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Entretien avec
Steven Seagal


Steven Seagal

Steven Seagal, star du film d'action des années 1990, aïkidoka émérite, est progressivement devenu une vedette incontournable des séries B à moyen budget, produites à la chaîne pour le marché vidéo par des producteurs besogneux. Il a parallèlement développé une carrière de chanteur country, dont la rumeur veut qu'elle l'intéresse désormais plus que le cinéma. A l'occasion de l'un de ses concerts en Europe, et grâce à nos collègues du magazine suisse "Murmures", nous avons pu recueillir ses impressions sur le Japon et les arts martiaux, ainsi que des propos fort laconiques qui nous ont confirmé que ce bouddhiste était désormais assez détaché vis-à-vis de la vaine agitation cinématographique.

Interview menée par Yamine "Minsk" Guettari en 2007


Comment est venu votre intérêt pour l'aïkido ?

J’étais très jeune quand j’ai débuté. L’attirance pour l’Asie vient de mes origines mongoles paternelles.

Pouvez-vous nous parler brièvement de votre expérience au Japon ? Vous avez passé de nombreuses années là-bas et avez été le seul occidental à y ouvrir un dojo. Qu'est-ce qui vous a fait partir, puis plus tard revenir aux USA ? Qu'espériez-vous y trouver ?

J'avais appris tout ce que je pouvais apprendre sur mon art aux Etats-Unis. Il était temps de me perfectionner auprès des plus grands maîtres d'aïkido. Et ils sont tous au Japon. Je suis donc parti à  17 ans et j'y suis resté 20 ans. J'ai fait de nombreux allers-retours entre le Japon et les Etats-Unis.

Steven photographié dans un dojo d'Osaka en 1976.

Quel est votre endroit préféré au Japon ?

J'aime Tokyo.

A-t-il été difficile de gagner le respect des gens que vous avez rencontrés au Japon ? Ce pays est décrit comme à la fois hospitalier et xénophobe, avez-vous ressenti cette contradiction ?

Il y a beaucoup de respect dans cette culture orientale, si vous en montrez à leur égard, il n'y a plus aucune xénophobie. J'ai moi même eu deux enfants avec une Japonaise là-bas...

Mieux que quiconque vous pouvez comparer les différences de philosophie entre la façon de vivre occidentale (et en particulier "l'American way of life") et l'orientale. Quelles sont-elles ?

Les cultures asiatiques ont encore les valeurs de l'éducation, du respect, du partage, de l'hospitalité, de la famille... Tout ce qu'il n'y a pas ou plus en Occident...

Si quelqu'un veut s'installer au Japon, quels conseils lui donneriez-vous ?

Respecte-les et ils te respecteront.

Quelle fut votre première approche avec le monde du cinéma ? Etait-ce dans le James Bond "Jamais plus jamais", dans lequel vous étiez cascadeur et coordinateur des combats (on dit même que vous avez cassé le poignet de Sean Connery lors d'un entraînement) ?

Oui. Mais c'est surtout lors d'un show où je faisais une démonstration d'aïkido à Los Angeles qu'un producteur est venu me voir. C'est "Nico" qui m'a réellement fait découvrir au public.

En effet, c'est ce film qui fit de vous une star à l'âge de 36 ans : quel fut à votre avis la raison de ce succès ?

L'aïkido était un art martial totalement différent de ceux qu'on proposait au cinéma, à l'époque c'était beaucoup de karaté. C'est sans doute la principale raison.

Comment compareriez-vous votre style avec d'autres acteurs martiaux, comme Bruce Lee, Chuck Norris, Jackie Chan ou Jim Kelly ?

Rien à voir, je ne fais pas dans la parodie ou l'humour dans mes films. J'essaie dès que je peux de faire passer un message spirituel ou écologique plutôt que de faire le comique de service.

Vos films, plutôt violents, peuvent sembler contradictoires avec votre philosophie, comment ressentez-vous cette contradiction ?

Oui, il y a une différence entre les rôles joués par un acteur et son propre rôle dans son quotidien d'homme et de père, arrêtons de prendre les gens pour des idiots, je pense que le public sait faire la différence... Etre acteur, c'est mon métier. Si en plus j'arrive à faire passer des messages dans mes films et satisfaire mon public en lui faisant passer de bons moments, tant mieux, j'aurai bien fait ce pourquoi je suis payé.

 

Certains critiques considèrent que vos personnages, d'ailleurs souvent très similaires d'un film à l'autre, ne sont pas soumis à grande épreuve : vous êtes rarement blessé, à l'exception de votre mort surprise dans "Ultime décision". Y'a-t-il une raison à cela ?

Les gens pensent ce qu'ils veulent... L'aïkido au plus haut niveau - car c'est ce que je fais dans mes films d'action - vous apprend à tout intérioriser, cela ne veut pas dire pour autant que vous ne ressentez rien. On me paie pour jouer dans des films d'action avec des combats d'aïkido, on ne m'a pas non plus demandé de jouer dans une comédie romantique... Pourtant je suis très bon dans ce rôle (rires) !

Quelles étaient vos motivations pour réaliser et tenir le rôle titre dans l'actioner écologique "Terrain Miné" ? Vouliez-vous donner plus de maturité au cinéma d'action ?

Oui, et chaque fois que je pourrai le faire, je le ferai. L'écologie et la protection de l'environnement sont très importantes pour moi.

Un de vos derniers films, "Into the Sun", vous voit affronter les yakuza. Est-ce une façon de rendre hommage au Japon, en retournant à vos racines ?

Oui, au Japon et à l'Asie en général. Nous l'avons essentiellement tourné en Thaïlande, quelques mois avant le tsunami.

Que pensez-vous de l'évolution du cinéma d'action depuis vos débuts ?

Je trouve dommage qu'il y ait autant d'effets spéciaux. Toutes ces acrobaties numériques deviennent ridicules...

N'avez-vous jamais été tenté de jouer un rôle "classique", sans scène d'action ?

Si, et tout arrive : mon prochain film sera sur la musique et le blues !

 

- Interview menée par La Team Nanarland -