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Time Barbarians

(1ère publication de cette chronique : 2008)
Time Barbarians

Titre original : Time Barbarians

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Joseph John Barmettler

Année : 1990

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h36

Genre : Déboires du bar à barbares à barbes à boire

Acteurs principaux :Deron McBee, Louis Roth, Joann Ayers, Daniel Martine, H.S. Smith, Guy Fury, Timothy O'Sullivan...

Kobal
NOTE
1.75/ 5


Avis à tous les geeks qui occupent leur temps à chercher les idées de scénarios les plus débiles possibles impliquant des barbares. Vous pouvez désormais rayer de vos listes le concept du barbare projeté dans le temps. Car oui, Joseph John Barmettler s'est déjà chargé de mettre en scène ce brillant concept, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est aussi désolant que ce à quoi on pouvait s'attendre. Allez, pleurez pas, il vous reste toujours l'espoir de voir un jour "Chéri, j'ai rétréci les barbares", "Génial, mes barbares divorcent", "Barbarella" ou bien encore le truculent "Mon barbare chez les nudistes" (d'ailleurs, les frères Wayans devraient réfléchir à un "Barbarian Movie" qui parodierait avec leur habituelle finesse les blockbusters de barbares).

Le résumé qui ouvre le film en dit long sur la complexité des péripéties à venir :


Pas besoin d'en savoir plus, y'a des barbares, y'a une amulette magique, et roule ma poule. D'ailleurs, être au fait de ces synthétiques informations ne rendra pas moins risible l'entrée en matière guerrière que J.J. nous réserve : deux bodybuilders en sous-vêtements de cuir, peaux de bête et moonboots à fourrure de mammouth du plus sensationnel effet échangent avec lourdeur des coups d'épée, puis de poings, gesticulant dans tous les sens pour tenter de donner un peu de dynamisme à un combat souffreteux.

Dans cette absence de communication humaine (y'a bien quelques beuglements, cela dit), on comprend instinctivement que le gentil doit être le barbare coiffé d'une ondulante permanente blonde sur son carré visage aryen, tandis que le méchant se reconnaît à sa plus faible masse musculaire, ainsi qu'à son visage peinturluré avec mauvais goût et orné d'un masque qui lui permet de provoquer son adversaire en lui tirant la langue, tel un fan moyen-âgeux de Gene Simmons.


Le gentil barbare, qui sait que le rire est bon pour la santé.


Le méchant barbare, qui ne sait pas que la fourrure aux mollets favorise les varices.


Le séant du vil intrus étant promptement botté, notre bel étalon fait montre d'une intelligence réjouissante, en concoctant une facétie fort poilante : revêtant le masque de son adversaire afin de dissimuler malicieusement son identité, il se met à courir en rond dans la forêt pour effrayer une jeune barbare en soutien-gorge à plaquettes dorées qui passait par là. Réussir à ne pas être vu tient déjà de l'exploit, étant donné que l'ensorcelante forêt utilisée par la production est particulièrement clairsemée, se composant de minuscules bosquets et de peupliers malingres.


Ne suis-je pas un fin humoriste ?


Une forêt ancestrale comme on en a tous autour de chez nous.


Après plusieurs interminables minutes de cache-cache qui annoncent d'emblée l'exubérante richesse des rebondissements à venir, notre homme finit par lui tomber sur la tronche pour la tabasser avec son gros gourdin à deux mains, riant frénétiquement et agitant en tous sens ses divers membres. Mais heureusement, nul ne finit décapité car je vous rappelle que cette embuscade n'était que blagouze ! Il suffit en effet au comique des bois de retirer son loup pour être enfin reconnu par sa douce : c'était Doran, le Roi Barbare. Or comme vous le savez, femme qui rit, à moitié dans son lit ; les feuilles mortes deviennent alors une couche parfaite pour assurer la descendance royale.


Le couple royal en train de se demander si c'est la forêt qui est méchante, ou bien si c'est le cœur de l'Homme.


L'amulette magique qui sert à la fois de slip et d'allume-gaz.


S'ensuit alors une discussion post-coïtale qui peut enfin détailler le scénario et poser les personnages : Doran et son épouse Lystra guident leur peuple barbare à travers les turpitudes du monde, protégés par une amulette magique Barb(ar)ie que Madame porte comme cache-sexe, un don de la toute-puissante Sorcière. Voilà.
Bien entendu, la peuplade barbare en question n'est constituée que d'une dizaine de figurants vaquant à d'éparses activités et vivant sous des tiges de bois. Tout n'est que joie et bonheur simple de vie, permanentes capillaires et improbables vêtements fashion, musique ringarde qui n'hésite jamais à oser l'accord mono-tonal prolongé (catégorie "le compositeur vient de s'endormir sur sa touche de synthé"). On a même droit à des histoires de cœur, dont le traitement filmique ne peut qu'évoquer une sorte de Beverly Barbare Hills.


Une hutte barbare, et une tenue d'écolière barbare.


La poignée de mains barbare.


La cape royale barbare.


Tout pourrait ainsi aller pour le mieux dans la vie pour nos glabres nomades, s'il n'y avait dans la forêt trois méchants clochards en vadrouille. A peine a-t-on le droit à quelques plan-nichons lors d'une Mimi Cracra-party autour d'une mare, que nos sauvageons attaquent. Une altercation catastrophique qui donne l'occasion aux acteurs démotivés de quitter discrètement le film sans aucune justification (aux spectateurs de deviner qu'ils sont peut-être morts dans l'escarmouche).


Le plan-nichon barbare (oui bon OK, j'arrête), qui vous est offert par Victoria Paris, actrice X qui tourna la même année "New Barbarians" (ainsi que sa suite dans la foulée), un porno au scénario étrangement similaire à celui de "Time Barbarians". De là à fantasmer que les 2 métrages aient été tournés sur les mêmes lieux...


Mais faut pas croire, y'a pas que des playmates culturistes chez les barbares.


Quoiqu'il en soit, le Magnificient Mandrak, vil parmi les vils et partisan de la jupe fendue pour homme, s'est tout de même fait un peu tôler pendant le combat, et il ne digère pas d'avoir perdu la main (gauche). Il enchaîne alors les horreurs, voire les horribleries : non-content de violer la Reine Lystra (en conservant leurs pantalons respectifs), v'là-t-y pas qu'il lui fait une éraflure mortelle au ventre, au grand dam de son homme de main qui semble soudainement comprendre qu'il est dans le camp des méchants (et par la même occasion qu'il vient d'apparaître sur la liste des victimes en devenir de Doran). Mais la découverte fortuite du joyau magique fait miroiter à nos deux zozos l'espoir de devenir riches ; sa manipulation les projette alors brutalement hors du film. Les spectateurs qui ont toujours le titre du métrage en tête se doutent alors de ce qui leur est arrivé.


Une contre-plongée dans l'intimité des grands vilains de ce monde.


Doran ne pouvant laisser cette crapulerie impunie, il part en quête de vengeance. Son incompétence étant ce qu'elle est, il tombera dans tous les pièges et manquera de peu de mourir comme un minable gueux (merci à la Sorcière-louve et son diaphane plan-nichon de relancer le scénario).


Le film pourrait s'arrêter là...


...si la Sorcière ne venait engueuler Doran pour avoir perdu son bijou (et maudire son peuple par la même occasion).


L'interprétation est un élément fondamental de la réussite d'un film de barbares. C'est la raison pour laquelle Sim n'a jamais percé dans ce genre cinématographique. Dans "Time Barbarians", le directeur de casting a bien fait son boulot : dans le rôle-titre, les spécialistes ès seconds couteaux se réjouiront de reconnaître Deron McBee. L'homme n'en est alors qu'à l'aube de sa glorieuse carrière, mais il est déjà à même d'offrir une prestation d'acteur catastrophiquement drôle ; un regard en parfaite adéquation avec le niveau d'intelligence requis pour un barbare, les muscles saillants soutenus par un soutien-gorge à pectoraux comme d'aucuns rêvent d'en posséder, l'homme a tout du parfait barbare californien et bénéficie d'un non-charisme réellement sympathique. Seul reproche : l'absence d'huile syndicale sur les muscles.


Par le pouvoir du Crâne Ancestral !


Du muscle à la grimace.


Pourtant expert en cabotinage forcené mention "gesticulations corporelles", Deron a fort à faire avec son principal ennemi, Daniel Martine (vu dans "Cage" avec Lou Ferrigno). La gueule ravagée par des cicatrices acnéiques (4/10 sur l'échelle Dany Trejo), le bonhomme n'hésite jamais à en rajouter dans la catégorie "gros vilain qui rit bruyamment à l'idée de faire le mal".


La maléfique-attitude, ça se lit sur le visage.


Mais ô stupeur, ces deux messieurs se font doubler sur leur droite par un second rôle tout bonnement ébouriffant de surjeu : sautant dans tous les sens en poussant des cris hystériques, l'homme devait penser que son interprétation live de Daffy Duck allait le faire remarquer des producteurs. Cela n'a pas été le cas, mais il a en tout cas été bien repéré par les nanardeurs.


Je ne sais pas qui tu es, mais je ne t'oublierai pas, fier inconnu.


Par ailleurs, la production value est plutôt désastreuse, bien que la qualité vidéo donne le sentiment qu'il n'y avait pas grand budget à exposer à l'écran. La bande audio est dans le même état, le mix voix/musique étant clairement à l'avantage de cette dernière en terme de puissance sonore ; pour l'anecdote, les voix sont latéralisées sur l'enceinte gauche, jusqu'à l'arrivée au XXème siècle où elles passent à droite. Ça doit probablement dénoncer quelque chose, mais quoi ?


Un crâne en plastique qui sent bon la misère.


Mauvais goût power !


Mais j'entends quelques lecteurs qui se plaignent. Pardon, vous dites ? Et le voyage dans le temps ? Ah oui, c'est vrai qu'à la base, on regarde un peu le film pour ça.

Je ne vous mentirai pas : c'est une semi-déception. En effet, arrivé à ce stade du métrage, Joseph John Barmettler ne sait plus trop quoi faire de son concept fumeux. Sorti de l'arrivée grandiose de Doran dans les bas-fonds de Los Angeles, dans une sorte d'hommage à "Terminator" et "Les Maitres de l'Univers" (certains me soufflent "Les Visiteurs"), il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent. Le scénario perd alors le peu de cohérence et de caractérisation de ses personnages qu'un univers medfan arrivait avec peine à contenir, pour exploser dans un étalage des clichés les plus bateaux du mauvais cinéma américain, dont il serait vain de dresser la liste (sachez juste qu'il y a une scène de course-poursuite sur les toits, et qu'un indice est un paquet d'allumettes). C'est à se demander si à l'époque, les éléments du script étaient générés aléatoirement par ordinateur ou bien si les scénaristes pondaient volontairement des merdes pour se venger d'être forcés à pondre des merdes. Et comme cela ne suffisait pas, un technicien en remplissage a dû être engagé pour bourrer le pauvre film de flashback, récit, et montage en boucle de la vidéo d'arrivée de notre Roi Barbare.


L'arrivée tout en subtilité et humilité du roi Barbare.


Il suffirait d'en mettre un deuxième à côté de lui pour obtenir un remake de "Double Trouble" avec les frères Paul.


Il faut le dire, cette seconde partie est éreintante de stupidité et de fainéantise cinématographique, et il est recommandé d'être plusieurs à assister au massacre pour pouvoir tenir le coup jusqu'aux différents passages marrants. Car heureusement, il surnage tout de même quelques moments de rigolade, un peu lasse il est vrai. On appréciera donc de voir nos deux bad guys devenus des clochards modernes aux looks punkoïdes, quelques loubards exaltés peu avares en cabotinage, une esthétique early 90's bien moche, Doran en tee-shirt rose et jeans affalé dans le canapé en train de mater des explosions atomiques à la télé, suivi de Doran qui préfère finalement ré-endosser tout son attirail barbare via un montage très "Rambo" pour aller parer des balles avec son épée (et un peu ses grimaces). J'ose à peine évoquer une sous-intrigue d'exploitation journalistique pro-vigilante de l'arrivée du musculeux en notre époque troublée, avec en vedette la réincarnation de Lystra (l'occasion de placer une scène de sexe interminable).

Il est vraiment dommage que le décalage culturel attendu ne soit pas du tout exploité par Joseph John Barmettler. Tout au plus peut-on assister à un Doran qui étudie pendant plusieurs minutes une simple grille.


Heu, j'ai vécu cette époque vestimentaire, moi ?


De malicieux petits loubards responsables des turpitudes de nos temps modernes.


Surf Barbarians must die !


Le Magnificient Mandrak a réussi sa reconversion temporelle.


Je me fais un fix, et je pars dégommer du Viêt'.


Sachez ainsi que si vous n'atteindrez pas le nirvana du nanar en regardant "Time Barbarians", sa galerie de tronches de débiles sapés en barbares californiens est suffisamment fournie pour compenser un concept débilos malheureusement sous-exploité. A consommer avec modération, donc.


I'm a poor lonesome barbare...


Addendum

J'indiquais dans cette chronique qu'il existait un dyptique pornographique intitulé "New Barbarians", partageant quelques morceaux de scénario et d'actrices avec le présent film. Loué soit le guerrier Jack Tillman qui a pris les risques les plus insensés pour sa vertu, afin de confirmer mon intuition première : ces trois films ont bien été tournés dans les mêmes décors, probablement à la même période afin de rentabiliser les équipes. Notons avec malice que contrairement à "Time Barbarians", les versions zizi panpan ont bénéficié d'une édition française sous les titres "Le Cristal d'amour" et "Cristal d'amour 2". Sans doute une question de rayonnement culturel sélectif de la francophonie.

Un film "fascinant aux images splendides", prônant "amour sauvage" et "orgies barbares".

Une suite qui table sur son "scénario crédible" pour mettre en scène de "nombreux accouplements".

- Kobal -
Moyenne : 1.88 / 5
Kobal
NOTE
1.75/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Le film n'est sorti que chez nos amis anglo-saxons, et est disponible à la vente en DVD zone 1 édité par Troma (visuel en début de chronique). Pour moins de 10 euros, vous n'aurez qu'une piste anglaise sans sous-titres, et quasi-nada bonus.

On vous met quand même une petite VHS méxicaine pour illustrer...

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