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Lambada

(1ère publication de cette chronique : 2009)
Lambada

Titre original : Lambada

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Joel Silberg

Année : 1990

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h24

Genre : Lumbago

Acteurs principaux :J. Eddie Peck, Melora Hardin, Adolfo ''Shabba Doo'' Quinones, Ricky Paull Goldin

Wallflowers
NOTE
3/ 5

La Lambada est LA danse musicale des années 90. Ceux qui sont assez vieux pour s'en souvenir (et ceux qui aimaient danser des trucs faussement langoureux en se pétant le bas du dos) se remémoreront sans difficulté la mélodie, à l'époque véritable hymne de la marque Orangina.


Et dire que maintenant, on danse sur cette zique dans les mariages de tonton Francis.

Pour la petite histoire, la Lambada est en fait le nom d'une chanson (enfin une reprise en fait) chantée en 1989 par le groupe Kaoma. Méga hit international (plus de 15 millions d'exemplaires vendus) véhiculant plus de clichés qu'un clip de rap tourné par MTV, l'aspect exotique de la chose évoque immanquablement la torride sensualité de danses endiablées sur le sable de Copacabana et les chaudes couleurs des favelas d'Amérique du Sud où les plus jeunes et les plus démunis vivent dans la générosité du temps présent. Cet exotisme cheap formaté pour les masses bêlantes font de la lambada le candidat idéal pour une catégorie de chansons qui s'est malheureusement perpétuée jusqu'à aujourd'hui : l'infâme et inévitable tube de l'été, concept marketing par excellence qui se doit de reprendre peu ou prou le même cahier des charges, inchangé depuis la fin des années 1980 (qu'on se souvienne des Carrapicho, autre groupe brésilien pratiquant une boï bumba promue de façon tonitruante par France 2/Cap Tea en 1996, le service public s'efforçant de remporter un succès analogue à celui de TF1/Orangina en 1989 avec la Lambada).


Les danses de riches d'un côté, des pauvres de l'autre... ce monde est injuste, il nous faut un héros pour concilier les peuples autour d'une boisson qui fait roter.

Ce que l'on sait moins, c'est que la Lambada fut un tel succès dans le monde entier que même les producteurs de cinéma décidèrent de profiter de la manne en produisant leurs propres films musicaux cheaps estampillés « Lambada », avec un enrobage brésilien/hispanique le plus voyant possible. Le pitch rappelant en substance les ficelles du clip et de la chanson : danse langoureuse, amour impossible, dimension sociale. Bref un Dirty Dancing mais le côté Tapas et Mojito en plus...


La Lambada, c'est excellent, mangez-en !

Le film en question (dont la réputation de nanar ainsi que sa rareté souffle sur nos nuques ses brûlantes promesses depuis des années) possède un homonyme intitulé "Lambada, la danse interdite", dont l'histoire n'a rien à voir. Sortie en salles le même jour, la version de Greydon Clark (également réalisateur du Clandestin) sera contrainte de retirer le mot « Lambada » de son titre aux Etats-Unis. Pensant avoir sous nos yeux la VHS de ce dernier, nous regardons en fait : "Lambada, Set the Night on Fire" de Joel Silberg. La situation est encore plus drôle lorsque l'on sait que Yoram Globus a produit l'un et Menahem Golan l'autre.


"Lambada, la danse interdite" ("The Forbidden Dance" alias "Lambada, the Forbidden Dance") de Greydon Clark, l'autre film de lambadaploitation, produit lui par Menahem Golan.

Au début des années 90, les deux cousins fondateurs de la Cannon sont en effet au bord de la banqueroute, et se séparent alors avec pertes et fracas. Toutefois, avant de rompre leur association ils travaillaient entre autres sur un projet de film musical profitant de l'engouement pour la Lambada. Chacun tente alors de sortir son film de lambadaploitation pour prendre l'autre de vitesse. Globus, qui a déposé le nom le premier pour une exploitation ciné, prend l'avantage. Les deux films sont tournés dans l'urgence pour sortir le plus vite possible, histoire de griller la politesse à l'autre. Résultat des courses : deux fours. Léger avantage pour Globus avec 4 millions de dollars de recettes contre 2 seulement pour Golan. Bien loin du jackpot initialement espéré en tout cas... (Renseignements pris sur le savoureux "Encyclopédie du cinéma ringard" de François Kahn.)
Même titre mais histoire différente. Arnaque au nanar ? Pas forcément. Car ce film nous permet d'aborder en ces pages une nouvelle catégorie aussi drôle que vaine : le film de danse de Mathématiques. Et oui.


Adolfo "Shabba Doo" Quinones, chorégraphe et acteur du film (enfin il est surtout chorégraphe en réalité).

Commençons par développer l'histoire. Ami(e)s des clichés, préparez-vous à passer l'un des meilleurs moment de votre vie car ce film en regorge autant que du sébum sur une peau d'ado.
Kevin Laird est prof de maths. Ses cours passionnent les élèves, surtout les filles car elles voient à travers son pantalon côtelé qu'il possède des fesses aussi fermes que mes coudes. Mais Kevin cache en réalité un lourd secret. Le soir, il enlève son pantalon pour mettre un futal en cuir et aussi un débardeur noir. Il change de coupe de cheveux, se met une boucle d'oreille et va danser dans la boîte la plus chaude du quartier le plus chaud de la banlieue la plus hot de Los Angeles… jusqu'au jour où une de ses élèves le croise dans cette boîte en train de danser… LA LAMBADA.


- Waouw ! Mais c'est quoi cette danse ?
- C'est... la... LAMBADA !!

Stop.
L'histoire aurait-pu s'arrêter là. Mais une mise au point s'impose. Déjà, oubliez la Lambada, la musique du film n'est pas celle que l'on connaît tous. Ca ressemble plus à de la mauvaise pop des années 80 sur laquelle on rajoute le mot « Lambada » à la fin de chaque couplet. Par ailleurs on n'en parle qu'une fois dans le film, histoire de justifier le titre et ensuite hop ! Plus rien. [NDLR : en fait, si le film produit par Yoram Globus et qui nous intéresse ici avait le droit d'utiliser le mot "Lambada" comme titre, c'est en revanche le film produit par Menahem Golan, "The Forbidden Dance", qui avait acquis le premier les droits sur la musique du groupe Kaoma et pouvait donc l'utiliser !]

Mais n'oubliez pas seulement la Lambada, oubliez aussi tout le côté musical dans son intégralité. Car le film prend en réalité sa dimension sociale (dimension toute relative, croyez-moi) lorsqu'on apprend qu'entre deux danses à 3 heures du matin, Kevin va dans le sous-sol de la boîte enseigner aux jeunes défavorisés (qui apparemment peuvent quand même se payer l'entrée d'une boîte de nuit tous les soirs) rien d'autre que… les mathématiques.


Notre héros : Matheux relou le jour, Danseur marlou la nuit

Lambada étant un film qui étale ses connaissances en math autant que ses plans caméra ineptes (consistant à filmer des ados en train de danser n'importe comment sur du n'importe quoi), je peux vous dire que les amoureux de la géométrie risquent de mourir de rire.


L'arme de défense du matheux dans un bar mal famé ? Le rapporteur.

Car en plus d'être inepte au niveau de la dimension musicale du film, Lambada percute le fond de la bêtise gnan-gnan quand il veut toucher à des films comme le "Cercle des poètes disparus" avec ses cours de trigonométrie farfelus. Jake est un mec qui se veut cool (il se fait appeler « Blade » dans la boîte de nuit) et se voit donc enseigner les maths de jour comme de nuit, d'une façon hyper fascinante pour que jeunes oisifs de Beverly Hills ET Latinos des bas-quartiers réussissent plus tard dans la vie.

FANTASME D'ADOLESCENTE ET DANSE LANGOUREUSE

Si l'on s'attarde un peu sur l'emploi du temps du bonhomme et en reprenant les différentes situations vues dans le film, ça fait quand même une activité digne d'un présentateur télé sous cocaïne. Prenons une date au hasard… le lundi 7 avril par exemple :
- 6h30 : Heure du lever.
- 8h00 : Début des cours au lycée. Les Mathématiques, c'est fantastique.
- 12h00 : Pause repas (entretien des abdos-fessiers en faisant des flexions sur le bord du bureau).
- 13h00 : Reprise des cours.
- 16h30 : Fin des cours (écoute des derniers tubes salsa dans la voiture sur le chemin du retour, pour se tenir au courant des ultimes tendances du moment).
- 18h45 : Repas hyper protéiné + obligations familiales (tâches ménagères avec sa femme, jeux vidéo avec son fils, tonte de la pelouse).
- 22h00 : Départ pour la boîte de nuit.
- 22h30 : Danse non-stop de la Lambada avec des jeunes gens qui portent des bandanas fluo.
- 0h00 : Cours de mathématiques avec ces mêmes jeunes qui sont tout contents d'apprendre des logarithmes népériens à une heure où les gens normaux dorment ou, à la rigueur, sirotent une tisane en pantoufles.
- 1h30 : Retour à la maison.
- 2h00 : Voit en allant se coucher que non seulement sa femme ne dort pas mais qu'en plus elle a allumé un feu de cheminée.
- 2h10 : Remplissage d'une (différente) obligation familiale.
- 3h00 : Après un coït de braise sur fond saxophone langoureusement pleurnichard, le professeur de danse mathématique peut enfin dormir... jusqu'à 6h00 demain. Sa vie est crevante mais il aime ça. Après tout ça aurait pu être pire : il aurait pu devenir prof d'Histoire-Géographie du côté de Grenoble.
Qu'on ne lui vienne plus lui parler de l'Education Nationale après ça.


Chéri, j'ai fait un feu de cheminée et on n'est pas en hiver... ça te dit de faire l'amour ?



Heu... je suis prof moi... ça te dit pas d'attendre les vacances de Pâques plutôt?

On s'esclaffera par la même occasion sur les théorèmes foireux à base de termes pompeux, dont les explications ont autant de sens que de la neige en Australie... surtout quand il commence à vouloir tout vulgariser : "les angles complémentaires sont comme les deux partenaires d'une danse, quand vous connaissez l'un, vous connaissez l'autre". Tout y passe, le système de coordonnées rectangulaires, le principe de distorsion des masses etc. RIEN n'est cohérent mais on s'en fout car quand on est un spectateur lambda de Lambada, on a généralement arrêté l'école à 12 ans et les principales questions existentielles qu'on se pose c'est "Quel parfum de chewing-gum n'ai-je pas encore goûté dans ma vie ?" ou bien "Est-ce que la lumière du frigo s'éteint vraiment quand je ferme la porte ?". Que les plus scientifiques d'entre vous se rassurent également, même Mayonne (architecte du site Nanarland, mais aussi détenteur d'un doctorat en Sciences) plissait les yeux d'un air circonspect quand Jake expliquait sa théorie des sinus.

PRENDS-EN DE LA GRAINE HIGH-SCHOOL MUSICAL !!

Les scénaristes étant sans doute fils de photographes, ils profitèrent donc de l'occasion pour augmenter la liste des clichés du film. Ainsi on apprendra que Jake est en réalité un Chicano orphelin, recueilli par des gens riches qui lui ont ainsi permis d'avoir une étonnante double identité : danseur bouillonnant et matheux passionnant (c'est reconnu aux Etats-Unis, les Hispaniques ne sont bons qu'en danse et les Blancs sont tous comptables). Il sera menacé d'être viré à cause de ses méthodes hors-normes. On assistera au climax du film par un concours de math (mon Dieu comment Michael Bay n'y a encore jamais pensé ?) entre les enfants riches et les gosses des quartiers pauvres. Je vous laisse deviner qui gagnera et si oui ou non tout le monde finit par faire la paix en dansant ensemble sur une musique désespérante au milieu de la salle du concours.


Rien de tel qu'un concours de math pour canaliser la violence des jeunes.

Nanar sirupeux comme on n'ose guère plus en faire de nos jours (les récentes productions ciné-musicales, de Disney notamment, ont depuis donné un sérieux coup de jeune au concept), Lambada saura vous faire revivre les passionnantes aventures de votre adolescence du début des années 90. L'époque où vous regardiez la série "Les années collège" dans l'émission Giga sur Antenne 2, tout en mangeant des Raiders, des yaourts Chambourcy et en jouant à votre Game-Boy. Mais je suis certain que déjà à l'époque, vous vous foutiez des mathématiques.


Exclusif : Docteur Alban était blanc !

Pour approfondir vos connaissances sur ce passionnant sujet, nous vous invitons à lire notre interview de Greydon Clark, qui a réalisé « l’autre » film sur la Lambada, « The Forbidden Dance », produit par Menahem Golan, et revient longuement sur la rivalité entre les cousins autour de ce concept. On dit « l’autre » film mais en réalité, entre 1989 et 1991, il y a aussi eu un « lambada-movie » italien, un turc et un brésilien !

- Wallflowers -
Moyenne : 2.75 / 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
Labroche
NOTE
3.5/ 5
Mayonne
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
MGM ayant recyclé tout le catalogue Cannon, on peut désormais arrêter de traquer les vieilles VHS "Delta Vidéo" et trouver en ligne le Zone 2 européen avec des pistes anglaises, françaises, allemandes et espagnoles (mais comme d'hab' chez MGM, pas la queue d'un bonus). Si vous risquez de galérer un peu pour le trouver dans votre FNAC la plus proche, vous pouvez le commander en ligne pour moins de 15 euros un peu partout.


Celui là c'est le DVD zone 1, le zone 2 est tout pareil sauf l'accroche qui se la joue et ça, ça aurait été dommage de s'en priver.


Le Blu-ray, au visuel similaire, est sorti aussi mais ne contient que les versions anglaises et allemandes.
Attention à ne pas confondre avec l'autre film sur la Lambada, "The Forbidden Dance", produit par Yoram Globus.

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