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Teen Wolf Too

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Teen Wolf Too

Titre original : Teen Wolf Too

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Christopher Leitch

Année : 1987

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h35

Genre : Poilant

Acteurs principaux :John Astin, James Hampton, Jason Bateman, Kim Darby, Paul Sand

John Nada
NOTE
2/ 5


A la vue de Teen Wolf premier du nom, la moindre des choses que l’on puisse penser ou dire (ou hurler dans tout Hollywood comme j’aurais voulu le faire à l’époque), c’est qu’un second opus ne s’imposait vraiment pas putain de bordel de merde. Mais proférer un tel jugement lapidaire (et grossier qui plus est), c’est faire abstraction du cynisme mercantile des producteurs, toujours prêts à toutes les bassesses pour engranger un maximum de billets verts. Teen Wolf ayant opéré une percée remarquée dans le box office américain (2ème derrière... Retour Vers le Futur, également avec le petit Fox !), une suite est logiquement mise en chantier dans la foulée. On refait donc appel au même duo de scénaristes, on mobilise grosso modo la même équipe, sollicitant les fonctionnalités soigneusement contrôlées d’un « yes man » de plus à la réalisation et, la désormais coûteuse vedette Michael J. Fox opérant un judicieux retrait stratégique, les contestables talents d’acteur d’un jeune minet dans le rôle de l’adolescent loup-garou. Un nouveau teenager à la fourrure pelucheuse qui s’avère être ni plus ni moins que le cousin de celui du premier volet, une idée ô combien astucieuse violemment expulsée du cerveau d’un de nos deux scénaristes dans un spasme qu’on imagine douloureux. Et, démarcation remarquable, alors que Scott Howard faisait du basket dans l’équipe de son lycée, son cousin Todd est lui inscrit dans le club de boxe de son université, une autre idée géniale enfantée par des auteurs décidément atteints d’une imagination exubérante (remarquez, avec une idée lumineuse chacun, ça permet tout de même de relativiser la ferveur créatrice du duo).

 


Le coup des yeux rouges (même trucage que dans le 1).


Après tout, c’est bien connu : les enfants adorent qu’on leur raconte les mêmes histoires ! (hé les mecs, à quand un Teen Alligator ou un Teen Shark ?). Du coup, grâce au même genre d’astuce scénaristique, on retrouve James Hampton dans le rôle de Harold Howard (père de Scott dans le 1, oncle de Todd dans le 2) et le grimaçant Mark Holton (Chubby / Joufflu), basketteur coéquipier de Scott dans le 1, boxeur coéquipier de Todd dans le 2. Paul Sand remplace Jay Tarses dans le rôle du Coach Bobby Finstock (entraîneur de l’équipe de basket du lycée dans le 1 et de celle de boxe de la fac dans le 2, que du foutage de gueule je vous dis) et Stiles, meilleur pote de Scott dans le 1, devient le colloque de Todd dans le 2. Arborant une somptueuse et arrogante mullette (Stuart Fratkin a remplacé Jerry Levine), celui-ci cherche bien sûr toujours à se faire du blé sur le dos de ce freak de Todd (« Toute la fac parlera plus que de toi ! Le seul truc que tu as à faire c’est le loup-garou, le reste Todd, je m’en charge ! »).

 


Qu'est-ce que...


Las de déployer tant de trésors d’inventivité, les auteurs nous resservent très rigoureusement la même rivalité amoureuse et sportive : Todd fricote avec la bonasse blonde qui sort avec son concurrent N°1, capitaine de l’équipe de boxe qu’il rencontrera en finale (dans le 1 la bonasse blonde était maquée avec… le capitaine de l’équipe de basket que celle de Scott rencontrait… en finale). Evidemment, cette bonasse blonde ne l’aime que pour sa réputation, contrairement à Nicki, une brune pétulante qui l’aimait déjà avant sa soudaine popularité.

 


Paye ton winner. Stiles (Stuart 'Mullet' Fratkin) : une des plus belles expressions de chien fidèle du cinéma.


Pour fêter ses victoires estourbissantes en boxe, le teen wolf chante et danse, et sous son impulsion tout le monde fait pareil, avec moult chorégraphies en parfaite symbiose avec leur époque (autrement dit qui ne ressemblent à rien). Comme Todd est une star, il peut se permettre de faire un peu n’importe quoi, y compris se rabaisser à attraper des frisbees en plein vol avec les dents pour faire gagner des thunes à son pote (et hop, on ressort la même camelote que dans le 1, tee-shirts et casquettes labellisés « Teen Wolf #1 », « Wolf Crazy » etc.).

 




Paye ta 3ème mi-temps

 


Le coup du frisbee.


Forcément, le succès lui monte à la tête, gâté qu’il est par le proviseur Dean Dunn (John Astin, le méchant professeur Gangrène dans la série des Tomates Tueuses mais aussi Gomez Adams dans la toute prémière série La Famille Adams en 1964) qui lui procure un à un tous les éléments du parfait paradis matérialiste pour mâle américain moyen : « Une voiture, le pognon, les femmes… ». Adoptant une dégaine à la one again et un sourire figé façon rock star pétée de coke (un peu comme Jean-Claude sur la Croisette), Todd frime, Todd se tape de la bonnasse, Todd ne sait plus faire son entrée sur le ring autrement qu’avec un saut périlleux arrière et, comble du comble, Todd troque le van vert canard estampillé WOLF MOBILE du 1 pour une rutilante décapotable rouge immatriculée WOLF TOO. Bref, à travers lui, les responsables de Teen Wolf Too s’efforcent de faire rêver le public ciblé par leur produit : les petits billy et les petits jimmy pré-adolescents. 

 




I'm the king of the world, baby.


Du coup, comme dans le 1, le teen wolf saoule très vite son entourage, en premier lieu ses partenaires, devenus inutiles (on voit son copain mafflu tirer la gueule sur le banc pendant que Todd dispute le match à sa place), puis ses potes (« T’es devenu le roi des cons, mon vieux »), sa copine – la brune – (« Ce n’est pas toi qu’elles aiment, c’est le loup-garou ! » ; « Je regrette Todd Howard… où est-il passé ? ») et même ses profs (« Vous avez tort de croire que vivre en loup-garou est la meilleure façon de résoudre les problèmes »).

Désavoué, abandonné par tous, Todd se tape une bonne grosse déprime. Le spectateur guette alors l’inévitable bon petit coup de morale sur l’occiput pour remettre les choses en place, qui survient très vite grâce au retour inattendu de l’oncle Harold, loup-garou lui aussi (« Je pense que c’est le moment de redevenir Todd Howard »). Todd accepte de ne plus se transformer en loup-garou à tort et à travers. Le problème, c’est qu’il est à la veille DU grand match, la finale du championnat régional de boxe (qu’il doit disputer contre le petit ami hargneux de la bonasse blonde, souvenez-vous) et de ses examens, qu’il n’a bien sûr pas révisés. Mais dans le monde merveilleux de Hollywood, il n’y a pas de problème sans solution : pour la boxe ça tombe bien, tonton Harold en faisait lorsqu’il était plus jeune ! Et pour les exams, Todd va vite se rabibocher avec la brune. Du coup s’en suit la grande séquence du film : Todd s’entraîne 5 mn avec son oncle bedonnant, puis cours chez la brune, révise à mort avec elle, puis lui fait l’amour avant de potasser à nouveau ses cours en lui jetant de temps à autre un regard attendri, avec tout du long la chanson « Send me an angel, send me an aaangel right now », un appel au secours sous forme de mélopée incantatoire pathétique beuglée par le chanteur de Real Life, du 100% 80’s foireux : sublime (pour moi, cette chanson, c’est un peu l’arme absolue de Teen Wolf Too).

Au petit matin, pas très marqué par sa nuit blanche, Todd s’en va, tout guilleret après que sa meuf lui ait dit merde pour lui souhaiter bonne chance. Une fois ses exams passés et obtenus (merci l’évaluation express), Todd s’en va livrer THE match, avec les gants fétiches de son oncle, sous sa forme humaine (comme dans le 1) et sans prendre la place de ses partenaires, qui boxeront donc tous dans leurs catégories respectives (« Hourra ! »). Evidemment, cela provoque une prise de bec avec le proviseur, qui ne rêve que de victoire pour son établissement, mais heureusement la gentille prof de bio s’interpose (« Ce garçon ne vous appartient pas ! »). En fait, elle aussi est loup-garou alors elle lui fait le coup des yeux rouges et, comme dans le 1, le proviseur en est quitte pour une grosse frousse. Vilaine scène nanarde par excellence, on la voit ensuite s’éloigner en faisant la chattemite, une longue queue velue dépassant nonchalamment de sous sa robe (bon, à première vue c’est un peu malheureux comme tournure, je sais, et je n’ai même pas d’image qui puisse me permettre de lever toute ambiguïté alors tâchez de rester frais, candides, innocents et ça devrait passer).

En débarquant sur le ring sans pirouette acrobatique et sous sa forme humaine, Todd en étonne plus d’un et les spéculations vont bon train (« C’est une ruse de loup ! »). Pourtant, le bahut tout entier doit bientôt se rendre à l’évidence : Todd est redevenu un loser. Hué et sifflé au début du match, le jeune homme fait preuve de pugnacité et parvient petit à petit à reconquérir son public en cabossant adroitement son adversaire (Comme c’est beau ! Comme c’est moral !). Un final à la Rocky voit Todd l’emporter à l’arrachée (comme dans le 1), ignorer la bonasse blonde venue récolter le bisou du vainqueur (du coup c’est le gros joufflu pétomane qui l’embrasse, hihihi !) et rouler une bonne grosse pelle à la brune. Un glorieux happy-end très semblable à celui du 1 en somme (étonnant, non ?), ce que le charme du 1 avait en moins.

 


Paye ton happy-end.


Ouf ! Je sais qu’il est quand même fastidieux (et horriblement long) de raconter l’histoire d’un tel film du début à la fin mais je ressentais vraiment le besoin de confesser ces 95 minutes de nanardise crasse. Les années 80, je les adore : un cri du cœur que j’ai souvent clamé haut et fort bien avant leur revival. N’empêche, heureusement que les années 80 ça n’a duré que 10 ans… Opportuniste au possible, Teen Wolf Too (notez au passage l’astucieux jeu de mots) tient à peu près autant de la suite que du remake. Sauf que ce qui restait encore un peu subtil dans le 1 est ici mâché, rabâché, remâché, vomi, ravalé, redigéré etc., de sorte que même les foetus des spectatrices enceintes auront de bonnes chances de comprendre la morale du film.


Si on prend la chose au premier degré, côté rires (parce que les Teen Wolf se veulent tout de même des comédies, ne l’oublions pas), absolument rien ne fonctionne : les répliques tombent à plat, les potacheries sont particulièrement affligeantes (drague lourdingue, flatulence intempestive) et l’emploi de gags d’un autre temps fait particulièrement mal (le coup de la tarte à la crème dans la figure : un truc déjà bien en vogue du temps du cinéma muet).

La vision du film peut en outre se vivre comme une plongée en apnée dans l’univers horripilant des jocks (nom qui désigne les cliques de sportifs en milieu scolaire U.S.), avec son culte exacerbé du winner (l’essentiel n’est pas de participer mais de GAGNER à tout prix, d’ECRABOUILLER son adversaire en l’humiliant le plus possible) et son « nationalisme » scolaire (argh, cette scène de vestiaire avant la grande finale où toute l’équipe, à nouveau soudée, entonne l’hymne du bahut, « O Hamilton »). D’un point de vue sociologique, la saga des Teen Wolf m’a ainsi confirmé une réalité que je ne faisais qu’entrevoir : le sport est l’opium du peuple scolaire américain.

Et pourtant, malgré tout, Teen Wolf Too est à mon sens un pur nanar, et pas un navet (pour vous en convaincre, les captures d’écran sont sans doute mon meilleur atout). Le film se déroule sans qu’on ait jamais moins de 10 pages d’avance sur le scénario et la musique, fermement ancrée dans son époque, contribue nettement à assurer la teneur nanarde de l’ensemble : outre celle évoquée plus haut, je mentionnerai la chanson « Who Do You Want to Be ? » (Who do you wanna be today ? Do you wanna be just like someone on T.V. ?) des loufdingues Oingo Boingo (le défunt groupe du génial Danny Elfman, auteur en vrac des compos des films de Tim Burton, des derniers Sam Raimi ou encore de quelques mémorables thèmes de série télé comme ceux des Contes de la Crypte ou des Simpsons). Croyez-le ou non : Teen Wolf Too, c’est le genre de film qu’on aime fracasser quand on en parle (histoire de se rassurer sur son état mental sans doute, d’où mon début de critique un tantinet fielleux) mais qu’on prend néanmoins plaisir à regarder.

- John Nada -
Moyenne : 1.75 / 5
John Nada
NOTE
2/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Il semblerait que Jason Bateman soit moins vendeur que Michael J. Fox : en effet pendant longtemps, seule l'édition double DVD avec le premier opus de ces aventures garoutesques a bénéficié d'une sortie zone 2 quasi confidentielle chez "Monarch", que vous trouverez peut-être au détour d'un déstockage chez Noz.


Et puis avec la sortie d'une série télé "Teen Wolf" au début des années 2010, "Monarch" a fini par lâcher le film tout seul en DVD. Par contre les sites spécialisés sont unanimes : le transfert est atroce. Image délavée, son étouffé, pas la queue d'un bonus et seulement la VF à se mettre sous la dent.

Il n'y a plus qu'à attendre le blu-ray comme son aîné. Et je crains qu'on doive attendre sacrément longtemps chez nous ! Pourtant les Américains de "Shout factory" se sont fendus en 2017 d'un blu-ray collector avec plein d'interviews et de bonus, mais uniquement en anglais et zone A. Dommage...