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Steven Seagal

(1ère publication de cette bio : 2003)

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Le petit Steven Seagal voit le jour le 10 avril 1951 à Lansing, dans le Michigan. C’est à l’âge de 7 ans que sa vie bascule, lors de sa découverte des arts martiaux. Il étudiera l’aikido pendant une bonne dizaine d’années avant de sauter le pas : en 1971, il part au Japon, étudier avec les grands maîtres zen et bouddhistes. Il y restera 17 ans, et ce qui s’est passé dans cet intervalle, lui seul le sait…


Ce dont on est sûr, c’est qu’il épouse Miyako Fujitani en 1975, qu’elle lui donnera deux enfants, et que le père de la demoiselle lèguera au futur panda vigoureux (son adorable surnom donné par Mad Movies) son dojo. Steven deviendra ainsi le premier occidental à posséder un dojo au Japon, adoptant pour l’occasion le nom de Take Shigemichi aux yeux de ses compatriotes de cœur nippon. Il perfectionnera sa maîtrise martiale en accumulant des ceintures noires en aikido, karaté, judo et en kendo. Pour ce qui est du reste de son séjour japonais, l’on se perd en conjectures, peu aidé par le vigoureux Steven, qui brouille depuis ses débuts les pistes à l’envi pour asseoir son aura mystérieuse de saumon agile (son autre surnom).


Steven Seagal aux côtés de Miyako Fujitani.


Ainsi, Steven aurait fricoté grâce à sa sphère d’influence avec des pontes de la CIA, pour qui il aurait bossé en souterrain, en prolongement de ses potentielles activités de chasseur de primes (il affirme d’ailleurs à ce sujet que son premier film, "Nico", serait grandement autobiographique) ; il aurait participé à la lutte pour le Tibet libre, recueillant chez lui des opposants ; ou enfin il se serait acoquiné au travers de ses relations influentes avec la mafia italienne. L’année suivant le divorce avec Miyako (1987), Steven décide de rentrer saisir sa chance aux Etats-Unis. Il commence par ouvrir un dojo en plein West Hollywood, le Ten Shin Dojo, où il coachera quelques stars telles que Sean Connery ou même le gigantesque Toshiro Mifune. En parallèle, il bosse comme garde du corps pour célébrités hollywoodiennes. C’est l’une d’entre elles, l’agent intouchable Michael Ovitz (qui est resté l’un des hommes les plus influents d’Hollywood pendant une bonne décennie), qui donnera sa chance à Seagal, en lui confiant le soin d’interpréter le flic Nico Toscani dans "Above the Law" ("Nico").


Dès lors Steven devient pour les afficionados une valeur sûre du polar hard boiled, partagé entre les films d’auto-défense bourrins et les pamphlets pro justice expéditive. Avec, cerise sur le gâteau, l’avènement d’un nouveau style de combat : Steven apporte l’aikido à Hollywood en n’en retenant que l’aspect le plus… massif. En gros, quand il ne tatanne pas sauvagement la face de ses adversaires impies, il les immobilise deux secondes avant de leur exploser le bras. Un nombre conséquent de bad guys probablement handicapés à vie dont le nombre ne fait que s’accroître avec le premier vrai grand succès de Steven, "Piège en haute mer", le premier volet du dyptique "Under Siege". Il y joue Casey Ryback, ancien barbouze des services secrets devenu cuistot pour une raison connue de lui seul (encore une fois), qui tel le John McLane de base s’en va-t-en-guerre contre des terroristes indélicats. Le film sort en 1994 et fait un joli carton au box-office, au point que pour parler franc, Steven ne se sent plus ("I am just hoping that I can be known as a great writer and actor some day, rather than a sex symbol", citation d’époque rigoureusement véridique).


Fortement marqué par son équivoque expérience asiatique, Steven souhaite dès lors profiter de sa nouvelle notoriété pour faire passer des messages plus profonds tout droit hérités de ses racines spirituelles. Avec une sincérité désarmante, qui l’oriente parfois à côté de la plaque (entre autres anecdotes, il se fait gentiment lourder du plateau de "Prêt-à-Porter" de Robert Altman, alors qu’il était sur le point de faire une conférence pro-bouddhisme à ce qu’il pensait être un vrai défilé de mode), il se pose en militant de justes causes telles que l’écologie. Au point d’en faire un film, son film (écrit-réalisé-interprété), "Terrain Miné". Il y joue Forrest Taft, ranger écolo, qui sauve l’Alaska et la population inuite à lui tout seul des griffes du méchant industriel campé par le fantôme de Michael Caine.


On le retrouve plus humble dans "Ultime Decision" avec Kurt Russell, où à la surprise générale Steven meurt dans la première moitié du film. La critique est unanime pour dire qu’il s’agit de sa meilleure performance. Retour dès lors pour notre panda préféré à l’actioner dans ta face, où il se campe à l’inverse de ses principes un personnage de gros bourru limite faf ("Le Patriote / Piège à haut risque"). Mais le torchon brûle avec les majors hollywoodiennes : après "Menace Toxique" ("Fire Down Below") et "Le Patriote", Steven s'oriente doucement vers le secteur de la série B.






Gloire périclitante, débutant un abonnement inquiétant aux produits direct-to-video, Steven revient en petite forme dans le très très, mais alors très très crétin (dans le sens affectueux du terme) "Hors Limite". Un film qui se taille un petit succès, au point d'amorcer le début d’une nouvelle franchise comme seule Hollywood peut en générer : le mix hip hop / baston. Seagal est donc confronté au rapper DMX, plat comme c’est pas permis, tandis que les morceaux de bravoure non-sensiques s’enchaînent. Mon préféré : Steven, forcé par sa supérieure, s’en va assister à une thérapie de groupe pour canaliser sa violence. Lorsque la psy lui demande pourquoi il est en colère, Steven de lui répondre : "Je ne suis pas en colère, je ne cache même pas ma joie. Vous voyez ce visage ? C’est le visage du bonheur. Et je vous souhaite de connaître un bonheur comme le mien." Le deuxième volet de la confrontation hip hop US Vs Seagal, "Mission Alcatraz" (où Ja Rule fait très bien le Martin Lawrence du pauvre) accuse une sévère baisse de rythme, et espérons-le, la fin d’un genre.


Rincez-vous le gosier avec "Lightning Bolt", la boisson énergétique de Steven, et découvrez vous aussi le bonheur de casser des bras d'une moue boudeuse.


Quelque peu usé des facéties de sa carrière, le Steven que l’on découvre dans "Mission Alcatraz" ("Half Past Dead") est quasi méconnaissable, accusant une prise de poids conséquente grossièrement maquillée par un montage qui tente de faire paraître ses gestes plus sveltes qu’ils ne le sont. Si le modèle martial de ses prémices cinématographiques penchait plutôt du côté d’un Jet Li radicalisé, Steven ressemble à présent à un Sammo Hung ("Le Flic de Shanghaï", mais pas que) tout pataud et malhabile. A tel point que le "Belly of the Beast", titre VO de "Un aller pour l'enfer", que l'on pourrait traduire littéralement par "Le Ventre de la bête", résonne d’une singulière ironie pour les plus facétieux… Avec "Into the sun", Steven tente de remaker le "Yakusa" de Sydney Pollack en s’attribuant le rôle de Robert Mitchum.


La carrière de Steven semble depuis avoir pris un aller simple direct pour les tréfonds des vidéos club. Négociant le peu de de notoriété qui lui reste, Seagal se contente desormais de faire acte de présence dans des films de plus en plus ineptes, tournés en Europe de l'est à la chaîne et à moindre coût par des compagnies de troisième zone. Dégouté par la médiocrité des "Piège en Eaux Profondes" et autres "Attack Force" qu'il aligne pour payer les pensions de ses trois divorces - un vif litige l'opposera même à Nu Image du fait de son attitude sur les plateaux - il se concentre désormais sur la musique, sa nouvelle passion, et sort 2 albums de blues plutôt bien accueillis par les critiques. Sa voix rocailleuse et désabusée colle bien à la guitare et Steven s'est offert une tournée jusqu'en Europe.


Mais pas d'inquiétude : pressé par ses banquiers, il continue à enquiller les actioners virils aux titres évocateurs :"Vol d'enfer", "Mercenary", "Ultime vengeance", "Once Upon the Time in the Hood" ou "Prince of Pistol". De même, il va tenter de lancer "True Justice" sa série où il décline ad nauseam son personnage de vengeur marmoréen à l'image de "Walker Texas Ranger" de Chuck Norris. Comme le dit le Bushido : même fatigué, le saumon a toujours de la ressource... Tournera-t-il un jour l'ambitieuse biographie de Gengis Khan dont le projet traîne depuis longtemps dans ses cartons ? Sacré panda, va !


Profitant opportunément de son statut de shériff-adjoint réserviste de la ville de Jefferson Parish, en Louisiane, Steven Seagal apparaît à partir de 2009 dans un reality-show intitulé "Lawman" le mettant en scène patrouillant en uniforme dans les rues, et dispensant complaisamment ses conseils à ses co-équipiers. Après des accusations d'agression sexuelle de la part de son assistante personnelle, la série est annulée au bout de deux saisons. C'est loin d'être la première fois (ni la dernière) que Seagal doit faire faire à ce genre de plaintes, mais grace à son entregent, à ses avocats très procéduriers et des compensations financières négociées de la main à la main avec certaines victimes, il semble toujours avoir réussi à obtenir des arrangements judiciaires avantageux qui lui ont évité plus d'une fois la prison. A partir de 2017, suite à l'affaire Weinstein, de nombreuses langues se sont déliées sur son comportement tout au long de sa carrière, tant de la part de ses anciennes partenaires à l'écran que du personnel féminin de ses films, ou encore plus généralement de personnes recrutées pour un travail dans une de ses résidences et qui tracent un portrait particulièrement glauque du personnage.

Seagal fait plus souvent la une des chroniques judiciaires que des magazines de cinéma tant pour son comportement que pour des arnaques financières à base de bitcoins douteux. Là encore suite à des négociations avec le procureur, il s'en sort avec seulement une grosse amende.

En 2018, Steven écrit et produit le très étrange Attrition, réalisé par le Français Mathieu Weschler, avec au casting Louis Fan (Riki-Oh: The Story of Ricky)


Des accusations qui ne découragent pas Steven, loin s'en faut, qui dans les années 2010 se met aussi à la politique. Après un bref revival de son show se déroulant en Arizona, dans le fief du très droitier sherif Joe Arpaio et qui doit s'arrêter brutalement suite à une arrestation musclée qui tourne au fiasco grotesque (devant arrêter un organisateur de combats de coqs illégaux, il défonce par erreur un poulailler avec un blindé de la police, tuant de nombreux animaux dont un chien), Seagal s'acoquine avec la frange la plus conspiro-réactionnaire du parti Républicain et envisage même brièvement début 2014 de se présenter au poste de gouverneur de l'Etat.


Il s'associe avec un politicien local, Tom Morrisey, pour co-écrire un roman hallucinant titré "The Way of the Shadow Wolves". L'ouvrage met en scène un super policier décalqué de son personnage de cinéma devant empêcher une conspiration de jihadistes et de narcotrafiquants visant à détruire l'Amérique et dirigée par Barack Obama lui-même. Autant dire qu'en 2016 Seagal voit l'élection de Donald Trump comme une divine surprise et tresse des louanges au nouveau président. On s'étonne d'ailleurs que ce dernier n'ait pas fourni à Steven un pardon présidentiel avant de partir. Un oubli sans doute.

Steven, toujours jeune et fringant sur les visuels de ses films, grâce à des photoshopages pas toujours réussis.

Mais Trump n'est pas le seul dirigeant d'envergure dont Seagal s'est rapproché. Comme Gérard Depardieu, on l'a beaucoup vu en Europe de l'Est et en Asie Centrale, où ses films sont populaires, parader et monnayer son image publicitaire auprès de dirigeants pour qui la démocratie et le respect des droits de l'Homme ne sont pas forcement des préoccupations premières comme le Biélorusse Loukachenko ou le Kirghise Atambayev. Mais c'est surtout en Russie où il est le plus actif, multipliant les affaires avec les dirigeants et oligarques provinciaux.



Mais évidemment ce sont ses liens avec le maître du Kremlin qui retiennent l'attention. Tout au long des années 2010, notre panda n'a jamais fait mystère de son admiration et de son amitié pour Vladimir Poutine, qui lui accorde la nationalité russe en 2016 (il avait aussi obtenu la nationalité serbe la même année) et le nomme en 2018 ambassadeur de bonne volonté pour rapprocher la Russie et les Etats-Unis.

Au mois d'août 2022, en pleine guerre d'Ukraine, Seagal fait de la retape pour le régime de Poutine sur les plateaux de télé russes, affirmant sans l'ombre d'une preuve que le massacre de prisonniers ukrainiens dans la prison d'Olenivka est dû à une frappe de HIMARS américains.

Côté cinéma, l'acteur a ralenti le rythme des sorties mais continue toujours d'aligner ses productions d'action molle en Europe de l'Est ou à prêter (pardon, "louer") son nom ou son visage encore vendeurs à des productions internationales. Ainsi "The China Salesman" en 2017, production chinoise très nationaliste vendue sur la promesse d'un affrontement entre Saumon Agile et Mike Tyson. Dans la réalité, les deux hommes ne se sont même pas croisés au tournage, Seagal étant remplacé par une doublure sur laquelle on a collé son visage numérique. 

Ce qu'on nous vend.

La réalité.

Cela illustre bien les cataclysmiques méthodes de tournage de ces productions : Seagal, au-delà de ses problèmes évidents de forme physique, est connu pour être particulièrement difficile à diriger. Tournant à l'économie, imbuvable (voire violent) avec la plupart de ses partenaires, refusant de répéter ses scènes, Steven est doublé dès qu'il doit ouvrir une porte. La plupart du temps, même si son nom est écrit en gros sur la jaquette, il n'est en fait là que dans un minimum de scènes, délégant à un acteur plus jeune le gros de l'action pour n'apparaître qu'en mentor ou en deus ex machina forcément invulnérable. Car oui, on peut compter sur les doigts de la main les affrontements dans ses films où son personnage donne l'impression d'être en difficulté.



Depuis 2019, Seagal ne sort plus de films, les quelques projets auquel il est associé comme un mythique "Nico 2" ne se concrétisant finalement jamais. Mais qu'importent les affaires et les critiques : Seagal, à presque 70 ans, semble insubmersible, multipliant les contrats publicitaires qui lui permettent de continuer à vivre très confortablement. Et cette incroyable longévité est encore un autre mystère entourant ce personnage qui aura toujours sû faire imprimer sa légende avant toute réalité.

Le site non officiel de Steven Seagal.

- Drexl -

Films chroniqués

Filmographie

2019 - Beyond the Law

2019 - General Commander

2018 - Attrition

2017- China Salesman

2017 - Cartels

2016 - Permis de tuer (Contract to Kill)

 



2016 - End of a Gun

2016 - The Perfect Weapon

2016 - The Asian Connection

2016 - Code of Honor

2016 - Sniper: Special Ops

2016 - Cartels

2015 - Absolution

2014 - A Good Man

2013 - Force of Execution

2012 - Maximum Conviction

2010-2012 - True Justice (Série TV)



2010 - Rendez-vous en enfer (Born to Raise Hell)

2010 - Machete

2009-2014 - Steven Seagal: au service de la loi (Steven Seagal: Lawman - série TV)

2009 - Dangerous Man (A Dangerous Man)

2009 - Sous Haute Protection (The Keeper)

2009 - Le Prix du sang (Driven To Kill)

2009 - Against the Dark

2008 - Killing Point (Kill Switch)

2007 - The Onion Movie

2007 - Jeu fatal (Pistol Whipped)

2007 - Urban Justice

 


2007 - Vol d'enfer / Fureur en plein ciel (Flight of Fury)

2006 - Attack Force

2006 - L'affaire CIA (Shadow Man)

2005 - Mercenary for Justice

2005 - Black Dawn (The Foreigner 2)

2005 - Double Riposte (Today You Die)

2005 - Piège en Eaux Profondes (Submerged)

2005 - Piège au soleil levant (Into the Sun)

2004 - Hors de Portée / Hors d'Atteinte (Out of Reach)

2004 - Clementine

 

2003 - Un aller pour l'Enfer (Belly of the Beast)

2003 - Ultime Vengeance (Out for a Kill)

2003 - L'Affaire Van Haken (The Foreigner)

2002 - Mission Alcatraz (Half Past Dead)

2001 - Explosion Imminente (Ticker)

2000 - Hors Limites (Exit Wounds)

1998 - Piège à Haut Risque / Le Patriote (The Patriot)

1997 - Menace Toxique (Fire Down Below)



1996 - L'ombre Blanche (The Glimmer Man)

1996 - Ultime Décision (Executive Decision)

1995 - Piège à Grande Vitesse (Under Siege 2: Dark Territory)

1993 - Terrain Miné (On Deadly Ground)

1992 - Piège en Haute Mer (Under Siege)

1991 - Justice Sauvage (Out for Justice)

1990 - Désigné pour Mourir (Marked for Death)

1990 - Echec et Mort (Hard to Kill)

1988 - Nico (Above the Law)