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Joshua and the Promised Land

(1ère publication de cette chronique : 2018)
Joshua and the Promised Land

Titre original : Joshua and the Promised Land

Titre(s) alternatif(s) : Aucun

Réalisateur(s) : Jim Lion

Année : 2004

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 54 mn

Genre : Dieu n'y reconnaîtra pas les siens

Acteurs principaux : les voix sont assurées par la famille et les amis de Jim Lion

Rico
NOTE
3 / 5


Il n'y a qu'un seul visuel connu de ce film, celui du DVD autoproduit par l'auteur lui même.



West Hollywood, an 2000...
Une lumière divine descendit un soir du ciel et vint embraser un buisson dans le jardin du modeste pavillon de Jim Lion...
Une voix de stentor résonna dans le firmament :
"- Jim Lion, viens à moi mon enfant ! Je suis le Seigneur et j’ai une tâche de la plus haute importance à te confier. Depuis trop longtemps, le peuple se détourne de Ma parole. Mon message doit de nouveau illuminer la jeunesse de ce pays et c’est le noble fardeau que je te confie. Bâtis-moi une église où viendront mes brebis qui…
- Ô Seigneur, je n’ai jamais vraiment été très bon en architecture vous savez, vous voyez la niche du chien ben, c’est moi qui l’ai faite et… soyons honnête c’est pas vraiment d’équerre et ça m’a valu une dizaine de points de suture avec la scie circulaire…
- Ah ouais, pauvre bête... Bon alors bâtis-moi une arche...
- Heu seigneur… je vous l’ai dit je ne suis pas super bon en menuiserie en fait...
- OK OK… Ecrit un livre qui…
- Oui alors là, vous savez, j’essaye en ce moment d’en placer à compte d’auteur sur Amazon parce que tous les éditeurs me les refusent et ça n'a pas vraiment décollé vous savez…
- Bon, tu sais faire quoi en fait alors ?
- Ben j’ai acheté un PC d'occase et je me suis remis à Paint, on avait eu une formation en techno au collège...
- Mouais, ben on va faire avec... Alors tu me feras un long-métrage d'animation qui mettra en valeur les plus beaux moments de la Bible, pour redonner l'espoir et la foi dans le cœur des enfants !
- Préfèreriez pas un économiseur d'écran plutôt ? Ça me paraît plus dans mes cordes...
- Un dessin animé te dis-je ! Ne suis-je pas l'Eternel..."


Franchement sur Nanarland, on explore des trucs vous avez pas idée… Et dans le domaine de l’animation, on pensait avoir à peu près touché le fond en matière de laideur avec les proto "Disney" des Allemands de "Dingo Production", ou les faux "Pixar" façon Ratanouilles des Brésiliens de chez "Vidéo Brinquedo". Mais non, il reste encore des surprises, il y a encore des découvertes à faire… Vous saviez que "The Asylum" s'est aussi lancé dans le mockbuster d'animation ? On en reparlera un jour peut-être...


On en a vraiment vu des horreurs...


En vieux mécréants blasés que nous sommes, on ne s’était pas trop penchés sur les dessins animés évangélico-éducatifs américains, un genre vraiment pas touché par la grâce, soyons honnêtes.
Joshua and the Promised Land est l'enfant malade de Jim Lion, une oeuvre que cet homme passionné (ça on ne pourra jamais lui enlever) a bricolé tout seul sur son ordi dans son coin pendant 4 ans, et fait doubler par sa famille et ses amis. Un projet qui devait lui servir de carte de visite pour débouler dans le monde de l'animation et, soyons fous, rivaliser avec "Pixar" et "Dreamworks". Il réussit à le vendre à une chaîne évangélique qui, visiblement, tailla dedans pour que cela fasse moins d'une heure pubs comprises, puis le proposa à compte d'auteur en DVD artisanal…




Le film de Jim Lion où le héros est... un lion. Belle mise en abîme.


Un film qui aurait dû rester inconnu s'il n'avait été fortuitement redécouvert, via des extraits postés par une poignée d'inconscients qui étaient tombés sur le DVD au détour d'une brocante, et qui firent les beaux jours de quelques youtubers américains (dont Saberspark, spécialisé dans les dessins animés).

Nous faisons donc la connaissance de Joshua, lionceau rose hyperactif qui joue avec une épée dans la maison. Son père est un crétin colérique plus préoccupé par le fait de faire des virées en voiture avec ses potes que de subvenir aux besoins de sa famille. Ce qui rend maman lionne plutôt chafouine puisqu'elle a tendance à son tour à rembarrer brutalement le petit Joshua quand celui-ci joue son rôle de gamin énervant standard. Tristesse de la société moderne déshumanisée.




Drame social version 2.0.


Une panthère mauve à nœud pap jaillit soudain de nulle part pour jouer les narrateurs et nous expliquer d'un ton faussement détaché les évidences que nous voyons nous mêmes à l'écran. Hey, rangez toute subtilité, c'est un cours d'histoire biblique ici. On s'adresse à des enfants alors il faut bien leur expliquer au tractopelle les tenants et les aboutissants de ce que l'on voit à l'image.




Bonjour, je suis la Panthère Rose en fin de carrière, et j'ai accepté de porter une perruque et d'incarner un enfant dans ce film pour rester propre et digne...


Dieu, ne pouvant décemment pas laisser le pauvre Joshua dans sa détresse familiale, envoie un ange gardien nommé Chris pour téléporter le gamin qui déprime en pleine période biblique, au moment de la fuite d’Egypte. Un ange gardien qui se comporte d'ailleurs comme un beau connard autoritaire avec le lionceau en question : à chaque fois que Joshua pose un peu trop de questions sur ce qui se passe ou sur la finalité des plans de Dieu, Chris fait mine de le fracasser sur une pyramide ou de le lâcher en plein vol dans les airs pour lui rappeler qui c'est le patron: "With God, a no is a no capisce !"




Bonjour, je suis Chris, ton ange gardien...



RESPECT GOD'S AUTHORITY !!!


Côté valeurs chrétiennes, on est dans la version Ancien Testament strong style. Dieu c’est pas un marrant, et si pour accomplir Sa volonté il faut massacrer quelques milliers de personnes ou raser une ville, et bien ma foi pas de remords car c’est des méchants et c’est pour la bonne cause. L'amour de Dieu c'est bien, la peur de Dieu c'est mieux !


Je sais pas vous mais moi j'ai toujours trouvé plus rassurant que Dieu au cinéma soit incarné par Morgan Freeman (ou Alanis Morissette) plutôt que par un gigantesque mur de flammes qui crame tout sur son passage...



Non, ce ne sont pas des zombies, ce sont les Hébreux.







Le passage de la Mer Rouge et l'engloutissement des troupes du Pharaon. Oui, c'est un film pour enfants.


Plutôt que de revenir en détail sur toutes les atrocités de l'animation, nous laisserons les images de cette chronique montrer l'étendue des dégâts. Celles-ci sont à peine dignes d’un économiseur d’écran Windows 95 et même pour 2004, le rendu est atroce. 2004 c'est Les Indestructibles, c'est Shrek 2 ! Bon c'est Gang de requins aussi... Mais qu'importe, même en amateur, tu n'essayes pas de vendre un film aussi pauvre et laid que cela, comme si c'était une super production biblique. Surtout quand tu te lances dans des batailles épiques à la Seigneur des Anneaux !


Je sais... Le terme exact pour définir ça est pathépique...


Les images de cette chronique parlent d'elles-mêmes. Les tailles et les proportions des personnages ne sont jamais respectées. De plus, certains peuvent carrément changer de couleur d’un plan à l’autre, les textures sont réduites au minimum vital et l'ensemble fait absolument pitié. Pour couronner le tout, avec la pauvreté de l'animation, le visage des personnages demeure souvent comme figé dans la cire et bouge à peine, rajoutant une sensation supplémentaire d'étrangeté à une synchro des voix déjà calamiteuse, celle-ci ayant été faite par la famille et les proches de Jim Lion. La musique est une bouillie pseudo épique au synthé avec parfois de vagues relents de Titanic. Les bruitages souvent sur-mixés par rapport aux dialogues sont parfois faits à la bouche, comme dans le cas de la Mer Rouge qui se retire avec force glou glou...




Ah grr grr... Je suis le pharaon et je suis très méchant !


L'histoire incohère gaillardement (oui, du verbe "incohérer", moi aussi j'en n'ai plus rien à foutre de la logique). Le jeune Joshua, 10 ans aux prunes à tout casser, est incarné sans prévenir par Chris dans le corps de son homologue de l'antiquité, un tout jeune guerrier qui se retrouve à la tête de l'armée des Hébreux et part massacrer Egyptiens ou Cananéens comme si c'était ce qu'il y avait de plus naturel.




La prise de Jericho grâce à l'arche d'Alliance...


Même les Cananéens n'y croient pas ...






Jusqu'à ce que Dieu envoie ses anges raser la ville et exterminer ses habitants jusqu'au dernier.


Rien ne vaut un bon massacre pour apprendre le Bien aux enfants.


Le fond est au même niveau que la forme puisque personnages, situations et dialogues laissent souvent perplexes. Comme le dit le narrateur pourpre d'une voix détachée : "D’après la Bible, Moïse, c’est le gars que Dieu a choisi pour faire ses miracles et mener les esclaves à la liberté. Il est l’un des gentils". Certaines situations sont remplies de double sens qu’on espère non intentionnels, comme lorsque Moïse se rapproche de façon insistante d'un Joshua qui a été incarné en jeune guerrier musclé.
"- Joshua, je voudrais que tu installes ta tente près de la mienne, je veux que tu sois près de moi tout le temps.
- Euh (air gêné) je ne peux pas faire ça...
- Comme tu veux.
- Je ne peut pas parce que… je n’ai pas de tente.
- Oh pas de problème... je vais te donner une tente..."




Moïse est de loin le personnage le plus flippant du film.


La trajectoire de Jim Lion est des plus curieuses, si l'on en croit les quelques biographies traînant sur le net, que ce dernier a d'ailleurs lui même pas mal enjolivées. Il aurait commencé par apprendre l'animation en autodidacte dans les années 90, avant de bosser près de dix ans chez Disney. Le tout pour ouvrir une boîte vendant des économiseurs d'écran au début des années 2000 et passer 4 ans à faire son Joshua dans son coin. Il disparaît après cela pour participer presque 7 ans plus tard à un autre film, Gorgeous Knight, mélange d'animation et de prises de vues réelles que nous qualifierons poliment d'expérimental au vu de la bande-annonce.



Jim Lion ne se contente pas de taquiner la palette graphique, il s'est aussi lancé depuis dans l'écriture, montant même sa propre société d'édition "Lazy Lion" pour mieux être édité. Des romans d'aventure teintés de complots mystiques à la Dan Brown (Deadline 70 A.D., The Reliquaire) qui permettent de faire bouillir la marmite en attendant mieux.


Car le vrai kif de Jimmy, ça reste quand même l'animation et, même si la littérature semble être son principal champ d'activité actuel, elle ne saurait le détourner de la vraie voie tracée par le Seigneur. Insubmersible, Jim a monté sa boite d'animation qui vous propose des projets personnalisés pour vos films d'entreprise. Son unique client pour l'instant semble être un éditeur de science-fiction et de fantasy chrétienne. Et au vu de la bande-annonce proposée sur le site professionnel qui l’héberge, son niveau de compétence reste encore… comment dire… largement perfectible.


Le combat final avec le démon... trépidant !

- Rico -

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Jim Lion propose ce film sur un DVD auto produit facilement trouvable sur Amazon. Il est zone 1 mais possède des sous-titres français et espagnols. A noter qu'il est accompagné d'un court de 14 mn, "The Freedom of Rahab", qui n'est en fait qu'une longue scène coupée du film original racontant comment une prostituée de Jericho échappe à la destruction de la ville en étant touchée par la puissance de Dieu (non par amour mais clairement par peur). Enfin 14 mn… il y a quand même presque 4 mn. de générique au début et à la fin pour faire remplissage...


Nous aussi on vous remercie les gars !


Bon et si vous cherchez un peu, le film et son bonus sont dispo sur Youtube, mais chut, on n'a rien dit...