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Hellgate

(1ère publication de cette chronique : 2007)
Hellgate

Titre original : Hellgate

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :William A. Levey

Année : 1989

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h29

Genre : Les portes du Nanardis

Acteurs principaux :Ron Palillo, Abigail Wilcott, Carel Trichardt, Petrea Curran, Evan J. Klisser

Wallflowers
NOTE
4/ 5



Apprécier un film ne dépend pas seulement de ses qualités. Cela dépend aussi de l’époque où on le regarde, l’époque où ça a été tournée et dans les conditions dans lesquelles on le voit pour la première (ou seconde ?) fois. C’est comme ça. J’ai vu des films au cinéma que j’ai adoré puis détesté en vidéo ou à la télé. A l’inverse j’ai revu à la hausse tant de films que j’ai jugé mauvais ou pire, insipide. Et parfois il y a des films que vous voyez avec quasiment 15 ans d’écart et qui vous met au diapason tout de suite : c’était nanar à l’époque et je ne me suis pas trompé avec le temps.


Alors le vin, c'est classe certes mais ça peut être salissant si on le boit couchée, Mademoiselle.


Les chauves-souris en plastique, c’est fantastique.

« Hellgate » c’est quoi ? C’est le nom d’un village damné au milieu de nulle part. Là où se passent des choses horribles le soir quand vous vous dites que votre vie est bien morne en ce moment et que rien ne vaut une apparition de cadavres étêtés pour vous faire oublier vos tracas quotidiens. Remarquez, avec un nom pareil, on voit mal l’office du tourisme du village « porte de l’Enfer » nous faire la promotion de la foire à saucisse hellgatoise, du marché de Noël annuel ou bien du dernier bal des pompiers en date. 


THIS IS NAANAAAAAAAARR !!

Pour parler un peu de ma vie (si ça ne vous intéresse pas, sautez au paragraphe suivant), « Hellgate » c’est en premier lieu un souvenir d’adolescent des années 90. Un film loué au hasard d’un vidéo-club perdu en plein village rural un après-midi d’ennui profond dilué au milieu d’un mois d’août assommant. Un long métrage où, pendant le visionnage avec des ami(e)s que j’ai perdu de vue depuis, je me suis dit que c’était tellement mauvais que ça en devenait hilarant. Depuis ce jour, j’ai juré de me procurer ce film afin de le montrer aux gens qui mettaient du temps à partir de chez moi le soir. Accessoirement, je me suis dit aussi depuis que je connais Nanarland, que j’en ferais bien une chronique un de ces quatre. C’est chose faite aujourd’hui.


C’est très intéressant ce que tu nous racontes, beau blond.


On ne va pas être réducteur, « Hellgate » n’est pas juste le nom d’un village et d’une madeleine de Proust : c’est aussi un franc coulis de débilité étalé sur pellicule 35mm mis en boîte par William A. Levey. Ce même William qui, quinze ans plus tôt, tourna le fameux « Monaco Forever », premier film officiel de Jean-Claude Van Damme qui jouait le rôle d’un karatéka gay (et dont ce dernier ne veut plus entendre parler). Se payant le luxe de faire un caméo pendant son film, William A. Levey aurait dû avant de penser à faire des clins d’œil aux spectateurs, vérifier que personne n'allait éclater de rire devant les scènes du film ou simplement devant son talent à composer ses plans n’importe comment. Jetez un œil ci-dessous : le cadrage est piteux au point de rendre visibles les fausses façades de bâtiment.


Vous le voyez le faux décor ?



Levey, dans le rôle de la tête sans les jambes.


Je suis d’accord pour tirer sur l’ambulance mais pas sur l’ambulancier. On ne peut attribuer une catastrophe qu’à une seule personne : « Hellgate » ce n’est pas qu’un mauvais réalisateur, c’est aussi un scénario très mais vraiment très con. L’intrigue commence alors que des étudiants se racontent des histoires effrayantes autour d’un feu de cheminée. Vient alors dans la discussion la légende de l’auto-stoppeuse qui, en 1950, fut enlevée par des bikers et tuée dans sa ville qui se nomme « Hellgate » avant d’être ressuscitée par un diamant magique retrouvé dans une mine qui lance des rayons (le diamant pas la mine, s’il vous plait suivez parce que sinon vous allez être perdu). Depuis ce jour son fantôme hante les routes désertes sans goudron ni asphaltes où les panneaux de signalisation sont encore en bois et écrits à la main. Et devinez quoi ? Michael, qui roule sur une route déserte en pleine nuit pour rejoindre ses potes autour de la cheminée, tombe sur elle. Lorsqu’il rentre à l’hôtel, lui et ses amis décident d’enquêter et de faire un tour dans cette ville fantôme afin d’élucider ce mystère. Comme un épisode de Scoubidou quoi.



Ouf. C’était pas gagné de parvenir à résumer un tel film parce que si je rentre dans un minimum de détails, je risque de d’écrire une tonne d’incohérences vu qu’« Hellgate » en est bourré. Vous remarquerez en outre qu’en quatre phrases, j’ai dû noter une demi-douzaine de clichés propres aux films d’horreur. 


Diantre, ce diamant serait-il radioactif ?



La fameuse défunte… notez la crédibilité de cette photo sensée être prise dans les années 50..


Le film joue simultanément sur deux époques : les années 50 (en flash-back) et les années 90 (de nos jours quoi). Effort scénaristique s’il en est qui ne porte pas du tout ses fruits puisque que pour le reste c’est n’importe quoi. On nage en plein délire. Par exemple les bikers en question sont plus crédibles en amical des conducteurs de mobylettes forçant un peu trop sur le kir-cassis qu’à des Hell’s Angels patibulaires. Quant aux fameux monstres de la ville fantôme ils semblent carrément issus du club « atelier maquillage d’Halloween chez Carrefour /profitez de la réduction de 40% spécial mois de janvier ».


Une des nombreuses incohérences du film... non mais c'est quoi cette corde ?


Mais pourquoi la ville est hantée alors ? Ben pour les mêmes raisons que la plupart des villages hantés voyons. En gros, le maire de la ville voit sa fille mourir sous ses yeux et entre temps, quelqu’un trouve dans une mine d’à côté un diamant extraordinaire (qui a dit qu’il fait 10000 carats ?) capable (notamment) de ressusciter les morts avec ses rayons. Avec toutefois un panel d’effets secondaires du type violence exacerbée, yeux injectés de sang ou qui roulent dans leurs orbites, dents pointues, tendance à vouloir manger de la chair humaine blablabla… Bref, le maire teste le pouvoir du diamant sur son aquarium (parce que les poissons rouges sont des êtres abjects à la base et qu’ils méritent probablement ce châtiment divin) et en avoir constaté les conséquences, il décide de l'essayer quand-même sur le type à côté de lui qui meurt forcément dans d'affreuses souffrances. 

EXCLUSIF ! LA RECETTE DU POISSON PANE DE CHEZ FINDUS !



Phase 1.



Phase 2.



Phase 3.



Coupez en carré suivant le nombre de convives.


Visiblement satisfait de ces résultats, le maire psychopathe décide alors de se servir du diamant pour ressusciter sa fille (qui n’aura elle aucun effet secondaire à part celui d’avoir l’air perdu et un peu cruche, mais ma méchanceté naturelle me pousse à penser que c’est uniquement dû à la prestance très limitée de l’actrice). Ensuite, il s’éclatera à pourrir tout son village avec cette arme. Evidemment, personne pour lui dire que ça fait des électeurs de moins pour les prochaines élections municipales mais je crois qu’à ce stade il est comme le scénariste du film : il s’en fout.


Le fameux maire de la ville.



Le même, plus tard… après s’être fait mordre par une tortue-zombie… si si je vous jure.


Le côté dingue de ce film, c’est qu’il incarne à merveille l’expression « avoir l’ambition de ses moyens et les moyens de ses ambitions ». Tourné exclusivement de nuit (sans doute pour profiter des décors d’un western se tournant à côté dans la journée), « Hellgate » accumule une galerie de monstres qui démontre simplement que Levey a dû aussi piquer le maquillage restant et des figurants voisins.



La fameuse attaque de tortue-zombie… notez la belle intrusion du poignet dans le gant de toilette-tortue sur la dernière image.


C’est la grande foire aux farces et attrapes puisqu’on passe pêle-mêle d’un magicien qui fait des tours gores à la bonne sœur au look morbide néo-gothique, du squelette dans une voiture à un fantôme dans un cabaret… bref, rien n’a de sens, si ce n’est celui de l’absurde (enfin... cette absurdité qui pousse les gens à mettre leurs doigts mouillés dans une prise plutôt que celui qui les pousse à faire des peintures d’horloges qui coulent dans les années 30).


Le type sur le toit de la voiture est censé être DANS la maison ? Et ben en fait il ressortira dans le sens inverse...


Je ne suis pas totalement honnête, je dois avouer qu’on ne peut pas clouer au pilori un mauvais film en ne vilipendant que son réalisateur et son scénario. C’est pourquoi je tiens à être équitable dans mon jugement : Hellgate c’est aussi une galerie d’acteurs épouvantables.


Et là, je lui ai répondu : « T’as vraiment des grosses joues Marcel !! ».


Franchement, c’est indécent de faire jouer des gens aussi mal. Je sais que tout le monde mérite de gagner sa vie et de manger à sa faim, mais parfois ne vaut-il pas mieux manger des pâtes pendant 3 mois que de tourner dans un film qui ne vous aide pas ? J’en veux pour exemple, la fameuse revenante du film (la fille du maire donc) et dont le réalisateur ne lui donne que deux choses à faire :
1. Revenir 
2. Montrer ses seins.


Dis papa, je peux montrer mes seins au monsieur ?



Poum poum pidou.



Tu peux toucher, mon papa m’a dit qu’il était d’accord...


Comble de l’abysse profond dans lequel on se trouve en tant que spectateur, le héros (Michael) lui, passe son temps à ne faire que deux choses également :
1. Essayer de se taper la revenante (alors qu’il a une copine, le bougre).
2. Balancer la même vanne foireuse à son pote.
La direction des acteurs est sans doute ce qu’il y a de pire dans le film, j’en veux pour preuve cette scène lorsqu’ils sont dans la ville maudite : les protagonistes sautillent ensemble bras-dessus, bras-dessous en chantonnant un air enfantin. Une scène que l’on croyait pour toujours reléguée aux parodies d’un genre ultra référencé. Il n’en est rien, « Hellgate » arrive même à faire du nanar avec un cliché, c’est dire si on va loin dans le délire.


Il ne peut plus rien nous arriver... d’affreux… maintenant.



Mad Max !



Mad tout court.


Surtout que certains personnages sont consternant de bêtise. Mention spéciale à Zek le Hell’s Angel. Zek, c’est vraiment mon préféré je vous le dis sans faille. Un gars, qui 40 ans après les l’enlèvement et le décès de la fille du maire, n’a pas pris une ride, ni un kilo de graisse, le maquilleur a juste coloré ses cheveux en blanc. Et, prouvant que c’est bien mon personnage adoré, on le voit pendant TOUT LE FILM à travers des interludes, en train d’aiguiser ses armes blanches et s’équiper afin d’aller probablement aider nos héros à la fin dans une scène que l’on sait d’avance qu’elle va arriver au moment où ils seront pris au piège.


Au fait, notre héros Michael, c'est lui.


Les cinéphiles (ou pas) auront dès lors compris que ce personnage va jouer un rôle clef. Il en veut Zek, il va dérouiller le gros méchant et retourner la situation en faveur de la justice, on le sait bien, on a vu ça des dizaines de fois. Or, après moult rebondissements, Zek déboule au tout dernier moment tel un deus ex machina ultime. Ce moment paroxysmique, cet instant crucial où l’on croit que tout est fini pour nos héros, Zek se pointe alors en hurlant sa rage et sa haine armé de son épée et de sa hache…  avant de se faire descendre comme une crotte dans la seconde qui suit, sans n’avoir strictement RIEN. FAIT. DU. TOUT. à part crier très fort pour annoncer sa venue. En gros on s’est tapé du remplissage de « et vas-y que j’aiguise mon couteau et ma hache sur une meule en pierre qui fait du bruit toutes les 10mn pendant le film » pour finalement voir un looser qui se fait balayer en trois secondes par un rayon laser qui ressemble fortement à du grattage sur pellicule.

ZEK, LE PROTECTEUR DE LA VEUVE ET DE L’ORPHELIN EN ACTION !


Zek se prépare (admirez la pastèque à gauche).



Zek arrive !!! Préparez-vous à en chier les monstres !



BEUAAAAARRGHH !!



Boum ! Merci Zek ! Passe prendre ton chèque à la compta en partant !


C’est compliqué de conclure après tout ça. Hellgate semble être un film qu’on a peut-être déjà vu mille fois (pour peu que vous ayez grandi dans les années 90) mais qui réussit à nous cueillir là où on pense qu’il n’osera jamais aller : au fond de l’indigence nanarde. C’est sans doute là que se trouvent les gens comme moi, riant bêtement devant un film qui réussit à nous plaire là où d’autres spectateurs, eux, en sortiront accablés.


Non mais vous n'avez rien de mieux à faire que de lire cette chronique ?

- Wallflowers -
Moyenne : 3.33 / 5
Wallflowers
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Après deux éditions VHS (dont l'une chez "New World International / Partner & Partner", visuel ci-dessous), le DVD est sorti il y a quelques temps, mais en petite quantité. Rassurez-vous, "M6 édition" nous l’a ressorti dernièrement.


L'éditeur anglais "Arrow Video" a sorti une édition limitée Blu Ray de prestige tirée seulement à 1000 exemplaires, avec de nombreux bonus sur l'histoire du film et une longue interview de son réalisateur. Hélas, ni V.F. ni sous-titres français à se mettre sous la dent.

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