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Les Monstres de la Mer

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Les Monstres de la Mer

Titre original :Humanoids from the Deep

Titre(s) alternatif(s) :Monster

Réalisateur(s) :Barbara Peeters

Année : 1980

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h20

Genre : Poisson pas frais

Acteurs principaux :Doug McClure, Vic Morrow, Ann Turkel et plein de gus en costumes d’hommes-poissons

Rico
NOTE
3/ 5

Il me fait marrer José Bové avec ses histoires d'OGM et de plantes transgéniques. D'autres grands penseurs et théoriciens avaient bien avant lui soulevé tous les dangers de la génétique appliquée sans précautions sur les produits alimentaires.


Prenez Roger Corman par exemple, dès les années 80 il est le premier à tirer la sonnette d'alarme : si on modifie l'ADN des poissons pour des questions de rentabilité bassement commerciales, on risque de se retrouver avec des monstres mutants qui vont venir violer nos femmes et nos filles !


Tiens j'en discutais dernièrement avec plusieurs spécialistes en manipulation génétique lors d'un congrès de l'INRA : « Est-il vrai que si on donne des saumons génétiquement modifiés à des coelacanthes, ça les fait muter en hommes-poissons qui se reproduisent uniquement avec des majorettes et des pom pom girls ? ». Et bien vous me croirez si vous le voulez mais au lieu de me répondre tout ces soit disant savants m'ont regardé avec des yeux ronds et m'ont fait expulser de la salle ! Si c'est pas la preuve qu'on nous cache tout !


Dans les années 80, Roger Corman s'est mis en tête de faire le remake de la plupart de ses films des années 50. Pour les améliorer très certainement, quoique certaines mauvaises langues prétendent que c'est pour économiser les frais de scénariste. Spécialiste des films d'exploitation à tout petit budget, le patron d'AIP est devenu un véritable magicien dans l'art de tourner des films ne coûtant pas chers mais aux titres et aux visuels alléchants qui alimentèrent largement les drive-in de l'Amérique profonde et fournirent un prétexte à des millions de teenagers pour que leurs girlfriends se blottissent dans leur bras à chaque apparition monstrueuse.


Il est pas frais mon poisson ???


Il reprend les thèmes des vieilles productions des années 50 nageant dans la vague post « La créature du lagon noir » où un pauvre comédien dans une combinaison de latex tentait d'effrayer les baigneuses. Il y rajoute une louche de ce que la censure de l'époque ne laissait pas passer (en gros du nichon et des effets gores), confie ça à un de ces poulains (qui furent en leur temps James Cameron ou Francis Ford Coppola débutants), Barbara Peeters.

On aurait pu espérer qu'une femme derrière la caméra apporte une touche de finesse et de sensibilité à cette série B d'exploitation, mais non : humour gras, violence gratuite, effets faciles et déshabillage de blondasses aux gros seins sont de rigueur. Nous voilà rassurés.

En fait, comme on le découvrira plus tard quand les langues se seront déliées, Peeters fut débarquée du film pour avoir livré un film trop sérieux et surtout pas assez olé olé au goût de Corman. La réalisatrice refusant de rajouter de la nudité gratuite, Roger confie à un autre de ses seides moins regardant, Jimmy T. Murakami, par ailleurs auteur des Mercenaires de l'espace le soin d'épicer la sauce sans être crédité.

Tombé de soutif dans 3, 2 ,1...

Ainsi donc, dans un petit port de pêche, une société élève des saumons génétiquement modifiés pour augmenter les prises et les chiffres de ventes. Hélas ceux-ci sont dévorés par des cœlacanthes, qui mutent alors en hommes-poissons d'une ringardise très consommée et se mettent à agresser les jeunes filles pour les violer dans les varechs. (Au passage, on se demande l'effet que le saumon transgénique aurait eu sur le consommateur de base…)


Toute la poésie du bis...


Pour enquêter sur les méfaits des hommes-poissons, deux has been sont convoqués pour assurer le quota de noms connus sur l'affiche. Tout d'abord cette vieille baderne de Doug McClure, franchement pas motivé, qui incarne le gentil patron pêcheur sympa et puis pour jouer le raciste qui met tout sur le dos des Indiens du coin on retrouve Vic Morrow, un autre vétéran qui a notamment traîné sur les productions Castellari (La Mort au Large, Les Guerriers du Bronx).

 
Bon les gars faites un effort, pensez à vos chèques de fin de tournage !


Le film aligne donc les bavardages des pêcheurs locaux qui s'inquiètent de la disparition du poisson dans la baie et les agressions que commettent les cœlacanthes mutants sur les imprudentes qui vont baguenauder topless sur les plages des environs. Et ils en sont tous fiers de leurs monstres : la production ne lésine pas et nous les montre bien en détail, coursant ces demoiselles qui détalent en hurlant, le nichon au vent. Le summum est atteint lorsqu'une petite armée d'hommes-poissons attaque la bourgade lors de la fête locale du saumon, ravageant les stands et terrorisant les majorettes (surveillez bien l'absence / présence du soutien-gorge de la reine de beauté locale menacée par un des monstres, c'est un faux raccord d'anthologie !). Après un chaos très réjouissant, l'ami Doug y mettra bon ordre en les aspergeant d'essence et en les faisant griller.


Crève, pourriture ichtyologique !


L'originalité n'est guère de mise et le film, après une première demi-heure qui s'installe doucement, nous recycle tous les poncifs propres au genre : mise à la place du monstre en caméra subjective, scène d'attente d'attaque insoutenable débouchant sur une fausse alerte (« ah chéri ce n'était que toi, tu m'as fait une de ces peurs ») etc. Barbara Peeters a vu Alien, sorti un an plus tôt, et nous recase à l'identique une scène d'accouchement du monstre sur une pauvre fille engrossée par un des poissons mutants. Détail rigolo, on retrouve dans le film une idée qui sera cette fois-ci repompée par Alien II : un des monstres saute sur le toit d'un pick-up et commence à attaquer sa conductrice. Celle-ci freine brutalement et la bête est projetée devant le camion. La conductrice redémarre en l'écrasant. Ca ne vous rappelle rien ? Cameron, copieur ! (d'autant qu'à cette époque il bossait pour Corman comme technicien d'effets spéciaux...)


Alien que pourra...


Le film eut son petit succès et Corman le fit remaker une troisième fois sous le même titre de Humanoids from the Deep en 1996 avec en has been de service Robert Carradine (le frère de David). Y a pas de petits profits…

Bref de la bonne série B pleine de craignos monsters (c'est pas un hasard si Putters a repris l'affiche originale du film pour le premier volume de son œuvre), d'acteurs nuls, de filles à poil et d'effets gores artisanaux. Idéal pour une soirée bière-pizza-rigolade entre potes. Beaucoup l'aiment d'ailleurs au premier degré comme une vraie série B décomplexée typique du cinéma de drive-in, ce qui est parfaitement légitime tant il est sympathique et généreux.


Ouvrez Madame, nous sommes justes des monstres marins, pas des témoins de Jehovah !


Et surtout voilà enfin un film avec un message ! En ces temps où la commission européenne menace de revenir sur le moratoire sur les OGM, la diffusion des monstres de la mer devrait être obligatoire pour qu'ils comprennent enfin le risque que court l'humanité !

Corman, président !!!

- Rico -
Moyenne : 2.75 / 5
Rico
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
2.75/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
B.F./ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Le film a bénéficié de belles ressorties un peu partout, avant d'avoir enfin chez nous une chouette réedition chez "Sidonis Calysta", en DVD simple ou en combo blu-ray/DVD, avec des scènes coupées et des interviews dont celle de Roger Corman.

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