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Howard Vernon
(1ère publication de cette bio : 2005)Consulter la filmographie / Consulter les films chroniqués
Notre interview exclusive d'Howard Vernon où l'acteur évoque les méandres de sa carrière.
Le cinéma bis (séries B et Z mêlées), a fortiori le nanar qui se confond souvent avec lui, a toujours été un réservoir de comédiens plus ou moins méconnus : acteurs, de métier ou de talent, tombés dans la débine ou n’ayant jamais réussi à s’imposer durablement dans le cinéma de série A. Pour un Klaus Kinski qui réussit à se tirer de l’ornière du bis grâce à sa rencontre avec Werner Herzog (et alterna par la suite séries B, films de prestige et nanars absolus dans une frénésie déconcertante), combien d’interprètes furent condamnés à demeurer durablement des « gueules », souvent inoubliables, des bas-fonds du cinéma ?
Parmi les interprètes de ce cinéma souvent délicieusement décadent, y compris dans ce qu’il a de plus nanardesque, Howard Vernon brille d’un éclat particulier, tant son visage, son talent, sa diction étrange, contribuèrent à donner un peu de vie aux séries Z les plus putrides. Interprète de Melville, de Godard, de Fritz Lang, mais surtout acteur fétiche de Jesus Franco, ce remarquable comédien, si sa filmographie donne parfois l’impression d’un certain gâchis, compte parmi ceux qui contribuèrent, pendant des décennies, à donner du souffle et des visages à ce cinéma « différent » que nous aimons tant.
Howard Vernon, de son vrai nom Mario Lippert, est né officiellement (Cine-Zine-Zone n°20) le 15 Juillet 1914, à Baden, en Suisse alémanique, d'un père suisse et d'une mère américaine; selon le "Dictionnaire du Cinéma d'épouvante" de Robert de Laroche, Vernon serait en réalité né en 1908, pour des raisons qui seront détaillées plus bas. Il passe une grande partie de son enfance en Amérique. Rentré en Europe, il fait ses études secondaires à Nice, puis à Berne, avant de s'établir définitivement en France. Son père souhaitait le voir travailler dans l’hôtellerie : après avoir suivi un temps cette voie pour lui faire plaisir, le jeune Mario se lance rapidement dans l’apprentissage du métier d’acteur. Il gagne sa vie en exerçant divers emplois dans des salles de spectacle : il sera notamment, en 1939, danseur de claquettes au Casino de Paris, et se produira également à l’Alcazar.
Avec l’Occupation, notre homme trouve l’occasion, grâce à sa maîtrise de la langue germanique, d’un emploi original : les autorités Allemandes ont en effet lancé un projet de télévision, destiné aux troupes et aux blessés des hôpitaux (qui sera d’ailleurs la première télévision jamais diffusée en France !). Howard Vernon, comme d’autres comédiens germanophones, y interprète de petites saynètes dont les archives n’ont malheureusement pas été conservées.
C’est avec la Libération que la carrière de notre ami va cependant prendre réellement son envol : le cinéma français a un grand besoin d’acteurs pouvant interpréter des officiers Allemands crédibles : l’accent nasillard de Vernon, sa connaissance de l’Allemand, sa distinction naturelle et son visage à la fois séduisant et inquiétant, à la Boris Karloff, le rendent idéal pour ce type d’emploi, qu’il va tenir à la chaîne dans les premières années de l’Après-guerre. Howard Vernon débute en interprétant un petit rôle d’officier prussien dans « Boule de Suif », d’après Maupassant, puis enchaîne les rôles d’officiers nazis dans des films à la gloire de la Résistance comme « Un Ami viendra ce soir », « Les Clandestins », « Jéricho », ou « Le Père tranquille ». Alors qu’il commence à se lasser de cet emploi, c’est paradoxalement sa notoriété en tant que « nazi de service » qui va lui donner l’occasion de tenir ce qui est considéré comme son plus grand rôle : Jean-Pierre Melville l’embauche en effet pour « Le Silence de la mer » (1947), d’après le roman de Vercors. Howard Vernon y tient le rôle principal, celui d’un officier Allemand pacifiste, anti-nazi et francophile, hôte imposé durant l’Occupation de deux français qui, par patriotisme, refusent de lui adresser la parole. Le rôle est écrasant pour Howard Vernon, car il est quasiment le seul dans cette œuvre austère à parler « en direct » durant tout le film (la voix de son hôte français ne parvenant au spectateur qu’en voix off). Tout le film repose donc sur ses épaules et il se sort superbement de cet emploi, sa diction étrange et envoûtante portant merveilleusement le rythme « décalé » du récit. Howard Vernon s’impose enfin comme un acteur raffiné et subtil, capable de tenir les rôles les plus écrasants. C'est apparemment à ce moment qu'Howard Vernon aurait commencer à tricher sur son âge en se retirant six ans, autant par coquetterie que pour ne pas passer pour "trop vieux" aux yeux des métiers du cinéma, alors qu'il venait de connaître son premier grand rôle à 39 ans.
La suite immédiate de sa carrière ne tiendra hélas pas ses promesses : si Vernon, grâce à sa maîtrise de l’Anglais et de l’Allemand, apporte son concours aux cinémas de plusieurs pays, il ne parvient pas à retrouver de rôle à la hauteur, se contentant de jouer les utilités. Sa diction, marquée par son accent suisse, et son physique inhabituel le cantonnent aux seconds rôles plus ou moins inquiétants. Il travaille également dans la post-synchronisation de films étrangers (un travail auquel il reviendra régulièrement, puisqu'on reconnaît son timbre sous l'atroce accent russe de Mike Cohen dans « Sabotage » !). Howard Vernon ne prend pas forcément sa carrière très au sérieux et y voit surtout un moyen de voyager et de s'amuser. Un nouvel emploi se présentera à lui avec la vogue du polar français dans les années 1950 : dans « La Môme vert-de-gris », Vernon est un méchant classieux et sadique face à l’agent du FBI Lemmy Caution, interprété par Eddie Constantine. C’est le début d’une nouvelle série de rôles, dans des films de qualité variable (et qui souvent ne résisteront pas à l’épreuve du temps) mais qui permettront à notre homme de s’imposer comme un visage incontournable du cinéma de genre français : « Monsieur Scrupule, gangster », « Pas de souris dans le business », « Jusqu’au dernier », « Nathalie, agent secret », « Interpol contre X ». Il retrouve également à plusieurs reprises Jean-Pierre Melville, qui lui donne notamment l’occasion de participer à un film de gangsters plus raffiné : « Bob le flambeur » (1955). Abonné aux seconds rôles de méchants et de tueurs inquiétants, il tient notamment cet emploi en Allemagne dans le dernier film de Fritz Lang, « Le Diabolique Docteur Mabuse » (1960) où, en tueur froid, il tue ses victimes à l’aide d’un fusil à clous.
Le cantonnement de Howard Vernon au cinéma de genre (il parodiera d’ailleurs son emploi habituel en apparaissant dans le décalé « Alphaville » de Jean-Luc Godard, où il tiendra le rôle du Professeur Leonard Von Nosferatu, et affrontera à nouveau Eddie Constantine) commence cependant à ressembler à une ornière : en 1962, les rets du destin se tendent et Howard Vernon interprète, dans une coproduction franco-espagnole d’Eurociné, la compagnie de l'illustre Marius Lesoeur, ce qui sera à la fois son rôle le plus célèbre, le début d’une longue collaboration, et le début de sa descente vers les enfers du nanar. Dans le rôle-titre de « L’Horrible Docteur Orloff » de Jesus Franco, Vernon fait merveille en savant fou froid et sadique, acharné aux plus glauques expériences sous le prétexte de guérir la maladie de sa fille.
Après ce petit classique de l’horreur européenne et du cinéma de quartier, qui reste considéré comme le meilleur film de son auteur, la collaboration de Howard Vernon avec Jesus "Jess" Franco va se poursuivre pour le meilleur et pour le pire, jusque dans les pires productions de l’Espagnol fou et les plus lamentables Z d’Eurociné. La qualité de la plupart de ses films ne va hélas pas cesser de se dégrader. Vernon s'en accomode finalement et prend cette évolution de sa carrière comme un moyen de voyager et de vivre des expériences originales : personnage singulier, esthète, photographe à ses heures, il trouve finalement dans la marginalité de la série Z une sorte d'écho à sa propre personnalité.
Dès les années 1970, bien que Vernon continue de participer, dans des rôles de plus en plus secondaires, à des films de prestige (« Le Train » de John Frankenheimer, « Guerre et amour » de Woody Allen…), son visage s’identifie désormais à la pire série Z européenne, avec ou sans Jesus Franco : « Les Orgies du Dr Orloff », « Trois filles nues dans l’Île de Robinson » et autres « Les Exploits érotiques de Maciste dans l’Atlantide ».
Sans oublier, dans le désordre, l’épaisse gaudriole de « Célestine bonne à tout faire », film érotique de Franco ou il joue le grand-père gâteux et obsédé, et des bijoux comme « La Vie amoureuse de l’homme invisible » (alias « Orloff et l’homme invisible ») de Pierre Chevalier, réputé être l’un des pires Eurociné, « Les Week-Ends Maléfiques du Comte Zaroff » (un nanar d'horreur ahurissant de Michel Lemoine), et le célèbre « Le Lac des Morts-Vivants » de JA Lazer alias Jean Rollin. Howard Vernon réussit pourtant, jusque dans ses pires nanars et navets et ses rôles les plus ridicules, à garder une parcelle de sa dignité, éclipsant souvent sans peine ses partenaires. Plus ou moins spécialisé dans le film d'horreur, Howard est devenu le Christopher Lee du pauvre, le Vincent Price du producteur nécessiteux, le Peter Cushing de la série infra-Z ! Le triptyque de Jesus Franco, « La Fille de Dracula », « Dracula prisonnier de Frankenstein », et « Les Expériences Erotiques de Frankenstein », provoque encore des délires hallucinatoires chez les spectateurs rescapés ! On verra même Vernon dans « Revenge in the house of Usher », un Eurociné de Franco bidouillé avec des stock-shots de « L'Horrible Dr Orloff », censés être des flash-back !
Il fera d’ailleurs preuve d’une grande fidélité à Jesus Franco, jusqu’à soutenir que « même dans les films les plus merdiques de Franco, il y a au moins une scène sublime ! » Comédien stakhanoviste, notre homme continue de remplir sa filmographie à toute allure, apparaissant aussi bien dans ses sempiternelles séries Z que dans des œuvres plus prestigieuses ou des films d’auteur plus ou moins confidentiels comme « Le Champignon des Carpates » de Jean-Claude Biette, ou « La Mort d’Empédocle » de Jean-Marie Straub (un film dont il dira pis que pendre!). On le voit également dans la collection des incroyables gueules de « Delicatessen », où il joue le vieillard éleveur, par nécessité alimentaire, de grenouilles et d’escargots.
A l’orée des années 1990, Howard Vernon connaîtra une manière de réhabilitation, avec un hommage rendu par la Cinémathèque Française à sa colossale filmographie. Soudainement devenu un acteur « branché », il apparaît dans quelques films d’auteur français comme « Le Rocher d’Acapulco » de Laurent Tuel, ou « Banqueroute » d’Antoine Desrosières. Mais il est bien tard, et l'interprète du Docteur Orloff meurt à Paris le 25 juillet 1996.
Si sa filmographie laisse parfois un goût amer d’inachevé, tant son talent apparaît avoir été sous-employé, et tant il fut parfois confiné aux tréfonds de la nanardise, il restera l’un des visages les plus marquants du cinéma bis européen et, par sa filmographie kilométrique, un vétéran du septième art, dont la longévité professionnelle ne peut qu’inspirer le respect. Chapeau l’artiste !
Le cinéma bis (séries B et Z mêlées), a fortiori le nanar qui se confond souvent avec lui, a toujours été un réservoir de comédiens plus ou moins méconnus : acteurs, de métier ou de talent, tombés dans la débine ou n’ayant jamais réussi à s’imposer durablement dans le cinéma de série A. Pour un Klaus Kinski qui réussit à se tirer de l’ornière du bis grâce à sa rencontre avec Werner Herzog (et alterna par la suite séries B, films de prestige et nanars absolus dans une frénésie déconcertante), combien d’interprètes furent condamnés à demeurer durablement des « gueules », souvent inoubliables, des bas-fonds du cinéma ?
Parmi les interprètes de ce cinéma souvent délicieusement décadent, y compris dans ce qu’il a de plus nanardesque, Howard Vernon brille d’un éclat particulier, tant son visage, son talent, sa diction étrange, contribuèrent à donner un peu de vie aux séries Z les plus putrides. Interprète de Melville, de Godard, de Fritz Lang, mais surtout acteur fétiche de Jesus Franco, ce remarquable comédien, si sa filmographie donne parfois l’impression d’un certain gâchis, compte parmi ceux qui contribuèrent, pendant des décennies, à donner du souffle et des visages à ce cinéma « différent » que nous aimons tant.
Howard Vernon, de son vrai nom Mario Lippert, est né officiellement (Cine-Zine-Zone n°20) le 15 Juillet 1914, à Baden, en Suisse alémanique, d'un père suisse et d'une mère américaine; selon le "Dictionnaire du Cinéma d'épouvante" de Robert de Laroche, Vernon serait en réalité né en 1908, pour des raisons qui seront détaillées plus bas. Il passe une grande partie de son enfance en Amérique. Rentré en Europe, il fait ses études secondaires à Nice, puis à Berne, avant de s'établir définitivement en France. Son père souhaitait le voir travailler dans l’hôtellerie : après avoir suivi un temps cette voie pour lui faire plaisir, le jeune Mario se lance rapidement dans l’apprentissage du métier d’acteur. Il gagne sa vie en exerçant divers emplois dans des salles de spectacle : il sera notamment, en 1939, danseur de claquettes au Casino de Paris, et se produira également à l’Alcazar.
Avec l’Occupation, notre homme trouve l’occasion, grâce à sa maîtrise de la langue germanique, d’un emploi original : les autorités Allemandes ont en effet lancé un projet de télévision, destiné aux troupes et aux blessés des hôpitaux (qui sera d’ailleurs la première télévision jamais diffusée en France !). Howard Vernon, comme d’autres comédiens germanophones, y interprète de petites saynètes dont les archives n’ont malheureusement pas été conservées.
C’est avec la Libération que la carrière de notre ami va cependant prendre réellement son envol : le cinéma français a un grand besoin d’acteurs pouvant interpréter des officiers Allemands crédibles : l’accent nasillard de Vernon, sa connaissance de l’Allemand, sa distinction naturelle et son visage à la fois séduisant et inquiétant, à la Boris Karloff, le rendent idéal pour ce type d’emploi, qu’il va tenir à la chaîne dans les premières années de l’Après-guerre. Howard Vernon débute en interprétant un petit rôle d’officier prussien dans « Boule de Suif », d’après Maupassant, puis enchaîne les rôles d’officiers nazis dans des films à la gloire de la Résistance comme « Un Ami viendra ce soir », « Les Clandestins », « Jéricho », ou « Le Père tranquille ». Alors qu’il commence à se lasser de cet emploi, c’est paradoxalement sa notoriété en tant que « nazi de service » qui va lui donner l’occasion de tenir ce qui est considéré comme son plus grand rôle : Jean-Pierre Melville l’embauche en effet pour « Le Silence de la mer » (1947), d’après le roman de Vercors. Howard Vernon y tient le rôle principal, celui d’un officier Allemand pacifiste, anti-nazi et francophile, hôte imposé durant l’Occupation de deux français qui, par patriotisme, refusent de lui adresser la parole. Le rôle est écrasant pour Howard Vernon, car il est quasiment le seul dans cette œuvre austère à parler « en direct » durant tout le film (la voix de son hôte français ne parvenant au spectateur qu’en voix off). Tout le film repose donc sur ses épaules et il se sort superbement de cet emploi, sa diction étrange et envoûtante portant merveilleusement le rythme « décalé » du récit. Howard Vernon s’impose enfin comme un acteur raffiné et subtil, capable de tenir les rôles les plus écrasants. C'est apparemment à ce moment qu'Howard Vernon aurait commencer à tricher sur son âge en se retirant six ans, autant par coquetterie que pour ne pas passer pour "trop vieux" aux yeux des métiers du cinéma, alors qu'il venait de connaître son premier grand rôle à 39 ans.
« Le Silence de la mer ».
La suite immédiate de sa carrière ne tiendra hélas pas ses promesses : si Vernon, grâce à sa maîtrise de l’Anglais et de l’Allemand, apporte son concours aux cinémas de plusieurs pays, il ne parvient pas à retrouver de rôle à la hauteur, se contentant de jouer les utilités. Sa diction, marquée par son accent suisse, et son physique inhabituel le cantonnent aux seconds rôles plus ou moins inquiétants. Il travaille également dans la post-synchronisation de films étrangers (un travail auquel il reviendra régulièrement, puisqu'on reconnaît son timbre sous l'atroce accent russe de Mike Cohen dans « Sabotage » !). Howard Vernon ne prend pas forcément sa carrière très au sérieux et y voit surtout un moyen de voyager et de s'amuser. Un nouvel emploi se présentera à lui avec la vogue du polar français dans les années 1950 : dans « La Môme vert-de-gris », Vernon est un méchant classieux et sadique face à l’agent du FBI Lemmy Caution, interprété par Eddie Constantine. C’est le début d’une nouvelle série de rôles, dans des films de qualité variable (et qui souvent ne résisteront pas à l’épreuve du temps) mais qui permettront à notre homme de s’imposer comme un visage incontournable du cinéma de genre français : « Monsieur Scrupule, gangster », « Pas de souris dans le business », « Jusqu’au dernier », « Nathalie, agent secret », « Interpol contre X ». Il retrouve également à plusieurs reprises Jean-Pierre Melville, qui lui donne notamment l’occasion de participer à un film de gangsters plus raffiné : « Bob le flambeur » (1955). Abonné aux seconds rôles de méchants et de tueurs inquiétants, il tient notamment cet emploi en Allemagne dans le dernier film de Fritz Lang, « Le Diabolique Docteur Mabuse » (1960) où, en tueur froid, il tue ses victimes à l’aide d’un fusil à clous.
Le Docteur Orloff (Howard Vernon, à droite) et sa créature Morpho (« L'Horrible Docteur Orloff », de Jesus Franco)
Le cantonnement de Howard Vernon au cinéma de genre (il parodiera d’ailleurs son emploi habituel en apparaissant dans le décalé « Alphaville » de Jean-Luc Godard, où il tiendra le rôle du Professeur Leonard Von Nosferatu, et affrontera à nouveau Eddie Constantine) commence cependant à ressembler à une ornière : en 1962, les rets du destin se tendent et Howard Vernon interprète, dans une coproduction franco-espagnole d’Eurociné, la compagnie de l'illustre Marius Lesoeur, ce qui sera à la fois son rôle le plus célèbre, le début d’une longue collaboration, et le début de sa descente vers les enfers du nanar. Dans le rôle-titre de « L’Horrible Docteur Orloff » de Jesus Franco, Vernon fait merveille en savant fou froid et sadique, acharné aux plus glauques expériences sous le prétexte de guérir la maladie de sa fille.
Affiche allemande de « Dracula prisonnier de Frankenstein » de Jesus Franco.
Après ce petit classique de l’horreur européenne et du cinéma de quartier, qui reste considéré comme le meilleur film de son auteur, la collaboration de Howard Vernon avec Jesus "Jess" Franco va se poursuivre pour le meilleur et pour le pire, jusque dans les pires productions de l’Espagnol fou et les plus lamentables Z d’Eurociné. La qualité de la plupart de ses films ne va hélas pas cesser de se dégrader. Vernon s'en accomode finalement et prend cette évolution de sa carrière comme un moyen de voyager et de vivre des expériences originales : personnage singulier, esthète, photographe à ses heures, il trouve finalement dans la marginalité de la série Z une sorte d'écho à sa propre personnalité.
Howard Vernon, prêt à détrôner Christopher Lee !
En bourreau sadique dans « The bloody judge » aka « Il trono di fuoco » de Franco avec Christopher Lee justement. Semble t-il inédit chez nous.
Dès les années 1970, bien que Vernon continue de participer, dans des rôles de plus en plus secondaires, à des films de prestige (« Le Train » de John Frankenheimer, « Guerre et amour » de Woody Allen…), son visage s’identifie désormais à la pire série Z européenne, avec ou sans Jesus Franco : « Les Orgies du Dr Orloff », « Trois filles nues dans l’Île de Robinson » et autres « Les Exploits érotiques de Maciste dans l’Atlantide ».
Sans oublier, dans le désordre, l’épaisse gaudriole de « Célestine bonne à tout faire », film érotique de Franco ou il joue le grand-père gâteux et obsédé, et des bijoux comme « La Vie amoureuse de l’homme invisible » (alias « Orloff et l’homme invisible ») de Pierre Chevalier, réputé être l’un des pires Eurociné, « Les Week-Ends Maléfiques du Comte Zaroff » (un nanar d'horreur ahurissant de Michel Lemoine), et le célèbre « Le Lac des Morts-Vivants » de JA Lazer alias Jean Rollin. Howard Vernon réussit pourtant, jusque dans ses pires nanars et navets et ses rôles les plus ridicules, à garder une parcelle de sa dignité, éclipsant souvent sans peine ses partenaires. Plus ou moins spécialisé dans le film d'horreur, Howard est devenu le Christopher Lee du pauvre, le Vincent Price du producteur nécessiteux, le Peter Cushing de la série infra-Z ! Le triptyque de Jesus Franco, « La Fille de Dracula », « Dracula prisonnier de Frankenstein », et « Les Expériences Erotiques de Frankenstein », provoque encore des délires hallucinatoires chez les spectateurs rescapés ! On verra même Vernon dans « Revenge in the house of Usher », un Eurociné de Franco bidouillé avec des stock-shots de « L'Horrible Dr Orloff », censés être des flash-back !
Jesus et Howard
Il fera d’ailleurs preuve d’une grande fidélité à Jesus Franco, jusqu’à soutenir que « même dans les films les plus merdiques de Franco, il y a au moins une scène sublime ! » Comédien stakhanoviste, notre homme continue de remplir sa filmographie à toute allure, apparaissant aussi bien dans ses sempiternelles séries Z que dans des œuvres plus prestigieuses ou des films d’auteur plus ou moins confidentiels comme « Le Champignon des Carpates » de Jean-Claude Biette, ou « La Mort d’Empédocle » de Jean-Marie Straub (un film dont il dira pis que pendre!). On le voit également dans la collection des incroyables gueules de « Delicatessen », où il joue le vieillard éleveur, par nécessité alimentaire, de grenouilles et d’escargots.
Avec Tonie Marshall sur « Le champignon des Carpathes », film d’auteur de Jean-Claude Biette de 91 sur les angoisses de la création pendant un accident nucléaire.
A l’orée des années 1990, Howard Vernon connaîtra une manière de réhabilitation, avec un hommage rendu par la Cinémathèque Française à sa colossale filmographie. Soudainement devenu un acteur « branché », il apparaît dans quelques films d’auteur français comme « Le Rocher d’Acapulco » de Laurent Tuel, ou « Banqueroute » d’Antoine Desrosières. Mais il est bien tard, et l'interprète du Docteur Orloff meurt à Paris le 25 juillet 1996.
Si sa filmographie laisse parfois un goût amer d’inachevé, tant son talent apparaît avoir été sous-employé, et tant il fut parfois confiné aux tréfonds de la nanardise, il restera l’un des visages les plus marquants du cinéma bis européen et, par sa filmographie kilométrique, un vétéran du septième art, dont la longévité professionnelle ne peut qu’inspirer le respect. Chapeau l’artiste !
- Nikita -
Films chroniqués
Filmographie
1945
Boule de Suif
Un ami viendra ce soir
Nuits d’alerte
L’Insaisissable Monsieur Frédéric
1946
Jéricho
Les Clandestins
Le Père Tranquille
La Foire aux chimères
1947
Le Bataillon du ciel
Les Chouans
Les Jeux sont faits
Le Silence de la Mer
1948
Du Guesclin
Le Diable boiteux
Le Colonel Gérard
L’Auberge du péché
1950
Fusillé à l’aube
L’Homme de la tour Eiffel
The Elusive Pimpernel
1951
Black Jack
Boîte de nuit
La Taverne de New Orléans
Si ça vous chante
1952
Das Geheimmis Vom Bergsee
La fille au fouet
Manina la fille sans voile
1953
La Môme vert-de-gris
Monsieur Scrupule, gangster
Lucrèce Borgia
Le Petit Jacques
1954
Si Versailles m’était conté
Das Phantom Des Grossen Zeltes
1955
Napoléon
Pas de souris dans le business
El fugitivo de Amberes
08/15
Bob le Flambeur
1956
Jusqu’au dernier
Opération Tonnerre
La Rivière des Trois jonques
Alerte aux Canaries
1957
Ce soir les souris dansent
1958
Dr Crippen lebt
Interpol greif ein
1959
Sursis pour un vivant
Nathalie agent secret
Muerte al Amanecer
1960
Gestapo contre X
Le Diabolique Docteur Mabuse
Division Brandeburg
Première Brigade criminelle
Interpol contre X
1961
Léon Morin, prêtre
Le Capitaine Tempête
The Secret Ways
1962
L’Horrible Docteur Orloff
Han matado a un cadaver
La Venganza del Zorro
Le Sadique Baron Dr Klaus
1963
Autopsy of a criminal
Black angel of the Mississipi
1964
Le Train
De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts
1965
Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution
Quoi de neuf, Pussycat ?
1966
Opération Opium
La Curée
Residencia para espias
Le Diabolique Docteur Z / Dans les griffes du maniaque
Le Chien fou
1967
La Nuit des Généraux
La Fantastique histoire d’Eddie Chapman
La Prunelle
L’Inconnu de Shandigor
1968
Necronomicon
Mayerling
Castle of the Bloody Lust
1969
Les Orgies du Dr Orloff
Marquis de Sade : Justine
Les Têtes brulées
La Rose écorchée
1970
Il Trono di fuoco
Un Beau Monstre
1971
Le Labyrinthe du sexe
Der Teufel Kam aus Akasava
X312 Flug zur Hölle
Sie tötete in Ekstase
Orloff et l’homme invisible / La Vie amoureuse de l’homme invisible
Jungfrauen Report
1972
Trois filles nues dans l’Île de Robinsone
La Fille de Dracula
Dracula prisonnier de Frankenstein
Les Expériences érotiques de Frankenstein
Les Ebranlées
Les Démons
1973
Les Gloutonnes / Les Exploits érotiques de Maciste dans l’Atlantide
Christina princesse de l’érotisme / Une Vierge chez les mort-vivants
Chacal
Journal intime d’une nymphomane
Paris sex murders
L’Alphoméga
1974
Quartier de femmes
Plaisir à trois
Un Capitaine de quinze ans
Célestine bonne à tout faire
Les Possédées du diable
Le Jardin qui bascule
Les Intrigues de Sylvia Couski
1975
L’Important c’est d’aimer
Guerre et amour
Change pas de main
Le Miroir obscène
Les Croqueuses
La Marque de Zorro
1976
L’Assassin musicien
Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff
1977
Visa pour l’enfer
Le Théâtre des matières
1979
De Dunkerque à la victoire
Les Belles manières
1981
Le Lac des Mort-vivants
Docteur Jekyll et les femmes
L’Appât du gain
1982
Loin de Manhattan
Revenge in the House of Usher / La Chute de la Maison Usher
Pan pan
Sola ante el terror
1983
Sangre en mis zapatos
Mad Mutilator/Ogroff
1984
Le Fou du Roi
El Siniestro Doctor Orloff
Furia en Jamaica
The Boy who had everything
1985
Sac de noeuds
1986
Viaje a Bangkok, ataud incluido
1986
Faubourg Saint Martin
Las tribulaciones de un Buda Bizco
Commando Mengele / L'Ange de la Mort
1987
Terminus
La Mort d’Empèdocle
Dernier été à Tanger
La Voix du désert
El Aullido del Diablo
1988
Le Funiculaire des anges
Les Prédateurs de la nuit
Somewhere in Europe
1989
Schwarze Sünde
1990
Le Champignon des Carpathes
1991
Delicatessen
The Girl who came late
1992
Faux rapports
1993
Tête de citrouille
1994
Terre sainte
La Part du serpent
Hey Stranger
1996
Le Complexe de Toulon
Le Rocher d’Acapulco
Banqueroute (sorti en 2000)
2000
Dr Wong’s virtual hell (film tourné après la mort de Vernon, où il apparaît via des stock-shots)
Boule de Suif
Un ami viendra ce soir
Nuits d’alerte
L’Insaisissable Monsieur Frédéric
1946
Jéricho
Les Clandestins
Le Père Tranquille
La Foire aux chimères
1947
Le Bataillon du ciel
Les Chouans
Les Jeux sont faits
Le Silence de la Mer
1948
Du Guesclin
Le Diable boiteux
Le Colonel Gérard
L’Auberge du péché
1950
Fusillé à l’aube
L’Homme de la tour Eiffel
The Elusive Pimpernel
1951
Black Jack
Boîte de nuit
La Taverne de New Orléans
Si ça vous chante
1952
Das Geheimmis Vom Bergsee
La fille au fouet
Manina la fille sans voile
1953
La Môme vert-de-gris
Monsieur Scrupule, gangster
Lucrèce Borgia
Le Petit Jacques
1954
Si Versailles m’était conté
Das Phantom Des Grossen Zeltes
1955
Napoléon
Pas de souris dans le business
El fugitivo de Amberes
08/15
Bob le Flambeur
1956
Jusqu’au dernier
Opération Tonnerre
La Rivière des Trois jonques
Alerte aux Canaries
1957
Ce soir les souris dansent
1958
Dr Crippen lebt
Interpol greif ein
1959
Sursis pour un vivant
Nathalie agent secret
Muerte al Amanecer
1960
Gestapo contre X
Le Diabolique Docteur Mabuse
Division Brandeburg
Première Brigade criminelle
Interpol contre X
1961
Léon Morin, prêtre
Le Capitaine Tempête
The Secret Ways
1962
L’Horrible Docteur Orloff
Han matado a un cadaver
La Venganza del Zorro
Le Sadique Baron Dr Klaus
1963
Autopsy of a criminal
Black angel of the Mississipi
1964
Le Train
De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts
1965
Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution
Quoi de neuf, Pussycat ?
1966
Opération Opium
La Curée
Residencia para espias
Le Diabolique Docteur Z / Dans les griffes du maniaque
Le Chien fou
1967
La Nuit des Généraux
La Fantastique histoire d’Eddie Chapman
La Prunelle
L’Inconnu de Shandigor
1968
Necronomicon
Mayerling
Castle of the Bloody Lust
1969
Les Orgies du Dr Orloff
Marquis de Sade : Justine
Les Têtes brulées
La Rose écorchée
1970
Il Trono di fuoco
Un Beau Monstre
1971
Le Labyrinthe du sexe
Der Teufel Kam aus Akasava
X312 Flug zur Hölle
Sie tötete in Ekstase
Orloff et l’homme invisible / La Vie amoureuse de l’homme invisible
Jungfrauen Report
1972
Trois filles nues dans l’Île de Robinsone
La Fille de Dracula
Dracula prisonnier de Frankenstein
Les Expériences érotiques de Frankenstein
Les Ebranlées
Les Démons
1973
Les Gloutonnes / Les Exploits érotiques de Maciste dans l’Atlantide
Christina princesse de l’érotisme / Une Vierge chez les mort-vivants
Chacal
Journal intime d’une nymphomane
Paris sex murders
L’Alphoméga
1974
Quartier de femmes
Plaisir à trois
Un Capitaine de quinze ans
Célestine bonne à tout faire
Les Possédées du diable
Le Jardin qui bascule
Les Intrigues de Sylvia Couski
1975
L’Important c’est d’aimer
Guerre et amour
Change pas de main
Le Miroir obscène
Les Croqueuses
La Marque de Zorro
1976
L’Assassin musicien
Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff
1977
Visa pour l’enfer
Le Théâtre des matières
1979
De Dunkerque à la victoire
Les Belles manières
1981
Le Lac des Mort-vivants
Docteur Jekyll et les femmes
L’Appât du gain
1982
Loin de Manhattan
Revenge in the House of Usher / La Chute de la Maison Usher
Pan pan
Sola ante el terror
1983
Sangre en mis zapatos
Mad Mutilator/Ogroff
1984
Le Fou du Roi
El Siniestro Doctor Orloff
Furia en Jamaica
The Boy who had everything
1985
Sac de noeuds
1986
Viaje a Bangkok, ataud incluido
1986
Faubourg Saint Martin
Las tribulaciones de un Buda Bizco
Commando Mengele / L'Ange de la Mort
1987
Terminus
La Mort d’Empèdocle
Dernier été à Tanger
La Voix du désert
El Aullido del Diablo
1988
Le Funiculaire des anges
Les Prédateurs de la nuit
Somewhere in Europe
1989
Schwarze Sünde
1990
Le Champignon des Carpathes
1991
Delicatessen
The Girl who came late
1992
Faux rapports
1993
Tête de citrouille
1994
Terre sainte
La Part du serpent
Hey Stranger
1996
Le Complexe de Toulon
Le Rocher d’Acapulco
Banqueroute (sorti en 2000)
2000
Dr Wong’s virtual hell (film tourné après la mort de Vernon, où il apparaît via des stock-shots)