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La Dernière Guerre de l'Apocalypse


La Dernière Guerre de l'Apocalypse

Titre original :Sekai daisenso

Titre(s) alternatif(s) :The Last War, The Final War, The Great World War

Réalisateur(s) :Shuei Matsubayashi

Année : 1961

Nationalité : Japon

Durée : 1h19 (originellement 1h50 mn)

Genre : Pamphlet anti-nucléaire

Acteurs principaux :Frankie Sakai, Nobuko Otowa, Akira Takarada, Yuriko Hoshi

JohnMatrix
NOTE
1.5/ 5

Dès qu’on parle d’apocalypse, le nanar guette. Que ce soit pré ou post apocalyptique, en gros ça implique une carrière, des déguisements ridicules, des méchants patibulaires et autres réjouissances. Inséré dans le titre d'une vieille VHS, "apocalypse" fait partie des mots qui émoustillent le nanardeur en quête d'une bonne soirée, à l'instar des mots "commando" ou "de la mort" (si vous tombez un jour sur un hypothétique "L'Apocalypse du commando de la mort", il n'y aura pas à hésiter une seconde). Ce sont ces réflexions qui se sont bousculées dans ma tête de fouineur de VHS à 1 € quand j’ai aperçu la bête :



Un rapide coup d’œil au dos de la jaquette acheva de me mettre en confiance. Mention spéciale aux photos des deux gus armés (comme souvent il apparaîtra qu’ils n’ont aucun rapport avec le film...).


Les plus observateurs auront reconnu Bruce Baron et Jim Gaines dans "Les Massacreurs", un actioner philippin qui n'a absolument rien à voir avec ce film. Franchement, l'éditeur vidéo devait être aux abois pour en arriver à de telles extrémités !



Comme trop souvent, le visionnage des premières minutes m’apprit sans ménagement qu’on n'a pas du tout à faire à un film post-apocalyptique de carrière. Adieu buggies, déguisements, épaulettes et autres luttes pour le pétrole ou l'eau. Le coup est rude. En fait le film propose en parallèle deux histoires distinctes, qui se rejoindront tellement peu que je soupçonne le 2 en 1.

Histoire #1 : c'est celle d’une famille de Japonais : le papa travaille dur, la maman est malade, la fille veut se marier avec un orphelin d’Hiroshima anti-militariste, et les deux petits enfants vont encore à l’école. Premier choc : la VF, tellement ridicule qu’elle ferait marrer un doubleur de TV Achats (oui, même celui qui vante les mérites d'abdotronic). Le pire, c'est surtout qu'il semble n'y avoir que deux gus pour doubler tous les personnages, le garçonnet de 5 ans inclus. Comme tout le monde, vous avez déjà dû essayer de prendre une voix de fausset, comme ça, pour rire, notamment après consommation de substances non remboursables par la sécu. Et bien voilà, tout est dit, vous avez compris les techniques de doublage de "La Dernière guerre de l’apocalypse".


L'affiche originale



Histoire #2 : pendant ce temps, la Troisième Guerre Mondiale se prépare. Pour nous éclairer, une voix off nous explique les rouages du conflit avec une analyse géopolitique des plus pointues, sur fond d’images de rencontre entre chefs d’Etats :

"...deux petits pays entrent en guerre, personne n’y fait attention, et pourtant… ou un sous-marin disparaît, cet événement passe inaperçu, mais il aura des conséquences…"

Non, je n’ai pas coupé la citation ! On devine les points de suspension à la fin de chaque phrase. De sorte qu'on ne sait jamais vraiment ce qui se passe, sauf que que ça se passe.
Le message parallèle que semble vouloir nous transmettre cette voix off étant quelque chose comme "oh ça va, on va pas se prendre la courge à monter une histoire géopolitique compliquée, c’est la guerre mondiale et pis c’est tout, z’êtes pas devant Le Dessous des cartes sur Arté, ici !"


L'affiche mexicaine



Mais pour bien nous montrer que c’est la guerre, on a droit à des images de… guerre. Et là ô miracle, ô joie, les maquettes d’engins militaires surgissent de tous les côtés, avions, missiles, bateaux, voitures etc. envahissent l'écran, c'est un festival ! L'ambiance m'évoque un peu ces compèt' de modélisme du dimanche matin sur la place du village, où ces pubs des éditions Atlas (cette semaine le numéro 1 : l’avion supersonique et son fascicule, 1 € seulement).


La BO du film, ressortie en 1991 (caractéristiques et critique ICI)



Après nous avoir saturé de destructions de maquettes acharnées, le grand final du film peut enfin prendre place : la destruction du monde par un engin nucléaire. On retiendra trois axes éminemment tragiques :
  1. La guerre mondiale commence sur un malentendu

  2. Pendant tout le film, le Japon reste hors du conflit eu égard à son histoire traumatisante avec les armes nucléaires, et pourtant c’est Tokyo qui se mange la première bombe atomique.

  3. Les modélistes vont chialer car pendant 1/4 d’heure on ne voit que des maquettes des monuments du monde entier brûler et exploser sous tous les angles (Arc de Triomphe, Big Ben, Statue de la Liberté, tout y passe) et bien entendu Tokyo.



L'affiche allemande



Là s'est alors produit un drôle de phénomène : croyez-le ou non, mais cette fin m’a profondément ému, malgré le doublage à 2 francs, les maquettes et tout et tout. Sérieusement, je me suis senti touché par la sincérité de ce propos anti-nucléaire, la dimension cathartique d'un tel film pour le public nippon durant l'après-guerre. Finalement le film touche son but, malgré tout. Et comme souvent, c'est encore la VF qui nanardise le tout...


L'acteur Akira Takarada



Addendum :

Si elles paraissent bien kitschs aujourd'hui, les scènes d'apocalypse minutieusement préparées par le spécialiste es modèles réduits Eiji Tsuburaya avaient tellement plues (et peut-être aussi coûtées) à la Toho à l'époque que celle-ci les ré-utilisera dans ses productions sous forme de stock-shots pendant 15 bonnes années !


L'affiche américaine


- JohnMatrix -
Moyenne : 1.08 / 5
JohnMatrix
NOTE
1.5/ 5
MrKlaus
NOTE
1/ 5
Jack Tillman
NOTE
0.75/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
La suspicion d'un "2 en 1" semble s'expliquer par le fait que cette production de la Toho, qui durait à l'origine 1h50, s'est vue charcutée en dépit du bon sens pour son exploitation aux Etats-Unis. Coutumiers de cette pratique avec les films nippons (souvenons-nous de la version US de King Kong Contre Godzilla), les Ricains ont ramené le métrage à 1h19, avec un doublage fait par-dessous la jambe. Cette VHS française de l'éditeur "Vidéo Réfelx" a très vraisemblablement été doublée à partir de la version US.



Un DVD japonais est sorti à Noël 2004 en zone 2, avec ses 110 mn d'origine et au format 16/9, mais avec une VO et des sous-titres en jap exclusivement. Moyennant 4800 Yen ou 46 $ US, quand même...