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Sex Trip

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Sex Trip

Titre original :Eurotrip

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Jeff Schaeffer

Année : 2004

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Trip à la mode de con

Acteurs principaux :Scott Mechlowicz, Michelle Trachtenberg, Jacob Pitts, Kristin Kreuk

Zord
NOTE
3/ 5

Petite perle arrivée tardivement en France, "Sex Trip" ("Eurotrip" en VO) relève d'une catégorie bien particulière de films "comiques", ceux dont le ressort drôlatique repose sur la confrontation entre plusieurs cultures différentes. Traité avec respect et intelligence, ce genre de concept peut aboutir à un résultat réellement drôle, voire grinçant, comme "Les Dieux sont tombés sur la tête" ou "Les Chinois à Paris" du regretté Jean Yanne.



Mais, dans la situation contraire (soit environ 99% des cas), ça a tendance à donner un truc d'une subtilité rare, genre "Mon curé chez les Bamboulas", dans un pays d'Afrique imaginaire (appelé le Fégwobobo ou le Béniwiwi parce que c'est plus drôle) avec Michel Leeb dans le rôle d'un chef de tribu (là, dis don'), Philippe Clair dans celui d'un rabbin pied-noir égaré, par ailleurs marchand de tapis, travesti, et amateur de couscous bon comme là-bas, dis, et Aldo Maccione dans celui du dragueur italien qui enseignerait sa célèbre démarche "Aldo la classe" à une tribu de pygmées sodomites, le tout sur une bande originale entraînante des Martin Circus, chantant leur célèbre "J'm'éclate au Sénégal" en duo avec Frankie Vincent (c'est marrant, j'ai beau être conscient que ce que je viens d'écrire sort entièrement de mon imagination malsaine de nanarophile fantasmeur, une petite voix intérieure persiste néanmoins à me dire "Ils en auraient été capables... Oh oui, ils en auraient été capables...").


L'Europe vue des Etats-Unis : l'Irlande est devenue britannique, le Luxembourg français et la Corse italienne... Un film pour désapprendre la géographie.


Mais pour peu que l'on soit Américain, qu'on ne connaisse ni Michel Leeb, ni Frankie Vincent (les pauvres !), et que l'on ait un budget assez conséquent, on peut quand même se servir de ce genre de concept "comique" pour démouler un gros cake sur pellicule, n'ayant pour vague prétexte à scénario qu'une accumulation de clichés particulièrement ringards (mais probablement extrêmement drôles et pertinents, vus du pays de l'Oncle Sam) desservie par un casting de d'jeunes à la con, au sein duquel le rôle de la bonasse de service est assuré par la jolie Michelle Trachtenberg, surtout connue pour son rôle de petite soeur de Sarah Michelle Gellar dans "Buffy contre les vampires".

 

Le "talent" de Michelle Trachtenberg... [NDLR : qui n'a aucun plan nichons dans le film. Probablement parce qu'elle n'avait que 17 ans lors du tournage]


Eurotrip, c'est avant tout un humour, une finesse, une subtilité qui ont incité les distributeurs britanniques à le re-titrer "The Ugly Americans" pour son exploitation dans les salles du Royaume-Uni. C'est dire si nos amis grandbretons ont apprécié le niveau des gags du film... et pour une fois que les Anglais marchent de concert avec le reste de l'Europe, ça mérite d'être signalé. [NDLR : en réalité il s'agit du working title]

Alors, de quoi que ça cause t'y finalement, Eurotrip ? Eh bien, comme son nom l'indique, Eurotrip est la narration des déboires d'une bande de jeunes Américains sur le Vieux Continent, déboires essentiellement causés par leur méconnaissance des us et coutumes européennes, qui sont à l'origine d'une série de tentatives de gags drôles - mais généralement consternants ou affligeants - dans lesquels aucun stéréotype ni aucun cliché ne sont oubliés, le tout sur l'air de "ça plane pour moi" de Plastic Bertrand.

Jeune lycéen de l'Ohio, Scott se fait larguer, le jour même de la remise des diplômes, par sa copine Fiona qui lui préfère le leader du groupe punk-rock du coin (Matt Damon, en tournage pas loin pour les Frères Grimm)


Matt Damon gagnant son pain à la sueur de son front (peu de temps après son contrôle fiscal).


Bourré comme un cochon après la petite fête de fin d'études au cours de laquelle lui et son pote Cooper ont bu comme des sagouins pour oublier, Scott envoie chier Mieke, son correspondant allemand sur Internet. Réalisant trop tard qu'en allemand "Mieke" est un prénom féminin et que la "Mieke" en question est un top-canon qui lui faisait des avances plus que suggestives, Scott se mord les doigts et décide de partir avec Cooper la retrouver chez elle, à Berlin. En chemin, ils retrouveront deux autres amis avec lesquels ils partiront à la conquête de la Vieille Europe.


The heroes. A la recherche du Continent Oublié.


La jolie Mieke (Kristin Kreuk) se languit des étreintes fougueuses de son beau cow-boy américain...


Allez, les gars ! Un toast à ce film qui va nous ouvrir les portes de la gloire !


Voilà, le prétexte du film étant posé, il ne restait plus au scénariste qu'à consulter son dictionnaire des clichés éculés pour élaborer une trame narrative qui sera le prétexte à tous les gags pas drôles du film. Prétexte qui, toutefois, permettra au spectateur de se croire supérieurement intelligent et clairvoyant puisqu'il n'y a pas UN gag qui ne soit devinable cinq minutes à l'avance. Chacun d'entre-eux arrive comme un cheveu sur la soupe, généralement sans aucun rapport avec l'histoire principale, juste histoire de dire "ah tiens, là, on va caser un truc marrant" pour aboutir très rapidement à un résultat absolument abracadabrantesque, mêlant hooligans anglais supporters de Manchester, bataille à la Matrix avec un mime-robot français en face du Louvre (scène à haute teneur en nanardise, à regarder exclusivement en VO pour apprécier "le parler français" de l'acteur), dragueur homosexuel italien gominé, space-cakes et dominatrices hollandaises, gardes suisses, nudistes belges, french lovers, David Hasselhoff qui chante en allemand et routiers slovaques.


Si cette image vous fait rire, ne prenez pas la route.


Et forcément, qui dit Allemagne dit "David Hasselhoff".


Quelques Anglais typiques.


Soyons francs, Eurotrip est un teen-movie, ce qui implique que la plupart des gags se situent clairement en dessous de la ceinture, évoluant dans un registre "bite-couilles-nichons" teinté d'érotisme potache et grassouillet
pour ados, qu'on peut éventuellement trouver drôle pour peu que l'on ait 15 ans ou que sa vie soit un Sahara affectif et sexuel. Comme beaucoup de teen-movies, Eurotrip s'adresse essentiellement à un public de puceaux à qui les producteurs se doivent de de fournir la quantité de sexe raisonnablement exigée par le cahier des charges et les problèmes hormonaux des spectateurs. En revanche, dès que les scénaristes se risquent à des tentatives d'humour plus... hum... disons "géopolitiques" et "socioculturelles", la nanardise tant annoncée arrive à grandes foulées et explose les high-scores de la beauferie la plus crasse. N'est-il pas proprement hilarant de voir un gosse allemand se dessiner une petite moustache au feutre avant de marcher au pas de l'oie en faisant le salut hitlérien ? Non ? Vous ignoriez que par un étrange atavisme génétique, les Allemands resteront des Boches et des Nazis pour l'éternité ? Heureusement que le cinéma américain est là pour nous rappeler cette évidence, de nos jours un peu trop oubliée en Europe.

 
Sans aucun doute le gag le plus consternant du film. Et, croyez-moi, je m'y connais !


En plus de ce genre de clichés va-de-la-gueule, on peut aussi apprécier le talent des scénaristes pour ressortir de vieilles blagues pourraves qui n'étaient déjà pas drôles il y a quinze ans, et pas davantage aujourd'hui, même remises au goût du jour. Vous êtes prêts ? Alors, j'y vais:

- "Que fait un Ethiopien à qui on a offert un grain de riz ?"
- "Il ouvre un restaurant"
(rires)

Et bien, croyez-le si vous le voulez, de cette vanne débile, ils ont réussi à faire un gag de cinq minutes ! Sauf que là, l'Ethiopien de l'histoire est remplacé par un majordome de Bratislava qui, recevant un pourboire de cinq cents de la part de l'un des héros du film, claque sa démission à son chef de rang pour "aller ouvrir son propre hôtel". Je sais, c'est navrant, mais toutefois, je mets au défi quiconque regarde cette scène de ne pas partir dans un fou rire nerveux se transformant bientôt en hurlement psychotique, afin d'évacuer la consternation naturelle provoquée par ce gag que même les Charlots n'avaient jamais osé faire. Pour information, toute la partie "Europe de l'Est" (c'est-à-dire la "Jeune Europe" citée en exemple par Donald Rumsfeld) du film est semée de blagues de cet acabit qu'il serait fastidieux de tenter de résumer, sans oublier toutefois le clin d'œil au riche play-boy français, dandy, pervers et bisexuel qui vient alpaguer de la pauvresse en Slovaquie et tente de se taper la petite Américaine au passage (un personnage, appelé "Christophe" dans la VO, qui devient un "Christopher" tout ce qu'il y a de plus british - accent compris - en VF).


Madame Vandersexxx (Lucy "Xena" Lawless) en tenue de travail.


Arlette à Malibu.


Et ce véritable feu d'artifice de gags foireux continuera tout au long du métrage jusqu'au bouquet final, dans la Cité Papale du Vatican. Car il ne faut pas oublier que si l'Europe est un continent arriéré, c'est aussi parce qu'il est en grande majorité papiste et catholique, alors que l'élite mondiale est protestante, méthodiste ou baptiste, comme chacun le sait. Faisant par erreur retentir la cloche de San Marco (qui annonce normalement la mort du Pape en exercice), nos jeunes Américains déclenchent par inadvertance un début d'incendie dans une certaine cheminée des appartements papaux... (oui, oui, cette cheminée là ! Avouez que vous avez déjà compris le gag à venir avant même d'avoir fini de lire cette phrase, bande de petits malins)... avant de retrouver Mieke, faisant du tourisme au Vatican, et de conclure sur le happy-end à l'américaine final (et de s'envoyer en l'air dans un confessionnal sous les yeux d'une vieille bigote - Mindy Sterling, la "Frau Farbissina" des Austin Powers - histoire de rigoler encore un bon coup avec un dernier gag drôlatique et furieusement novateur).


In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, habemus nanaram !


Eurotrip, c'est une expérience unique et fascinante, tout à fait le genre de films qui amène à l'esprit des dizaines de questions existentielles dont la plus persistante reste quand même "dois-je en faire une chronique pour Nanarland ou vais-je plutôt me décider à aller me pendre". Ceci dit, si vous lisez ces lignes, ne vous illusionnez pas trop. C'est surtout parce que je suis incapable de faire un noeud coulant correct.


Ouéééééé ! On est sur Nanarland ! On est sur Nanarland ! On est, on est, on est sur Nanarland !

 

NDLR : Certaines personnes auront remarqué la présence de plusieurs caméos dans "Eurotrip" (dont le titre faisait évidemment référence à "Road Trip", teenage comédie au succès certain de l'annnée 2000). Eurotrip qui, par ailleurs, n'a bien évidemment pas été tourné dans les pays que les protagonistes visitent, mais intégralement... à Prague.

Un Parisien du film... regardez bien les mots ecrits sur la vitrine.

Parmis les caméos nous avons donc Lucy Lawless, qui parlera du film dans une interview en 2003 avec beaucoup (trop) d'entrain :
"I did a juicy little cameo in a Dreamworks movie, produced by Ivan Reitman, which I believe will be entitled The Ugly Americans, but nobody was sure at that stage. (...) It was really fun. A classy operation - one of those movies that's real dumb and real funny. The script was done by Seinfeld writers and they're brilliant. It really ought to be the next American Pie or Bill and Ted's Excellent Adventure."

Parmis ceux qui s'étonnent de voir Matt Damon dans le rôle du chanteur Punk, ça s'explique simplement par le fait qu'il était aussi à Prague, pour tourner le film "Les Frères Grimm" de Terry Gilliam, pour lequel il s'était rasé le crâne afin de porter une perruque. Etant donné qu'il connaissait également assez bien l'équipe, il a accepté de tourner une nuit avec eux pour leur faire plaisir.

Soulignons aussi le rôle d'Henry Rollins en temps que supporter de Manchester United alors qu'avant d'être acteur, il était un joueur phare de l'équipe de Wimbledon FC.

Et comme on aime la nudité et le cinéma sur Nanarland, on estime cette capture d'écran toute à fait pertinente.

- Zord -
Moyenne : 2.00 / 5
Zord
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Le film est sorti en Belgique et en France dans une version dite "unrated" directement issue du zone 1 collector américain. Sauf qu'au pays des mimes karatékas, "Universal" a préféré le sortir sous le titre "Sex Trip" (ce qui est toujours plus vendeur ou à tout le moins plus racoleur). On y trouve une fin alternative, des featurettes rigolardes, un karaoké et plein d'autres bêtises sûrement très fines et très drôles.

Sinon il existe un blu-ray américain chez "Paramount- Warner Bros", mais zone A et en anglais, avec uniquement la version cut.

 


Aucun Teen Movie américain ne peut vraiment être digne des exigences culturelles du CINEMA s'il ne propose pas sa version "uncut". Version aussi inutile cinématographiquement qu'elle est cynique commercialement et dont Eurotrip, ne sera bien évidemment pas exempt.

Pour celles et ceux qui aiment les éditions "j'en veux pour mon argent", il existe encore des packages regroupant les films par accointance de titres "Trip".


Enfin, si vous vous posiez la question : oui, dans l'édition allemande, toute la scène avec l'enfant qui marche au pas de l'oie avec une moustache a été supprimée.