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Cyborg Cop


Cyborg Cop

Titre original : Cyborg Cop

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Sam Firstenberg

Année : 1993

Nationalité : Etats-Unis / Afrique du Sud

Durée : 1h35

Genre : Dérouillage

Acteurs principaux :David Bradley, John Rhys-Davies, Alonna Shaw, Rufus Swart, Todd Jensen

Rico
NOTE
2.5/ 5


Soyons honnêtes, dans la deuxième moitié du XXème siècle, le maintien de l’ordre aux Etats-Unis a connu un âge d’or. Faut dire, on partait de loin, rappelez-vous le flic dans les années 50-60 : le genre armoire à glace qui tire la gueule, chapeau mou et costume sombre, un balai dans le train. The facts, just the facts m’am…
Et puis dans les années 70, le flic est devenu cool, troquant la cravate et la coupe réglementaire pour le blouson de cuir, la mulette et la barbe de 3 jours. La vanne au coin des lèvres, c'était pas le genre à perdre son temps à te débiter tes droits : On flingue d’abord et on passe les menottes après. Avant d’aller noyer ses états d’âme au bourbon en levant une stripteaseuse au passage.
En plus à partir des années 80, le poulet s’est mis au kickboxing. Et de faire respecter le code pénal à grands coups de high kicks dans ta face (ou dans les valseuses quand notre flic dur à cuire s’appelle Cynthia Rothrock ou Michelle Yeoh). Rien à dire, on se sentait protégé.
Et puis dans les années 90, ça a déconné. Merci Clarice Starling et Fox Mulder, on a ressorti la procédure et les costumes cravates. Le retour des bonnets de nuits. Fini le gardien de la loi coriace et solitaire, ce fut le come back des flics au physique d’expert comptable qui passent leur temps devant une éprouvette ou un ordinateur. L’ADN a remplacé la mandale comme moyen d’investigation et on se fait chier sévère. Et encore j’évoque même pas cette nouvelle génération de pseudos consultants géniaux façon Monk, Castle ou Patrick Jane qui se la jouent tout à la cérébrale et s’évanouissent à la vue d’un flingue.
Oh c’est ça que vous voulez pour vos enfants ? J’en discutais encore la semaine dernière avec Christian Estrosi et on est tombés d’accord. Putain la maison poulaga réveillez-vous ! On veut du sécuritaire musclé ! On veut du dur à cuire qui tatanne sa mère et qui mouille la chemise, flingue en pogne face à la mafia, aux punks fluos et aux dealers de drogues extraterrestres !
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus, je conseille de se référer à l’intéressante sociologie nanardo-policière que l'érudit Jack Tillman a consacré à la figure du flic dans notre glossaire.


Bonjour mademoiselle, c'est la police, veuillez me présenter une pièce d'identité s'il vous plaît...


Alors retour aux vraies valeurs dans Cyborg Cop avec Jack et Philip, deux frangins sympas, bourrins et rigolards. Des agents de la DEA qui font régner l’ordre à L.A. à grands coups de calibres et de latte dans la gueule. Malheureusement, lors d’une intervention, Jack abat le fils d’un magnat de la presse camé jusqu’aux yeux qui avait pris une pouffiasse en otage. Mis sur la touche, il ne peut accompagner son frère pour l’opération du siècle : mettre à mal les installations de Kessel, un baron de la drogue installé sur une petite île caribéenne.


Les gars on va lui péter la gueule à ce Kessel. Et puis lui refaire la déco de sa base aussi, parce que là...


Arrivé sur place, le commando de la DEA tombe hélas dans un traquenard et se fait rapidement éliminer par un cyborg invulnérable. Philip capturé par les sbires de l’ignoble Kessel est alors transformé à son tour en robot par le savant fou personnel du trafiquant, qui rêve de créer sa propre armée de surhommes assassins.
Devant ce fiasco, les bureaucrates de Washington n’osent pas lever le petit doigt de peur de complications diplomatiques. Ni une ni deux, Jack s’envole pour les Caraïbes afin de découvrir ce qui est arrivé à son frère…
Voilà. Cyborg Cop c’est de la série B pour vidéoclub dans ce qu’elle a de plus chimiquement pure, de plus emblématique. De l’usiné main par une équipe qui sait exactement ce qu’elle fait et comment le faire, mais qui n’aura jamais le culot de venir vous embêter avec une idée neuve. C’est à la fois sans surprise et sans déception. Le spectateur se pose sur le canap’, enfile les chaussons et peut se laisser doucement porter par le rythme régulier d'un film balisé à l’extrême ; limite vous pouvez vous assoupir pendant une poignée de scènes, vous réveiller en sursaut au bruit d’une fusillade ou d’une explosion et pas de soucis, vous raccrocherez automatiquement les wagons.


Le film n’est jamais déplaisant à suivre, pour peu qu’on ait l’indulgence d’un gamin de 8 ans pour des péripéties téléphonées très au-delà du raisonnable. Franchement on passe un honnête moment mais évidement, comme le nanar est dans les détails, il règne dans Cyborg Cop une atmosphère perpétuellement cheap et ringarde qui fait baigner ce film dans un climat délicieusement jouissif.
Il faut avouer que les responsables du projet ne sont pas n’importe qui. Aux commandes on retrouve rien moins que Sam Firstenberg, l’un des yes men les plus efficaces de la Cannon, immortel auteur, entre autres, des deux premiers opus de la saga American Ninja. Sammy c’est du solide, du besogneux dans l’artisanal, la patte du faiseur sans génie mais qui sait tirer le maximum de budgets de misère. Sur le marché de la vidéo, on appelle ça du talent. Les flamboyants Golan et Globus ayant fait faillite à l’orée des années 90, il est récupéré par d’autres producteurs israéliens ambitieux qui débutent : Avi et Danny Lerner, les fondateurs de Nu Image, qui en étaient encore à leurs balbutiements et n'étaient pas encore devenus les moguls du studio Millenium Films. Lorgnant sur Terminator et Robocop, ils nous livrent ici un produit comme les vidéo-clubs en raffolaient à l’époque. De la tabasse, une pointe de S.F., des têtes vaguement connues.
Alors oui y a des fusillades dans des usines désaffectées, des sbires idiots, des poursuites en bagnoles à 40 à l’heure, des scènes d’amour avec une blonde à gros nichons, des explosions, de l'exotisme avec cette île des Caraïbes reconstituée en Afrique du Sud et pourtant ça crie la misère. La grande aventure techno policière promise sent bon son plastique de récup et ses effets spéciaux bricolés maison.


Le bloc chirugical high tech de Kessel...



...éclairé façon boîte de nuit



Est-ce qu'on peut m'expliquer l'utilité de ce système de vidéo surveillance ?



Un film où l'on sait mourir avec classe.


L’interprétation est à son top avec rien moins que David Bradley dans le rôle principal. Les amateurs de marave l’aiment bien Dave : une bonne gueule, du charisme à défaut d’avoir un jeu d’acteur, et de vraies capacités martiales qui en font un héros tout à fait acceptable. OK, sa palette de jeu est coincée sur deux expressions (content/inquiet) mais bon, on va pas lui demander de nous jouer Shakespeare, on veut juste qu’il file des pains et tombe les gonzesses, on n’est pas exigeants.


David Bradley, c'est un peu Steven Seagal avec une bonne tête.



Concerné par l'enquête.



Chéri de ces dames (d’après les interviews de Firstenberg, le petit père Bradley rentrait rarement seul à l'hôtel après les journées de tournage).


Non, c’est plutôt chez les méchants qu’il faut chercher du jeu de qualité avec le maître et sa créature, l’ignoble Kessler et son cyborg assassin, le grand John Rhys Davies et l’effroyable Rufus Swart. Le grand écart. D’un côté l’hyperjeu d’un cabotin en roue libre et de l’autre l’hypojeu d’un néant charismatique.
John Rhys-Davies, c’est quand même Gimli dans Le Seigneur des anneaux, Sallah dans la série Indiana Jones mais c’est aussi 4 à 6 films par an pour assouvir son train de vie et, dit-on, sa passion pour les voitures anciennes. Et dans le lot ça va de Bloodsport III à Anaconda III sans compter les panouilles dans les séries télé et les doublages. Il fait partie de ces stakhanovistes de la série B qui réussissent, à l’instar d’un Ron Pearlman ou d’un Danny Trejo, à enquiller les films à la chaîne tout en assurant suffisamment pour rester toujours dignes quelque soit la daube qu’ils traversent. Alors conscient de l’inanité de ce Cyborg Cop, John cabotine jusqu’à la gourmandise. Dans le rôle de ce trafiquant mégalomane construisant l’élite des androïdes assassins, il multiplie les mimiques et les grimaces, exulte en liquidant des agents de la DEA avec un petit avion téléguidé, rabroue avec bonhomie son bras droit qui a sali les murs de sa villa avec le sang d’un sbire maladroit exécuté pour incompétence. Bref il s’amuse et nous avec.


Je suis le méchant et j'en fait des caisses !!!



Liquidation d'un sbire incompétent.



Non mais oh ! T'as vu ce que t'as fait à mon mur !



Bon toi t'as de la chance que je t'aime bien.


Parce qu’à l’opposé du spectre il y a la composition affligeante du cyborg assassin. Jamais inquiétant, bovin en diable, pataud sans réussir à être mécanique, le pauvre acteur censé représenter le cyborg ultime est un véritable trou noir d’anti-charisme. Certes il n’est pas aidé par quelques prothèses en mousse qui ne font jamais l’effort d’être crédibles, mais rarement menace sera apparue moins crédible que celle-ci. Le rôle est interprété par Rufus Swart, un acteur sud africain qu’on a pu entr’apercevoir dans un second rôle dans Space Mutiny. Je ne m’acharnerai pas trop sur lui vu qu’il semble avoir trouvé la mort accidentellement l’année suivante, sans avoir eu le temps de se racheter en jouant autre chose…


Air constipé et pantalon relevé "à la Chirac", voici l'arme de mort ultime.



La cybernétique en mousse à son meilleur.



Une vision à la Predator version floue.



Invulnérable aux balles comme il se doit.



Avec son flingue aimanté sur la poitrine (faux raccord impacts de balles inside !).



Invulnérable, on vous dit.



Ca va trancher chérie !


En clair voilà un film hautement rafraîchissant qui fleure bon les années 90 et qui a au moins le mérite de rester toujours divertissant de bout en bout. Tourné pour deux millions de dollars (et ça se voit), il eut suffisamment de succès en vidéo pour générer deux suites. Cyborg Cop 2 en 1994, toujours mitonné par Firstenberg et où David Bradley se re-coltine à nouveau des androïdes agressifs. Empli de bruit, de fureur, de surjeu, de sacs banane et d'explosions de mannequins, il est hautement fréquentable et rejoindra très certainement le site à l'occasion.


On ne pourra hélas pas en dire autant du troisième opus de la série, torché en 1995 par Yossi Wein et où Dave cède la place à Frank Zagarino et Brian Genesse. D'une mollesse et d'une absence d'imagination atterrantes, il ne produira au mieux que quelques bâillements polis chez le nanardeur chevronné.


Bon, messieurs, il me reste un peu plus de cyborgs, je vous les mets quand même ?



Notre ancien modèle "bovin 2000" garanti sans jeu d'acteur ajouté.




Bon ça c'est le modèle un peu plus expressif... oui bon, on a encore des réglages à faire, je vous rassure...



Ras-le-bol que Nanarland se paye ma tête.



Addendum :


Le réalisateur Sam Firstenberg connaissait bien les pontes de Nu Image comme Avi Lerner ou Danny Dimbort, puisqu’ils avaient auparavant travaillé pour la Cannon. Firstenberg nous a raconté en entretien comment le titre Cyborg Cop avait été choisi. Nu Image venait juste de produire Lethal Ninja et Terminator Woman, les deux premiers titres de son catalogue, et planchait sur le troisième. Avi Lerner voulait initialement l’appeler American Cyborg Ninja. Sam Firstenberg aurait poliment objecté que c’était trop proche de la série des American Ninja, et qu’ils risquaient d’avoir des problèmes. Le titre American Cyborg étant par ailleurs déjà utilisé par le producteur concurrent Boaz Davidson, Avi Lerner aurait alors choisi Cyborg Ninja, qui restera pendant un moment le titre du projet (il apparaît d’ailleurs en « working title » sur l’IMDB). La mode des ninjas étant sur le déclin, et la popularité de Robocop se portant à merveille, le script sera modifié et le film sortira finalement sous le titre Cyborg Cop. Une anecdote qui en dit long sur les méthodes de Nu Image !


"Cyborg Ninja", judicieusement illustré par un cyborg avec une tête de Terminator tenant un katana à la main... (et un pauvre ninja en arrière-plan, des fois que ça ne fasse pas assez "ninja").



- Rico -

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Toute la saga Cyborg Cop a été éditée en DVD à bas prix chez "Nu Image"/"Ciné Solution". Ne vous attendez-pas à grand chose quand même, c'est du basique en français, sans bonus, avec une qualité d'image à peine honnête.