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Les Réformés se portent bien


Les Réformés se portent bien

Titre original : Les Réformés se portent bien

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Philippe Clair

Année : 1978

Nationalité : France

Durée : 1h25

Genre : Corvée de pluches

Acteurs principaux :Philippe Clair, Les 13 cloches, Michel Peyrelon, Evelyne Buyle, Daniel Derval

Nikita
NOTE
2.75/ 5

Avec « Comment se faire réformer », Philippe Clair avait cédé à la mode du film de bidasses, pour nous offrir un film un peu en-deçà de ses œuvres habituelles. Le succès au box-office de ce premier opus devait l’inciter à remettre le couvert, toujours avec la troupe bigarrée des « 13 cloches ». Ô Joie ! Si le premier film se montrait trop souvent d’une banalité certaine, accumulant les situations convenues et lésinant sur les envolées surréalistes, cette seconde aventure des appelés calamiteux et de leur adjudant pied-noir remonte d’un cran, accumulant gags insensés et dérapages vertigineux dans le n’importe quoi. Principal facteur de cette amélioration notable : la disparition de l’énervant Christian Parisy, héros pas drôle du précédent film, dont les historiettes sentimentales ralentissaient considérablement le rythme.

Ici, la vedette est tenue collectivement par la troupe des 13 cloches, dont on retrouve les éléments les plus marquants : Hervé Palud (le costaud), Philippe Sochon (le hippie), Eddy Jabès (le Belge), Daniel Derval (l’homosexuel), Pierre Triboulet (heu… Triboulet, quoi), avec toujours les participations de Richard Anconina (le Juif) et Vidal Benchimol (l’Arabe). Le film y gagne une dimension chorale qui le rend bien plus dynamique et délirant que son prédécesseur, tout en amplifiant son aspect joyeusement débile.


Daniel Derval et Pierre Triboulet.


Richard Anconina et Vidal Benchimol dans une subtile allégorie des relations judéo-musulmanes : Philippe Clair, prophète de la paix entre les cultures.

Le début du film se situe juste après la fin de « Comment se faire réformer » : les bidasses restant continuent de tenter de se faire réformer, sous la surveillance moyennement efficace de l’adjudant Prosper Pérez, dit « Tonton Merguez », toujours interprété par un Philippe Clair qui tente de briser les records existants de cabotinage.




Michel Peyrelon.

Mais un nouvel élément vient perturber le laisser-aller parfaitement ordonné de la chambrée : le terrible Capitaine Pichet (Michel Peyrelon), vétéran des guerres coloniales, est chargé de mettre au pas toute la chambrée des réfractaires. L'officier parviendra-t-il à mater les candidats à la réforme ? L’adjudant Prosper réussira-t-il à séduire la femme de Pichet, dont il est tombé amoureux ? Qui se fera réformer ? Autant de questions traitées dans un désordre total : visiblement galvanisé par le succès de son précédent film, Philippe Clair se lâche un peu plus et, sans atteindre un niveau de délire comparable à ceux de « La Grande Maffia » ou « La Brigade en Folie », laisse son équipe de comédiens faire n’importe quoi avec un enthousiasme admirable.


Le fabuleux Eddy Jabès.


Le « gamin » de la bande, qui demande à dormir dans la chambrée avec son nounours.


A l’arrière-plan, le Haré Krishna du régiment.

Une mention particulière doit être attribuée à un Michel Peyrelon en roue libre, qui fait passer son personnage de Capitaine peau de vache de la perversité à la démence schizophrène, en passant par le délire paranoïaque. Evelyne Buyle, dans le rôle de son épouse, apporte une touche d’élégance au casting, tout en donnant elle aussi dans le freestyle ambiant.


« Ha-ha-ha-haaaaaaa ! Les bleu-bites !!! »


Intense jeu de la séduction entre Philippe Clair et Evelyne Buyle.

Mais, comme dans « Comment se faire réformer », une partie de la vedette est piquée par Pierre Triboulet dans son rôle d’intellectuel halluciné. Non seulement il persiste depuis le premier film à garder une coupe tout sauf réglementaire, mais notre homme fournit l’un des running gags du film. Triboulet met régulièrement en scène de faux suicides, souvent à grand renfort d’effets gore, et passe son temps à s’écrouler raide mort, tandis que surgit à chaque fois, et où que se déroule le suicide, un curé (joué par Fernand Legros, célèbre marchand de faux tableaux qui apparaissait déjà dans « Comment se faire réformer ») qui vient lui donner l’extrême-onction dans les contextes les plus improbables.


Triboulet est grand.


Running-gag : quelqu’un s’évanouit en trouvant Triboulet « mort » et Fernand Legros accourt pour donner les derniers sacrements à ce dernier.


Ici, il se « suicide » d’un coup de couteau dans le dos.


Raide mort sur l’autoroute (et Legros est toujours là !)


Pendu au drapeau.

Suivant un scénario manifestement improvisé et tenant plus de l’accumulation de saynètes qu'autre chose, « Les Réformés se portent bien » emporte l’adhésion par la profondeur de son portnawak. Malgré une ou deux baisses de rythme, on finit par suivre avec une vraie sympathie les mésaventures débiles des bidasses les plus calamiteux de toute l’histoire du service militaire.


Hervé Palud se réjouissait à l’idée de « garder » la fille du colonel, mais il se retrouve avec une gamine de 6 ans qui va le martyriser.

>
Michel Melki prend sa douche avec un parapluie (???).


Les joies du service.

Oscillant entre la bidasserie traditionnelle et le Benny Hill sous cocaïne, le film tire l’essentiel de sa force du cabotinage frénétique de ses interprètes. Philippe Clair, notamment, reprend son rôle du précédent film avec un peps assez admirable et en arrive parfois à porter le film sur ses épaules, jouant de son accent pied-noir outrancier comme Louis de Funès jouait de ses grimaces. Il parvient cependant à ne pas trop se mettre en avant (comme il le fit plus tard dans « Par où t’es rentré on t’a pas vu sortir ») et laisse les 13 cloches donner au film un rythme qui, pour peu que l’on soit bien disposé, fait largement oublier la bêtise profonde de l’argument.

Ayant épuisé toutes les potentialités du service militaire, et parce qu’ils devaient bien être démobilisés un jour (une fois la trentaine atteinte, évidemment…) Philippe Clair utilisa à nouveau la troupe, ou du moins une partie de ses éléments, dans « Ces flics étranges venus d’ailleurs », de loin le meilleur film d’une trilogie que l’on aurait volontiers vu devenir tétralogie. En attendant, le second film de la série est suffisamment azimuté pour nous réconcilier avec la vie de caserne !

- Nikita -
Moyenne : 1.88 / 5
Nikita
NOTE
2.75/ 5
Kobal
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Contrairement au très inférieur « Comment se faire réformer », cette deuxième bidasserie du père Clair n’a pas encore été rééditée en DVD. Y’a pas de justice ! On pourra néanmoins se consoler, si l'on a la chance de les trouver, avec les vieilles VHS de chez VIP.


La B.O. du film : un vrai collector !