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Mac et moi

(1ère publication de cette chronique : 2008)
Mac et moi

Titre original : Mac et moi

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Stewart Raffill

Année : 1988

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h35

Genre : Big Mac et Coca pour tous !

Acteurs principaux :Christine Ebersole, Jonathan Ward, Tina Caspary, Lauren Stanley, Jade Calegory, Vinnie Torrente

Kobal
NOTE
3.5/ 5


Les comédies familiales planquées dans la Catégorie Enfants de Nanarland ont de quoi faire peur. Qui, parmi nous, n'a pas connu dans sa jeunesse ces longs moments insupportables passés devant l'écran à regarder une horreur dégoulinante d'émotions frelatées, tout ça parce qu'il n'y avait rien d'autre à la téloche qu'un énième épisode d'Arabesque ? C'était souvent très mauvais, ça nous renvoyait une image de petites n'enfants tout gentils qu'on n'avait pas envie d'être, ça débordait de bons sentiments niais et écœurants alors que nous, on n'avait qu'un souhait, c'était de voir de l'action, de la violence, voire de l'érotisme, bref tout ce qui nous était interdit. Alors maintenant qu'on est devenu grand et qu'on peut enfin décider de ce qu'on va regarder, pourquoi se replonger dans ces mauvais souvenirs ? On a payé notre dû, ça suffit !

Je peux comprendre ça. Mais là, on est devant un gros morceau. Le genre de truc qui nous aurait sûrement déjà fait tiquer lorsqu'on avait 10 ans.

Deux visuels japonais du film.


Les producteurs sans scrupules, on connait ça sur Nanarland. Faire du blé sur le dos de nos petites têtes blondes en pondant des bouses, c'est pas nouveau. Plagier honteusement les classiques hollywoodiens afin de berner la brave mère de famille qui cherche à faire plaisir à ses chiards tout en rognant sur la dépense, quoi de plus habituel ? Mais certains ont apparemment décidé de remporter le titre du plus vil en mettant toutes ces arnaques au service de grandes marques qui ont fort envie de disposer de temps de cerveaux en formation, bien conscients que les chairs neuronales jeunes sont plus malléables et impressionnables que les méduses cérébrales gélatineuses de leurs aînés, déjà bien ensuquées par la télévision.

La victime du jour, c'est E.T. Mais si vous savez, la petite créature de l'espace qui a des problèmes de ligne téléphonique et qui souffre d'un panaris lumineux au doigt. Non, pas la crotte qui pète ! Ça, c'est Badi. Nooon, celui qui a un rhume, c'est Nukie ! Enfin quoi, le laryngitique chronique qui était prof de lettres dans sa jeunesse... C'est bon, vous le remettez ? Et bien cette attendrissante créature créée par Spielberg n'a que trop rameuté de spectateurs dans les salles obscures pour ne pas être exploitée malgré elle par l'intermédiaire de copies douteuses. Cette copie douteuse particulière dont je tiens à vous parler aujourd'hui, c'est une petite horreur informe nommée Mac. Un nom pas si innocent, mais nous allons y revenir.


Et voilà la star !


Le même en version guimauve qu'on étire.


Bon, quelle approche les scénaristes ont-ils décidé d'employer pour justifier cette amitié intergalactique ? Rien que de très banal : une sonde de la NASA se pose sur une planète indéterminée (Saturne, selon la jaquette qui n'est pas à une aberration astronomique près), à la recherche de petits bouts de cailloux ramassés à l'aide d'une sorte de pelle. Mais comme ses ingénieurs sont facétieux et sont à la page en matière de tâches ménagères, ils ont aussi équipé l'engin d'un aspirateur, détail qui va rapidement avoir son importance. En effet, une famille d'extra-terrestres intrigués par cette arrivée décident de venir voir ce qui ruine leur gazon de caillasses et commencent à titiller la belle machine qui réagit alors par des bip bip outrés (gag !) et se décide à les aspirer, hop, retour au bercail terrestre.


L'arrogance de la NASA assimile les ET à des moutons de poussière.


Je m'arrête tout de suite dans ce passionnant récit pour d'emblée préciser un atout nanar qui agresse immédiatement les yeux du spectateur : les extra-terrestres sont purement ignobles. Le visage déformé comme si leur plastique facial avait fondu, conservant une bouche en cul de poule, le regard perpétuellement halluciné, des tétons desséchés sur le crâne (organes sexuels semblerait-il), c'est le carnaval d'un ridicule légèrement effrayant. C'est bien simple, il est impossible de désigner lequel est le plus horriblement laid ; après plusieurs visionnages, je confesse avoir un petit faible pour la fillette au rétrognathisme fascinant de répulsion.


C'est-y pas effrayant ça ?




La petite fille extra-terrestre qui renvoie dans son puits Sadako et consorts.


Et comme leur aspect physique n'était apparemment pas suffisamment infâme au goût de leurs créateurs, leur animation est dans la droite ligne de leur monstruosité : dans ce domaine, le papa est un champion, on a l'impression qu'on a remplacé ses articulations par des élastiques, ce qui lui donne une démarche grand-guinolesque qui ferait frémir d'envie une marionnette à ficelles. Il y a de quoi se demander comment de tels êtres pourraient bien faire ressentir une quelconque empathie, même pour les n'enfants. Et le meilleur, c'est qu'on ne s'habitue jamais de tout le film à ces aliens catastrophiques qui font passer ET pour un canon de beauté.

 




Mac arrive à ressembler à un croisement entre Yoda et Abe, version caoutchouc brûlé.


Je ne m'habituerai décidément jamais à celle-là.


Bref, pour en revenir quand même au scénario : revenus sur Terre, nos p'tits hommes gris s'échappent de la base de la NASA dans un grand moment de capharnaüm à base de fumée. Malheureusement, le petit Mac est séparé de sa famille qui se retrouve, on ne sait comment, dans la Vallée de la Mort, errant comme des Somaliens en quête d'eau potable, vêtus de misérables bâches en plastique. Mac est projeté quant à lui en plein trafic routier, provoquant un accident assurément mortel dans la vraie vie mais qui se révèle ici sans trop de conséquences (ouf, merci la comédie familiale). Après quelques effets spéciaux particulièrement mauvais, il finit par atterrir dans le 4X4 de notre chère famille principale dont on pressent rapidement l'énorme intérêt émotionnel. Et c'est là tout l'art du ciné calibré ricain qui permet à son spectateur de tout comprendre d'une complexe situation familiale en quelques secondes : Janet, mère veuve, moderne, dynamique et prête à tout pour ses enfants, Michael, le grand frère aidant, chamailleur mais sympa, avec des hormones mâles qui commencent à signaler leur existence, et le meilleur, celui qui vous tirera des larmes de compassion, sortez les mouchoirs, Eric, le petit frère handicapé qui ne se laisse pas abattre par la vie, candide mais débrouillard avec son visage d'emballage Kinder. Et ce modèle familial des temps nouveaux d'affronter l'adversité représentée par un déménagement en Californie, sans se douter que leur coffre contient un chiard de l'espace.


Il est décrit dans le film comme "une omelette avec des yeux" !


Eric, cyniquement qualifié dans le résumé de la VHS française de "jeune garçon plein de dynamisme".


Inutile d'en dire plus, astucieux lecteurs, vous avez probablement deviné la suite : Mac fait des conneries, se fait tauper par Eric que personne ne croit, puis devient ami avec lui, ce qui les entraîne dans les aventures les plus folles, surtout que la CIA (ou un autre pseudo-organisme gouvernemental alors peu apprécié par la population) est à leur recherche. Du classique quoi. Sauf que là, je vous rappelle que c'est d'un nanar dont il s'agit, ce qui sous-entend que nombres de passages vont vous surprendre et vous faire rire. Bah ouais, pour Mac, faire des conneries, ça veut dire entre autres ruiner la nouvelle maison en la transformant en jardin botanique, détruire les murs à la perceuse sans se soucier de savoir si la mèche ne risque pas de perforer le crâne d'Eric situé de l'autre côté de la cloison ou bien ravager la porte d'entrée à la scie circulaire. Et quand notre valeureux gamin en fauteuil roulant part à la poursuite du fauteur de trouble, c'est pour mieux se retrouver à dévaler la pente du jardin qui donne droit sur un précipice de 15 mètres, avec chute ordinairement dévastatrice à la clé (oui mais encore une fois, comédie familiale, donc pas de bobo).




Mac découvre la fragilité du placo.


Mac, architecte d'intérieur bio.


J'en profite d'ailleurs pour m'arrêter un peu sur la prise en charge médicale qui s'ensuit, un grand classique qui m'amuse toujours autant. Alors qu'un p'tit passage aux urgences se justifierait sans problème pour bilanter un peu le môme suite à sa vertigineuse chute, le médecin se contente d'un léger examen clinique avant de refiler un sédatif à Eric tout ça parce que ce dernier parle d'une petite créature qui rôde. Aaaah, la médecine américaine décomplexée : la solution pharmacologique, la réponse à tous les problèmes.

"Mac et moi" étant un film complet, impossible d'échapper à une séquence "all we need is a montage" avec un jogging de la maman accompagné de son fiston à roulettes, circulant insouciants en plein milieu de la route, sur fond de musique 80's. Et le petit plus nanar se situe dans l'absurdité du nivellement : ainsi, durant tout le fameux footing, le terrain est en nette descente, sans jamais remonter. C'est vrai que c'est moins fatiguant comme ça.


Mac et la morve de l'espace.


Tenez, un peu d'alien immonde, ça faisait longtemps (et une pastèque, fruit nanar depuis le moyen-âge nippon).


Toutefois, tout cela n'est rien à côté du grand moment qui a permis au film de rester dans les mémoires des chanceux qui l'ont vu à l'époque. Oui, souvenez-vous, j'ai évoqué en début de chronique ces salopards qui profitent des métrages pour gamins innocents afin de leur bourrer le crâne de placements produits. Et bien "Mac et moi" ne semble avoir d'autre raison d'exister que celle de concentrer un maximum de placements produits. L'anniversaire de la petite voisine qui se déroule au McDo du coin permet de se libérer de toute retenue : dandinage du cul de notre mini-alien déguisé en nounours miteux, entrainant dans une folie rythmique délirante l'ensemble des clients du fast-food (particulièrement vaste), contenant pêle-mêle des danseuses étoiles, des cheerleaders, des joueurs de foot, et même Ronald McDonald. Tout ce petit monde bouge son body dans une chorégraphie spontanée et saute dans tous les sens, l'épidémie se répandant à une vitesse incontrôlable jusqu'aux extérieurs, rassemblant des groupes d'une bonne trentaine de personnes. Un spectacle tout bonnement hallucinant d'excès où le grumeau gris from outer space acquiert enfin son nom, au détour d'une phrase, là, comme si de rien n'était. Et d'enchaîner avec une course-poursuite tout aussi délirante nous offrant un Eric dévalant les avenues de Californie, Mac sur ses genoux comme un E.T. dans un porte-bagage de vélo, à contre-sens de la circulation dans un véritable défi "à la dégonfle", poursuivi par les vils agents gouvernementaux.





Saint-Ronald, priez pour notre salut !


Mais comme McDonald's n'est pas un sponsor jaloux, les producteurs ont aussi profité de la manne d'un célèbre fabriquant de boissons gazeuses qui s'insinue au plus profond du scénario. En effet, souffrant de leur bouche en cul de poule, Mac et sa famille sont obligés de boire par l'intermédiaire de pailles l'incontournable allié du cheeseburger, à savoir le Coca-Cola. Leur consommation effrénée et compulsive devient d'ailleurs assimilable à une véritable toxicomanie qui poussera même le paternel à agresser une jeune femme pour pouvoir se soulager (tout ça pour un pâle substitut de 7up). C'est bien simple, ils n'ingèrent rien d'autre et on assiste lors d'une morbide séquence à une véritable réanimation quasi-résurrective au Coca. On peut se demander si la marque n'a pas volontairement profité de l'allure d'Africains dénutris de nos E.T. pour rappeler l'anecdote qui veut que dans certaines situations de manque en eau potable et en soluté OMS, on ait utilisé cette boisson pour sauver les petits Noirs de la déshydratation. On verra bien ce qu'il leur adviendra lorsqu'ils développeront un space diabète dans 10 ans. Grâce à tous ces excès consuméristes, il se dégage du film une véritable ode au matérialisme et à la propriété qui amène par exemple Michael à déclarer dès la découverte de son nouveau logement : "Super, un garage pour deux voitures !!". Vous l'aurez compris, la relance de la croissance passe par le visionnage collectif de "Mac et Moi".


La réanimation au Coca, une thérapeutique d'avenir.


Un double placement produit : en effet, toutes les télés du film diffusent un épisode des Snorky's (?)


Skittles devait avoir plus de scrupules à s'afficher aussi visiblement.


C'est donc la foire au nanar qui se poursuit avec la visite d'un supermarché par nos extraterrestres déglingués en manque de sodas, l'explosion d'une station service, jusqu'à un dénouement qui frise le trash peu conventionnel avant de retomber de tout son poids dans une conclusion qui allie une totale surprise pour le spectateur à un mauvais goût des plus douteux dont seule l'Amérique a le secret. Et pas peu fiers de leur rejeton cinématographique, les responsables osent même annoncer une suite... qui ne verra (malheureusement ?) jamais le jour.

Succession tambour battant de clichés aux excès indiscutablement nanars et au marketing honteusement flagrant, "Mac et moi" n'ennuie jamais et vous promet une hilarante réconciliation avec la comédie familiale.


C'est beau de rêver.


Pour information, le film a obtenu le Razzie Award 1989 de pire réalisateur (Stewart Raffill, par ailleurs réalisateur de "Ice Pirates") et de pire nouvelle star (pauvre Ronald McDonald). Comme quoi même à l'époque, nul n'était dupe.

Addendum :

Fort de sa réputation désastreuse, Mac & Me est devenu une source de mèmes internet se moquant à la fois de ses effets spéciaux et de son caractère bassement mercantile. Il sera aussi la source d'une blague récurrente qui commencera au début des années 2000 (2004 pour être précis) et qui demeure plus de 15 ans après entre le présentateur de late show Conan O'Brien et l'acteur américain Paul Rudd. Lorsque ce dernier est invité dans les émissions du premier pour promouvoir ses films, il prend l'habitude de passer le même extrait de Mac & Me (celui où le héros tombe de la falaise - qui est en .gif dans cette chronique) à la place de l'extrait du film dont il est venu faire la promo, à la grande surprise de présentateur qui se fait avoir à chaque fois. Les raisons du choix du film ont toujours été volontairement floues. Paul Rudd avouera à demi-mots lors d'une émission radio que malgré ses horribles défauts, il avait beaucoup aimé Mac & Me pendant sa jeunesse.

Bill Hader, Paul Rudd et Conan O'Brien lors de la dernière de son émission "Conan" sur TBS en 2021.

- Kobal -
Moyenne : 2.75 / 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
1/ 5
Drexl
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.75/ 5
Wallflowers
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Mac et moi existe en VHS chez CBS Fox, en VHS américaine, en DVD zone 1, et en fouinant bien, vous pourrez le trouver dans vos bacs à soldes en DVD pirate (Prism ?) sous le titre trompeur de "Nukie et Miko" (un autre film d'alien moche).


La VHS française.


Le DVD zone 2, qui vole le titre... d'un film qui, lors de sa sortie en VHS, lui avait volé son visuel (voir plus bas). A charge de revanche.


La VHS américaine.


Le DVD zone 1.



Et le meilleur pour la fin : le jeu des 7 erreurs entre ce visuel de Mac and Me, et celui de la VHS de "Nukie et Miko".


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