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Halloween : Résurrection

(1ère publication de cette chronique : 2020)
Halloween : Résurrection

Titre original :Halloween Resurrection

Titre(s) alternatif(s) :Halloween 8

Réalisateur(s) :Rick Rosenthal

Année : 2002

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h34

Genre : Halloloose

Acteurs principaux :Tyra Banks, Jamie Lee Curtis, Busta Rhymes, Katie Sackoff, Brad Loree, Bianca Kajlich

Rico
NOTE
2/ 5

Un superbe artwork alternatif présent sur le DVD autrichien.

 

Halloween 8, ça suffit (Merci Wallflowers pour cette vanne de boomer)

On le sait, dans les sagas cinématographiques, il y a des hauts, des bas, des très bas et... des en-dessous de tout. 

Alors forcément, à force de recycler une formule, on finit par l’épuiser jusqu’à la parodie. Et pour ce qui est de la saga Halloween, on en est déjà, au moment où nous écrivons ces lignes en 2020, à 10 films suivant le chef-d’œuvre de Carpenter sur un argument de base avouons-le ultra mince : un tueur masqué indestructible qui traque ses proies à l’arme blanche avec toute la lenteur qui sied aux choses inéluctables. A force de rallonger la sauce pour faire des suites tous les deux-trois ans, le risque de déraper vers le ridicule était forcément inévitable.

Et quitter la route pour manger le platane, la saga l’avait déjà fait autour des numéros 5 et surtout 6, avec ses histoires de prophéties absconses et sa secte homicide sortie de nulle part. Mais ces films étaient plus fauchés et pathétiques que franchement ridicules, et avaient surtout fini par tuer la franchise à force de médiocrité au milieu des années 90.

D’où une suite surprise pour l’anniversaire des 20 ans, fort justement intitulé Halloween, 20 ans après, faisant table rase des épisodes qui suivaient le film originel avec Jamie Lee Curtis faisant son grand come back en Laurie Strode. 

Pour vous y retrouver dans la timeline compliquée de la saga Halloween (hormis les 2 reboots de Rob Zombie) nous vous renvoyons à ce très bon article récapitulatif de Films-Horreur.com.

20 ans se sont écoulés depuis les événements du premier film. Laurie a refait sa vie à l’autre bout du pays, toujours traumatisée par le souvenir des meurtres d'Haddonfield en 1978. Jusqu’alors enfermé dans un établissement psychiatrique, Michael Myers apprend que sa sœur est encore en vie, s’évade et part en Californie terminer le boulot. Un film plus soigné et satisfaisant, malgré des longueurs, qui fut bien reçu par les critiques et le box-office et convainquit Moustapha Akkad et "Dimension Films" de remettre le couvert pour quelques suites de plus, voir s’il n'y avait pas encore du bifton à gratter.

Problème : même si Michael Myers a, dans les précedents opus de la saga, survécu à des chutes, des incendies et des bastos dans le buffet, il n’en est pas moins techniquement un simple être humain, certes particulièrement costaud et dur au mal, mais pas une créature surnaturelle immortelle. Or, dans le précédent film, Laurie Strode, après lui avoir roulé dessus avec une ambulance, lui a carrément coupé la tête. En gros plan !

Ok soyons clair, pour le faire revenir, ce coup-ci, il va y avoir un souci !

Pour pallier ce problème technique, Akkad et les frères Weinstein à la barre du projet envisagent, dans un premier temps, de s’éloigner du concept original de tueur fou pour faire du nom Halloween une marque sous laquelle on peut raconter des histoires plus diverses, comme Carpenter et Akkad l’avaient déjà tenté en 1982 avec le sous-estimé Halloween 3 le sang du sorcier. Mais très vite les retours du public sont eux sans appel. Halloween c’est Michael Myers, pas d'alternatives, on veut le dingo masqué au couteau.

Bonne chance les scénaristes pour justifier la réapparition de "The Shape" après ça.

Ce qui nous vaut donc, dès le début du film, une longue scène d’exposition où deux infirmières nous résument les événements de l'opus précédent, en tentant de raccrocher maladroitement les wagons le mieux possible. Bon ben tu vois, en fait Myers, alors qu’il poursuivait sa sœur dans l’école où elle travaillait, a fait semblant d’être mort pour tromper la vigilance des autorités. Quand un infirmier s’est approché, il lui a défoncé le larynx pour ne pas qu’il puisse parler et lui a collé son masque sur la tronche pour le faire passer pour lui. Voilà voilà...

On va dire que c'est un hommage à "Bons Baisers de Russie".

Alors bon, si on replace cette explication dans le contexte du film précédent, ça ne justifie absolument pas pourquoi le faux Michael s’acharne à continuer d’essayer de tuer Laurie pendant 10 bonnes minutes avant d’être décapité mais bon, déjà on tient le début d'un bout de prétexte, vous espériez quoi !

Laurie est dès lors, suite à ce nouveau traumatisme, enfermée dans une institution psychiatrique. Mais cette fois-ci, tout en jouant en apparence les légumes pour tromper les médecins qui la gavent de médocs, elle attend le retour de son frangin de pied ferme. Autant le dire tout de suite, aussi grotesque qu’il soit, ce premier quart d’heure où Jamie Lee Curtis doit honorer les clauses de son contrat, en faisant acte de présence pour que son nom soit en gros sur l’affiche, est la meilleure partie du film. Avec celle où Busta Rhymes fait du karaté avec Michael Myers bien sûr, mais n’anticipons pas.




Classique mais indémodable.

La confrontation familiale est soldée en un quart d'heure mais a le temps de nous offrir quelques scènes qui mettent déjà bien à mal la bonne volonté et la suspension d'incrédulité du spectateur. Michael a le temps de décapiter un garde et de cacher sa tête dans un lave-linge en quatre secondes (j'ai chronométré), le temps que son collègue parti s'acheter une friandise au distributeur n'intervienne. Ledit collègue, particulièrement bigleux, explorant la buanderie sans rien voir avant de découvrir la tête dans le lave-linge, de reculer et de trébucher sur le reste du corps gisant pourtant en plein milieu de la pièce. 

Mais le top est atteint quand Laurie piège son frère sur le toit de l'asile. Celui-ci mettant littéralement son pied dans un noeud coulant relié à une grue (qu'est-ce qu'elle fait sur le toit d'un asile ?), sa soeur n'ayant plus qu'à le suspendre au dessus du vide, la tête en bas, pour des retrouvailles qui se voudraient émouvantes mais où Myers passe surtout pour un gros teubé débile.

Et ça, faire passer The Shape pour un crétin, ce sera une grande constante du film.

Vous remarquerez que sur les plans larges, il n'y a aucun noeud coulant.

Surprise !

Heureusement pour lui et le film, les doutes de Laurie sur l'identité de l'homme derrière le masque sur le thème "bon je vais pas encore buter un innocent ce coup-ci" vont lui permettre de reprendre l'avantage et de poignarder définitivement sa soeur.

See you in hell! Jamie Lee enfin délivrée de ses obligations contractuelles. N'empêche, aussi stupide qu'elle soit, c'est la meilleure scène du film.

Après avoir fini de liquider sa famille, Michael, n'ayant plus d'objectif concret immédiat, rend les armes et disparaît dans la nuit. Sauf qu'il reste encore 1h15 de film à compléter alors il va falloir créer une nouvelle histoire. Bon la writing room qu'est-ce qu'on fait ? Et bien si on reprenait tout ce qui est à la mode actuellement ? Actuellement... je veux dire en 2002, quand Halloween : Résurrection est sorti au ciné. Et punaise que ce film sent son début des années 2000 à plein nez !

Avec 20 ans de recul, cette décennie et particulièrement ses premières années ont pris un coup de vieux assez colossal derrière la calebasse. Ce film résume déjà tout ce qui faisait la hype de l’époque : la télé-réalité version loft story, avec ses bimbos et ses beaux gosses décérébrés enfermés dans un appartement sous l’oeil de caméras avides et de producteurs roublards. La mode des chats de drague sur téléphone portable. Et la folie des débuts d'Internet qui était devenu le nouvel eldorado des productions d'horreur sans imagination. Donc on va créer une émission de télé-réalité filmée en live, qu'on va diffuser sur Internet, où une poignée d'étudiants vont retourner dans la maison des Myers restée dans son jus depuis 1978 pour comprendre pourquoi Michael est devenu le serial killer que l'on connaît.

Alors on va s’arrêter une seconde sur la technique parce que pour l’époque, on nage en pleine science-fiction. Nanarland date de 2001 et j’ai personnellement posté mes premières chroniques et rejoint l’équipe du site en 2002. Et je peux vous dire qu’à l’époque, avec le bas débit et un modem 128k, illustrer nos textes d'images en 320X200 était déjà aux limites de l'exploit. Que côté vidéo, au mieux avec un Real Player tournant sous Flash, on pouvait regarder un timbre poste en résolution minimale. Alors en 2002, pour suivre une emission web en direct qui diffuse sur le net 3 ou 4 flux stream en simultané, fallait avoir la connexion de la NASA ! Pour s'en convaincre jetez juste un oeil au site officiel du film d'époque retrouvé sur Archive.net

Et puis qu'est-ce qui marche dans l'horreur à l'époque ? Et bien comme Le projet Blair Witch n’était pas loin, vous avez un peu de style found footage bien crade avec les caméras embarquées. C’est pratique, ça coûte pas cher et comme l’image est dégueulasse, on n'a pas besoin de faire des efforts pour tourner sa scène correctement, c’est toujours ça de gagné. Ajoutez une bonne louche de meta commentaires sur le genre façon Scream, parce que le second degré goguenard ça marche toujours, et vous obtenez un produit en plein dans les pires travers de son temps.

Ah et à l’époque les rappeurs c’était l’avenir du cinéma ! Steven Seagal faisait équipe avec DMX, Redman se faisait draguer par Jennifer Tilly dans Le fils de Chucky, Coolio démastiquait des pterodactyles au fusil mitrailleur. Mec les rappeurs c’est cool, les jeunes, ils aiment les rappeurs alors on va mettre Busta Rhymes dans le film qui va se battre avec Michael Myers, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

Trop chanmé ce film !

Donc Busta Rhymes incarne ici un producteur de télévision sur Internet, bien décidé à lancer le programme le plus révolutionnaire qui soit (en 2002), "Dangervision", un jeu de télé-réalité où une poignée de jeunes clichés sur pattes vont aller explorer la maison d’enfance de Michael Myers, équipés de caméras portatives, pour comprendre comment le tueur a pu passer à l’acte, le tout retransmis sur le web. Histoire d’épicer le programme, quelques comparses ont laissé traîner de faux indices sanglants. De plus Busta est bien décidé à déambuler dans la baraque avec un masque blanc pour faire monter la sauce. Évidemment personne n’est au courant que le vrai Michael Myers, après avoir tué sa sœur, s’est discrètement réinstallé chez lui et ne voit pas d’un très bon œil ces zozos venir briser son confinement.

Derrière toi Busta, c'est affreux !

Parlons en justement des victimes, qui rivalisent de clichés dans le genre mecs libidineux qui se la jouent cool et jolies étudiantes à qui on ne la fait pas, mais qui savent parfois faire tomber le soutif quand l'ambiance et le scénariste le demandent.

Non ce qu'il y a bien dans ce casting, tu vois, c'est qu'ils ne nous demandent pas de test de QI.

Ok les gens on se concentre, pour le choix des candidats je veux de l'enthousiasme.

Gnnn Content !

Moi je suis aussi creepy dans le film que le mec de "That '70s show".

Moi je suis cuisinier et ma théorie c'est que Michael Myers est devenu comme il est parce qu'il avait un régime basse protéine, regardez Hitler, il était végétarien (c'est pas une blague, c'est ce qu'il explique dans le film).

Moi je suis l'étudiante un peu prétentieuse qui se la pète mais il n'est pas exclu que je couche s'il y a besoin.

Je suis le personnage qui n'a pas envie de tout ce cirque médiatique, qui a été entraînée là par sa copine, qui est raisonnable, qui n'a pas de petit copain et je postule pour la place de Final Girl réglementaire.

Ah et quand j'ai peur, je suis super forte en scream queen aussi si besoin !

Mais à titre personnel ma préférée est le personnage interprété par Katee Sackoff qui, en bonne copine super enthousiaste, multiplie les envolées joyeuses et les grimaces et qui surjoue volontairement toutes ses scènes avec jubilation.

Moi je postule pour le rôle du Joker en fait !






Par contre ça se termine mal pour elle (comme pour les 4/5èmes du casting) on ne va pas le cacher....

Une fois son concept enclenché, le film se contente d'aligner les scènes de remplissage avec des phases d'exploration dans une maison des Myers conçue visiblement comme un Tardis puisque 10 fois plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Evidemment, comme l'irruption chez lui d'une équipe de télévision puis de candidats de télé-réalité a tendance à exaspérer notre ami Michael, celui-ci va se mettre à liquider tout ce petit monde les uns après les autres d'une façon, avouons-le, souvent sanglante et imaginative mais absolument pas mise en valeur par la mise en scène du tâcheron Rick Rosenthal, pourtant auteur du plutôt sympathique Halloween II. Les mauvaises langues auraient tendance à dire que si ce deuxième opus de la saga est plutôt réussi, c'est que Carpenter a assuré lui même la plupart des reshoots après des premières projections test mitigées.

Rick Rosenthal s'offre un petit cameo en professeur d'université au début du film.

En fait, l'amateur de slasher et plus particulièrement de la saga Halloween va soit rejeter le film en bloc et se mettre à hurler à la mort tout en jetant des objets sur sa télé, soit se mettre assez rapidement à ricaner devant la désacralisation progressive de son grand méchant, l'accumulation de personnages surjouant la moindre scène, de situations de plus en plus absurdes... comme celle où Busta Rhymes, déguisé en Myers, découvre le vrai Michael, le prend pour un simple figurant dans son show et l'engueule littéralement comme un employé debile, avant que celui-ci ne reparte la tête basse. Un Busta qui survole tout le film en mode badass, présenté comme la véritable star du projet, fan de films d'arts martiaux (il crie son admiration à Hwang Jang Lee au détour d'une scène) et donc qui ne pouvait décemment pas jouer la simple victime passive dans l'affaire.

Car rien ne nous avait préparé à l'affrontement final où un Busta furibard déboule face à Myers en hurlant "Trick or Treat Motherfucker" avant de s'en prendre au boogeyman à grands coups de kung-fu approximatif.


Et comme tout respect est définitivement mort dans ce film, la fin de "The Shape" est particulièrement ignominieuse : après s'être fait dérouillé à plusieurs reprises par notre producteur karatéka, il se fait carrément électrocuter dans les parties avant d'aller s'emmêler tout seul dans des câbles éléctriques et de terminer pendu comme un vieux slip sur une corde à linge. Tu parles d'une menace.

En fait de résurrection, ce huitième numéro s'avère tellement nul et ringard qu’il va, malgré une fin ouverte qui promettait un 9ème opus dans la foulée, directement enterrer la franchise pour 5 ans, c'est-à-dire jusqu’à un reboot complet par Rob Zombie.

Retrospectivement, on peut soit rejeter en bloc ce film pour sa nullité crasse, sa réalisation anémique et sa façon de saborder le mythe (déjà bien entamé par les épisodes 4, 5 et 6, ne nous le cachons pas), comme ce fut généralement le cas au moment de sa sortie. Mais presque 20 ans sont passés et on peut, comme ce fut mon cas quand je me suis lancé dans la retrospective complète de la saga, le considérer telle une petite friandise nanarde déjà bien datée qu'on peut maintenant ressortir lors d'une soirée d'Halloween entre potes, alors qu'on est train de se torcher avec des bonbons à la liqueur, pour s'en moquer gentiment comme d'une sorte capsule temporelle du pire de ce qui se faisait au début des années 2000. 

Trick or Treat Motherfucker !

- Rico -
Moyenne : 1.94 / 5
Rico
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
1.75/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Le blu-ray édité par StudioCanal se trouve aisément et est techniquement de bonne qualité. Sauf qu'ils n'ont pas mis tous les bonus qu'on trouvait dans la version DVD précédente ! Des scènes coupées et pas moins de 3 fins alternatives qui, si elles ne sauvent pas le film pour autant, titillent la curiosité et se retrouvent sur la plupart des  autres éditions blu-ray internationales. Du travail bâclé !

Bonus