Ce site web utilise des cookies, uniquement à des fins statistiques.
Ils nous permettent de connaître la fréquentation de notre site web, et les contenus qui vous intéressent.
Pass Thru
(1ère publication de cette chronique : 2016)
Titre original : Pass Thru
Titre(s) alternatif(s) : Aucun
Réalisateur(s) : Neil Breen
Producteur(s) : Neil Breen
Année : 2016
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1h30
Genre : Et on tuera tous les affreux
Acteurs principaux : Viad (?), Kathy Corpus, Abraham Rodriguez, Taylor Sydney, Jason Morciglio, Nicole Spitale, Steve Brito, Neil Breen
D’aucuns pourraient croire que Neil Breen avait déjà tout dit, tout balancé dans Double Down, I am here….Now et Fateful Findings. Et ils n’auraient pas vraiment tort, par ailleurs. Est-ce une raison pour arrêter là une filmographie à nulle autre pareille ? Bien sûr que non. N’avez-vous donc rien appris de sa trilogie didactique, de ses boucles temporelles interminables recroquevillées sur elles-mêmes jusqu’à l’anesthésie des sens et du sens ? Tant que l’humanité ne se sera pas fondamentalement améliorée, tant que sa parole ne sera pas bâillonnée par vous, les ronds-de-cuir, les nababs corrompus tireurs de ficelles, Neil Breen tournera encore, toujours, encore, toujours, encore et toujours le même film à quelques subtiles variations près. Là, par exemple, il a topé un drone pour quelques plans aériens au grand angle de particulièrement mauvais aloi, et quelqu’un lui a apparemment conseillé de sourire – il s’acquitte de la tâche à peu près aussi naturellement qu’Arnold Schwarzenegger dans la fameuse scène coupée de Terminator 2.
Un prologue totalement Tree of Life.
L'enfer de la drogue.
L'enfer des armes.
Gniiiiiiiii.
Quatre ans après son dernier opus magnificum, le messie de Las Vegas s’en revient hanter les monticules rocheux du Nevada de sa présence gênante, dans un nouveau rôle de démiurge venu rendre une justice pour le moins sauvage. Cette fois-ci, il ne se contente plus de pousser les politiciens, banquiers et traders corrompus au suicide, ou d’en crucifier une poignée pour l’exemple. Finis, les enfantillages. Après une overdose sous le soleil, en plein passage de clandestins et de trafiquants, une intelligence artificielle du futur ET d’un autre monde prend possession de la dépouille du junkie. Et Neilou Breenou de délivrer une nouvelle fois son jugement à l’humanité en faisant littéralement disparaître tous les méchants – hors champ, la plupart du temps, ou dans de saisissants fondus au rien. The Leftovers des fils de pute par un artificier petit bras. Même les présentateurs du JT y passent, avant que l’IA ne prenne cinq minutes d’antenne pour expliquer son génocide tranquillou.
Du symbolisme de bon aloi.
Avant d’en arriver à ce morceau de bravoure monté bizarrement cut (tout prophète soit-il, Breen a peut-être du mal à mémoriser tout un monologue), Pass Thru aura emprunté des chemins pour le moins tortueux, entre des sous-intrigues encore plus mal menées que d’habitude à base de gamins fans d’astronomie, de leur professeur en phase terminale de cabotinage, de groupes de clandestins exclusivement constitués de jeunes femmes essoufflées, de trafiquants caricaturaux sans réellement savoir de quoi, au juste, ils sont la caricature. Le plus sidérant, c’est de voir à quel point Neil Breen le cinéaste ne s’améliore pas. Le mec refuse l’acquis par expérience. Il se place au-dessus de la grammaire cinématographique, cette catin de Babylone pour petits bourgeois habitués au confort d’œuvres regardables.
Un des moutards astronomes.
Le professeur, cabotin jusqu'à l'article de la mort.
Neil Breen maîtrise le temps...
...et l'espace.
Le sound design est une nouvelle fois un chaos sans nom, une arme vicieuse à même de faire saigner les oreilles sensibles. Guettez le montage central où Neil Breen « s’infiltre » parmi des gens de la haute société vantant ouvertement leurs méfaits, une coupette de mousseux à la main (« Isn’t that corrupt ? » leur demande-t-il régulièrement, fier comme Artaban) : c’est un véritable festival de disparités sonores ultra-violentes, d’incrustations hasardeuses, de silences gênés, de non-jeu, de montage à la machette élimée par les organes vitaux d’animaux morts, désespérés par tant de haine.
Isn't that corrupt?
Cool guys don't look at (fake) explosions.
Le scénario n’est pas en reste, édifice branlant gérant atrocement mal ses multiples intrigues, balançant son climax aux deux tiers pour finir sur ces inévitables contemplations désertiques où Neil Breen kiffe la vibe avec un tigre incrusté (hommage au Nature of the Beast de Rock Aliens ? Peut-être, allez savoir). Cerise sur le gâteau, Pass Thru recèle quelques-uns des pires interprètes de la filmographie breenienne, ainsi que des dialogues aussi fous que « Your mother is my sister, she was murdered, I swear to God I’ll take care of you, you’re my niece ».
Quand le tigre regarde le doigt, Neil Breen regarde le ciel.
The Nature of the Beast.
Le fan de Neil Breen, petit animal chafouin rongé par le mal de la cinéphilie la plus déviante, n’aura pas manqué de relever de troublantes similitudes entre les tropes esthétiques de sa filmographie et la saison 3 de Twin Peaks, avec ses effets spéciaux ratés, ses rythmiques à contretemps, ses figurants amorphes ou franchement mauvais sous un ciel bleu de carnaval raté. Les deux œuvres pourraient être les deux faces d’un même onirisme cotonneux cinglé d’Americana déviante. Pile, les cauchemars d’un artiste zen psychédélique. Face, les rêves de puissance d’un grand enfant tout aussi mégalomane qu’assez peu subtilement sociopathe.
Des effets spéciaux.
Toujours plus d'effets spéciaux.
Pass Thru monte encore d’un cran dans la radicalité du discours breenien : tous les salauds doivent mourir. Qu’est-ce qu’un salaud ? Ah ! si tu poses la question, prépares-toi à disparaître en fondu. L’ultime film de Neil Breen le montrera vraisemblablement seul au milieu des cadavres de l’humanité toute entière, sous le regard bienveillant d’une licorne. Un demi-sourire serein illuminera son visage tiré en arrière par un catogan poivre et sel. Ce sera d’autant plus beau qu’il sera le seul à le voir.
Je viens de tuer la moitié de la population. Tout de suite, la météo.
Cote de rareté - 4/ Exotique
Barème de notation
Un double programme de l'extrême qui culmine à 9,5/10 sur l'échelle de javellisation des cerveaux.