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Zombi 3

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Zombi 3

Titre original :Zombi 3

Titre(s) alternatif(s) :Zombie Flesh Eaters 2

Réalisateur(s) :Bruno Mattei, Claudio Fragasso, Lucio Fulci

Année : 1988

Nationalité : Italie / Philippines

Durée : 1H35

Genre : Lucio et Bruno sont sur un bateau, Lucio tombe à l'eau...

Acteurs principaux :Bruno Mattei, Mike Monty, Deran Sarafian, Beatrice Ring, Ottaviano Dell'Acqua (alias Richard Raymond), Massimo Vanni (alias Alex McBride), Ulli Reinthaler, Marina Loi, Deborah Bergamini, Luciano Pigozzi (alias Alan Collins, scènes coupées), Claudio Fragasso

John Nada
NOTE
3.5/ 5

« Zombi 3 » a le triste privilège d'avoir quasiment enterré la carrière et la réputation de Lucio Fulci, jusque-là considéré comme l'un des maîtres du film d'horreur italien, et tout particulièrement du film de zombi. Comme dans « Virus Cannibale » de Bruno Mattei - un réalisateur également impliqué dans le projet comme nous allons le voir - le film se teinte d’une petite touche écolo, les morts étant ramenés à la vie par le biais d’un gaz toxique dérobé à l’origine par des terroristes aux motivations un peu floues.

Une VHS coréenne d'époque de toute beauté.

L’un des membres de ce groupuscule fanatique va être contaminé au dernier degré par le fruit de son larcin et, après avoir récupéré son cadavre à la purulence verdâtre, les militaires vont avoir la bonne idée de procéder à une crémation, histoire d’effacer tout ça le plus proprement et le plus radicalement possible.


Les militaires...


...les scientifiques...


...entre les deux, c'est le clash.

Cette initiative va bien entendu avoir des conséquences désastreuses puisque le nuage de fumée issu de la combustion va contaminer l’air, les oiseaux etc. et provoquer une réaction en chaîne absolument incontrôlable. C’est très vite la pagaille donc, d’autant plus que militaires et scientifiques ont des vues radicalement opposées sur la façon de traiter le problème : comme dans "Le Jour des Morts-vivants" de George A. Romero, les scientifiques s’efforcent avec les moyens dont ils disposent de trouver un antidote contre le mal alors que les militaires estiment que, dans le doute, il vaut mieux ne pas trop se casser la tête et exterminer toutes les populations présentes dans la zone contaminée, une zone qui cependant ne cesse de s’étendre.


Avis subjectif : cet homme est le plus mauvais acteur du monde.


Mike Monty, éternel second couteau des productions bis tournées aux Philippines.


De gauche à droite : Massimo Vanni (alias Alex McBride), Ottaviano Dell'Acqua (alias Richard Raymond), par ailleurs responsable des cascades sur ce film, et Deran Sarafian (réalisateur du post-nuke semi-burlesque « Interzone » et de "Coups pour Coups" avec Jean-Claude Van Damme).

Du coup, les survivants se retrouvent pris entre les hordes de zombies d’un côté et les escouades de militaires de l’autre, ce qui donne lieu à pas mal de scènes de carnage.






Un intermittent du spectacle agressé par un oiseau-zombie. Affreux.

Bénéficiant d’un petit coup de pouce du scénariste, le groupe d’individus qui tiennent lieu de héros du film trouvent armes, munitions et matos un peu partout (une caisse pleine de fusils d’assaut dans un hôtel abandonné, une grenade sous une voiture, un hélico au milieu d’un champ...), ce qui est quand même bien pratique, alors ils en profitent sans trop se poser de questions.


"J'ai trouvé plusieurs caisses d'armes, viens voir... elles sont toutes en très bon état, c'est super !" [des caisses pleines de M16 dans un hôtel ???]


Croyez-le ou non, cette pièce délabrée et envahie par la végétation est une chambre d'hôtel déserté depuis seulement une semaine...

Comme d’habitude, ils sont interprétés par des acteurs qui jouent tous comme de pieds, soit qu’ils soient monolithiques et inexpressifs, soit qu’ils en fassent des tonnes (les militaires et les scientifiques en particulier), les doublages n’arrangeant pas vraiment les choses, ce qui n’est évidemment pas sans ajouter un certain charme à ce film de morts-vivants tourné comme un film d’action du début à la fin.


- TU JOUES MAAAL !!
- JE SAAAIS !!!!

L’accumulation de cartons sur les zombies et les traditionnelles scènes de gloutonnerie dont sont victimes les vivants évitent que l’ennui ne s’installe et l’ensemble parvient au final à faire mieux que simplement tenir la route. Sans parvenir à renouer avec l’ambiance cradingue de Zombi 2 (les maquillages des zombies sont un peu plus sommaires, moins dégueux, mais ils portent toujours des vêtements « pré-déchirés »), cet opus demeure un petit film de genre assez efficace, servi par un thème musical entêtant et vigoureux composé sur un synthé aux sonorités eighties inégalables.

L'affiche de Zombi 3 : un patchwork qui braconne à droite à gauche.

Vers la fin des années 1980, suite à quelques échecs relatifs dont le décevant "Aenigma", Lucio Fulci tente de se refaire une santé artistique avec le genre qui lui a le plus réussi jusque-là, à savoir le film de morts-vivants, de préférence sordide et saignant à souhait.

Morceau choisi parmi des dialogues renversants : "il vient de se produire un nombre incroyablement élevé d'actes criminels dans toute la région. Des meurtres et... (silence tendu) et même des gens qui s'entre-tuent !"

Après « L’Enfer des Zombies » (alias « Zombie Flesh Eaters ») en 1979, suite officieuse au mythique « Zombie » de Romero plus ou moins abusivement titré « Zombi 2 » pour son exploitation en Italie (Dario Argento, producteur de « Zombie », possédant les droits du film en Europe), le pape du gore transalpin met en chantier un « Zombi 3 » (alias « Zombie Flesh Eaters 2 », pour ceux qui ont suivi).

Un film à vous faire dresser les cheveux sur la tête (allez le zombie, donne-lui un coup de main).

Direction les Philippines pour Fulci et son équipe – dans le village même où fut tourné « Apocalypse Now » une petite décennie plus tôt – sous l’impulsion du producteur Franco Gaudenzi. Une équipe qui s’enorgueillit notamment de la présence de Bruno Mattei, un monteur habile doublé à l’occasion d’un réalisateur aux talents plus contestables, déjà stigmatisés à maintes reprises sur Nanarland (« Virus Cannibale », « Les Rats de Manhattan », « Robowar »... c’était lui !).




Pas de doutes, on est bien aux Philippines...

Le détail a son importance puisque l’histoire de ce « Zombi 3 » va connaître un tournant singulier : d'une santé chancelante, Fulci se porte de plus en plus mal aux Philippines, arrache des pages entières du scénario - déjà bancal - lorsque les scènes lui paraissent trop difficiles à tourner... pour au final bâcler comme un sagouin un film durant à peine plus d'une heure. Peu satisfait du résultat, et Fulci refusant de se remettre au travail, le producteur fait appel à Claudio Fragasso pour réécrire à toute vitesse le scénario à partir des rushes tournées par Fulci (qui n'ont plus grand-chose à voir avec le script d'origine). Fragasso est ensuite envoyé aux Philippines pour tourner des scènes additionnelles avec Mattei, qui est toujours là-bas pour réaliser un autre film. La fine équipe récupère les comédiens encore disponibles et tourne suffisamment de métrage pour arriver vaille que vaille à une durée acceptable.

Bruno Mattei (à gauche) et Claudio Fragasso (à droite) enfournent un cadavre au ventre gonflé représentant Lucio Fulci, sous le regard de l'intraitable Général Morton (Mike Monty, teint en blond).

Ainsi, et même si le film est vendu sur son nom, le maître aurait tourné environ 75 mn de métrage, ramenés à 50 mn au montage par Mattei, qui revendique lui même la paternité d’environ 50% du résultat final. Si, au bout du compte, il reste bien difficile d’évaluer le degré d’implication de chacun dans le projet, certaines séquences ne laissent cependant planer aucun doute : des zombies émergeant lentement de la brume sur une musique planante, c’est du Fulci tout craché.


Une tête de zombie VOLANTE venant croquer le nez d’un protagoniste après s’être extraite d’un réfrigérateur, c’est encore un tour pendable de ce grand gamin de Mattei ! La présence d’un artisan aussi irrévérencieux au poste de réalisateur de secours expliquerait quelques autres scènes non moins inoubliables, telles la kitschissime attaque d’oiseaux-zombies ou les frasques grand-guignolesques d’un fœtus zombie particulièrement hargneux.

Ah, cette fameuse tête de zombie prenant son essor d'un réfrigérateur pour un vol majestueux... chapeau bas !

Cela, en tenant compte des multiples réécritures du scénario, pourrait expliquer l’hétérogénéité des comportements des morts-vivants : certains se traînent lamentablement, d’une lourde démarche robotique, archi-mécanique, alors que d’autres COURENT, se montrent incroyablement véloces et agiles avec une machette entre les mains, se battent comme des karatékas, tendent des embuscades (donc mettent en place des stratégies de groupe, donc RAISONNENT) et animent même une émission radio au détriment des règles et des codes du film de morts-vivants les plus classiques.

Bien entendu, ce refus des conventions (comme l’avait fait Dan O’Bannon avec « Le Retour des Morts-Vivants », dans lequel les zombies peuvent parler et sont loin, très loin d’être arrêtés par une simple balle dans la tête) n’est pas ce qui pose problème en soi, mais pour que l’ensemble fonctionne, cela nécessite un minimum de cohérence. Certains deviennent zombies presque instantanément, d’autres sont malades pendant toute une journée avant d’attaquer « par surprise » ceux qui les soignaient avec tant de dévouement et qui ne semblaient pas s’y attendre le moins du monde, ces crétins.



Un joli faux raccord... (la serviette sur le front de la malade qui disparaît, le décor soudain vide ou presque, on peut aussi soupçonner la femme en vert penchée au-dessus d'elle et filmée de dos de ne pas être jouée par la même personne s'il s'agit de scènes tournées après coup par Mattei et Fragasso).

« Zombi 3 » semble d’ailleurs lorgner volontiers du côté du « Retour des Morts-Vivants » (contamination par crémation, zombies qui parlent, boyfriend zombie), l’ironie et l’humour noir en moins, même s’il louche également du côté de l’œuvre de Romero (fuite en hélico à la fin du film).





Un autre faux-raccord pour le moins voyant : un personnage se battant sur de la paille, près de baraquements situés au bord de l'eau, qui se retrouve soudain isolé dans une prairie verdoyante...

Il nous fait aussi insister sur la totale absurdité de certaines situations. Ainsi, lorsque son petit ami est blessé au visage, le personnage interprété par l'exécrable Beatrice Ring, plutôt que de l'emmener à l'hôpital dans sa voiture comme le ferait n'importe qui, s'obstine à vouloir lui trouver de l'eau, qu'elle s'emploie à chercher dans les coins les plus sombres et les plus interlopes.


Authentique dialogue du film : "Il faut pas que tu bouges, attends-moi je vais te ramener de l'eau... tu tiens le coup, hein, je serai pas longue, je reviens..."


"Y a quelqu'un ? J'aurais besoin d'un peu d'eau... répondez-moi, y a quelqu'un ?"


M'enfin !

Quelques instants plus tard, on suit un autre duo de personnages et là, c'est le classique coup de la panne de voiture. La cause ? Plus d'eau dans le radiateur, évidemment. Un prétexte scénaristique d'une rare subtilité pour envoyer une autre greluche chercher de l'eau dans des masures abandonnées par les vivants mais pas par les morts.


"Vous m'entendez ? Ecoutez on est en panne et tout ce que je veux c'est de l'eau, quelqu'un peut nous aider ?"

Ah ben ça y est, elle a fini par trouver ce qu'elle cherchait...

Bref, « Zombi 3 » pompe à droite à gauche et ne se montre finalement jamais original, si ce n’est dans l’absurdité via les scènes évoquées plus haut. Vraiment rien à voir avec le gothique « L’Au-delà » de Fulci par exemple, film de morts-vivants original, maîtrisé de bout en bout et déroutant à plus d’un titre. Les dieux du nanar me gardent d’en arriver à faire de la justice expéditive à la Charles Bronson en accablant exclusivement ce pauvre Mattei concernant le pire (donc le meilleur) de « Zombi 3 », mais force est de constater que le passé de cinéaste du lascar ne plaide guère en sa faveur et nous pousse irrésistiblement à le soupçonner lui plutôt que Fulci (alors que, je le répète, c’est quand même sur le seul nom de ce dernier que le film s’est vendu !). D’ailleurs, c'est peu dire que Fulci lui en aurait tenu rancune...

A noter qu’il existe un « Zombi 4 : After Death » ("Zombie Flesh Eaters 3 ») réalisé la même année par Claudio Fragasso (sous le pseudo de Clyde Anderson), déjà scénariste de l’opus qui nous intéresse ici. Intérêt d’un tournage aux Philippines : on y retrouve les trognes de ces authentiques baroudeurs que sont Nick Nicholson, Jim Moss et Jim Gaines !

- John Nada -
Moyenne : 3.54 / 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Mayonne
NOTE
3.5/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
3.25/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Encore une fois Mad Movies fait oeuvre de pédagogie puisqu'il a sorti ce film en DVD avec le mag juste après "Virus Cannibale". Une petite version qui inclue d'ailleurs un prologue qui n'était jusqu'alors visible que sur le marché japonais (le DVD affiche une durée de 95 mn contre 85 sur la VHS française éditée par "Delta Vidéo"). Plusieurs jaquettes différentes sont disponibles. Sympa. Par contre la qualité de l'image est très moyenne, trop sombre, et sent parfois son repiquage sur master moisi.





En haut, la VHS, en bas le DVD...

Il existe aussi un gros coffret fourre-tout de chez "Fravidis" contenant d'autres perles (détails ici).

Au passage et pour internationaliser le propos, le film a bénéficié de nombreuses éditions intéressantes. Dans sa collection Lucio Fulci, l'éditeur « Blue Underground » a sorti en zone 1 un DVD soigné (bien qu’uniquement en anglais) avec de nombreux bonus dont des interviews de Mattei et des acteurs.

Le récent blu-ray américain de "Severin" est superbe comme d'habitude, nanti des interviews de Bruno Mattei, Claudio Fragasso, Rossella Drudi, Ottavio dell'Acqua, d'un commentaire audio de Deran Serafian et Beatrice Ring et du CD de la musique du film. Hélas s'il est dézoné, il n'est qu'en anglais.