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Battal Gazi'nin Intikami

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Battal Gazi'nin Intikami

Titre original : Battal Gazi'nin Intikami

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Natuk Baytan

Année : 1972

Nationalité : Turquie

Durée : 1h30

Genre : Aventures historiques bondissantes

Acteurs principaux :Cüneyt Arkın, Reha Yurdakul, Meral Zeren, Bilal Inci

Gatman
NOTE
2/ 5

Après quelques chroniques un peu polémiques, revenons à une valeur sûre : un bon vieux Cüneyt Arkın. Même si ce n’est pas son film le plus délirant (la barre a été placée tellement haut avec « Turkish Star Wars » et autres « En Büyük Yumruk »), ni même le plus timbré de la série des « Battal Gazi », on aura quand même ici l’occasion de prendre du bon temps.


Commençons par un peu d’Histoire (ouais, de la culture sur Nanarland !). Battal Gazi, héros de cette saga (4 films dans les années 70) est un personnage mythique des guerres arabo-byzantines (VIIème – Xème siècles), quelque part entre le roi Arthur et Robin des bois. Sauf que notre héros combat les croisés au lieu d’en faire partie. Les légendes abondent sur son compte, comme celles de ses fabuleux pouvoirs. Sa voix était capable, dit-on, de faire éclater en mille morceaux les corps de 72 000 infidèles sur un champ de bataille, rien que ça (ce qui nous donne quand même 72 millions de morceaux de Chrétiens, autant dire un cauchemar pour l’identification des corps). Inutile de dire que cette saga ne va pas s’entourer d’un extrême réalisme.

 

Figure de l'Histoire turque, Battal Gazi est aussi le personnage de nombreux romans.

 

Mais revenons au film interprété par notre Cüneyt favori. « Battal Gazi'nin intikami » semble être le premier film des aventures de ce héros hors du commun. Nous voilà donc partis pour le pays fabuleux des mannequins en mousse et des héros à la force herculéenne. Le brave et preux Battal coule des jours paisibles auprès de sa femme et de son fils (la preuve : ils boivent le thé).

 

Les Turcs : fiers, braves, accueillants, toujours prêts à faire la fête et à secourir leurs ami(e)s.


Mais le malheur va bientôt frapper sous les traits fourbes et barbus de Chrétiens (ils ont une grosse croix rouge pour les identifier) sans foi (enfin pas la bonne) et sans loi. Le Chrétien est donc fourbe et revanchard. Il fait des serments belliqueux, sent l’ail et va s’ingénier à pourrir la vie de notre héros.

 

Le Chrétien : fourbe, moche et cruel.


Face à lui, le Turc est habile (surtout à l’arc) et beau. Et surtout il a des amis. Certaines mauvaises langues diront même des amitiés très particulières. Mais ses amis vont souffrir et même mourir à cause des attaques de ces Chrétiens fourbes qui font rien que faire cramer et embrocher ces braves gens sans défense, tellement ingénus qu’ils ne savent d’ailleurs même pas mourir correctement devant une caméra. Alors Battal est colère. Surtout après la capture de sa femme et de son fils.

Comment faire le mort dans un film historique turc ? Facile !


Ex. 1 : vous vous couchez à terre sur le dos, avec un vrai couteau derrière la tête.

Ex. 2 : vous vous couchez à terre sur le côté en position fœtale en tournant le dos à la caméra, collez votre menton contre votre poitrine et posez une fausse tête en carton à côté de vous. L’illusion est parfaite.


En tentant de délivrer sa femme, Battal est capturé par les méchants mais parvient tout de même à trancher la main de leur chef, ce qui permettra désormais à ce dernier d’arborer un joli crochet comme le gardien-chef dans « Story of Ricky ». De plus, ultime souffrance, ils crucifient son épouse et la font brûler (Jeanne d’Arc + Jésus Christ, ça fait beaucoup pour une Musulmane). Au prix d’efforts surhumains, Battal, également attaché à une croix, tente de sauver sa mie, mais en vain : sa dulcinée n’est plus qu’un kebab trop cuit. Quant à son fils, il est drogué par ses ravisseurs qui tentent de lui faire oublier ses vraies racines. Son père a droit aux travaux forcés, comme le premier Ben Hur, Maximus ou Don Saluste venu. Il devient barbu et casse des cailloux. Le chef des méchants revient pour l’ultime humiliation après une révolte avortée : ils ont fait de son fils un Chrétien qui se signe. Bref c’est la mega-dèche.

Deux plans plus tard, la barbe a pas mal poussé et le gamin est devenu un jeune homme qui a tout oublié de son passé et se prépare à partir pour les JMJ. Et le pauvre Battal est finalement jeté comme un malpropre dans un cachot avec d’autres prisonniers barbus. Ô rage ! Ô désespoir! Mais grâce à un habile subterfuge (il se fait passer pour mort), il sort dans un sac du cachot. Le sac est jeté du haut d’un aqueduc (une bien belle contribution des Romains à la civilisation, au même titre que le système sanitaire, la médecine, l'éducation, le vin, l'ordre public, l'irrigation, les routes, l'eau fraîche, le système de santé public, mais tel n’est pas mon propos ici).

Battal, le regard fier même dans l'adversité !


Plouf ! Tel Boudu sauvé des eaux (plus Depardieu que Michel Simon), le barbu humilié va prendre sa revanche (enfin pas tout de suite, il reste quand même 50 minutes de film). Il vole un cheval et fonce vers la forêt de Sherwood, enfin dans un maquis quelconque rejoindre Petit Jean et Frère Tuck. Acrobate comme pas deux, le Jet Li du Bosphore - qui a remis ses beaux habits et enlevé sa barbe postiche - ridiculise ses adversaires et s’en va délivrer ses compagnons de travaux forcés qui sont restés dans une carrière aussi belle que celle de « White Fire » (d’ailleurs tourné en Turquie). Les perquisitions sont inutiles, pas moyen pour les méchants de remettre la main sur notre héros. Et grâce à Petit Jean et Frère Turk, il inflige de sévères défaites à l’ennemi, renvoyant les corps de ses victimes dans des tonneaux !

Battal : un athlète complet.


Son fils est cependant toujours prisonnier, incitant notre héros à escalader la forteresse des méchants avec des lances astucieusement plantées dans de la pierre (!) mais c’est un nouvel échec. Repéré par un archer, Battal est gravement blessé et doit s’enfuir. Il trouve refuge chez une jolie brune (musique de coup de foudre) mais celle-ci est bientôt capturée, ainsi que les compagnons de Battal ! Notre héros doit s’enfuir à nouveau et il est cette fois-ci recueilli par un brave bûcheron, qui se fait lui-même massacrer (re-baston avec les gardes, la routine quoi). Avec l’aide de la fille du bûcheron, habilement dissimilé sous une charrette de foin, il pénètre pour la énième fois dans la forteresse pour délivrer ses compagnons promis au bûcher et venger un nombre incalculable de personnes. Il bande son arc, et trucide des légions de figurants avec une seule flèche. Nos compères s’emparent du château mais le méchant s’enfuit comme un vrai lâche. Complots, subterfuges, fourberies, captures, évasions et autres duperies se succèdent jusqu’au point culminant : le duel à l’épée entre Battal et son fils.

Battal : un héros qui se joue de la gravité.


Ce combat s’achève par une intervention divine : le fils incrédule ne peut porter la main sur son père, paralysé (en fait il a du talc blanc sur le bras) et rejoint le côté non-obscur de la force. Aidé par ses compagnons, Battal va enfin pouvoir foutre une branlée aux Chrétiens. Le combat est sans pitié : Battal, tel un cabri ninja, saute et pulvérise ses adversaires, parfois par lots de 4 ou 5 avec son super-arc. Mais tout ça n’est qu’amuse-bouche avant la confrontation avec l’empereur auto-proclamé, le fourbe à qui il avait tranché la main, qu’il va obliger à se perforer la gorge avec son propre crochet ! Une victoire sans appel. Tout le monde est content et clame le nom de notre héros. Cette petite page d’histoire turque se clôt sur un salut au drapeau, comme chez Michael Bay.

Des mannequins en mousse que l'on jette sans vergogne...


Soyons honnêtes, on est plus proche du film historique un peu pataud que des délires auxquels la présence de Cüneyt Arkın nous a habitué avec des perles comme « Turkish Star Wars » ou « Death Warrior ». Réservé donc aux fans hardcore qui ont déjà vu les chefs-d’œuvre du maître et ne sont pas rassasiés. Le quota nanar est malgré tout largement respecté, notamment en ce qui concerne les trampolines et les mannequins en mousse (mais pas les plans nichons comme dans d'autres épisodes de la saga...).

- Gatman -
Moyenne : 2.17 / 5
Gatman
NOTE
2/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Parfois diffusé sur des chaînes turques, ce genre de film jamais copié en vidéo a failli disparaître corps et biens. Heureusement il y a certains Turcs prêts à tout pour sauver leur patrimoine culturel, comme ceux de "Fanatik Video" qui, après avoir commencé en enregistrant sur VCD des versions magnétoscopées à la télé, proposent aujourd'hui des versions HD ! Les nouvelles caps de la chronique viennent de chez eux, et ont les remercie pour leur travail.
Le film est visible sur Youtube mais hélas sans sous-titres d'aucune sorte.