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Rodrigo Obregon

(1ère publication de cette bio : 2012)

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Pour les habitués de Nanarland, Rodrigo Obregón est avant tout l’inamovible interprète des longs-métrages du clan Sidaris. Moins en vue que la tripotée d’amazones jalonnant les récits d’Andy et de son rejeton, il a su marquer les esprits grâce à quelques prestations dont les habitués de ce site sont friands. Lui offrir une biographie en ces lieux semblait donc légitime, d’autant que son parcours s’avère plutôt atypique.



Fils de la chorégraphe Sonia Osorio et du peintre Alejandro Obregón, Rodrigo voit le jour en 1952 à Montélimar. Il vivra trois ans dans l’Hexagone, jusqu’à ce que son père prenne la tête du Mouvement National des Arts Plastiques colombien. Toute la famille rejoint alors Barranquilla, quatrième plus grosse ville de Colombie, une cité très vivante connue pour accueillir le deuxième plus important carnaval d’Amérique du Sud, et où le jeune Rodrigo passera son enfance.


Tout bébé, mais déjà star des objectifs.



Alors que vient le temps des études, il est naturellement plus à l’aise pour les matières artistiques mais montre aussi de réelles dispositions pour des sports comme la boxe, l’équitation ou encore l’escrime. Des disciplines qui permettent d’évacuer le trop plein d’énergie de cet enfant très remuant, mais aussi de gérer la séparation de ses parents.





Vivant avec sa famille maternelle, il va rendre visite à son père durant les vacances. Dans ses deux maisons, il croise des personnalités comme le magnat Julio Mario Santo Domingo, et des figures du monde culturel comme Alvaro Cepeda (écrivain, journaliste et romancier) ou le futur prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez. Autant de personnages marquants de la culture sud-américaine qui lui ouvrent encore un peu plus les yeux sur le monde de l’Art. Très tôt, Rodrigo se sent donc attiré par la même voie que ses parents. Devenu danseur, il part en tournée avec sa mère et découvre notamment l’Inde, la Russie... Des voyages qui lui donnent encore plus le goût de la liberté.



Alors qu’il fait étape en Europe, il décide de tout laisser tomber pour prendre le temps de découvrir le Vieux Continent. Commence une période où Rodrigo connaît la vie de bohème, un moyen comme un autre d’échapper à une éducation trop stricte à son goût. Bon garçon, il envoie quelques cartes pour rassurer sa chère maman, mais la vérité est toute autre, voyant Rodrigo aller de droite et de gauche en auto-stop, dormir sous les ponts... A Lyon, il se fait même arrêter et sera à deux doigts de l’expulsion jusqu’à ce qu’on le confonde avec un Italien, ce qui lui permet de continuer son périple en pays transalpin. Une escale de courte durée, puisque c’est finalement à Milan que Rodrigo croisera de nouveau la route des autorités qui finiront par le renvoyer chez lui.




En compagnie de ses parents et de sa sœur.



Revenu en Colombie mais riche d’expériences, il est sur le point de terminer ses études lorsqu’il reçoit une lettre de son premier amour, rencontré en Inde. Toujours aussi aventureux, il décide de la rejoindre. Pourtant, alors qu’il est en transit à New York, il se sent attiré par cette ville et décide d’y passer quelques mois, période qu’il mettra à profit pour se lancer dans le théâtre. C’est la naissance d’une vocation et un choix évident pour celui qui, étant enfant, adorait les films de cowboys, en particulier ceux avec Glenn Ford. Finalement, il rejoint tout de même celle qu’il aime mais la réunion est de courte durée. De retour dans la Grosse Pomme, il continue son apprentissage de la comédie et après quelques tentatives infructueuses, part tenter sa chance à Los Angeles.



Subsistant grâce aux économies que lui a données son père et l’argent qu’il gagne en faisant la plonge, il galère un temps avant d’obtenir, hasard du destin, ses premiers rôles dans des productions italiennes tournées en Colombie. Fin des années 80, il se retrouve par quatre fois sous la direction du réalisateur Nello Rossati. On le voit ainsi dans « La Fuga », film d’aventures teinté d’érotisme, à moins que ce ne soit l’inverse, « Top Line », un croisement entre le sous-Indiana Jones et le « Terminator » d’occasion, puis « Tides of War » aux côtés de David Soul. Enfin arrive « Django Strikes Again », vraie fausse suite avec Donald Pleasance et Christopher Connelly, et qui mélange « Mad Max », « Rambo », « Commando », avec quand même aussi un peu de western histoire d’être un minimum fidèle à l’original.


Avec Eleonora Vallone sur le tournage de « La Fuga ».


Ne vaut rien à l’argus dans « Top Line » alias « Alien Terminator ».


Gardant un œil sur Franco Nero dans « Django Strikes Again ».


« Tides of War » avec le David Soul de la série « Starsky et Hutch ».



C’est également à cette période qu’il côtoie pour la première fois Andy Sidaris et toute sa clique. De « Piège Mortel à Hawaï » en 1987 à « Return to Savage Beach » en 1998, on peut parier que les deux hommes devaient bien s’entendre si on en juge par la présence quasi-systématique de Rodrigo dans presque tous les longs-métrages d’Andy et de son fils. Face à la sculpturale Julie Strain, l’athlétique Dona Speir ou le génial Gerald Okamura, il donnera son meilleur dans des rôles le voyant jouer le trafiquant latino, le savant brésilien, le diplomate russe ou l’espion philippin... Des prestations où Rodrigo peut vaguement mettre à profit ses talents de polyglotte (il parle quatre langues), mais qui lui permettent surtout de gratifier le spectateur matant ces films en VO d’accents slave ou hispanique à se rouler par terre.


Si Andy a su se créer un réseau fidèle, c’est qu’il fait toujours son possible pour préserver la dignité de ses acteurs...


...enfin, il essaie.




Entre deux délires estampillés Sidaris, Rodrigo poursuit son chemin. Il joue notamment dans « Escalona », série retraçant de façon romancée la vie et l’œuvre de Rafael Escalona, célèbre compositeur colombien. Rodrigo y incarne Anastasio, grand méchant de l’histoire et rival du héros. Possédant de nombreux fans et multi-récompensée, cette telenovela lui permet d’obtenir une certaine notoriété. Par la suite, il est aussi à l’affiche de « La stratégie de l’escargot » qui fut en compétition au festival du film de Berlin 1994. Fier de participer à des succès populaires de son pays, Rodrigo voit aussi l’aspect pratique de ces tournages qui l’amènent à être plus souvent auprès de sa famille.









Car fidèle à son tempérament de bourlingueur, Rodrigo n’a jamais renoncé à un tournage pour des contraintes géographiques. C’est ainsi qu’on le retrouve dans « Jonathan degli orsi » (littéralement "Jonathan des ours"), western tardif d’Enzo G. Castellari tourné en Russie. Un film considéré comme le dernier grand western spaghetti, qui reste encore inédit dans nos contrées mais que son interprète, Franco Nero, décrit comme l’un de ses rôles préférés.


Un western écologique sombre et violent, qui fait écho à Kéoma, du même Castellari.



Évidement, c’est tout de même aux États-Unis que Rodrigo enchaînera les rôles plus ou moins importants. Il joue ainsi dans la mini-série « Drug Wars » avec Benicio Del Toro et Danny Trejo, « Cool and the Crazy » aux côtés des débutants Jared Leto et Alicia Silverstone, « Savate » qui met en vedette le kickboxeur français Olivier Gruner ou bien encore « L.A. Wars ». Néanmoins, le mal du pays (et peut-être aussi le manque de perspectives) commence à se faire de plus en plus sentir. Fin des années 90, il s’investit donc davantage dans la production télévisuelle et tourne dans deux nouveaux soaps, ce qui lui permet d’être à nouveau proche des siens.








Baron de la drogue dans « L.A. Wars ».


Sur son 31 avec quelques collègues de la série « Ay cosita linda mama ! ».



Pour autant, Rodrigo n'est pas encore décidé à mettre de côté sa carrière internationale et se retrouve au générique de « Kick of Death » et de « 17 and Under », mais surtout dans le plus friqué « Dommage Collatéral » où le pompier Schwarzenegger fait fi des lois d’extraditions pour aller se venger du terroriste qui a tué sa famille. Il y joue un sbire, mais plutôt que de chichement capitaliser sur ce genre de rôle pour devenir une trombine récurrente des blockbusters hollywoodiens, notre ami aspire à d’autres projets chez lui.





Très remonté dans « 17 and under ».



Devant Schwarzy, Rodrigo n’est déjà plus qu’un « Dommage Collatéral ».



Si un temps il lui vient l’envie de devenir réalisateur (ce qu’il fera plus tard en mettant en scène un moyen-métrage appelé « Un Hombre del común »), c’est vers l’humanitaire qu’il se tournera en priorité. Prenant en charge la fondation « Colombia Herida » qui vient en aide aux familles des policiers et militaires blessés ou morts dans l’exercice de leurs fonctions, il met son énergie et sa notoriété au service de cette cause. Naturellement, son engagement le pousse à critiquer les FARC mais aussi à tenir des propos de plus en plus politiques, ce qui l’amène à se faire quelques ennemis ne manquant pas de le dénigrer ou critiquer ses actions.



Pourtant, si certains s’emballent, Rodrigo a d’autres chats à fouetter. Sans délaisser son association, il reprend le flambeau de sa mère à la tête des ballets de Colombie lorsque cette dernière doit mettre fin à ses activités. Une tâche qui peut sembler ardue, tant cette dernière semble avoir marqué de son empreinte cette institution, mais qui n’effraie nullement celui qui a pu se construire un bagage culturel impressionnant via ses multiples rencontres [NdlR : c'est une façon de voir les choses. On ne sait pas quels sont le prestige et les émoluments associés à cette fonction mais en voyant Rodrigo y accéder en sa seule qualité de "fils de", on serait tenté d'y voir une énième manifestation de népotisme]. Une façon aussi de faire survivre l’héritage de ses parents, lui qui préside également la Fundación Casa Museo Obregón, entité visant à préserver l’œuvre de son père via la création d’un musée et de diverses expositions.


A Bogota, lors d’une marche contre le président vénézuélien Hugo Chavez.



Élevé par deux monstres sacrés en leur pays, Rodrigo a grandi dans une famille qui lui a toujours permis d’être un esprit libre. Dès lors, bien malin celui qui devinera ce que nous réserve cet insatiable touche-à-tout. Alors qu’il semble avoir mis entre parenthèses sa carrière de comédien, peut-être le retrouvera-t-on derrière la caméra pour mettre en scène des documentaires, ou alors nous surprendra-t-il encore en gravitant dans les hautes sphères du pouvoir. Globe-trotter mais surtout citoyen du monde, celui qui a déjà eu plusieurs vies est peut-être déjà en train d’en écrire une autre, loin des échauffourées du cinéma Bis. Quelle que soit sa prochaine aventure, on ne peut que lui souhaiter bonne route.

- Wolfwood -

Films chroniqués

Filmographie



2002 - Dommage Collateral (Collateral dommage)

1999 - Ghost Soldier

1998 - 17 and Under

1998 - L.E.T.H.A.L. Ladies: Return to Savage Beach

1997 - Kick of Death

1996 - Day of the Warrior

1994 - L.A. Wars

1994 - Savate

1994 - The Dallas Connection

1994 - Cool and the Crazy

1993 - La Stratégie de l’escargot (la estrategia del caracol)

1993 - Opération Panthère Noire (Enemy's gold)

1993 - Jonathan degli orsi

1993 - Molly & Gina

1993 - Fit to Kill

1992 - Hard Hunted

1990 - Guns

1990 - Tides of War



1989 - Savage Beach

1988 - Picasso Trigger

1988 - Top Line

1987 - Django 2 : il grande ritorno

1987 - Piège Mortel à Hawaï (Hard ticket to Hawaii)

1985 - Fuga scabrosamente pericolosa



...ainsi que quelques apparitions dans des séries.