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Joe Lara

(1ère publication de cette bio : 2005)

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Joe Lara fait partie de ces visages régulièrement entr'aperçus les soirs de déprime, lorsque le téléphone est en panne, que le placard à alcools est désespérément vide, que votre petit(e) ami(e) vous a quitté pour votre chef de service, et que vos seuls compagnons de misère sont RTL9 et TF6 (les amis de ceux qui n'en ont pas...). Habitué des téléfilms miteux et des séries B de deuxième partie de soirée, Joe Lara est l'un de ces acteurs dont on se demande souvent "mais qui c'est ce gars ? Dans quel film l'ai-je déjà vu ? C'est pas lui qui jouait dans Le Rebelle avec l'indien rigolo ?"

Eh non, ce n'est pas lui !


A gauche, Joe, à droite, Lorenzo... y'a comme un air de famille, non ?


En dépit d'une ressemblance certaine avec Lorenzo Lamas, tant au niveau patronymique que physique - à tel point qu'on lui attribue le rôle-titre de quelques épisodes de la série des "Hollywood Nights" dans laquelle il n'a portant jamais joué - Joe Lara est bien une personne à part entière, dont la piteuse carrière n'a rien à envier à celle de son glorieux look-a-like. Une confusion regrettable, alimentée par le fait que, contrairement à Lorenzo dont les sites de fans pullulent sur le web et qui court après un hypothétique retour vers la gloire en imposant sa trombine dans tous les shows de la télé-réalité américaine (de Boot Camp - diffusé en France sur TF6 sous le nom d'Armée des Célébrités - , à American Model), Joe Lara reste lui très discret sur sa vie privée (qui a dit "c'est surtout parce que personne ne s'intéresse à lui" ?), à tel point que résumer sa biographie de manière exhaustive est extrêmement ardu.



William Joseph Lara est né le 2 octobre 1962 à San Diego, en Californie. De son enfance on ne sait pas grand-chose. En 2021, on apprend dans la série documentaire The Way Down: God, Greed and the Cult of Gwen Shamblin (dont nous reparlerons) que sa mère s'est remariée avec un très riche dirigeant de la Wells Fargo Bank, et que Joe Lara a grandi à Newport Beach, dans un environnement ultra privilégié. Son beau-père possède des voitures de course, un avion, et Joe est exposé à un style de vie luxueux auquel il semble prendre goût. D'après son ex-compagne et ses amis de l'époque, il prend l'habitude de séduire des femmes riches et souvent plus âgées qui lui permettent de mener grand train.



Il semble aussi attraper très tôt le virus de la musique country et de ses grands auteurs/compositeurs tels que Marty Robbins, Hank Williams, Buck Owens ou Johnny Cash. Guitariste amateur, Joe joue dans de petites formations country, tout en suivant parallèlement des cours d'art dramatique et se produisant dans des pièces de théâtre expérimentales. Toutefois, ce ne sont ni ses talents de musicien, ni ceux d'acteur qui lui vaudront ses premiers cachets, mais sa plastique avantageuse.


Plutôt beau gosse, Joe est engagé dans une série de shootings pour des photos de presse magazine et pour des calendriers. Son physique de gravure de mode chevelue et en pagne lui vaudra d'être repéré en 1989 par le réalisateur Michael Schultz qui cherche à mettre en boîte un nouveau téléfilm sur Tarzan. Retenu pour le rôle, Joe Lara sera le 18e acteur de l'histoire du cinéma à incarner à l'écran l'Homme-singe d'Edgar Rice Burroughs dans le pas terrible "Tarzan à Manhattan" où, en slip léopard, il part à New York rechercher Cheetah, enlevée par un groupe de méchants vivisecteurs dont le chef est joué par un Jan-Michael Vincent plus alcoolo et imbibé que jamais.


Malgré les piètres qualités du téléfilm, la plastique de Joe ne laisse pas les producteurs indifférents. Ses cheveux longs, sa belle gueule et son attitude farouche lui permettront d'obtenir un autre rôle peu vêtu : celui du guerrier indien Wolf dans "Gunsmoke : The Last Apache" en 1990, l'un des épisodes d'une série de cinq téléfilms mettant en scène le vieillissant et multirécidiviste James Arness, vieille gloire du western discount.


La carrière de Joe Lara démarre alors doucement, l'acteur enchaînant les productions de série B, souvent à destination des deuxièmes parties de soirée de la télévision américaine. D'un petit rôle dans l'horrifique et peu crédible "Danger Island" (un survival sur une île peuplée de créatures mutantes affamées de chair humaine), il passe très rapidement, en collaboration avec les deux hobbits du B-Movie fauché Richard Pepin et Joseph Mehri, à la tête d'affiche de productions bis inspirées par les grands succès du moment. Sous l'égide des deux compères, Joe Lara entame sa grande trilogie de la SF sans le sou et commence par éliminer des pseudos-Terminators en mousse dans le rigolo "American Cyborg", avant de jouer les Robocop en images de synthèse Amstrad dans Hologram Man (film dans lequel Joe empêche un sosie de Francis Lalanne de mener la révolution mondiale) avant d'atteindre sa plénitude d'acteur en endossant le cache-poussière et l'harmonica d'un cow-boy sans nom perdu au milieu d'un univers madmaxien (une relecture du "2020 Texas Gladiator" de Joe D'Amato ?) dans "Steel Frontier" également connu en France sous le titre "Steel, le Justicier d'Acier". Une trilogie foutraque de joyeux nanars sans prétentions qui, à leur manière, rendent hommage au bis italien des années 80 tout en égratignant au passage une Amérique conservatrice qui vend les libertés individuelles des citoyens aux militaires et aux multinationales (un thème récurrent dans les productions PM Entertainment).




Cette trilogie va donner à Joe Lara sa réputation "d'acteur-fonctionnaire" qui, malgré une certaine présence à l'écran, ne fait jamais beaucoup d'efforts pour assurer autre chose que le minimum syndical.




Car Joe Lara, contrairement à beaucoup d'acteurs ambitieux, n'a ni prétentions artistiques, ni orgueil démesuré. Parfaitement conscient de n'être qu'un acteur de série B, il n'a jamais tenté de faire autre chose que de la série TV ou du téléfilm, préférant garder sa créativité et son énergie pour ses activités musicales et pour son autre passion : le pilotage aérien. Toutefois, sentant le bon filon, il s'associe en 1995 avec Brian Yuzna (le producteur des trois "Re-Animator"), pour surfer sur la vague des séries façon "Hercule" et "Xena" mêlant mythes, légendes, kung-fu et effets spéciaux nazes, et produire "Tarzan, The Epic Adventures", une version résolument oubliable des aventures du héros de Burroughs, passée à la moulinette hollywoodienne et au final à peine plus crédible que "Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois", ce qui n'est pas peu dire ! Même si Joe Lara reprend devant la caméra le rôle de l'homme-singe, la série n'aura qu'un succès mitigé et s'arrêtera après une vingtaine d'épisodes.




Suite à ce semi-échec, Joe reprend le chemin des studios et aura l'occasion de croiser d'autres piliers du bis et du nanar, comme Frank Zagarino, Richard Lynch, Billy Drago ou Charles Napier dans diverses productions peu glorieuses, mais surfant opportunément sur l'actualité, à l'instar de "Péril Atomique" ("Warhead" en VO, film de terroristes dans lequel Joe joue un affreux leader néo-nazi), "Lima, Breaking the Silence"), reconstituant (mal !) l'affaire des otages de Lima sous la caméra de Menahem Golan, ou encore "Doomsdayer", autre film de méchants terroristes, où Joe croise Brigitte Nielsen et... Romano Kristoff ! Autant de petits actioners gentiment décérébrés mêlant science-fiction de Prisunic et thriller de Conforama, plus ou moins nanars selon les goûts de chacun, et souvent réalisés par le vétéran Mark Roper, avec lequel Joe entretient une amitié réelle depuis le tournage de "Tarzan, The Epic Adventures".








Mais hélas, les meilleures choses ont une fin. Joe Lara semble ne jamais avoir vraiment eu de grandes prétentions de carrière et en 2002, après un énième téléfilm bourrin (comme d'hab', quoi), il se met en stand-by des plateaux de tournage pour ne consacrer son temps qu'à la musique country et à l'album qu'il sort en 2009. Ces vingt dernières années, hormis une apparition dans le drame obscur "Summer of 67", il semblait surtout se consacrer à la musique et, dans une moindre mesure, au mannequinat. En août 2018, il se marie avec Gwen Shamblin, autrice à succès de programmes de régimes basés sur la foi et héritière d'une congrégation religieuse active dans le Tennessee.

"Dieu peut vous libérer de vos problèmes de poids pour toujours"


Une congrégation religieuse, disions-nous, mais qui est soupçonnée de graves dérives sectaires. En 2021, The Remnant Fellowship Church fait l'objet d'une série documentaire intitulée The Way Down: God, Greed and the Cult of Gwen Shamblin. On y apprend que lorsqu'il a rencontré Shamblin, Joe Lara était plus ou moins jardinier/factotum pour la congrégation, ce qui semble indiquer qu'il était a minima sacrément dans la panade sur le plan financier. Une fois en couple avec Shamblin (qui est alors mariée), l'ascension de Joe Lara au sein du mouvement qu'elle a fondé est spectaculaire : il devient une figure de premier plan de la secte, à la stupeur de ses adeptes et surtout de ses lieutenants.

Joe Lara et Gwen Shamblin.

Dans The Way Down, on découvre en fait un Joe Lara qui, sous couvert de se consacrer aux activités évangéliques du culte fondé par son épouse, semble surtout mener la belle vie : voyages aux frais de la princesse, plongée sous-marine, brevets de pilote d'avion et d'hélico etc. Joe parvient à convaincre la gourou Gwen Shamblin, de sept ans son aînée, de divorcer après 40 ans de vie conjugale pour l'épouser en secondes noces, malgré le scandale et l'hémorragie de fidèles que cela provoque au sein de sa congrégation ultra-orthodoxe. Les fidèles sont nombreux à s'interroger sur la transformation physique et vestimentaire de Gwen Shamblin, passée du statut d'austère mère de famille chrétienne BCBG à celui de cagole anorexique de l'enfer. Le couple commande même un pilote de télé-réalité (qui sera refusé par toutes les chaînes sollicitées) où ils passent leur temps à étaler leur vie de bonheur dans un monde de luxe et de volupté biblique, garanti sans graisse.


Lara est clairement désigné comme ayant eu une influence très nette sur les dérives financières de la secte. La sincérité de son amour pour Shamblin, et de son engagement religieux, sont également fortement mis en doute. Mais l'amour rend aveugle, dit-on, et Gwen Shamblin semble céder à tous ses caprices. Elle lui paye notamment un petit jet, modèle Cessna 500 Citation I. Le 29 mai 2021, c'est lui qui est aux commandes de l'avion pour se rendre à une convention MAGA de Trump en Floride. Suite à une erreur de pilotage, l'avion plonge peu après son décollage et s'écrase dans un lac à proximité de Nashville, dans le Tennessee. Outre Joe Lara, l'accident coûte la vie à son épouse Gwen Shamblin ainsi qu'à cinq autres membres haut placés de The Remnant Fellowship Church. Joe Lara avait 58 ans.

La vie est une pute borgne, comme l’aurait dit son personnage de leader terroriste au langage fleuri dans Péril atomique. A l'heure du bilan, on peut légitimement se demander si, plus que sa contribution somme toute très réduite au 7ème Art, la vraie réussite de Joe Lara en ce bas monde n'aura pas plutôt été, au fond, d'être parvenu malgré lui à infiltrer et décapiter un dangereux mouvement sectaire.






Son site officiel

- Zord -

Films chroniqués

Filmographie


2018 - Summer of '67

2002 – Starfire Mutiny

2001 – Dead Man's Run

2001 – Operation Delta Force 4 : Deep Fault

2001 – Death Game

2000 – Doomsdayer / Il Giorno del giudizio (titre TV italien)

2000 – Very Mean Men

1999 – Strike Zone

1998 – Armstrong



1998 – Lima, Breaking the Silence

1997 – Opération Delta Force

1996 – Péril Atomique (Warhead)

1996 – Human Timebomb aka Live Wire: Human Time Bomb

1996 – Tarzan : The Epic Adventures (Film + Série TV)

1995 – Final Equinox aka Alien Weapon I

1995 – Steel le Justicier d'Acier (Steel Frontier)

1995 – Hologram Man



1993 – American Cyborg: Steel Warrior

1992 – Danger Island aka The Presence (TV)

1991 – Sunset Heat aka Midnight Heat

1990 – Gunsmoke : The Last Apache (TV)

1989 – Tarzan à Manhattan (Tarzan in Manhattan) (TV)