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Réveillon sanglant


Réveillon sanglant

Titre original :Bloody New Year

Titre(s) alternatif(s) :Horror Hotel, Time Warp Terror, Mutations Insulaires (titre québécois), Les Mutants de la Saint-Sylvestre (titre télé)

Réalisateur(s) :Norman J. Warren

Année : 1987

Nationalité : Grande-Bretagne

Durée : 1h30

Genre : Le club des six en détresse

Acteurs principaux :Suzy Aitchison, Nikki Brooks, Colin Heywood, Mark Powley, Catherine Roman

Giant Bigorneau
NOTE
2.5/ 5



Certains réalisateurs n’ont guère de chance : espoir du cinéma d’horreur britannique dans les années 1970, avec des films comme « Esclave de Satan » (« Satan’s Slave »), Norman J. Warren s’échoua ensuite sur l’écueil de budgets très inférieurs aux besoins de ses ambitions et des co-producteurs américains tatillons. « Réveillon sanglant », son dernier long-métrage à ce jour, est l’exemple type d’un film d’épouvante contenant en germe quelques idées dignes d’une œuvre d’ambiance assez intéressante, mais se cassant la pipe sur des moyens techniques et financiers par trop maigrelets.

 



Un générique composé d’images du réveillon 1959, qui ne prendra du sens que progressivement.



Les neuneus : même à trente ans, ils en ont toujours dix-huit !



Le film prend pour protagonistes un groupe d’adolescents d’au moins 25 ans, s’amusant à une fête foraine en bord de mer. Comme tout Club des cinq qui se respectent, nos héros volent au secours d’une demoiselle agressée sur un manège par des loubards patibulaires (en fait, des forains, qui ne se montrent guère commerçants pour le coup).




Les forains les moins sympas du monde.


Un grand moment : Madame Irma pousse un hurlement strident en voyant l’avenir de nos héros dans sa boule de cristal.



Poursuivis par les forains – dont ils ont débranché l’attraction pour secourir la donzelle – les d’jeunz prennent la fuite à bord d’un canot, pour finir par s’échouer bêtement sur la plage d’une île à proximité. Apparemment vide d’habitants, l’île compte néanmoins un hôtel, sans plus de présence humaine qu’une femme de chambre plus ou moins fantomatique ; hôtel où la vie semble s’être arrêtée au soir du 31 décembre 1959, et où nos jeunes amis vont vite découvrir que des phénomènes surnaturels rendent tout séjour prolongé d’une dangerosité quelque peu mortelle.





Si « Réveillon sanglant » aligne ici et là des séquences assez inspirées, le film souffre d’emblée de la stupidité assez magistrale de ses protagonistes : on n’est pas encore au niveau dit de « Francis et Muriel » dans « Les Week-Ends Maléfiques du Comte Zaroff », mais pas loin. Arrivé dans un hôtel abandonné par ses occupants, quasiment sans personnel, on ne s’inquiète pas, on prend une chambre, on se change, on se sert au bar, on fait comme à la maison. Décontraction totale.



L’horreur ne tarde pas à se déchaîner : alors que nos jeunes sans-gênes ont pris possession de la salle de projection de l’hôtel et s’amusent de vieilles bandes amateurs, un personnage sort de l’écran pour étrangler l’un d’eux. Voir ensuite les zazous essayer de se persuader que « tout va bien » et qu’ils ont été victimes d’une « hallucination collective » est à peu près aussi ahurissant que de les voir poursuivre gaiement leur exploration de l’île dans les scènes suivantes. Ces jeunes gens vivent dans un univers parallèle.




« Rassure-toi, tout va bien ! »




Alors que le mobilier comme les éléments semblent se déchaîner contre les protagonistes (attaques de filets de pêche, de poteaux de rampes d’escalier, de tables de billards et de flippers, tempêtes de neige en intérieur), la menace humaine vient également des forains, qui semblent prêts à faire des kilomètres en bateau pour régler une escarmouche insignifiante (ces gens sont vraiment rancuniers). Il convient de s’attarder sur les éléments qui transforment un petit film d’honneur sans prétention, en nanar apportant joie et bonheur dans la maisonnée : tout d’abord, une interprétation au-dessous du médiocre, les vieux ados ayant l’indécence de ne pas croire une seconde à ce qu’ils font. Ensuite, des effets spéciaux à peine dignes d’un film érotique allemand, qui rajoutent encore au caractère abracadabrantesque des situations ; la palme revient à l’une des filles, transformée sans guère d’explication en zombie clone de Nina Hagen.






On citera également pour la bonne bouche l’attaque de l’une des nanas par un filet de pêche : il faut la voir se tortiller et s' toute seule alors que le méchant filet, aussi inanimé qu' homard dans son bac au supermarché, étend son emprise. C’es presque aussi grandiose que les victimes de la pieuvre géante dans « La Fiancée du Monstre » ! Et pour notre plus grand plaisir, nous aurons droit à une seconde attaque de filet un peu plus tard.



« Réveillon sanglant » a pour atout un rythme soutenu : après quinze minutes un peu mollassonnes au début, l’action n’arrête pas, les protagonistes courant un peu partout et n’importe comment à travers l’île, sans jamais éclaircir notre lanterne sur la multitude de questions venant hanter la partie consciente de notre cerveau encore en fonctionnement : Putain qu’est-ce qu' foutent ici ceux-là ?, Mais c' quoi ce bordel ?, C'était quoi ce bras-là ? Tu peux faire ça avec une crosse de fusil ? Mais pourquoi elle se transforme en zombie ?... j’en oublie et des plus gratinées. Mais rassurez-vous, quasiment aucune des ces questions existentielles n' de réponse.



Dans la série "victimes de films d' tellement bêtes qu' méritent la mort", ceux-là sont vraiment bien placés.



Malgré la présence aux commandes d’un réalisateur expérimenté, et un côté assez réjouissant dans le registre « film d’horreur absurde », « Réveillon sanglant » ne révolutionne guère le film d’épouvante britannique, dont il parvient tout juste à nous fournir une décalque un peu plus cruelle et jusqu’auboutiste. On notera quand même une certaine générosité du film, qui nous sert un grand nombre de thèmes récurrents du cinéma d’horreur : zombies, fantômes, phénomènes paranormaux, mutations, île déserte, et un hommage aux années 1950 en prime. Amusant par son côté « rêve éveillé décimant les protagonistes » et par une explication finale relativement inventive, « Réveillon sanglant » est une bizarrerie sympathiquement nanardesque au parfum assez nostalgique : en ce temps-là, le film d’horreur n’avait pas encore été récupéré par les Majors hollywoodiennes et demeurait le quasi-apanage d’indépendants plus ou moins doués et d’artisans plus ou moins rodés. On retrouve là le plaisir adolescent de regarder des films d’horreur légèrement ringards sur les bords et ce n’est déjà pas si mal.

- Giant Bigorneau -
Moyenne : 2.25 / 5
Giant Bigorneau
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

 

Jadis un grand classique du marché de la VHS, le film a depuis été réédité en DVD par "Néo Publishing". Une belle édition mais dénuée de bonus hélas.

Un blu-ray américain multizone existe aussi chez "Vinegar Syndrome" avec une version remasterisée mais en anglais uniquement. On pourra y trouver un commentaire audio de Norman J. Warren.

Une VHS québecoise au titre invraisemblable