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Ninja : American Warrior


Ninja : American Warrior

Titre original : Ninja : American Warrior

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Tommy Cheng

Producteur(s) :Tomas Tang

Année : 1988

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h25

Genre : Charcutage

Acteurs principaux :Joff Houston, John Wilford, Peter Davies, Glen Carson

Rico
NOTE
3.5/ 5


Petite précision préalable : ce film fut la première incursion de Nanarland dans le monde merveilleux des films 2 en 1 de cette canaille de Godfrey Ho. Découvrant par hasard dans un Cash Converter cette cassette à la jaquette bariolée, je ne connaissais pas encore cet univers de folie abondamment décrit aujourd'hui dans notre INMDB. Ce fut l'occasion pour nous de défricher par la suite un grand nombre d'oeuvres de chez IFD et Filmark... Cette chronique conserve donc la fraîcheur et l'émerveillement du néophyte découvrant ce pan du cinéma alternatif.


 


La jaquette allemande, sous le titre de Black Panther.


Attention escroquerie intellectuelle : Il ne s’agit pas d’un vrai film mais d’un collage des plus approximatifs entre un polar seventies asiatique, dont on a gardé que les scènes de baston, et des morceaux tournés à la va vite par un distributeur américain (Filmark en l’occurrence, d’après « Impact » n°18 p.49) pour occidentaliser le produit [hongkongais en fait, mais à l'époque je ne le savais pas encore NDLA].
Le résultat laisse assez rêveur, d’autant que si le film asiatique semble être un polar nerveux et bourrin (arts martiaux à tous les étages, les méchants tabassent sec les innocents et l’héroïne, flinguent un gosse qui en a trop vu etc.), la partie américaine est elle hallucinante d’amateurisme, tournée par un tâcheron pour 200 $ avec des acteurs catastrophiques ne sachant même pas se battre et se prennant quand même pour des ninjas. La palme revient d’ailleurs au blondinet bras droit du méchant qui porte ses coups à 2 à l’heure en agitant bien les bras. En un sens c’est dommage, s’ils avaient fait la totalité du film comme ça, je crois qu'on tenait le nanar du siècle !


L’histoire tient sur un demi confetti : un super flic américain moustachu qui est aussi à ses heures perdues un terrible ninja blanc (oui je sais, mais Michael Dudikoff ne devait pas être libre) est envoyé à Hong Kong pour lutter contre un ancien du Viêt-Nam devenu baron de la drogue. Il s’associe à une super fliquette de Hong Kong (et hop, on passe sur les extraits du polar asiatique) nommée Amazonia qui traque sa complice, une chef de bande surnommée la Mégère. Voilà c’est tout, le reste est constitué presqu’exclusivement de bastons entre les héros et les méchants !


Enter, the white ninja (bombinette à fumée inside).


La vraie magie de Ninja, American Warrior, c’est de faire travailler ensemble deux flics qui ne sont pas dans le même film. Sacré challenge... relevé avec beaucoup de maladresse par les scènes américaines du film : par exemple quand le flic yankee discute avec Amazonia, celle-ci est de dos et en profite pour perdre une bonne dizaine de centimètres par rapport aux autres scènes.De la même façon lorsque le ninja blanc délivre Amazonia torturée par les méchants : il pénètre (très maladroitement, parce que le pauvre acteur est loin d’être un athlète) dans la maison de la Mégère dont le mobilier a soudain totalement changé par rapport à la scène précédente et secourt une jeune femme évanouie, furtivement entrevue, le visage caché par une épaisse perruque noire. Il se rend ensuite à l’hôpital (enfin... un couloir avec une fille en blouse blanche), ouvre une porte et jette un coup d’œil très triste à l’intérieur. Plan d’Amazonia dans son lit. Retour au flic qui repart, visiblement décidé à la venger.


Ca pourrait presque passer s’il n’y avait la terrible différence de qualité d’image entre le film asiatique 70's dans une copie dégueulasse, (image crade, gros grain, scène de nuit quasiment illisible) et l’image vidéo très propre typiquement années 80 du film U.S.



Faites gaffe les gars, y paraît que c'est par ici que se cacherait ce salaud de Philippe alias "Le terroriste" alias "Hitman le Cobra".


Le plus space étant quand même la double scène d’ouverture qui mélange gaillardement les deux métrages : une jeune occidentale court dans un champ et se frite avec deux-trois ninjas (rouge et jaune). Après les avoir battus, on la voit mettre une sorte de masque et hop, la voilà transformée en asiatique ! Elle se rend alors dans une maison (de nuit, le soir doit tomber très vite à Hong Kong), se bagarre et finit par se faire tuer. Là un plan rapide sur le corps nous permet de la revoir occidentale, le masque "asiatique" tombé à côté d’elle.


Quand il devient vraiment impossible de suivre l’histoire, une voix off nous fait le point sur l’action et tente de justifier les failles du scénario. Autant dire qu’il y a du boulot...


"Bon Dieu de la coke... Putain Godfrey, t'avais pourtant juré de plus y toucher avant de tourner tes films !"


Et puis il y a la confrontation entre le ninja blanc et le méchant : un pur moment de jouissance nanardeuse. Notre héros investit la forteresse du dealer, file une raclée à quelques comparses peu motivés (visiblement recrutés au gymnase du coin contre la promesse d’une bonne budweiser et d’un doughnut) avant de se prendre une balle. Blessé (enfin pas tant que ça puisque dès la scène suivante la blessure a disparu), il est capturé et amené, toujours vêtu en ninja, devant le baron de la drogue. Là, son lieutenant lui file quelques baffes pour lui faire dire qui il est... sans jamais penser à lui enlever sa cagoule. Lorsqu’à force de gifles, la cagoule finit par tomber, le baron de la drogue a un hoquet de surprise : le ninja blanc est le type qui lui a sauvé la vie au Viêt-Nam ! (et pan, un petit flash-back avec beaucoup de stock shots d’hélico)


John Wilford nous fait vivre le traumatisme de la guerre du Viêt-nam. Affreux...


Dilemme ! Le méchant finit par relâcher le héros pour payer sa dette, mais ne lui laisse qu’une petite avance pour une (toute petite) grande bataille finale.


Le ninja blanc affronte le ninja rouge vif et le ninja euh... saumon.


Bref un vrai bonheur pour amateurs avertis de nanarderie bien grave. A ce propos, Peter Wonkley (a qui j’ai envoyé une copie de l’œuvre) y a en plus détecté le repompage de la musique du « Zombie » de Romero... c’est dire si l’art du copier-coller repousse ici les limites du raisonnable (sans parler de celles de la légalité).


Trop filou ce ninja saumon (rien n'a été retouché, la scène se déroule comme ça dans le film !)


Le numéro du magazine Impact déjà cité signale l’existence d’un autre titre, « Ninja Phantom Heroes », du même réalisateur, avec la même distribution et surtout le même type de caviardage entre deux films. Autant vous dire que je me suis mis en chasse !


- Rico -
Moyenne : 3.38 / 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
MrKlaus
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
4.5/ 5
Labroche
NOTE
2.5/ 5
Barracuda
NOTE
3/ 5
LeRôdeur
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 6/ Introuvable

Barème de notation


Bien que sorti furtivement dans quelques salles spécialisées karaté en France dans les années 80, le film est prudemment resté discret en vidéo. Les quelques exemplaires survivants de la sortie chez "MPM Production" furent donc des pièces rares qu'il a fallu rechercher avec patience et abnégation...


Autant vous dire que c'est avec fierté que "Nanarland" et "Artus Films" ont réédité cette perle en DVD. Accompagné de Clash Commando et de Ninja in Action, garni de bonus et d'interviews (Paulo Tocha, Richard Harrison), vous avez de quoi passer une soirée de gala avec les guerriers de la nuit de chez Filmark...

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