort dans des circonstances on ne peut plus tragiques renforçant son aura de star, reste une icône indétrônable. En tout cas, notre lascar aura tourné dans pas moins de 700 films (voire 800 selon les sources), dont au moins 500 en tant que vedette entre 1972 et 1995, ce qui force encore un peu plus le respect !
Sultan Rahi et Anjuman, elle aussi vedette du cinéma pakistanais.
Tous deux tournèrent de nombreux films ensemble dans les années 70 et 80 (dont Hitlar et Janbaaz).
L'idée de faire un remake tiers-mondiste de The Expendables avec Sultan Rahi, Barry Prima, Cüneyt Arkin, Weng Weng, Alphonse Beni et Bruce Le formant un commando pour attaquer la Maison Blanche reste néanmoins très compromise. Dommage…
So long, Sultan !
Films chroniqués
Filmographie
1996 - Sakhi Badsha
1994 - Bala Pere Da
1992 - Majhoo
1991 - Sher Dil
1991 - Kaley Chore
1991 - Chiraghbali
1991 - Badmash Thug
1990 - Siren
1990 - Sher Dil
1989 - Hakumat
1989 - Super Girl
1989 - Sultana
1989 - Rangiley Jasoos
1989 - Khuda Bux
1988 - Mola Bakhsh
1988 - Mafroor
1988 - Hasina 420
1988 - Roti
1987 - Sangal
1987 - Allah Rakha
1987 - Dulari
1987 - Badal
1987 - Nache Nagan
1987 - Janbaaz
1986 - Qaidi
1986 - Queemat
1985 - Qismat
1985 - Ajab Khan
1985 - Jagga
1984 - Kalia
1984 - Sholay
1984 - Qatil Hasina
1984 - Jabar Khan
1983 - Raka
1983 - Lawaris
1983 - Dara Baloch
1983 - Rustam Balach
1983 - Rustam Khan
1983 - Muran Khan
1983 - Shan
1983 - Baghi Sher
1982 - Do Bigha Zameen
1982 - Mufber
1982 - Rustam
1981 - Anokha Daaj
1981 - Sher Maidan Da
1981 - Miley Ga Zulm Da Badla
1981 - Jeedar
1981 - Jatt in London
1981 - Veryaam
1981 - Athra Puttar
1981 - Sher Khan
1981 - Sala Sahib
1981 - Chan Veryam
1980 - Hitler
1980 - Behram Daku
1980 - Boycot
1979 - Jatt Soorma
1979 - Maula Jatt
1979 - Goga Sher
1979 - Wehshi Gujjar
1978 - Ranga Daku
1977 - Lahori Badsha
1977 - Qanoon
1977 - Jeera sain
1976 - Toofan
1976 - Jagga Gujjjar
1975 - Dada
1975 - Weshi Jatt
1975 - Shareef Badmash
1974 - Dillagi
1974 - Ultimatum
1974 - Rastay Ka Pather
1974 - Sidha Rasta
1972 - Khan Chacha
1972 - Sultan
1972 - Bashira
1971 - Dil aur Dunia
1959 - Baghi