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Terminus

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Terminus

Titre original : Terminus

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Pierre William Glenn

Année : 1986

Nationalité : France / Allemagne

Durée : 1H50

Genre : Tout le monde descend parce qu'il a honte

Acteurs principaux :Johnny Hallyday, Jurgen Prochnow, Karen Allen

Rico
NOTE
2/ 5


Vous avez aimé Diesel ? (Non franchement vous avez VRAIMENT aimé Diesel ?)
Et bien dans la vague post-apocalyptique bleu-blanc-rouge voici l'ineffable Terminus avec Johnny Hallyday.

 


Le Schtroumpf rockeur.


Certes notre rockeur national n'avait pas attendu ce film pour se ridiculiser au cinéma. Dès les années 60 il avait participé à quelques chefs-d'œuvre du cinéma yé-yé tels que D'où viens-tu Johnny, A tout casser ou le ringardissime Cherchez l'idole de Michel Boisrond (sur un scénario de Richard Balducci, excusez du peu) avec des pointures comme Franck Fernandel et Dany Saval. On le croise même dans un western spaghetti de Sergio Corbucci, Le Spécialiste. Quiconque l'a vu dans David Lansky, son Inspecteur Harry du pauvre, sait à quel point notre Johnny peut être mauvais acteur, mais bon c'est bien connu, on ne refuse rien à la star, même (surtout ?) quand elle a le nez dans la dope. Or donc, en ces années-là, notre rockeur hexagonal était en plein trip Mad Max : vêtu d'une peau de bête, il déboulait sur scène en 82 dans une atmosphère de fin du monde au milieu de figurants se tapant dessus à coup de hache.


Le concert Mad Max de 82...


Cherchant une crédibilité au cinéma, il tourne avec Godard et Costa Gavras mais surtout rêve d'un film d'action qui le propulserait star du genre. Il va débaucher le Français Pierre William Glenn, caméraman compétent mais réalisateur débutant, trouver un financement allemand et produire son Mad Max à lui : Terminus.

Johnny Hallyday et Pierre William Glenn.

Arf, "la nouvelle version-choc made in USA", ils sont vraiment gonflés !
[NDLR : Il s'agit sans doute de la version de 80mn remontée pour le marché US]

Dans une Europe retournée au chaos suite à des guerres civiles, un énorme camion « Monstre » transportant secrètement des fœtus clonés pour le compte d'un milliardaire décadent essaye d'échapper à ses poursuivants, les « gris », dans une espèce de jeu pervers. S'il n'y a pas eu de grande catastrophe, on évolue ici très clairement dans un univers à la Mad Max avec milices fascisantes, courses de véhicules customisés et atmosphère déliquescente. Johnny et une petite fille se retrouvent à devoir piloter le camion géant et échapper à des hordes de poursuivants.


Karen Allen (faisant du karaté).


Dans le genre blockbuster raté, voilà un monument qui se pose là.


Les cheveux décolorés à l'eau de javel, Johnny joue « le manchot », l'anti héros le plus mollasson de l'Histoire. C'est bien simple, il ne fait rigoureusement rien de tout le film ! Traînant un regard carrément absent du début à la fin, il se contente d'être là, rien de plus. Croulant sous les déguisements ringards, le pauvre Jurgen Prochnow joue trois rôles : "Monsieur", le milliardaire décadent (doublé en français par Howard Vernon), le "docteur", un savant fou qui tripatouille dans le clonage et est accompagné d'un gamin surdoué, et enfin un tueur psychotique frère du docteur précité qui traque Johnny dans son camion pseudo invisible. Karen Allen ("les Aventuriers de l'arche perdue") à beau être en gros sur l'affiche, son rôle est sacrifié en moins de dix minutes.

 


Mon pauvre Jurgen... payé pour jouer trois rôles différents.


En bon film français, le film se pare de toutes les tares habituelles du cinéma hexagonal : une prétention parfaitement pompeuse qui se traduit par des dialogues philosophico-pouet pouet sur la vie, la mort le destin etc. La voiture du docteur a même « P.K. Dick » comme plaque d'immatriculation, clin d'oeil huileux gage d'intégrité j'imagine…

Gabriel Damon, qui  jouera plus tard l'enfant Hob dans Robocop 2.


De même, malgré le pognon investi à l'écran et le travail des nombreux cascadeurs, les scènes de cascades sont toutes effroyablement mal filmées et mal montées, ne provoquant au final qu'un ennui poli. Autre défaut du film : les rôles les plus importants sont tenus par des gosses (dont la propre fille du réalisateur) parfaitement horripilants en singes savants qui débitent leurs textes en essayant d'avoir l'air naturel. Le plus ringard restant l'esthétique science fictionnelle pourtant supervisée par Enki Bilal : si les véhicules ont de l'allure, on ne peut pas vraiment en dire autant des costumes et des maquillages outranciers des figurants (j'ai mis des photos, ça fait un peu soirée drag queen…).

On voit bien le câble sous le camion qui a servi à provoquer le tonneau pour la cascade.


Bref, autant dire qu'à l'instar de Diesel il ne s'agit pas d'un très grand nanar en tant que tel, mais que c'est surtout par son casting, sa prétention et son statut de Mad Max franchouillard qu'il gagne son droit de cité ici. Beaucoup de pognon semble avoir été investi dans ce ratage complet : les cascades et explosions mal filmées ne manquent pas, les décors friment et les figurants maquillés comme des voitures volées ne sont pas en reste. Le résultat est simplement ridicule et d'un mauvais goût très sûr…


Ouh les vilains barbares qui veulent embêter Karen Allen ! Attention les gars, elle va faire du karaté !


Le film fit beaucoup rire à sa sortie… du moins la poignée d'inconscients heureusement peu nombreux qui ont été voir ce naufrage au cinéma. Évidemment ça peut faire marrer sur le moment, mais il faut aussi se rappeler que c'est ce genre de naveton qui a flingué pendant près de quinze ans toute tentative de faire des films de SF en France, persuadant les producteurs que décidément non, le film de genre c'était pas fait pour nous.


L'ordinateur central de "Monstre"... sans commentaire.


Le film est désormais enterré tout au fond de la filmographie de Johnny qui ne s'en vante plus guère, préférant plutôt mettre l'accent sur ses films avec Godard ou Lecomte comme « L'Homme du train » qui lui a valu à plus de soixante ans le prix Jean Gabin du meilleur espoir au cinéma (avant, l'année suivante, que sa fille Laura Smet l'obtienne à son tour, quand on vous dit que le cinéma est une grande famille...).


"J'oublierai ton nom... dans ma filmographie...."

- Rico -
Moyenne : 1.36 / 5
Rico
NOTE
2/ 5
Mayonne
NOTE
1/ 5
LeRôdeur
NOTE
1/ 5
Labroche
NOTE
1/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5
Barracuda
NOTE
2/ 5
Wallflowers
NOTE
0.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Malgré tous les appétits financier que la mort de l'idole avait pu provoquer, personne n'a osé rééditer ce film en DVD chez nous. Pour patienter, il faudra se contenter d’une des deux versions vidéo sorties furtivement chez "Nelson Entertainment" (un beau nom d’éditeur pour un film qui fut un véritable Trafalgar dans la carrière d’acteur de Johnny…).

Sinon il reste bien un modeste DVD allemand chez "Sun Film" mais il ne contient qu'une version allemande tout juste passable sans bonus. 

 

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