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Superman le diabolique

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Superman le diabolique

Titre original :Come rubare la corona d'Inghilterra : Argoman Superdiabolico

Titre(s) alternatif(s) :Le Diabolique Superman, Argoman, Superman contre les robots, Supermen contre les robots

Réalisateur(s) :Terence Hataway (Sergio Grieco)

Année : 1967

Nationalité : Italie

Durée : 1h16

Genre : Héros kitsch et queutard

Acteurs principaux :Roger Browne, Dominique Boschero, Eduardo Fajardo

Wolfwood
NOTE
2.25/ 5

L'affiche italienne, qui ne fait pas mention d'Argoman (ou en très petit en bas à droite)

 

...Tout l'inverse d'ici, donc.


Londres, fin des années soixante.

Jénabelle, une dangereuse terroriste qui se fait aussi appeler "la reine du monde", dérobe au nez et à la barbe des autorités la couronne d'Angleterre. Scotland Yard étant impuissant, un seul homme peut sauver le Royaume-Uni du déshonneur qui menace de l'accabler. Oh mais que vois-je ? Là bas, regardez !

Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ?

Mais non, c'est… c'est…


…un guignol en collant.


Oui, je comprends votre déception, mais Superman n'a pas pu venir. Et puis dans le fond, vous croyez sérieusement qu'il en a quelque chose à faire ? Ah ça, crâner en stoppant un avion en plein vol, c'est dans ses cordes, mais dès qu'il faut retrouver les bijoux de famille d'une vieille rombière, y a plus personne. Cela dit, quand on pense que tout ceci n'est qu'une ruse et que notre méchante de service ourdit de plus sombres desseins, pour dérober en France une pierre aux propriétés révolutionnaires dans le but de conquérir le monde, on en viendrait presque à regretter que notre boy-scout en cape rouge n'ait pas daigné bouger ses miches.




Cette garce de Jénabelle.




Notre héros en civil, Sir Reginald Hoover (alias Roger Browne, déjà vu dans « Vulcan Dieu du Feu », « Samoa, Fille Sauvage », « Karzan » et « La Guerre des Robots » : plus qu'un CV, un véritable casier judiciaire).


Mais soyons sans crainte, le redresseur de torts local n'a rien à lui envier, et Argoman - prononcez-le à la française, c'est plus chic - a tout pour s'imposer parmi les plus grands. Déjà, son alter ego a une classe folle, même si conscient de son charme et de son look à mi-chemin entre Jean Marais et Sean Connery, il se permet d'emballer tout ce qui bouge, en plus d'être un tantinet machiste. C'est vrai que choisir sa petite amie comme on commande un cheeseburger n'est pas digne d'un gentleman, tout comme profiter de ses capacités extraordinaires pour dérober des objets de valeur comme la Joconde, mais bon on lui pardonne vite ses petits défauts.



Nouveauté des 3 Redoutes : la fiancée livrée à domicile (disponible en plusieurs modèles).


Sacré Argoman.


Effectivement, les pouvoirs télékinésiques de notre héros sont si impressionnants qu’il force notre indulgence quant à ses divers écarts de conduite, surtout lorsqu'on se rend compte qu'il sait utiliser ses dons à bon escient : déplacer le mini bar, faire du yoyo avec un type venant de se défenestrer, ramener chez lui une demoiselle qui passait par là… non vraiment, rien à dire là dessus. Nous aurions également tort de douter de ses extraordinaires talents d'athlète, qui lui permettent notamment d'être plus rapide qu'une locomotive… bon d'accord, on a juste accéléré la bande pour le faire courir comme dans Benny Hill. Idem pour sa faculté lui permettant de se téléporter : c'est uniquement dû à un montage approximatif de la version originale qu'on a tailladé dans le vif. Ah bah oui, je sais, ça le fait moins d'un seul coup, mais en même temps vous êtes marrant, c'était pas facile de trouver du super héros qualifié à cette époque, fallait truander un peu.


Reginald passe son peignoir…


…et se retrouve cinq secondes plus tard à Londres.


Comme tout ceci ne suffisait pas, notre justicier a aussi un point faible, et s'il suffisait d'un bout de Kryptonite pour rendre Superman impuissant, le talon d'Achille d'Argoman se trouve être… le sexe. Si si, les plaisirs de la chair peuvent s'avérer fatals et privent Argoman de ses super-pouvoirs pendant six heures après l'acte. Une caractéristique très originale mais qui n'arrête pas notre héros, d'autant plus qu'il pourra compter sur l'aide de son majordome et de sa petite amie pour le seconder dans ses aventures. Si le premier n'a qu'un rôle finalement très accessoire, visant surtout à rappeler l'heure à son boss afin que ce dernier sache s'il a le temps de tirer son coup avant d'aller sauver le monde, la seconde a des atouts déjà plus utiles, ne serait-ce que sa plastique lui permettant de se mettre en sous-vêtements pour distraire des gardes et offrant ainsi à son chéri la possibilité de prendre ses ennemis à revers.








Ces deux acolytes lui seront d'un grand secours pour déjouer les projets démoniaques de la redoutable Jénabelle, qui en bonne méchante va tout tenter pour détruire son ennemi. Ainsi, après avoir tenté de corrompre notre héros en s'offrant à lui, elle choisira des moyens plus traditionnels et enverra des sbires pour tenter de le liquider ou le fera tomber dans un piège en kidnappant sa fiancée. Comment ? A vrai dire, nous ne le savons pas trop bien, nous avons simplement à nous dire que c'est normal et qu'une copine de héros ne sert véritablement qu'à une chose : se faire enlever. Toujours est-il que notre héros va devoir la sauver et affronter un terrifiant robot menaçant de la tuer.




Notre héros viendra-t-il à bout de cet engin de mort high-tech ?


La reine du monde n'est cependant pas la seule personne dont le diabolique Superman devra se méfier et il lui faudra aussi échapper à la police qui, le retrouvant sur les lieux des crimes commis par Jénabelle et ses assassins, déduira qu'il est complice de leurs méfaits. Mais il en faut plus pour venir à bout de notre justicier, surtout lorsqu'on s'aperçoit que nos représentants de la force de l'ordre sont particulièrement stupides, comme en témoigne cette poursuite, où notre héros aura juste le temps de se cacher pour endosser son costume de Sir. Jouant le bluff à fond, il se permettra de se rhabiller devant ses poursuivants qui, chose incroyable, ne soupçonneront rien.


Heureusement qu'Argoman comme il respire.


Et c'est bien ce manque d'intelligence qui reste l'un des principaux problèmes de nos limiers et en particulier de leur chef, qui, pourtant conscient des facultés extra sensorielles d'Hoover et des supers pouvoirs identiques de notre redresseur de torts, ne fera à aucun moment le rapprochement entre les deux hommes et se demandera pendant tout le long-métrage qui peut bien se cacher sous le masque d'Argoman. Un petit détail qui apparaît d'autant plus ridicule lorsqu'on constate que d'autres personnages, beaucoup moins informés, le devineront sans aucune difficulté.


Toute la misère sobriété du film en une image.


La découverte de la double identité de Reginald n'est cependant pas la seule chose qui laisse perplexe et les pouvoirs du minerai si désiré sont aussi très difficiles à définir : tantôt simplement capable de changer les métaux en plastique, il deviendra au cours du récit un moyen de laver les cerveaux, avant de transformer les cadavres, ressemblant étrangement aux mannequins d'un magasin de vêtements, en esclaves dociles, pour finalement exploser sans raison aucune à la fin du film, à l'instar de ce bon vieux « White Fire ». Il serait toutefois mesquin de tenir les scénaristes pour unique responsables du laisser-aller général, car dans le genre, les dialoguistes en rajoutent aussi une bonne couche avec leurs phénomènes scientifiques, parlant de "pistolet magnétique" ou de "cigarettes magnéto-supra-radioactives", les dernières ayant qui plus est bien tourné en salle de doublage, pour que certains seconds rôles se voient affubler d'un accent britannique, alors que le chef de Scotland Yard n'en possède pas.


Un mannequin ça peut tout faire : possibilité numéro 17, le cadavre.


L'objet de toutes les convoitises.


Au final, même si l'ensemble a beau être inégal sur le plan de la nanardise pure, on peut dire qu'on ne s'ennuie pas un instant en suivant les exploits du fantastique Argoman. Faisant preuve des mêmes côtés "kitsch" et "too much" qu’un Flashman, il le surpasse cependant d'une tête par ses nombreuses petites touches de folie passagère. Certains trouveront sans doute que notre héros n'est pas aussi fort que « L'Homme Puma » ou « Supersonic Man », néanmoins, il est clair qu'Argoman possède comme eux l'un des pouvoirs les plus convoités qui soit : celui de faire rire.

Un très grand merci au Ricain et à Nikita.

- Wolfwood -
Moyenne : 2.56 / 5
Wolfwood
NOTE
2.25/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Le film est sorti en Blu-ray en Allemagne avec pas moins de quatre piste audio (allemande, anglaise, espagnole et italienne) mais uniquement avec des sous-titres en Allemand par contre, hélas. Côté bonus l'édition n'y va pas de main morte avec un livret de 30 pages, des scènes supprimées, la fameuse scène pré-générique manquante dans la version française et autres featurettes par des spécialistes.

 

 

Le film a connu diverses éditions VHS et DVD à travers le monde sous des titres divers et variés comme « The Fantastic Argoman » ou encore « Come Rubare la Corona d'Inghilterra ». La plupart sont hélas introuvables. La plus récente est chez "Dorado Films" avec les versions anglaises et italiennes et une image remasterisée. 


 


Par chez nous, il faudra se contenter de la rarissime VHS de chez Farah Film Production. Selon certaines sources, elle contiendrait un prologue supplémentaire, dans lequel Argoman affronterait des sbires chinois armés de lance-flammes.


Sinon, il faudra se rabattre sur l'édition de chez Proserpine, se cachant sous le titre improbable de « Superman contre les robots » ou celle chez VIP, cette dernière allant un cran plus loin dans la déconne, avec son visuel et son icono pompés sur « Superargo contre Diabolikus » et son héros rebaptisé « Supermen » (oui, oui, au pluriel).



 

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