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Vendicator

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Vendicator

Titre original :W is war

Titre(s) alternatif(s) :W : La vengeance des sauvages (Québec)

Réalisateur(s) :Willie Milan

Année : 1983

Nationalité : Philippines

Durée : 1h33

Genre : Post-Eunuke

Acteurs principaux :Paul Vance, Anthony Alonzo, Jonee Gamboa, Johnny Monteiro, Alicia Alonzo, Bing Davao

Nikita
NOTE
3.5/ 5



Visitez les Philippines, le pays où "l'Asie arbore un sourire" ! Archipel luxuriant et ensoleillé, vibrant d’activité, de joie de vivre et de contacts avec la jeunesse locale, le pays de Weng Weng et d’Imelda Marcos est un oasis de bien-vivre, pittoresque, opulent et méconnu.



Pour vous familiariser avec ce séduisant pays avant d’en faire la visite, nous vous recommandons le visionnage du film éducatif « W is war » (1983), commercialisé en France sous le titre de « Vendicator ». Ce distrayant long-métrage familial vous permettra de découvrir d’originales coutumes philippines souvent négligées par les guides touristiques traditionnels. Là-bas, les officiers de police portent des noms de code comme W2, R3, V1, etc. sans que rien ne le justifie : c’est dire le caractère facétieux des indigènes, qui rejaillit jusque dans leur goût pour le jeu de rôle et la cryptographie.


Notre héros (Anthony Alonzo), qui en a dans le slip (mais pas pour longtemps).



L’emblématique héros de ce long-métrage, l’agent W2, lutte contre un gang de punks post-apocalyptiques bardés de cuir et de clous tous droits sortis de « Mad Max 2 ». Leur leader, sorte de Fu Manchu de Manille, ne se déplace qu’accompagné de deux gardes du corps nains coiffés comme Tina Turner. On observe ici l’ingénieux art philippin de la récupération, où nulle idée ne se perd : une situation à la « Mad Max 1 » (polar violent contemporain), des personnages à la « Mad Max 2 » (le look post-nuke des personnages étant scrupuleusement repris), le tout dans le décor enchanteur d’un archipel aux mille merveilles.



L’affreux Nesfero (Johnny Monteiro) et ses sbires.


Praxis, le bras droit de Nesfero, interprété par le belge Paul Vance, dont le titre de gloire est d’avoir été le scénariste de « Laser Force », avec Max Thayer !



Plages luxuriantes et banlieues de Manille servent de décor à une tragédie moderne dont l’exotisme rappellerait Sophocle si un modernisme ébouriffant ne venait la prémunir contre tout classicisme excessif : à peine marié, le preux W2 est capturé par les hommes de l’infâme Nesfero et émasculé de brutale façon.  





Sur le plateau, ça prenait un nouveau sens quand le réalisateur disait "coupez !".



Cette mutilation du héros, dont Hemingway (le chantre du sexe, du sang et du soleil) eût tiré une élégie tout aussi poignante, va nous valoir tout à la fois une tragédie (W2 souffrant de ne plus pouvoir honorer son épouse et celle-ci se trouvant en butte aux assiduités d’un collègue de son mari, l’agent V1) et une impitoyable revanche, le protagoniste se montrant bien décidé à prouver que la police philippine a des couilles au cul, même quand elle n’a plus de pénis.


Je suis douleur…


…je suis frustration…


…mais je suis également vengeance !!!


La femme de W2, soumise à rude tentation.


Une méchante, qui va devenir gentille et aider le héros dans son combat pour venger sa bite.



La sauvage flamboyance de cette vendetta typiquement philippine dans sa violence brute vous fera découvrir, non seulement toute l’originalité et la folie des œuvres de fiction de l’archipel, mais également l’ingéniosité de l’artisanat philippin. Afin de mettre en œuvre sa vengeance, le héros ne met-il pas au point une voiture blindée, à l’aide d’une simple plaque de métal remplaçant le pare-brise ? Une armure reproduisant fidèlement le look des chevaliers teutoniques achève de compléter son équipement, nous prouvant une fois de plus que les Philippins savent faire le meilleur usage des apports culturels extérieurs.




Le film se signale en outre par un défilé de costumes et de véhicules tunés tous plus originaux les uns que les autres, que seuls les philistins se hasarderont à trouver ridicules et qui nous prouvent l’inventivité de l’industrie vestimentaire locale et des mécaniciens philippins.




Certes, des critiques chafouins pourront toujours souligner les quelques menus défauts de l’œuvre : manichéisme, cabotinage des acteurs secondaires (les sbires du méchant battant des records de grimaces en tous genres), invraisemblances multiples peuvent se compter par dizaines pour peu que l’on soit mal disposé envers le cinéma du Tiers-monde. On pourra prétendre que le rythme connaît quelques pannes entre deux scènes d’action surréalistes. On pourra se demander pourquoi aucun sbire ne pense à tirer dans les pneus ou le moteur de la voiture si sommairement blindée. On pourra trouver les personnages ridicules, du chef de la police qui passe son temps à picoler dans son bureau au sbire sinueux du parrain.



Baste ! Tout cela n’est que coupage de cheveux en huit, ne méritant qu’opprobre, vergogne et chignole ! « Vendicator », dont on appréciera l’inventivité du titre français, est avant tout un film de genre sans complexes, dont l’énergie fait honneur à l’artisanat cinématographique philippin.




Nous en voudrons pour preuve cette bataille finale, longue d’environ un quart d’heure et quasiment dépourvue de dialogues, où les policiers philippins (quasiment invincibles : on pourrait presque y voir une légère propagande pour l’efficacité du régime de Ferdinand Marcos) massacrent littéralement les punks apocalyptiques, à grand renfort de cabrioles de figurants et de cascades aléatoirement réglées. Un tel refus de toute limite au déchaînement de l’action ne mérite-t-il pas toute l’attention des amateurs de cinéma asiatique, qui renverront John Woo à ses chères études ? 


Tout le monde met le paquet ! (Sauf le héros, bien entendu)



Devant un tel western contemporain écrasé de soleil, puisant tout autant aux sources du drame antique que de la violence post-moderne, le découvreur ne pourra qu’être enthousiasmé par sa découverte de la culture populaire philippine, qui lui apportera de nouvelles raisons de découvrir un pays aux mille facettes géographiques, vestimentaires et cinématographiques. Un visionnage hautement recommandé avant toute visite du pays aux mille merveilles ! N’hésitez pas à parfaire votre connaissance du cinéma local en découvrant ensuite « For Your Height Only », « Les Massacreurs », « Laser Force », « Darna Ang Pagbabalik » et « Captain Barbell », vous n’en reviendrez pas ! En cas de traumatisme psychologique ou perte définitive du bon goût suite à la vision de ce spécimen extrême qu'est « Vendicator », nous déclinons cependant toute responsabilité : la découverte du véritable exotisme est à ce prix ! Signalons encore à l'intention des insatiables qu'il existe une sorte de suite à « Vendicator », d'une égale bêtise et titrée « Clash of the Warlords ».


Une jaquette québécoise.

 

- Nikita -
Moyenne : 3.31 / 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.25/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation

Une seule édition VHS chez "Carrere Vidéo" pour cet incunable, qui a pourtant connu en son temps une distribution internationale, aux Etats-Unis et au Canada. Bonne chance pour mettre la main dessus.



Merci à John Matrix. Quelques images sont tirées de www.dumbdistraction.com et du regretté www.vhs-survivors.com

Pour finir dans la bonne humeur, penchons-nous sur cette jaquette allemande :



Pour le personnage en bas à gauche, rien à dire, on reconnaît bien l'affreux méchant du film. En revanche, le personnage central n'est autre qu'un vilain copier-coller du corps de celui de l'affiche de 2019 Après la Chute de New York, surmonté de la tête de ce bon vieux Richard Harrison ! L'accorte créature en haut à gauche tient elle un arc piqué aux Nouveaux Barbares, tandis que le buggy en bas à droite sort tout droit de MegaForce. Un bel exemple de recyclage...