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Transmorphers


Transmorphers

Titre original : Transmorphers

Titre(s) alternatif(s) :Robot War

Réalisateur(s) :Leigh Scott

Année : 2007

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Décalquons, à fond la morphe !

Acteurs principaux :Matt Wolf, Griff Furst, Eliza Swenson, Amy Weber

Labroche
NOTE
3/ 5



Comme aimait à l'asséner Roger Corman à ses poulains dans les années 70, "si de ton sujet on peut faire une bonne affiche, je suis d'accord pour produire ton film". La citation n'est pas exacte au mot près, mais l'idée est là : dans le monde du cinéma d'exploitation, de la série B et, par extension, du nanar, ce qui compte c'est souvent plus le pitch, le concept, que le film en lui même. Fort de cette approche du marketing, les doux dingues de la jeune société de production américaine "The Asylum" ont décidé d'aller au bout de l'idée d'exploitation : puisque nous sommes dans une société de communication, et que l'hégémonie des blockbusters est désormais établie et incontournable, autant se servir de leur force de frappe pour tirer son épingle du jeu.


Non, ce n'est pas une coquille d'un infographiste dyslexique.



Michael Bay, Dreamworks et Paramount mettent le paquet pour l'adaptation ciné de « Transformers », ils "teasent" à tout va depuis presque deux ans (les premiers teasers de « Transformers » étaient déjà en ligne pour alimenter le buzz autour du film alors qu'aucune image n'avait encore été tournée), et bien eux, à The Asylum, ils vont doubler tout ce beau monde et faire la nique à cette grappe d'exécutifs en costume trois pièces. D'où cet objet filmique dont le titre confine au magique, voire au génie : TRANSMORPHERS (sous-titré "La bataille finale entre l'homme et les machines"), sorti quelques semaines avant le raz-de-marée mondial « Transformers ». On imagine déjà la petite bande d'allumés qui, après avoir sorti dans le désordre « Da Vinci Treasure », « War of the Worlds, the Next Wave » ou encore « Alien vs Hunter », se réunit autour d'une bonne dose de café, avec comme problématique le pompage d'un film dont on ne connaît que le titre, et dont personne n'a pu voir une image. Le producteur en chef écrit quelques mots clés bien sentis sur son tableau Velléda (robots, laser, méchants, gentils, cyber, futur, humanité en péril, couloirs, scènes de remplissage) avant d'entamer un brainstorming de folie duquel émergera la quasi totalité du scénario de « Transmorphers ». "De méchants robots armés de laser attaquent de gentils humains. Dans un futur que l'on imagine forcément cybernétique l'humanité est en péril. Ne pas lésiner sur les scènes de couloirs et sur les séquences de remplissages histoire que ça ne nous coûte pas un oeil quand même".


Magie de l'image de synthèse, même une petite boîte de prod' peut faire péter New York.


Les robots, après transmorphation.



Pas fou, chez Asylum ils n'ont pas mis toutes leurs billes dans le même panier : ils ont aussi tapé dans quelques récents classiques du répertoire afin de rester sur des sentiers balisés. Un peu de « Terminator » par-ci (des hommes contre des machines), quelques bonnes doses de « Matrix » par-là (une humanité réduite à l'état de résistants et des dialogues pompés parfois à la virgule près) et du « Aliens » (quelques séquences de films de couloirs), le tout saupoudré de robots qui se transmorphent, parce que sinon ce serait quand même un peu abusé. Et comme les gars de The Asylum n'ont pas les moyens des films dont ils s'inspirent (c'est un euphémisme et une évidence, mais ça méritait tout de même d'être souligné), le rendu final est, comme il se doit, en léger décalage avec les ambitions affichées (euphémisme encore une fois).


Toute ressemblance avec le Zion de « Matrix Reloaded » serait une simple coïncidence...


Toute ressemblance avec les visions post-apocalyptiques de « Terminator » serait purement fortuite...



Alors que la presse s'emballe sur Shia Labeouf, le héros de « Transformers », nous on s'extasie sur le jeu tout en subtilité de Matthew Wolf, Amy Weber ou Griff Furst. Tout comme le héros de « Transformers », ces acteurs seront sûrement les stars de demain, ceux qui vont détrôner des pointures comme Olivier Gruner ou Cynthia Rothrock. Que ce soit lors de scènes de dialogues qui s'étirent ou durant quelques bastons chorégraphiées tant bien que mal, tous se donnent à fond. Bon, c'est sûr que quand, en plus, on leur demande d'interagir avec des images de synthèse, on se retrouve face à une impasse cinématographique que seul un enthousiasme presque juvénile vient compenser.


Si on veut être crédible il va vraiment falloir y mettre...


...de l'ENTHOUSIASME, vous m'entendez bande de moules ?!!


C'est pas gagné...



L'enthousiasme, c'est d'ailleurs ce qui semble caractériser les productions de The Asylum (enfin, avec le courage de foncer tête baissée dans un mur de titane, bien sûr). Pour s'en convaincre, il suffit d'explorer un peu le DVD : ces gars là sont des passionnés et des gens plutôt généreux avec le public. Outre le film, le spectateur se voit proposer quelques bonus des plus sympathiques, tels que le making of du film, une petite explication sur les effets spéciaux, et un bêtisier. On se rend alors compte que le parallèle avec Mister Corman ébauché en début de chronique a du sens : on retrouve chez les gens de The Asylum cette étincelle de folie qui semble dire "à la guerre comme à la guerre !". Ces gars veulent faire du cinoche et leur manque de moyens n'a d'égal que leur absence de complexes. Du coup, ils osent tout, sans se brider et réaniment en quelque sorte un esprit que l'on croyait disparu. Plutôt que de s'abriter derrière un humour parfois gênant (comme pour les productions Troma), ou une approche parodique censée faire passer une escroquerie pour un objet pétri de second degré grâce à la présence dans le casting de quelques porn-stars à grosses poitrines (comme pour la moitié des prods Z assumées de ces 15 dernières années), chez Asylum ils n'hésitent pas à essayer de faire du cinéma de série B, quelles qu'en soient les conséquences.


Une des nombreuses transmorphations du film.


Un film décomplexé qui n'a pas peur de ses limites !


Certains plans parviennent même à atteindre un certain degré d’efficacité.


D'autres, par contre...



Blue screen foireux, CGIs dégueux, incrustations hasardeuses, acteurs à l'avenant, chorégraphies anarchiques, scènes d'action décousues, rien ne nous est épargné... Pour notre plus grand plaisir ! Le film atteignant son paroxysme lors d'une des dernières séquences, lorsque les soldats chevauchent des scooters volants pour aller dessouder du robot.


Donc, là les gens ils pensent qu'on vole sur des motos du futur ?


Si la post-production fait bien son travail, normalement oui...


Eh les gars, vous avez vu « Megaforce » ?!



Du coup, on a l'heureuse impression de se retrouver devant un nanar du futur. Un vrai mauvais film sympathique, une séance de ciné fauché, décomplexé, mais sincère. Car dans le même temps, on sent un certain savoir faire, une certaine envie : l'étalonnage est très soigné, le montage sauve parfois la mise et tout le monde semble avoir envie de jouer le jeu. Ce qui s'avère au final bien plus respectable que de s'abriter derrière un cynisme maquillé en autodérision.

Nul doute aussi que cette approche conduira The Asylum à aller de l'avant, à progresser et pourquoi pas à atteindre un statut comparable à l'école Corman (on me souffle dans l'oreillette que je m'emballe peut-être un peu, et que pour l'instant on n'a toujours pas repéré de futurs Dennis Hopper, Coppola ou James Cameron dans cette écurie. M'en fout, j'assume !).

Reste que « Transmorphers » ne va pas transmorpher tout de suite le monde de la SF, le film souffrant de nombreuses scories. Comme évoqué plus haut, le problème principal de « Transmorphers », c'est le rythme. En réalisateur avisé, Leigh Scott a conscience des limites de ses moyens et minimise les scènes d'action (Enfin... non, il n'a pas vraiment conscience des limites de ses moyens, puisqu'il ose des choses de toute beauté, ce qui dote le film de nombreux moments de fulgurance assez géniaux). Toujours est-il que le remplissage finit parfois par avoir raison de notre bonne humeur, et on s'ennuie ferme à quelques reprises. Peut-être cela est-il du aussi au fait que le film ne soit disponible qu'en VO non sous-titrée ? Un bon doublage à l'ancienne pourrait remédier à cela.


Les filles, c'est le moment de sortir le manuel de broderie...


Tiens la pose, on gagne du temps...



Quoi qu'il en soit, « Transmorphers » se regarde avec plaisir, et laisse entrevoir un certain renouveau du nanar. Mieux troussé que du Cine Excel et bien plus effronté (le nom même de la société en atteste), plus cheap que du Nu Image mais bien plus courageux, souhaitons à The Asylum de nous sortir encore quelques bobines de cette trempe, quoiqu’un peu plus rythmées et moins poussives si possibles !


Images de synthèse déjà datées...


...explosions à la mode...


C'est quand l'homme rencontre l'image de synthèse...


...que le film prend toute sa dimension.


- Labroche -

Entretiens

Moyenne : 1.70 / 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Nikita
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2/ 5
John Nada
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1/ 5
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1/ 5
Drexl
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1.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Sorti en 2007 aux Etats-Unis, ce direct-to-video aura bénéficié d'une exploitation tardive en France (2 mars 2010), "First International Production" éditant une galette commercialisée sous le titre "Robot War" (craignaient-ils des ennuis judiciaires ?). On y trouve le film en VF ou en VOSTFR, mais difficile de savoir pour l'instant si les bonus de l'édition américaine ont été conservés.



L'édition DVD originale, produite par The Asylum, reste disponible seulement en import. Au menu, le film en versions 5.1 et des bonus très généreux pour une production de ce genre : un making of, une explication sur les effets spéciaux, des trailers et, fait rare, un bêtisier, qui permet de se rendre compte de l’ambiance assez bon enfant du tournage (il faut voir les acteurs simuler des motos volantes sur fond vert, sans aucun accessoire !). Le DVD étant multizone, il n’est pas nécessaire de posséder un lecteur dézoné pour pouvoir le lire. Le film n’est malheureusement disponible qu’en VO et le DVD n’offre pas de sous-titres. A réserver aux anglicistes donc.