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Vampire Assassin

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Vampire Assassin

Titre original : Vampire Assassin

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Ron Hall

Année : 2005

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Wesley Snipes wanabee

Acteurs principaux :Mel Novak, Gerald Okamura, Ron Hall, Rudy Ray Moore

a-andre
NOTE
4.75/ 5


« Vampire Assassin » fait partie de ces films qui représentent un défi permanent à la vraisemblance. Incroyable qu’un tel film ait pu être tourné en 2005, qu’un distributeur ait été trouvé, que des bénéfices aient été engrangés, que des malades l’aient vu et aillent jusqu’à en tirer des chroniques.


Après la Cannon et Nu Image, voici Cine Excel, nouveau gage de qualité.


Le film qui nous occupe est une production de Cine Excel, le studio le plus misérablement fauché des Etats-Unis, dont chaque film nous laisse sans voix devant un tel medley de misère financière et d’incompétence enthousiaste. Mais il s’agit avant tout du film de Ron Hall (un habitué de Cine Excel, puisqu’on le retrouve également dans « Internetrix », « Pocket Ninjas », « Full Impact : American Streetfighter 2 », « SWAT : Warhead One » et « Power Elite ») réalisateur, scénariste, cascadeur et acteur principal d’un film destiné à le faire entrer au panthéon du ridicule.


On n’a pas eu Wesley Snipes, mais on a eu Wesley Slip.


Commençons par signaler l’évidence : le film qui nous occupe est un plagiat quasi-total de « Blade », sans aucune vergogne, comme aux plus beaux temps du bis italien. Si Enzo G. Castellari s’était mangé un procès pour « La Mort au Large », on n’ose même imaginer quelles sanctions auraient dû subir les auteurs de « Vampire Assassin » s’il y avait une justice.




Une légère arnaque à la jaquette, non ?


MOUHAHAHAHA !!!!!


Contrairement à bien des navets d’aujourd’hui, qui attendent le passage des ans pour acquérir le caractère gouleyant du nanar, « Vampire Assassin » affiche sans complexes son ridicule écrasant, accumulant toutes les bourdes pouvant être humainement commises pour constituer un spectacle proprement stupéfiant, comme si l’équipe entière, du scénariste au monteur, avait sombré dans une folie douce sous l’effet de quelque électrocution des neurones. Le point d'orgue étant atteint par une réalisation crypto-ésotérique donnant parfois au film l'allure d'un songe éthylique inspiré par une ingestion d'alcools aussi forts que frelatés.

Le film débute par un flash-back vaporeux. Le chasseur de vampires Slovak, interprété par l’éternel second couteau Mel Novak (guest-star récurrente de Cine Excel), affronte des pseudo-Nosferatu grimés en mauvais chanteurs de hard-rock dans une scène indigne du pire des épisodes de « Buffy contre les vampires ». Mordu, il est condamné à son tour à la soif de sang éternelle et va se transformer en super-méchant.


Un vampire au top de la (cré)débilité.




Une cascade chevelue.


Mel Novak / Slovak, qui tue des vampires et devient vampire à son tour.


Retour ensuite en 2005, où Ron Hall incarne le légendaire policier Derek Washington. Chauve et expressif comme un oeuf, notre bon Ron a construit un film entièrement à sa gloire et à celle de ses très relatifs talents d’acteur. Car il faut bien garder à l’esprit que Ron est à Wesley Snipes ce que Mark Gregory est à Laurence Olivier : joufflu, charismatique comme une planche, Ron ne fait que prouver d’un bout à l’autre du film qu’il n’est absolument pas fait pour tenir les premiers rôles.


« Do you copy ? There’s something wrong in here ! » Ben tu m’étonnes, Ron : à peu près tout cloche dans ce film


« Vampire Assassin » se décline comme une sorte de catalogue sans fin des erreurs à ne pas commettre, ou plutôt à commettre impérativement si l’on veut transformer son film en nanar hilarant. Mise en scène squelettique, scénario-gruyère constellé de trous béants aussi profonds que les grands canyons : chaque scène apporte son lot d’images inoubliables de ringardises dans un film qui mérite de figurer au panthéon des nanars les plus aberrants de l’histoire du cinéma. La réalisation tente de cacher son profond amateurisme par une accumulation de zooms au fort comique involontaire, tandis que l’inexistence des décors (un parking, deux appartements, un bureau et un entrepôt figurant le commissariat) n’est absolument pas camouflée par les efforts désespérés de l’éclairagiste

Derek se trouve rapidement confronté à Slovak : découvrant que ce dernier est un vampire, il décide, confronté à l’incrédulité de sa hiérarchie, de démissionner de la police pour pouvoir mener son enquête à sa guise.


Comme dans tous les films, je rends mon arme et mon insigne et hop, c’est bon je peux partir de la police.


Lors de sa quête pour l’éradication du mal, Derek va faire la rencontre d’une journaliste accessoirement spécialisée dans les articles sur les vampires. Mais bon, jusqu’ici, tout est encore presque cohérent.


Salut, potiche.


Pendant que nos deux tourtereaux tourtereautent, Slovak décide de faire une démonstration de son pouvoir devant des sbires incrédules, nous offrant un premier échantillon d’effets spéciaux bricolés en dix minutes par un technicien stagiaire déjà ravagé par l’alcoolisme.


Transformation…


…en chauve-souris…




…devant des seconds rôles aux effets très spéciaux.


A la question « comment faire un film pour pas cher », « Vampire Assassin » répond : « Il y a qu’à louer un entrepôt, mais c’est pas la peine d’enlever ce qu’il y a dedans, ça fera décor ».

Vous l’avez compris, une bonne partie de l’histoire se passe dans un entrepôt commun à tous les lieux : commissariat, espace de rencontre entre méchants, ruelle sombre… Ajoutez à cela une mise en scène aux limites extrêmes de l’amateurisme, un son étouffé, des éclairages mis au point par un aveugle, une interprétation si médiocre que Mel Novak – le seul qui maîtrise vraiment le métier de comédien – semble l’égal de Robert De Niro, et vous aurez deviné que nous sommes face à une espèce de non-film absolu, une série Z tellement mauvaise que le simple fait que Cine Excel ait seulement envisagé de la distribuer commercialement laisse incrédule et consterné. L’esprit de Marius Lesoeur perdure !

Passons sur ce petit problème technique pour revenir à nos moutons… Derek décide de rendre visite à Slovak dans son bar favori, dont l’hôtesse est une drag queen noire ne servant strictement à rien dans l’histoire.


Anniversaires, mariages, comités d’entreprises, bar-mitsva… Cynthia la transsexuelle saura apporter un cachet unique à vos soirées.


Derek décide de se réveiller et de tataner la gueule de Slovak, gratifiant le spectateur toujours pas au bout de ses surprises de l’une des pires chorégraphies jamais vues ! Les combats, durant tout le film, seront d’une mollesse rarement égalée, suivant en cela le rythme cotonneux d’une mise en scène sous tranxène.


Je mets les pieds où je veux, et c’est souvent dans la gueule.


Je précise que le héros est chauve, donc pour le soulever par les cheveux, c’est pas gagné ! Et pourtant…


A noter que les méchants semblent décidés à caricaturer le comportement du bad guy ringard, qui tient le bon à sa merci mais l’épargne dans le seul but de lui raconter son plan. Notre héros se fait ainsi capturer au moins quatre fois durant le film mais le méchant lui laisse à chaque fois la vie sauve. Pour changer, ce coup-ci c’est son pote qui vient lui sauver la vie alors qu’il est sur le point de se faire torturer.


- Bon Robert, tu me ramènes tous les outils tranchants de ton garage pour la scène de torture.
- OK !


Une fois sauvé au cours d'une séquence où, pour être en phase avec cette scène de torture insoutenable, le réalisateur répond par de l’action insoutenable, notre ami fait la connaissance du maître asiatique, joué par un Gerald Okamura qui, la bride sur le cou, se lâche totalement dans un numéro de cabotinage d’une densité rarement atteinte.


Entre temps, Slovak se promène dans l’entrepôt sur fond de musique ringarde et d’images subliminales, sans que tout ça fasse avancer l’histoire en quoi que ce soit.






J’ai l’impression d’être déjà passé par là… ?


Retour à nos héros par le biais de cet entraînement foireux :

« Vite, vite Derek ! Retourne chez Slovak pour la 30ème fois pour mettre en pratique ce que le maître t’a appris »

« Je peux pas, il est trop mal éclairéééé !! »


Il a pas tort, il est effectivement très mal éclairé.


Derek se fait capturer par les forces de l’ordre et hop, direction l’entrep… le commissariat. Slovak ne va pas tarder à montrer le bout de son nez et à engager, accompagné de ses sbires dentus, une bataille rangée avec les forces de l’ordre, ce qui nous vaut un nouveau morceau de bravoure : le pseudo-Dracula arrêtant les balles de revolver à l’aide de mouvements de sa cape (les ricochets des balles contre le tissu étant figurés par des dessins de gouache à même la pellicule). Les policiers rivalisent quant à eux de mollesse, montrant une remarquable inaptitude à la fuite dès qu’un vampire s’approche d’eux.


Je t’ai déjà dit que je mettais souvent les pieds dans la gueule ?


Un commissaire au vague air de famille avec un Richard Harrison sans moustache.


Ah mon Dieu quelle horreur ! Slovak s'est transformé !




En effet, le commissariat est bel et bien juxtaposé à l’entrepôt.


A la suite de cet épisode mouvementé, tous les gardiens de la paix sont transformés, de même que Derek, ce qui nous vaut un florilège de maquillages ratés et de prothèses dentaires approximatives.














Festival de dents en plastoc.


Suite à sa morsure, Derek, devenu vampire « à 70%», se transforme enfin en sous-sous-sous-Blade et manie désormais les arts martiaux et les armes comme…un pied. Enfin, pour rendre justice à Ron Hall, admettons qu’il semble posséder de bonnes compétences en arts martiaux ; mais sa propre mise en scène s’avère si incapable de les mettre en valeur que l’on croirait parfois se trouver devant un spectacle de patronage effectué par des cancres refusés par tous les Dojos dignes de ce nom.

Notre héros se dépêche ensuite d’aller se friter avec une bande de chasseurs de vampires un poil belliqueux. Ce qui nous permet d’ailleurs de remarquer que le héros est particulièrement peu efficace : il semble en effet plus occupé à tuer des chasseurs de vampires concurrents que les vampires eux-mêmes. Ce serait peut-être plus intelligent d’oublier ses différends et faire alliance contre le mal, mais on ne va pas s’étendre sur le professionnalisme de nos joyeux chasseurs.




Son taux de nanardise a excédé les 70%, il faut l’éliminer !


Il faut tout de même signaler, à leur crédit, que les vampires du film ne sont pas mieux lotis : on a rarement vu des créatures de la nuit aussi débiles. De plus, il semble possible de les tuer en leur plantant le pieu n’importe où : dans l’épaule, dans les côtes, dans la nuque… Soit leur cœur s’est bizarrement déplacé, soit devenir vampire, c’est complètement nul : on croule en poussière à la moindre égratignure ! (Nous y reviendrons plus loin)

Les incohérences abondent de toute manière, puisqu’en fonction des scènes, Slovak semble capable de se promener à la lumière du jour ou, au contraire, craindre le soleil. Allez comprendre ! Bagarres molles, action d’une totale absence de crédibilité : tous les ingrédients semblent réunis pour nous rameuter un 5/5 mais il nous manque encore un petit quelque chose… Un climax. Ce moment intense où toute l’intrigue prend un sens et où le spectateur gobe son pop-corn sans réfléchir.

Et bien le climax, il survient, à la 58ème minute : Gerald "je surjoue à mort" Okamura, mordu par Slovak, demande à Derek de lui donner le coup de grâce avant qu’il ne se transforme en vampire. C’est le clou du film, la séquence émotion : Derek achève son vieux maître en lui plantant un pieu… DANS L’EPAULE DROITE, puis se tourne vers le ciel d’un air inspiré avant de hurler « SLOVAAAAAAAAAAAAK ! ». Quarante ans de clichés de cinéma condensés en une seule scène ultime, apothéose de mauvais cabotinage et de comique involontaire !


Quoi de plus naturel ensuite que de brûler le corps au milieu de la rue pour lui rendre hommage ?


Et enfin, pour terminer le film en beauté, quoi de mieux que de retourner dans le célèbre entrepôt multi-fonction pour se livrer à un duel final anthologiquement nul ? Un sniper à l'utilité scénaristique des plus douteuses vient ajouter une touche de perplexité rêveuse à un affrontement aussi bancal que le reste d'une oeuvre glorieusement biscornue.


Pour viser dans le noir, rien de tel que de bonnes lunettes de soleil.


« Et comme ça, je ressemble à Wesley Snipes ? »


« Et comme ça ? »


« Réception parfaite ! »


Ils restent dans cette position pendant 30 bonnes secondes, pour parler.

***** Spoiler *****


Au terme d’un duel final exceptionnellement mou et mal mis en scène, Slovak finira par exploser comme un pétard du 14 juillet sous l’effet des rayons du soleil, mais pas Derek, qui s’était pourtant transformé en vampire peu avant. Ne cherchons pas à comprendre, d’autant que Slovak, comme il a été dit plus haut, semblait résister au soleil dans les scènes précédentes.


La mort de Slovak sur fond de ballons de baudruche.

Les atouts nanar sont trop nombreux pour être énumérés ; tout y passe, des acteurs au chorégraphe de combats, en passant par le décorateur, le scénariste etc. L’amateurisme est général : on peine à croire que qui que ce soit ait été sérieux en tournant ce film. Sans doute, si « Vampire Assassin » était vraiment un métrage amateur, pourrait-on avoir quelque sympathie pour l’effort fourni, mais le fait que cette chose ait été tournée dans un cadre professionnel laisse pantois. A QUI ont-ils pensé vendre ça ??? A des fous comme les rédacteurs de Nanarland, sans doute…

Un second rôle au charisme époustouflant.


Un zombie.

Un seul regret, l’absence (à ce jour) de toute version française ; un doublage français de piètre qualité aurait été la touche finale pouvant amener ce film à l’absolue perfection nanarde. « Vampire Assassin » est un must absolu, qui devrait infliger à votre cerveau d'inoubliables ondes de choc de démence.

Ron Hall au top de sa forme.

A l'occasion d'une interview, Ron Hall déclarait à propos de « Vampire Assassin » : "Après avoir fait tant de films où les combats étaient bons mais pas l'histoire, je voulais faire un film où l'action tout autant que l'histoire seraient chouettes. Cependant, mon producteur exécutif [Nanarland : David Huey, patron de Ciné Excel] voyait lui les choses d'une façon que je ne parviens toujours pas à comprendre aujourd'hui. C'était un tout petit budget. En fait non, disons plutôt qu'il n'y avait pas de budget ! Comme je ne suis pas satisfait de la façon dont Vampire Assassins a été monté, j'ai prévu de sortir une version director's cut du film qui sera, je vous le promets, meilleure en tous points... l'action tout particulièrement !"

En VO, cela donnait : "In having done so many movies where the fights were good and stories were not, I wanted to make a film that the story and the action were equally exciting. However my executive producer had other ideas that I have yet to figure out... It was very low budget. No, actually that was more like... no budget! I'm not happy with the way Vampire Assassins was edited, so I plan to release a director's cut of the film that I promise will be better in every aspect... especially the action!"

Lire aussi notre interview de Mel Novak, que nous avons notamment interrogé sur sa participation à « Vampire Assassin ».

- a-andre -
Moyenne : 4.05 / 5
a-andre
NOTE
4.75/ 5
Nikita
NOTE
5/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Pour l'instant, le zone 1 ne se trouve qu'en Amérique du Nord (ou sur le net) chez "Lion's Gate", mais on ne devrait pas avoir à attendre trop longtemps pour voir ce direct-to-DVD minable arriver dans nos bacs à soldes de supermarchés. Le doublage devrait en rajouter encore une couche... Too Blade...


Attention de ne pas le confondre avec un autre « Vampire Assassin », plus connu sous le nom de "Razor Blade Smile" ; un petit film de vampire british fauché mais assez sympa.