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Femmes en Cages

(1ère publication de cette chronique : 2008)
Femmes en Cages

Titre original :Curral de Mulheres

Titre(s) alternatif(s) :Amazon Jail

Réalisateur(s) :Oswaldo de Oliveira

Année : 1982

Nationalité : Brésil

Durée : 1H33

Genre : Doubleurs à mettre en cage

Acteurs principaux :Mauricio do Valle, Elisabeth Hartmann, Sandra Graffi, Vanessa Alves, Marcia Fraga

Nanar-Addict
NOTE
3/ 5


Un DVD allemand.


Demain j'arrête. Et oui, demain j'arrête de regarder "Femmes en Cages", car je commence à entrouvrir dans ce film improbable la porte d'une dimension philosophique, là où Oswaldo de Oliveira enfonçait à grands coups de latte celles de la vulgarité. Mes divers visionnages de cette œuvre décomplexée m'auront en effet poussé à une extrapolation presque déplacée : "Femmes en Cages" serait-il, passé le choc primaire de sa plastique obscène, un vibrant pamphlet sur la liberté et la mort ?


L'affiche originale.


Obscène, car les personnages qui peuplent ce film semblent évoluer dans un microcosme où tous les hommes seraient des porcs libidineux, et les femmes des catins délurées, sortes de souris de labo passant le plus clair de leur temps à copuler frénétiquement. Dans le monde que dépeint le réalisateur, la jungle est d'ailleurs une vraie réserve naturelle de filles à moitié nues que les chasseurs attrapent au lasso... Si, si, vraiment :


Yiiiiiiiiih Aaah !


"Femmes en Cages" est l'un des derniers nés des films d'exploitation dits WIP (pour Women in Prison), un genre qui connût son heure de gloire dans les années 60 et 70, notamment grâce à Jesus Franco. Oswaldo de Oliveira avait déjà exploré la filière en réalisant "Bare behind Bars", avec un certain succès.



"Femmes en Cages", c'est aussi un résumé tellement alléchant qu'il vous fait foncer sur votre magnétoscope à la manière d'un Ben Johnson chargé en testostérone. Edgar, proxénète local, sorte de Depardieu avec moustache de trafiquant de cannabis californien des 70's, kidnappe des donzelles dans la jungle (on se demande ce qu'elles y font, mais passons) pour les vendre à de riches clients. Il est secondé par Helen, sous Dyanne Thorne, gardienne du corral et maîtresse occasionnelle du patron et d'une pensionnaire. Gravitent autour de ce duo quelques sbires, ainsi que le neveu d'Edgar, adolescent imberbe dont la niaiserie n'a d'égale que son amour pour Jeannie. Cette dernière, une prisonnière belliqueuse blonde, fomente une mutinerie avec Clara, petite brunette sulfureuse au caractère emporté.


Cette vermine d'Edgar.



Helen alimente le champ lexical du domptage.



Jeannie et Clara, des femmes Barbara Gourde.



C'est l'amour à la cage...


Il convient de rendre hommage aux dames en leur réservant le début de ce texte, tant le propos du réalisateur dégouline d'une misogynie flagrante. La plupart des filles se comportent comme des traînées et ne dénoncent jamais vraiment leurs conditions de détention ; au contraire, elles débitent des listes à la Prévert de propos pornographiques avec un naturel confondant. Clara ne rêve-t-elle pas secrètement d'être danseuse topless dans un bar à routiers ?

Même les situations les plus simples de la vie quotidienne, comme se laver nues à trois au milieu de l'Amazonie en parlant de la quéquette du voisin, débouche sur des chapelets de grossièretés. Marcher dans la forêt ? Râles de plaisir. Chercher des œufs ? Soupirs langoureux. C'est bien simple, ça n'arrête jamais.

Leurs attributs semblent donc être leur talon d'Achille, motif de leur captivité, mais aussi le seul remède qu'elles connaissent à opposer à la sauvagerie masculine. Ainsi les plans nichons s'étalent-ils durant 1h30, spectacle fascinant pendant lequel ces dames quittent l'horreur de la confrontation à l'Homme prédateur sexuel pour y replonger connement dès la scène suivante. Le pied. Ajoutez à cela qu'elles sont cupides et matérialistes, telle Clara s'offrant au pasteur contre de la peinture, et les voilà habillées pour l'hiver (ça les changera).


Clara, fille contestataire...



...mais pas trop.



Dis, ça me rappelle un film de zombies...


Ceci étant, vous n'en verrez pas plus, les scènes restant soft, contrairement aux dialogues crétins qui les agrémentent. Vous l'aurez compris, la vulgarité est le ressort nanar principal de "Femmes en cage", au grand dam des pornophiles qui auront maté ce film au pitch faussement prometteur, dont j'imagine avec gourmandise la mine dépitée devant leur écran de télé. Nulle trace cependant sur le net d'une référence à ces dialogues, j'imagine donc avec émerveillement qu'il s'agit d'un choix délibéré des doubleurs, mécanisme de défense normal du quidam voulant protéger sa santé mentale, car la fac ne prépare pas à ça. Superposé à des dialogues originaux abscons, le doublage en roue libre qui s'évertue à propager à tout-va un argot boulard 70's totalement dément, rajoute au film une couche de débilité réjouissante. A titre d'exemple, le rêve de liberté de Jeannie, prétexte à une blague Bigard ™.
Car le second élément nanar du film repose sur son scénario qui tient sur un timbre. Le scénar initial devait compter dans les, allez, 3 pages, le seul but de ce machin étant de montrer des filles à poil. Comment justifier la présence de ces deux campeurs teutons en pleine jungle ? Sauf à montrer que nos héroïnes sont de parfaites cruches, se jetant à poil dans la gueule du loup au lieu de le contourner, honnêtement, je ne vois pas.


La rigueur teutonne, c'est plus ça.


Alors, misogyne ce "Femmes en Cages" ? Pas foncièrement, si l'on s'attarde un instant sur les hommes peuplant la jungle brésilienne. Véritable parterre d'abrutis finis, reliques d'une époque où l'on courrait nu dans les prés un gourdin à la main, à qui la vision d'une femme fait perdre la raison (faut dire qu'elles sont toutes à poil... et en cages) et les excite comme des coqs sans tête. A croire qu'ils n'ont pas de cerveau mais six testicules bien irrigués. Peut-être est-ce la même raison qui aura poussé le cameraman à sucrer les fraises, zoomant et dézoomant frénétiquement pendant une bonne partie du métrage ?

Edgar est le héraut de cette clique virile, brute avinée et colérique, bête de sexe limite homme-singe nazi dont le rôle bref mais déterminant dans la goujaterie ambiante sera contrebalancé par le twist mettant en scène un pasteur homosexuel d'une certaine rigidité. Il finira par se dérider dans la scène finale alors que son campement prend feu, sourire qui n'aurait sûrement pas dû survivre au montage.


Pour ceux qui n'auraient pas vu "9 semaines 1/2".



Et tu comprendras l'ingéniosité de mon jeu !


Le duo pasteur/François, qui ressemble vaguement à une tentative d'humour de la part du réal', fera en tout cas basculer le film dans un final hystérique et coloré. Un final qui verra nos héroïnes prisonnières de chercheurs d'or en rut livrer leur combat final pour la liberté (et le fric aussi, faut pas exagérer non plus).

La mort de Clara sera le climax d'on ne sait pas trop quoi, tant elle demeure mystérieuse et incongrue. Clara esclave de sa sexualité moite, agitant ses nichons comme de la gelée anglaise, réalisant son rêve de gogo danseuse pour vrais mecs, dont la mort en pleine partie fine a des échos de sacrifice cathartique. Clara qui danse pour que ses copines en réchappent... Ceci dit, elle n'a pas tellement le choix tant les boyfriends des prisonnières, censés les libérer, font preuve d'une rare incompétence. Cette clique au nombre fluctuant est systématiquement en retard, papote beaucoup et se révèle capable d'assister à un viol sans sourciller.


Quatre.



Non, cinq !



Euh, sept ?



Non, c'est sans espoir.


Mon autocritique commence à l'écriture de ces lignes, alors que je me demande à quel point le nombre de visionnages d'un nanar peut influer sur mon raisonnement. Je deviens indulgent avec le réalisateur, lui prête des intentions didactiques qu'il n'avait certainement pas. Cherchant certainement un peu de sens dans cette mélasse orgiaque, j'en oublie presque le plaisir primaire de mon premier visionnement et surtout le mot de la fin d'Helen.
Disons-le franchement, rien ne prépare à visionner une œuvre aussi vulgaire que "Femmes en Cages". Certes, le vivier foisonnant des films de WIP nous aura déjà offert quelques petites perles de déviance racoleuse, venant flatter les bas instincts primaires du spectateur et réjouir l'amateur de bisseries, mais cette contribution brésilienne à ce sous-genre pas très finaud s'est immédiatement imposée sur Nanarland comme une oeuvre fascinante de bêtise et de vulgarité gratuite. Il y occupe une place bien au chaud, entre un bon vieux Ilsa et "Maîtresses très particulières".




"Femmes en Cages", le crépuscule des crapules.


Merci à Kobal pour les astuces.


Kobal, même les prisonnières t'admirent !

- Nanar-Addict -
Moyenne : 3.86 / 5
Nanar-Addict
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
4/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
Labroche
NOTE
4.5/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Drexl
NOTE
4/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5
Jack Tillman
NOTE
4.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Facilement trouvable en DVD anglais (hélas, la VF fera cruellement défaut) sous le titre "Amazon Jail", "Femmes en Cages" y est couplé avec un "Bare behind Bars" dont j'ai lu qu'il en montrait bien plus. En France, seules les éditions VHS de chez René Château et Punch Video sont disponibles.






Au moins, la jaquette est tirée du film.


Attention à ne pas confondre le film de Oswaldo de Oliveira avec celui de Gerardo de Leon, intitulé "Women in Cages" (édité en DVD par Bach Films).