Recherche...

Dancing Machine

(1ère publication de cette chronique : 2009)
Dancing Machine

Titre original : Dancing Machine

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Gilles Béhat

Producteur(s) :Alain Delon

Année : 1990

Nationalité : France

Durée : 1h45

Genre : Elle kiffe trop la vibesploitation

Acteurs principaux :Alain Delon, Claude Brasseur, Patrick Dupond, Tonya Kinzinger, Marina Saura, Iñaki Aierra

tof121
NOTE
1.5/ 5

Ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de voir un film avec le plus grand acteur français du monde entier ! Quelle chance, alors, d'avoir pu visionner "Dancing Machine" avec, dans le rôle principal, le plus grand acteur français du monde entier, dans le rôle du flic, Claude Brasseur et puis plein de gens pas connus.


Ah ! Le film de danse ! Quelle merveille. On en a connu plein, et des beaux : "Dirty Dancing", "Dirty Dancing II", "Fame", "Saturday Night Fever", "Le Roi danse", "Danse avec les loups", "Danse avec mon bout", etc. Que d'émotions ! Bien sûr, la réussite d'un film tient à la qualité de ses acteurs... et la qualité d'une danse à celle de ses danseurs. Tout le monde connaît la merveilleuse densité dramatique du plus grand acteur français du monde entier, mais danse-t-il bien ? Je veux dire, à part les slows crapuleux. Et Claude Brasseur ? Eh bien, si vous regardez ce film, vous ne le saurez pas ! En effet, pour réussir un film de danse, il faut s'arranger, soit pour que les danseurs jouent vachement bien, soit pour que les danseurs dansent et que les acteurs actent, ce qui n'est pas trop casse-gueule et permet que les vaches soient bien gardées.
"Dancing machine" appartient à cette deuxième catégorie : on a mis en place une division du travail (dont Marx et Engels nous diraient qu'elle est à l'origine de l'aliénation du prolétariat et de la confiscation des moyens de production par la bourgeoisie, mais ceci est une autre histoire).

Le pitch ? Voici !

Alan Wolf (le plus grand acteur français du monde entier) est le plus grand danseur de tous les temps (après Nijinski)... en 1990 ? À 50 balais ? Non, en fait, il aurait pu l'être s'il avait continué. Mais il a eu un accident de moto pendant lequel il tua sa gonzesse (ça arrive) et se niqua le genou. Depuis, il boite dignement et gère une boîte de cours de danse qui rapporte pas mal, mais sa boiterie est une mise en boîte, enfin, on y reviendra.

Son cours est bourré de filles avenantes en super costumes de danse très années 80 et on n'y danse que sur des musiques de Cerrone (mais si, "Supernature", vous connaissez sûrement). On y exécute des chorégraphies compliquées, où personne ne se trompe (à mon avis, ils les apprennent ailleurs puis viennent danser chez Wolf), tout cela sous la houlette de Chico (Patrick Dupond) qui aurait pu être un bon danseur – mais pas aussi bon que Wolf – et qui est devenu son "va chercher".


Patrick Dupond, un lookalike de Martin Lamotte (ou de Patrick Swayze ?).


Mais un mystère plane autour du cours de Wolf. Deux élèves sont mortes d'épuisement devant ses portes.


Cette fille va mourir sous les fenêtres du plus grand acteur français du monde entier. Non pas de honte, mais d'épuisement.


Son ex-femme alerte donc son voisin du dessous, Michel Eparvier (Brasseur), flic franchouillard vivant seul avec son mainate.


Eparvier est un flic un peu beauf (le décorateur s'est visiblement bien amusé)... non, ils ne dansent pas, ils parlent (mais peut-être que dans un film avec une musique de Cerrone, le dialogue qui suit est encore de Cerrone... et tellement entraînant !).


"Eparvier, comme l'oiseau, mais avec un A" ; quand on tient un gimmick aussi fantabuleux, il faut bien le répéter au moins dix fois dans le film, non ? Non ? Eh bien si !


Commence alors une guerre d'usure entre les deux hommes. Qui sera le plus insupportable ? Éparvier parlant à/de son mainate et arborant des chemises à carreaux écœurantes, ou Wolf promenant sa canne et son air de statue de cire sur fond de chorégraphies du neveu de Béjart ? Ou bien encore des tombereaux de danseurs gigotant à qui mieux-mieux en gilets de corps moulants ?


Merde, me suis gouré, c'est Thunderdome...


Quelques morts et la perspective du décès par claxus du stafilet de la jolie Daphné (Tonya Kinzinger) ne nous distrairont pas de l'essentiel : des p'tites pépées admirablement moulées dans leurs combinaisons de danse et quelques somptueux plans nichons.



On n'a que le plaisir qu'on se donne.


Même si tous les plans nichons ne sont pas aussi sympas...


Hélas, les jolies combinaisons moulent également les hommes... et là, c'est plus difficile à supporter.


Le boléro se porte encore beaucoup en 1990 (???). Ici, ce n'est pas celui de Ravel, on n'est pas chez Béjart, non plus !


Le film est "un film à stuut". Qu'est-ce qu'un stuut ? Petite leçon pour les lecteurs qui n'ont pas la chance d'être belges. Un stuut, en dialecte bruxellois, est un problème. "Y'a un stuut" peut se traduire par, "Y'a une couille dans le potage". C'est aussi un truc, une ficelle : "Ça y est, j'ai compris le stuut". Le film à stuut, selon l'expression employée par Hugues Dayez (presque célèbre et très drôle critique de cinéma belge, podcastez donc l'émission "5 heures cinéma" sur Pure FM, ça vaut son pesant de cacahuètes), le film à stuut, donc, est le film ousqu'on croyait jusqu'au dernier moment que le méchant était celui-ci alors que c'était celui-là, ou que le type était déjà mort alors qu'il vivait toujours et qu'il réapparaît au dernier moment, et ça change tout. Un exemple de film à stuut ? [NdlR : en bon anglais de France, on dit aussi film à twist] "Sixième sens" : En fait [CENSURE ANTI SPOILAGE] et à la fin, on se rend compte qu'il [CENSURE ANTI SPOILAGE] et ça nous amène à reconsidérer l'ensemble du film. Un film à stuut est donc un film dans lequel on vous cache un truc qui change tout. Bien fait, ça coupe le squeele... mal fait, euh, comment dire... ça tourne en eau de boudin.

(Pour respecter un peu le suspense de ces œuvres (même "Dancing Machine"), la rédaction de Nanarland a décidé de censurer les révélations qui pourraient vous gâcher le plaisir du stuut, ce qui ne vous empêche pas de savourer ces films accompagné d'une bonne stout.)


Pif, paf ! Aaaaargh ! Voilà, pour finir, c'était [CENSURE ANTI SPOILAGE] le méchant ! Oah, le stuut ! Incroyable !


Heureusement, ici, ça tourne en eau de boudin. Mais au dernier moment, non. C'est juste que [CENSURE ANTI SPOILAGE] ! (NdlR : quel suspense !) On ne sait pas pourquoi, mais c'est comme ça.

Mais sinon, pourquoi donc serait-ce un nanar ? En premier lieu, pour le merveilleux jeu des acteurs. Le plus grand acteur français du monde entier joue comme le plus grand acteur français du monde entier jouant le rôle du plus grand acteur français du monde entier. Genre "je vois pas pourquoi je me foulerais à jouer, je suis le plus grand acteur français du monde entier et ma présence suffit". SuperAlain is back ! Ça donne quoi ? Rien, il a l'air de se faire chier et de mépriser tout le monde... À côté de lui, Brasseur a enfilé ses pantoufles de flic franchouillard, servi par des dialogues redoutables où il est question de volatiles (de mainates, d'éperviers et de poulets, bien sûr). Il conduit une très belle Lada break noire, et c'est à peu près tout ce qu'il y a à en dire.


Léo, Lééééééo !


Finalement, tous les hommes se la jouent sévèrement burnés : airs désabusés, mines patibulaires, tronches de "on ne me la fait pas", etc. À côté de ça, il y a les danseurs qui ont le bon goût de la fermer – les chorégraphies sont déjà assez pénibles comme ça – puis ceux qui ont le mauvais de l'ouvrir. Et là, c'est plus approximatif puisqu'il faut trouver quelqu'un qui danse (on ne peut pas dire qu'ils se sont tous plantés en moto), qui joue et qui accepte de montrer ses nichons pendant les scènes de douche... De toute façon, ce n'est pas grave, on ne leur en demande pas trop : il faut savoir jouer l'épuisement et la tristesse, de temps en temps, éventuellement, un petit air de "Monsieur, votre bite a un goût" et c'est bon. L'important, de toute façon, c'est le plus grand acteur français du monde entier et la musique de Cerrone ! Cela étant, mon préféré, c'est le commissaire divisionnaire (Etienne Chicot), qui non seulement est un acteur de grand talent, mais en plus émet une sorte de ronflement à chaque fois qu'il respire... ce qui lui arrive quand il parle, bien sûr. Viks Vapo Rub, au secours ! Cela étant, quand on s'appelle Chicot, c'est un peu normal de faire de drôles de bruits en parlant, non ?


"Grlb, Et alors, Monsieur Wolf, burp, que faisiez-vous ici, hops, hein ? Grmbl"


En deuxième lieu, le scénario tient en entier sur le verso d'un ticket d'entrée pour "Le Massacre du printemps" de Jean-Claude Béjart (le neveu). Nous avons d'ailleurs retrouvé ce ticket dans un repli du skai du siège baquet de la Ford Sierra Cosworth (décapotable) de Cerrone. En voici, en exclusivité pour Nanarland, la retranscription intégrale : "Une fille danse sur la musique de Marc. Le directeur de son école de danse a l'air méchant, mais il est gentil (à la fin). Ne pas oublier les scènes de douche !" Il faut remarquer qu'ils se sont mis à trois pour écrire ça : Paul-Loup Sulitzer, Loup Durand et Marc Cerrone. Après, il a fallu passer à "l'adaptation cinématographique" (sans doute que le premier projet, c'était pour la Comédie française), assurée par Didier Decoin et Alain Delon. Enfin, les dialogues (enfin, le dialogue, dans le générique, c'est au singulier) sur les mainates sont dûs à Didier Decoin.

En troisième lieu, comme tout bon (?) film de danse, on voit des gens qui gigotent grotesquement la moitié du temps. Vous allez me dire, ça fait du métrage. Oui, mais bon, c'est bien moins intéressant qu'une bonne scène de douche !


Danse ! Oui, danse !


Petite danse improvisée dans un appartement inconnu... on touche le fond !


En quatrième lieu, il y a le plus grand acteur français du monde entier qui joue comme on sait. Et ça, c'est enthousiasmant, et ça mérite bien qu'on y revienne un coup. Tellement satisfait de lui qu'il en oublie qu'il joue dans un film, il traverse tout avec sa tête de circonstances (avec un "s" parce qu'elle convient à toutes les circonstances). Ajoutons à ça des dialogues débiles et pompeux, dont une magnifique tirade de départ sur Nijinski et une lamentable tirade de fin pour tenter d'expliquer pourquoi, pendant tout le film, le finaud feint de vouloir faire flancher la fille qu'il kiffe à donf à la fin.




Le plus grand acteur français du monde entier a perdu son expression. Aide-le à retrouver la bonne : a) la douleur ; b) la contrition ; c) la suffisance ; d) la passion amoureuse ; e) la compassion pour les victimes de la crise financière ; f) l'enthousiasme pour la victoire de l'équipe nationale de handball ; g) la jouissance (physique) ; h) la jouissance (mentale) ; i) la jouissance (de l'usufruit sur la part des héritiers réservataires).


En cinquième lieu, la musique. Aaaaah, Cerrone ! Le grand artiste que voilà ! Quand on ouvre son film sur une ode à Nijinski, faire tout un film sur la musique de ce grand artiste, voilà qui ne manque pas de panache !

"On dit qu'il était le plus grand des danseurs. Moi, je crois qu'il était plus qu'un danseur. C'était un oiseau. En scène, il ne sautait pas, il s'envolait. Naturellement c'était aussi un homme et après s'être envolé il retombait. Mais les gens qui l'on vu n'ont gardé que le souvenir de ses envols. Pour eux, il est toujours là-haut, entre la poussière de la scène et la lumière des projecteurs. Vous voyez, je connais Nijinski mieux que vous."


Une belle tirade sur Nijinski... et hop! une apparition du grand Paul-Loup.


Il paraît que la musique est disponible en LP et en musicassette, voilà qui serait cool pour l'autoradio de votre Fiat Ritmo décapotable ! Ceci dit, outre le fait que Cerrone est un génie que même Jean-Michel Jarre il est jaloux de lui, s'il est l'auteur de la musique, c'est sans doute aussi parce que l'idée originale du film est de lui ! Et là, on imagine Cerrone avoir une idée et aller en parler au plus grand acteur français du monde entier qui lui propose d'accoquiner Paul-Loup Sulitzer ! Il fallait bien que Cerrone tente de relancer sa carrière puisqu'il avait loupé le train de la "New Beat" et de l'"Acid".

En sixième lieu, les danses, bien sûr. Ah ! Merveilleuses années 80. Tout en douceur et délicatesse, tout en chorégraphies d'ensemble (de Redha, annonce le générique), le "Lac des cygnes" meets "Disco Fever" ! Et là, si vous aimez ça, on va vous en servir jusqu'à la nausée.


Une belle danse... précédée d'un peu de "moonwalk". En 1990, c'est super à la mode !


N'empêche, ça a l'air sympa et facile : dans ces répétitions, personne ne perd le rythme, on n'explique rien, on ne s'échauffe pas, on ne reprend pas un enchaînement. Le boss dit "dansez" et vous dansez à la perfection comme par miracle. Jusqu'à une merveilleuse scène de danse improvisée dans un parking sous-terrain où l'héroïne tire parti des très postmodernes colonnes de béton. Alain Delon a dit "Je m'arrête parce que je ne voudrais pas faire le film de trop" et c'était après celui-ci. Alors donc, ne riez pas. Vous êtes devant une œuvre comprenant de vrais morceaux de plus grand acteur français du monde entier ! Car c'est son cœur qu'il met à nu ! Cet homme à l'apparence froide, artiste universellement admiré au destin tragique, attirant les femmes comme le Swiffer la poussière, jugé sévèrement par le monde, mais, au fond, grand amoureux devant l'éternel, amoureux de la Femme, cachant sa fêlure par pudeur, c'est qui à votre avis ? Ce ne serait pas le plus grand acteur français du monde entier ?


Le saut de l'homme qui faisait semblant de boiter depuis des années.


Cela étant, le plus grand acteur français du monde entier est acteur principal, scénariste et producteur du film... on ne pourra pas dire qu'il ne l'a pas cherché ! On s'étonne juste qu'il n'ait pas voulu chanter sur les si belles musiques de Cerrone !


J'ai failli oublier. Voici un mainate. Cela étant, c'est pas parce qu'on filme un oiseau qu'il faut le filmer de travers, surtout que le plan ne manque pas de repères pour vérifier qu'on est bien droit...

- tof121 -
Moyenne : 1.96 / 5
tof121
NOTE
1.5/ 5
MrKlaus
NOTE
1.5/ 5
Kobal
NOTE
1.25/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Drexl
NOTE
3.5/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Il existe un petit DVD de chez "Cité Ciné", reprenant l'affiche du film en visuel. Hélas, il est un peu épuisé et ne se trouve plus aussi facilement qu'avant. D'autres éditeurs ont parfois glissé ce film dans des compilations Delon.

Pour nos amis canadiens, il existe aussi un zone 1 aux éditions "Roissy" dont voici le visuel.