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Killer Klowns

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Killer Klowns

Titre original :Killer Klowns From Outer Space

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Stephen Chiodo

Année : 1987

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h28

Genre : Chasse aux clowns de l'espace

Acteurs principaux :Grant Cramer, Suzanne Snyder, John Allen Nelson, John Vernon

John Nada
NOTE
B.F./ 5


Le sujet : une invasion extraterrestre.
Le cadre : une paisible petite ville américaine teeellement typique.
Les protagonistes : Mike et Debbie, jeune couple d’amoureux un peu niaiseux + Dave, ex de Debbie et flic sympa + les frères Terenzi, deux marchands de glace un peu à la masse.
Originalité : les aliens sont des clowns (et c’est unique dans l’histoire du cinéma, Madame).


Les Clowns Tueurs Venus de l'Espace.


Au commencement, le scénario se révèle d’une limpidité émouvante : deux jeunes amoureux se bécotent tranquillement en observant les étoiles filantes. L’une d’elle, un peu grosse, un peu bleue, un peu bizarre, semble passer juste au-dessus d’eux et s’écraser non loin, dans une forêt du patelin. Intrigués, les deux tourtereaux décident d’aller voir de quoi il en retourne. A défaut d’une étoile filante, il s’agit bien sûr du vaisseau spatial de nos clowns extraterrestres, un très joli chapiteau de cirque.


Je sais pas vous mais moi, j'ai toujours eu peur des clowns...


Lorsque Mike et Debbie débarquent sur les lieux, les aliens ont déjà eut le temps de faire une première victime, en la personne d’un brave paysan qu’une telle apparition n’a pas manqué de rendre perplexe (« Par tous les saints, à quel jeu ils jouent dans ce cirque ?! » se demande le vieil homme au moment de mourir).
La suite est suffisamment géniale pour se passer de commentaires :


Mike (les mots lui manquent): « Nom d’un chien ! C’est pas une étoile filante ! Ca ressemble à une... à un...
Debbie (secourable): ...chapiteau de cirque !
Mike (songeur): Mais qu’est-ce que peut faire un cirque dans un coin aussi perdu ? C’est plutôt mal choisi comme emplacement...
Debbie (sa perspicacité la fait paniquer): Ca ne va pas ! Tout ça n’est pas normal !! Nous étions à la recherche d’une étoile filante !!!
Mike (gamin): Une minute, ça à l’air chouette ! On va voir ce que c’est ! »


Puis, une fois à l’intérieur du vaisseau spatial (en forme de chapiteau donc) :
Debbie (charmée): « Ha ! Ha ! Comme c’est bizarre... Quelle sorte de cirque cela peut-il bien être ?
Mike (pédant): Ce doit être un de ces cirques européens, tu vois, qui donnent dans le genre fantastique. »
Evoluant dans un couloir joliment coloré, les deux jeunes gens semblent de plus en plus enchantés.
Mike (au comble du ravissement): « C’est un endroit fabuleux... on dirait qu’il a été décoré par des clowns en folie ! »


Puis ils débouchent dans une salle un peu plus intriguante, avec une étrange machinerie qui fait du bruit et provoque tout pleins d’éclairs roses.
Mike (un peu perdu): « J’arrive pas à le croire... mais où sommes-nous, dans une centrale nucléaire ?
Debbie (grave): Non...
Mike (il en rajoute): ...dans un silo à missiles ?
Debbie (dans un murmure horrifié): Non...
Mike (il continue): ...dans une base militaire ?
Debbie (elle vient d’avoir une révélation): Mike ! L’étoile filante !!!
Mike (vraiment trop con): Mais enfin de quoi tu parles ?
Debbie (qui perd un peu patience tout de même): L’étoile filante que nous avons vu, on est A L’INTERIEUR !!!
Mike (dépassé) : ... »


Un hommage aux grands classiques. Des gens de goût, les frères Chiodo...


Quelques instants plus tard, toujours dans le vaisseau :
Debbie (mortellement sérieuse): « J’n’ai jamais crû ce qu’on raconte sur les ovnis, mais s’il est vrai que les ovnis existent, dans ce cas nous nous trouvons dans l’un d’entre-eux.
Mike (avec une assurance condescendante): Debbie, du calme. Il doit bien y avoir une explication logique à tout ça.
Debbie (pas convaincue): Ecoute, ce n’est pas ce que tu crois... J’t’assure que ça ne peut pas être de la barbapapa qui est stockée là !
Mike (catégorique): Mais qu’est-ce que tu racontes ! Bien sûr que c’en est !! »
Finalement, fuyant enfin les lieux, pourchassés par les clowns tueurs venus de l’espace qui leur tirent dessus avec des armes chargées de pop-corn :
Debbie (incrédule): « C’est du pop-corn ! Pourquoi du pop-corn ??
Mike (péremptoire): Parce que ce sont des clowns, voilà pourquoi ! »
Et c’est à peu près comme ça tout le long, voilà.


Seulement deux petits millions de dollars de budget et, sans aucun cynisme, en authentiques amoureux du genre, les frères Chiodo (Charles, Edward et Stephen, déjà créateurs des Critters) nous livrent un sympathique petit film au sujet, d’une part complètement fou, d’autre part abordé avec beaucoup d’enthousiasme et d’assurance. Dans ses innombrables références aux films d’invasion extraterrestre des décennies précédentes, le trio est parvenu à trouver un juste équilibre, entre l’hommage frigide du fan trop respectueux et la grosse parodie méchante et facile de l’opportuniste, détournant avec bonheur tout un catalogue de clichés inhérents au genre sans jamais le dénigrer, avec un humour rafraîchissant et beaucoup de fantaisie.


Quand on vous dit que l'excès de sucre peut tuer...


Très réussis, les décors intérieurs du vaisseau spatial / chapiteau de cirque tiennent à la fois du train fantôme et de l’univers de Alice aux Pays des Merveilles, et donnent sa couleur au film, à l’instar du bric-à-brac d’accessoires et d’effets spéciaux qui l’anime. Comme leurs créateurs fourmillent d'idées, les clowns de l'espace sont toujours pleins de ressources pour commettre leurs méfaits : quand ils n'assassinent pas le badaud à coups de cotillon ou de tarte à la crème (inévitable), ces aliens improbables ont recours à une variété de pop-corn d'un genre assez particulier, font naître des ombres chinoises carnivores et traquent leurs victimes humaines avec des chiens en baudruche, même s'ils ne boudent pas les moyens plus traditionnels (pistolet à rayon laser ou même à mains nues, j'en tiens pour preuve la brutale décapitation d'un Hell's Angel d'un seul coup de poing). Killer Klowns offre ainsi une multitude de petites scènes réjouissantes, dont le succès tient pour beaucoup au look incroyablement grotesque des clowns extraterrestres, qui promènent leurs mines bouffies à travers tout le film d'une démarche pataude en profitant de leur apparence bonhomme pour tromper tout le monde.


Il faut les voir jouer aux marionnettes avec des cadavres, tâter et renifler les cocons renfermant les humains comme le ferait une ménagère avec des melons au marché ou encore s'efforcer d'offrir leur sourire le plus avenant en faisant signe à une petite fille d'approcher, tout en dissimulant derrière leur dos un énorme maillet. Pour vous en débarrasser, tirez leur dans le nez (un bon gros nez rouge de clown) et ceux-ci exploseront alors comme de gros sacs bourrés de confettis, détruisez leur vaisseau et vous serez gratifiés d'un magnifique feu d'artifice. Confrontez l'un d'entre eux à un vieux flic bourru et sceptique, qui n'aime pas les clowns ("Sale 'nez rouge' !") et prend son boulot très à coeur ("J'ai tenu l'coup en Corée, j'peux en faire autant ici") et vous assisterez à une scène gentiment surréaliste.


Chasse gardée.


Comme quoi, même dans le cinéma fantastique, petit budget n’est pas forcément synonyme de misère visuelle ou de désastre esthétique. Encore pour cela faut-il être habile et inventif, deux qualités qui ne font pas défaut aux Chiodo Brothers (de véritables touche-à-tout issus de la BD qui ont débuté dans le monde du ciné par les effets spéciaux).
Avec des trucs simples mais efficaces, les frangins ont su exploiter à fond le décalage provoqué par la nature clownesque et néanmoins féroce de leurs aliens pour nous livrer un petit film attrayant, un gentil délire qui a au moins le mérite de sortir un peu de l’ordinaire (c’est quand même le principal intérêt du genre) sans jamais se prendre au sérieux.




La bande originale du film concoctée par le groupe The Dickies, qui s'était déjà distingué avec une chanson Toxic Avenger.

- John Nada -
Moyenne : 2.75 / 5
John Nada
NOTE
B.F./ 5
Rico
NOTE
B.F./ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Labroche
NOTE
BF/ 5
Kobal
NOTE
B.F./ 5
Wallflowers
NOTE
B.F./ 5
Drexl
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Ce petit bijou est ressorti en DVD zone 1 top qualité chez MGM, avec, par chance, des sous-titres français et des bonus (docu façon making-of, galerie photos, conception des personnages). C'est d'autant plus rageant de voir que la version zone 2 est elle bien moins bonne avec notamment un nouveau doublage assez pourri.


L'accroche originale qui parodie celle d'Alien...

 


Et la version française, pas en reste, qui s'en prend à Spielberg


Du coup, pour profiter de la VF débile à souhait, il fallait se reporter sur les VHS éditées par "Kara Films" en France et "King's Video" en Belgique.
Le film est ressorti en blu-ray plus récemment aux Etats-Unis. On annonce aussi pour mars 2018 une édition spéciale de prestige. Wait and See.


Sinon curieusement "Twentieth Century Fox / MGM" a sorti en 2008 un coffret intitulé "Invasion" avec "28 jours plus tard", "L'Invasion des Profanateurs de sépultures" et notre "Killer Klown". Il est à craindre qu'on y retrouve encore la mauvaise VF.


A noter que les frères Chiodo caressent toujours l'idée d'un Killer Klowns From Outer Space 2... En attendant, ils ont réalisé toute l'animation des marionnettes de Team America World Police de Trey Parker. Des gens de goût on vous dit !