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Bad Ninjas


Bad Ninjas

Titre original :Golden Ninja Invasion

Titre(s) alternatif(s) :Golden Invasion

Réalisateur(s) :Bruce Lambert (pseudo d'un yes-man de Filmark)

Producteur(s) :Tomas Tang

Année : 1988

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h30

Genre : Ninjas très mauvais

Acteurs principaux :Stuart Smith, Sorapong Chatree, Stephanie Burd, Leonard West

Nikita
NOTE
2.5/ 5


La jaquette de l'édition VHS allemande qui dépote grave !



C’est sur un défilé de contrefaçons que s’ouvre « Bad Ninjas ». Le générique défilant sous nos yeux nous offre en effet une galerie des noms bidons habituels : vous avez envie de voir un film avec Stephanie Burd, Leonard West, Alan Davies, Marshal Lucas et Betty Cheddie, vous ? Non, hé ben ça tombe bien, car vous ne le verrez jamais, ces comédiens n’existant tout simplement pas : il s’agit d’un film « 2 en 1 » tout pourri, mélange d’un polar thaïlandais avec Sorapong Chatree et d’inserts avec un ninja en brushing joué par Stuart Smith. Mais pourquoi ne pas créditer ces deux comédiens qui sont, toutes proportions gardées, des vedettes ? Sorapong Chatree, sorte de Belmondo thaï, joue en effet, bien que n’étant jamais crédité, dans des œuvres comme « Ninja Invasion » ou « Crocodile Fury » (enfin, dans les scènes asiatiques pillées pour alimenter les métrages de ces films) et Stuart Smith est une sorte de star des films de Godfrey Ho. C’est que nous sommes dans un film produit par Tomas Tang, patron de la compagnie Filmark et seul nom à peu près authentique du générique. Quant au réalisateur crédité, Bruce Lambert, nous avons longtemps soupçonné qu’il puisse s’agir de Godfrey Ho, mais ce vil pseudonyme pourrait également cacher un quelconque sbire de Filmark.





Maître du bidouillage de pelloche, cet ancien associé de Joseph Lai devenu concurrent (ou associé/prête-nom se faisant passer pour un concurrent ? Nous ne le saurons jamais vraiment) porte la responsabilité de certains chefs-d’œuvre du Z dont le plus abouti est sans doute « Clash of the Ninjas » et le plus débile est très certainement « Robo Vampire ». Général à la tête d’une armée de fantômes (puisque TOUS les noms aux génériques de ses films ne sont jamais que de vils et vains pseudonymes), Tomas Tang évoluait dans le domaine de l’obscur et du poisseux, à la limite du cinéma clandestin. Sans atteindre la démence de ses pires productions, « Bad Ninjas » fait honneur à son titre à tous les degrés. Mais le film a un avantage décisif sur une bonne partie du catalogue Filmark : l’arnaque y est moindre. Ne partez pas, il s’agit bel et bien d’un honteux mélange de métrages, un film asiatique étant mixé à gros traits avec des scènes occidentales, avec une couche de doublage tout pourri pour faire croire à une histoire unique. De ce point de vue, l’ordre règne et les traditions sont respectées. Alors où est l’embrouille ? S’agirait-il d’un bon film ? Heureusement non. Il convient cependant de savoir que le film thaïlandais mélangé aux scènes avec Stuart Smith comporte LUI aussi quelques scènes de ninja. Vous n’aurez donc pas, vendu sous l’étiquette « ninja », un vague polar d’arts martiaux mélangé à des scènes ninjesques, mais bien du ninja à tous les étages. Un peu comme un chocolat vendu sous l’étiquette « suisse » mais qui serait en fait un mélange de chocolat suisse et belge : la tromperie est toujours patente, mais moins flagrante que si c’était mélangé à du nougat.


La VHS américaine


La scène de téléphone, stratagème ultra-classique pour faire communiquer les personnages des deux moitiés de film.



Comme tout bon bis craspec, le film commence cash par une scène de violence et de mutilation : Richie, inspecteur de police, est agressé par trois sbires qui lui coupent l’avant-bras à la scie à bois. Mais notre héros ne reste pas longtemps handicapé, car un savant de ses amis lui confectionne une « main magique » constituée d’un alliage d’uranium et de titane : devenu le cyborg cop de Bangkok, Richie repart en guerre contre les Ninjas du Soleil Rouge, responsables de sa mutilation.




Vous noterez qu'ils lui coupent l'avant-bras, mais que seule sa main est ensuite remplacée.



Le clan du Soleil Rouge intervient tout d’abord dans l’autre moitié du film : dirigés par un gangster à panama qui joue effroyablement mal, l’ « organisation illégale » (mais y a-t-il une organisation de ninjas légale ?) a cependant fort à faire, puisqu’à l’autre bout de la ville, le gentil ninja Stuart Smith, en teinture blonde et maillot de corps de tapette, se prépare à venir croiser le fer avec eux. Suivant la logique des films 2 en 1, c’est donc parallèlement que Richie le super-flic avec sa main magique bionique en titane électrique et Stuart le gay ninja en costume bleu azur vont mener leur mission en se passant des coups de fil de temps en temps.



Le Parrain.




Stuart le petit scarabée et son vénéré maître.



Comme il a été dit plus haut, le film assure un minimum de cohérence en ce que les méchants du film thaïlandais comptent plusieurs sbires ninjas, lesquels se battent à peu près comme dans la partie réalisée par « Bruce Lambert », disparitions-téléportations et usages de bombinettes à fumée comprises. Le film y gagne en rigolade, mais également en logique apparente. Apparente seulement, car la confusion la plus enivrante règne sur une intrigue biscornue et giboyeuse : les personnages apparaissent et disparaissent, se multiplient et s’écharpent dans un pataquès complet, rendu d’autant plus sensible que les séquences d’exposition du film thaïlandais semblent avoir été zappées.


Des combats d'arts martiaux avec des baffes de fillette !




Des bombinettes à fumée !




Une méchante qui hypnotise le héros sans que ça serve à rien dans l'histoire, puis qui devient gentille en cinq minutes sans raison apparente !


De la violence bien hargneuse ! (crack, les cervicales de la nana !)


Drame du chômage : Kong Do, alias Donald Kong, ancien méchant de service de la Shaw Brothers, réduit à jouer dans du Tomas Tang (et même pas crédité au générique) !



Complètement furieux et ultra-violent dans la plus pure tradition thaï, « Bad Ninjas » enchaîne les bastons avec une quasi-absence de temps morts à côté d'autres combats, mal réglés eux, aux coups mollassons ratant les adversaires d’un bon kilomètre, les bruitages explosifs venant faire passer de petite gifles pour des beignes titanesques. De son côté, Stuart Smith promène son impayable allure de gandin de chez Castel au milieu de combats de ninjas avec forces bombinettes, multipliant les transformations grotesques, les roulades et les flip-flaps dans un enthousiasme désarmant. Bien que Stuart Smith se montre plus sobre qu’à l’accoutumée, le caractère hautement hilarant de cet improbable godelureau branché sur du 220 se trouve encore renforcé par sa coiffure qui lui donne une allure de chanteur New-wave sur le retour.






Crack !

Zap !



Il convient au passage de ne pas oublier les super-pouvoirs de la main bionique de Richie, qui explose les méchants en deux mandales quand il ne les électrocute pas à grands renforts de mauvais effets spéciaux. Sans atteindre le même niveau de n’importe quoi que les scènes ninjesques, la partie thaïlandaise assure un quota de frénésie tout à fait appréciable. Alternant scènes d’action « normales » bien qu’assez violentes et moments de pure ringardise louftingue, « Bad Ninjas » assure le spectacle sans faillir. Parfois un peu sage pour un Tomas Tang, l’œuvre reste en deçà du niveau de sommets du genre comme « Clash of the Ninjas » ou « Ninja Terminator », mais ne dépare pas dans la fabuleuse galerie des ninjas. Nous avons même droit à un gag final à base de bombinettes, qui nous laisse entrevoir la possibilité d’une forme d’auto-dérision chez les auteurs. De là à croire que Tomas Tang et ses sbires possédaient un cerveau en état de marche et étaient conscients de ce qu’ils faisaient, il n’y a qu’un pas que nous nous garderons bien de franchir : ce serait trop décevant.


La VHS hollandaise avec V.O. anglaise et sous-titres néerlandais.


Stuart Smith, c'est vraiment le plus fort !


- Nikita -
Moyenne : 2.11 / 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
2/ 5
LeRôdeur
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Malgré trois éditions VHS, ce film n’a pas bénéficié à notre connaissance d’un transfert en DVD en bonne et due forme. Il ne reste plus qu’à espérer tomber sur une copie soldée en bon état chez "American vidéo" ou "Scherzo" sous son nom de "Bad Ninjas". La dernière de ces éditions, celle de "Magical Moment", porte le titre de "Golden Invasion" certes plus proche de son titre original, mais bien fantaisiste quand même au vu de ce qui se passe à l'écran.

Pour les distraits, attention à ne pas le confondre avec un autre film chinois, « Bad Ninjas wear gold » (1977).