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Birdemic : Shock and Terror


Birdemic : Shock and Terror

Titre original : Birdemic : Shock and Terror

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :James Nguyen

Année : 2008

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h35

Genre : Quand les aigles se bananent

Acteurs principaux :Alan Bagh, Whitney Moore, Tippi Hedren, Janae Caster, Colton Osborne, Rick Camp

Barracuda
NOTE
4/ 5


Faites l'expérience : prenez une pâte feuilletée, des prunes, un peu de compote et du sucre. Assemblez-le tout dans des proportions raisonnables et mettez au four pendant environ 45 minutes. Si vous avez choisi des ingrédients convenables, vous ne pouvez pas vous rater et tout le monde va se régaler. Vous ou moi oui, mais pas James Nguyen. James Nguyen avec ça, vous pouvez être sûr qu'il sortira du four un flan à la chicorée froid avec des anchois à l'intérieur et un persistant arôme d'andouillette. Personne ne sait comment il fait, ça ne s'explique pas, c'est cela le génie. En l'occurrence un genre de génie qu'on apprécie particulièrement à Nanarland, surtout quand la personne qu'il touche fait profession de cinéaste.


L'équipe de Nanarland fête la découverte d'un nouveau héros du nanar !


Birdemic, c'est un remake des Oiseaux d'Hitchcock modernisé avec des effets spéciaux numériques, des fusillades, des explosions et un message écolo new age, c'est vous dire à quel point déjà on était mal barrés. Passé en plus à la moulinette de James Nguyen, ça donne des oiseaux kamikazes explosifs en images de synthèse pourries de chez dégueulasse fondant sur une bande de blaireaux tête à claque qui arrivent à jouer encore plus mal que les piafs. C'est le genre de grand écart que même Van Damme n'aurait pas osé tenter du temps de sa splendeur.


*Gnnnnnnnaaaaaooooon ! Boum ! Crash ! Ayiii ! Ayii ! Ayii !*

 



Quand les aigles attaquent, tout le monde se marre !


Le scénario nous amène à suivre la vie de Rod, un télémarketeur qui vient de réaliser la vente de sa carrière à un million de dollars. Tout lui réussit puisqu'il vient aussi de rencontrer Nathalie, mannequin débutante plutôt mignonne qui n'est pas insensible à son regard de mérou. Mais sa vie bascule lorsque, vers la moitié du film et alors que les deux tourtereaux viennent de conclure, la ville est attaquée par des aigles devenus fous qui s'écrasent sur les maisons dans un déluge d'explosions mal faites et égorgent les humains grâce à leurs ailes acérées (!). S'ensuit une fuite éperdue en voiture ponctuée de rencontres, d'aventures et (surtout) de stratégies de survie d'une monumentale bêtise.


"- Il nous faut des armes pour nous défendre contre les aigles !
- Vite, prenons ces cintres !"

 


"- Gnéé ! Prend ça, sale bête !"


La partie visuelle de Birdemic en constitue bien sûr la principale attraction, comme les captures d'écran qui parsèment cette chronique peuvent en témoigner. Et pourtant, en mouvement le résultat est bien pire encore : en plus d'être redoutablement moches, les oiseaux psychopathes ont en plus la bizarre habitude de léviter sur place en 2D par la grâce d'une animation indigne d'un GIF animé issu des premières bibliothèques Clip Art. Chaque apparition d'un volatile est l'occasion d'un nouvel éclat de rire, les scènes d'attaque étant tout particulièrement délicieuses tant les oiseaux, les personnages et les décors s'intègrent on ne peut plus mal. Les aigles sont évidemment les véritables stars du film : non seulement ils piquent sur leurs cibles tels des Stukas (avec le bruitage approprié) avant d'exploser dans une gerbe de flammes, mais on apprendra aussi que leurs excréments sont radioactifs. J'en tiens pour preuve cette scène qui voit une escadrille d'aigles fondre sur un groupe de survivants, lâcher la sauce et s'enfuir à tire d'aile pendant que les pauvres figurants se tordent de douleur comme s'il venaient d'être aspergés d'acide. James Nguyen je t'aime !


La scène du bus à impériale est un grand moment.

 


Après avoir aspergé les passagers de leurs fientes acides, les oiseaux montent au corps à corps pour le coup de grâce !

 


Voici une image de colibri. Dans le monde de la réalité et des tartes réussies, c'est le seul oiseau capable de battre des ailes assez vite pour faire du surplace dans l'air.


Il ne faudrait toutefois pas que la laideur des volatiles éclipse l'extrême médiocrité des acteurs, au premier rang desquels le héros, interprété par un certain Alan Bagh. Même quand il se contente de marcher dans la rue il joue mal. Il fait vraiment la paire avec James Nguyen : à un moment l'un doit filmer l'autre dans un restaurant suivant du regard une fille qui passe. Eh bien ils n'y sont pas arrivé. Pourtant c'était bien parti, la fille sort tranquillement du restaurant, Alan commence à tourner la tête, et soudain c'est le drame : il s'est assis trop loin sur la banquette, du coup en se retournant il tombe nez à nez avec le panneau en bois derrière lui. On voit dans son regard le moment où il se rend compte qu'il est en train de se planter, du coup il essaye de se pencher un peu plus mais rien à faire, et le temps qu'il se décale pour mieux voir, la fille a tourné l'angle depuis longtemps. Ca parait incroyable comme ça, mais n'oubliez pas qu'avec James Nguyen aux manettes, l'impossible est toujours au coin de la rue. Ed Wood, dit-on, s'exclamait après chaque prise : "elle est bonne, on la garde", parce que la pelloche en 35mm c'était pas donné et qu'il utilisait souvent des chutes issues d'autres films. En numérique, les coûts sont proches du néant mais pour James Nguyen, la première prise aussi est la bonne. Allez comprendre...


"Enfer et damnation ! Ce panneau de bois est en train de ruiner ma composition, vite, je dois réagir !"

 


"Caramba ! Encore raté !"

 


Nos deux héros face à face.

 


Quelque part en route, ils héritent de deux mômes énervants.


Et puis Birdemic, c'est aussi un message, parce que flûte, les jeunes d'aujourd'hui savent aussi être conscients des enjeux du monde qui les entoure. Et l'enjeu en l'occurrence, c'est que le réchauffement climatique, c'est pas bien. Moi, sur le papier, je n'ai rien contre, mais dans l'exécution je suis vent debout. Rod travaille dans une entreprise qui fabrique des panneaux solaires révolutionnaires. Il conduit une Toyota Prius, et convainc ses amis d'en faire autant en les emmenant voir An Inconvenient Truth, le film d'Al Gore. Quand il est chez lui, il regarde les infos à la télé : ce sont les ours blancs qui sont en train de disparaître. Pourchassés par des oiseaux tueurs, sa copine et lui commencent par pique-niquer en plein air plutôt que dans leur voiture et finalement trouvent refuge dans une forêt (Rod, c'est le genre de type qui pour échapper à Dracula irait se planquer à la banque du sang) où ils rencontrent un ermite qui disserte pendant trois minutes sur les arbres qui sont merveilleux et qu'il faut protéger. Il est tellement rasoir le vieux qu'il chercherait à nous vendre des allumettes et un bidon d'essence, il ne s'y prendrait pas autrement. Et bien sûr, je ne vais pas vous faire un dessin sur la cause mystérieuse qui pousse les oiseaux à attaquer les personnages. Stop ! C'est bon les gars, on a compris. Le pire arrive lorsque nos héros croisent la route d'un certain Professeur Jones qui leur dit qu'il n'a aucune idée de ce qui se passe, mais entreprend tout de même de nous expliquer que le réchauffement climatique est responsable de la grippe aviaire. Apparemment le lascar aurait aussi été aperçu en compagnie de Michael Jackson peu avant sa mort et ne serait pas complètement blanc-bleu dans l'affaire Clearstream.


L'ermite ami des arbres, avec son petit air détaché qui en dit long. Il ferait mieux de se lancer dans une carrière de représentant en haches et tronçonneuses.

 


Après avoir vaincu les Nazis, le Dr Jones s'attaque au réchauffement climatique.

 


Les explosions d'oiseaux mettent le feu à la forêt où s'étaient réfugiés nos rusés héros.


Birdemic nous offre également des moments de nanardise majeurs dans un domaine qu'on n'attendait pas : la prise de son. C'est le deuxième effet James Nguyen. La prise de son des dialogues s'est en effet déroulée en décors naturels et c'est une catastrophe. Personne ne s'est donné la peine d'atténuer les bruits de fond et en plus le micro se déplace à chaque changement de plan (il était probablement monté sur la caméra). Ajoutez à ça le montage qui a gardé une bonne demi-seconde de blanc au début et à la fin de pratiquement chaque réplique et on a en permanence l'impression que les personnages, pourtant face à face dans le film et dans la réalité, sont chacun dans deux pièces bruyantes différentes et très éloignées. Birdemic, le premier film qui vous fait croire à un deux-en-un alors que ce n'est pas le cas. Le pire se produit lors d'une réunion de bureau où le boss annonce une bonne nouvelle. Autour de la table, c'est la joie ! Plan sur un premier groupe de gens qui applaudissent. Alors que l'allégresse retombe, nouveau plan sur l'autre côté de la table cette fois… où ils en sont encore au début de leurs applaudissements. Le temps qu'ils finissent, on change à nouveau d'angle, et à nouveau on revient au début des applaudissements. Aucune continuité : les trois prises ont été mises bout à bout pour un résultat tout simplement hallucinant d'amateurisme.


Une scène de sexe pacifiste.

 



Quelques oiseaux mal faits. Sur la deuxième image : des "perroquets".


Le rapport au temps du film est d'ailleurs assez étrange : c'est censé être un thriller haletant comme son modèle, mais le réalisateur passe un temps fou à filmer les actions les plus anodines. Quand Rod, le héros, prend sa voiture pour aller d'un endroit à un autre, le tout est filmé quasiment en temps réel : on le voit monter dans la voiture, prendre la bretelle de l'autoroute, rester coincé au feu rouge, arriver enfin, descendre en fermant soigneusement la portière puis marcher dix bonnes secondes jusqu'à sortir du cadre de l'image. Avec Les Oiseaux, "Manos, the Hands of Fate" semble avoir été l'autre grande source d'inspiration du film.


Cette chronique contient des vans.

 


La présentatrice la plus petite du monde (ou la plus mal cadrée).


La bande originale est à l'avenant. Pour vous donner une idée, le film s'ouvre sur trois bonnes minutes de balade en voiture filmées sur une musique consistant en quatre notes de flûte entêtantes jouées en boucle (toujours l'influence de Manos). Plus tard, quand les personnages vont au restaurant chinois, on retrouve les quatre même notes en boucle, mais jouées cette fois à la harpe pour figurer l'ambiance asiatique. Evitez de regarder le film sur un téléviseur tout neuf, parce que vous avez de fortes chances de vous retrouver avec cette horreur gravée au burin dans la tête et, sous le coup d'une rage légitime, à tous les coups votre écran va y passer. Le générique permet de lever le voile sur cette atrocité puisqu'il crédite comme compositeur… le logiciel de montage-son utilisé par le film et les musiques de remplissage qui sont incluses dedans. Et dire qu'on s'est moqué du synthé Bontempi des années 80.


Le générique mettra vos nerfs à rude épreuve, mais le jeu en vaut la chandelle.


Au final, Birdemic respire le projet amateur par tous ses pixels DV, ce qui rend d'autant plus saugrenu le fait que James Nguyen ait dépensé tant d'efforts et d'argent pour le sortir en DVD comme un vrai film. Comme simple projet personnel, il n'y aurait rien eu à redire : rares même sont les amateurs qui arrivent à boucler un vrai film cohérent d'une heure et demie et dans ce cas on n'aurait pu que saluer l'effort. Seulement voilà, James a voulu en faire un vrai film, du coup il aura droit à sa vraie chronique sur Nanarland.


Au rayon des anecdotes, plutôt que de verser dans la paraphrase, on se permettra de citer la chronique de l'excellent site Agressions Animales, qui relate ainsi : Petite production indépendante écrite, produite et réalisée par James Nguyen, Birdemic: Shock and terror est le troisième long métrage de ce véritable touche-à-tout. Un projet difficile à mener à terme que l'homme va financer avec ses propres fonds (10 000 $ en tout), et dont le tournage, qui a eu lieu en 2008, s'est étalé sur 9 mois en fonction du temps libre du réalisateur, c'est-à-dire durant les week-ends. Mais même une fois le film terminé, l'homme n’était pas au bout de ses surprises. Refusé par les organisateurs du festival de Sundance, Birdemic aurait pu ne jamais sortir de l'ombre. C'était sans compter sur l'obstination de son producteur, bien décidé à vendre son film. James Nguyen va en effet circuler sans relâche dans les rues avoisinantes au festival, au volant d'un utilitaire décoré de faux oiseaux agressifs, de faux sang et d'affiches du film. Pour capter l'attention, il va également diffuser en boucle via des haut-parleurs le cri perçant d’un aigle fondant sur sa proie et des hurlements humains. Le manège de ce trouble-fête va bien évidemment attirer la police, mais également les décisionnaires de la société Severin Films [NdlR : la boîte de l'apprécié réalisateur de docus David Gregory], qui va acquérir les droits du film en prévision d'une sortie limitée en salles, puis par la suite d'une exploitation plus en phase avec ce type de produit. Entre la pré-production du film en 2006, le tournage en 2008 et la sortie en 2010, Birdemic aura donc mis 4 ans à voir le jour.
Sur le site officiel du film, on apprend sans grande surprise - mais non sans une certaine consternation - que Birdemic est en partie inspiré des "Oiseaux" de Hitchcock (bel hommage !), dont James Nguyen est un grand fan, que Tippi Hedren (l'interprète de Melaine dans "Les Oiseaux") apparaît d'ailleurs le temps d'un cameo (il s'agit en fait d'un stock-shot de "Julie & Jack", le 1er film de James Nguyen) et que notre nouveau mauvais réalisateur préféré travaille déjà sur son prochain film : Birdemic, the resurrection... en 3D ! [NdlR : lire la chronique de Birdemic 2 : the Resurrection, qui n'a finalement pas été tourné en 3D, mais Nguyen annonce que ce sera le cas pour Birdemic 3]

- Barracuda -
Moyenne : 3.44 / 5
Barracuda
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
4/ 5
LeRôdeur
NOTE
4.5/ 5
Hermanniwy
NOTE
0.5/ 5
Wallflowers
NOTE
4/ 5
Labroche
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation


"Birdemic : Shock and Terror" est sorti dans un DVD multizones tout cheap chez l'éditeur "Moviehead Pictures", disponible en import sur les sites de vente en ligne. Et ce n'est pas tout puisqu'un autre éditeur, "Severin" en a racheté les droits pour sortir une édition spéciale non seulement DVD mais aussi, tenez vous bien, Blu Ray qui doit sortir en février 2011. On espère qu'ils nous offriront des bonus à la hauteur de cet oiseau rare...

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