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Shark in Venice


Shark in Venice

Titre original : Shark in Venice

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Danny Lerner

Année : 2008

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h25

Genre : Squale dans l’canal

Acteurs principaux :Stephen Baldwin, Vanessa Johansson, Giacomo Gonnella, Hilda van der Meulen, Atanas Srebev...

Wolfwood
NOTE
2/ 5


Lorsqu’on évoque Venise, on pense aux gondoles, à la ville des amoureux voire à une chanson de Sheila et Ringo. Mais qu’en est-il des requins ? Après tout, nos mangeurs de plaisanciers italiens n’ont-ils pas droit à la même considération que leurs congénères américains ? Comment ? Il n’y a pas de requins à Venise ?! Pouah, hey l’autre, n’importe quoi ! Bien sûr qu’il y en a, je l’ai encore vu l’autre jour dans une production Nu Image. Mais si ! Même qu’il y avait Stephen Baldwin dedans, si ça c’est pas une garantie de sérieux...


Toute ressemblance avec une affiche existante ou ayant existé ne serait que le fruit d’un total mépris des droits d’auteur.


Déjà responsable des « Shark Attack », la firme de Danny et Avy Lerner avait de nouveau manifesté son amour des prédateurs aquatiques en produisant les plus récents « Sharkman » et « Raging Sharks ». Continuant cette nouvelle saga, c’est dans la Sérénissime que nous retrouverons un autre cousin attardé des « Dents de la mer », lui aussi décidé à se faire un carpaccio avec quelques plongeurs. Apprenant que son père est porté disparu suite à une attaque de la bête, David Franks, explorateur des fonds marins, rapplique dare-dare sur les lieux et se trouve brusquement impliqué dans une chasse au trésor en tombant sur les carnets de son paternel.



Voir Venise et mourir de honte.


Au-delà du canevas habituel du film d’agression animale, l’intrigue s’inspire ainsi des classiques de l’aventure, avec notamment quelques éléments rappelant « Indiana Jones et la dernière croisade ». A première vue, on pourrait donc reprocher au scénariste son manque d'inspiration et d'originalité. Ce serait aller un peu vite en besogne, et nous préférons au contraire louer la remarquable originalité d'un esprit frondeur, anti-conformiste et résolument iconoclaste, qui a su faire preuve d'une grande liberté de vue. Jugez plutôt : le magot après lequel courent nos aventuriers, c’est ni plus ni moins que le trésor du temple de Salomon, localisé en Crête et ramené à Venise par la flotte de Marco Polo sur les ordres des Médicis, le tout lors de la huitième croisade décidée par le prévoyant Louis XIV, censé naître quatre cents ans plus tard. Bon, évidemment, si vous êtes un cancre en Histoire-Géo, ça doit vous en toucher une sans faire bouger l'autre, et c'est sans doute ce qu'escomptaient les pontes de Nu Image, qu'on soupçonne de ne pas tenir en très haute estime l'intelligence supposée de leur public. Mais si comme moi, qui ne suis pourtant pas un cador dans ce domaine, vous avez quelques notions de base, vous aurez réalisé à quel tissu d'inepties nous avons affaire.


Et c’est une phrase qui vient d’un rapport d’expert ! Elle est belle l'éducation des jeunes...


C’est ballot que le trésor, perdu en pleine mer, soit tombé pile poil dans une grotte truffée de pièges.

Indiana zone dans le temple moisi.


De l’aventure au programme, ça annonce des péripéties dans un cadre exotique. Sur le premier point, il n’y a rien à redire, le héros David devant faire face à la concurrence de la mafia dans sa recherche du butin. Pour le dépaysement par contre, disons qu’il est un poil différent de celui auquel on pouvait s’attendre. Alléchés par le titre, vous rêviez de visiter Venise, la cité des Doges, ville mythique, capitale du romantisme ? En réalité, Nu Image vous fera voyager… dans l'intérieur de ses studios bulgares. Oh bien sûr tout est fait pour nous fait croire que l'action se déroule bel et bien en Italie : on nous assomme de musique d’Opéra, on nous balance régulièrement des inserts de Venise tournés au caméscope, avec ce look & feel propre aux vidéos de vacances, et on va même jusqu'à faire tourner les acteurs sur fond vert pour les incruster ensuite dans les plans de Venise en question ! Ce stratagème de margoulin nous vaut un montage consternant, riche en faux raccords et en champs/contre-champs maladroits, où des acteurs dans leur studio des Balkans s'efforcent d'interagir avec des lieux touristiques où ils n'ont jamais mis les pieds. Insérés à la diable, les plans de Venise se limitent à quelques minutes de rushes, utilisés à plusieurs reprises et parfois carrément mis en boucle.


Une scène de poursuite où les personnes bousculées seront toujours les dix mêmes figurants.

Des touristes qui ont bien du mal à quitter l’arrière-plan. Et pour cause, il s’agit d’une bande vidéo qui tourne en boucle...

Ces effets de mise en scène ne sont pas les seuls artifices visant à nous faire passer une vessie bulgare pour le phare de Murano. La quasi-intégralité du casting venant d’à peu près partout sauf d’Italie, le réalisateur tente le tout pour le tout et dépasse les bornes des limites quand, pour faire couleur locale, il agrémente tous les dialogues de petites expressions dans la langue d’Alvaro Vitali. Et tant pis si celles-ci arrivent comme un cheveu sur le minestrone. En VO, ça nous vaut des conversations en anglais aux intonations vaguement transalpines, déclamées par des comédiens ayant bien du mal à masquer leur propre accent d'origine. Dans ce contexte, Giacomo Gonnela, seul acteur du cru, aurait pu tenter d’apporter un peu de crédit à la distribution. Au lieu de ça, il réussit l’exploit d’être le personnage le plus caricatural, certaines répliques laissant même à penser qu’on lui a demandé d’imiter un semblant d’accent russe, histoire que les voix des autres comédiens sonnent moins faux.


Ma qué si, yé sui oune italiano, yé parle avé les mains, qué tal, muchos cojones tout ça...

Des Bulgares, une Néerlandaise et un Dubaïote. On peut dire ce qu’on veut, l’Italie est bien une terre d’immigration.

Giacomo Gonnela, seul Italien du lot mais tellement mauvais qu’on le croirait étranger.


Piètre tâcheron, Lerner n’est pas plus doué pour mettre en valeur son requin, ou plutôt ses requins, difficile à dire. Jusque tard dans l’histoire, il est en effet difficile de connaître le nombre réel de nos dévoreurs de touristes. A moins qu'il s'agisse d'un requin polymorphe, capable de changer de taille et de couleur au cours de l’intrigue. Bien évidemment, il s’agit là d’une vieille arnaque de chez Nu Image : plutôt que de filmer de nouvelles scènes, nos loustics ont préféré recycler tout à un tas de passages issus de leurs anciens slashers aquatiques, et tant pis si certains d’entre eux s'avèrent inappropriés. Voir un requin défoncer une vitre, c’est bien gentil, mais lorsque les dites images se retrouvent balancées dans une séquence censée se dérouler en plein canal, on se dit que le metteur en scène a définitivement lâché les élastiques. Lerner a beau ruser avec un montage digne d’un Paul Greengrass sous amphét’, le spectateur n’est pas dupe, surtout lorsque, en lieu et place des stock-shots, il a droit à des incrustations numériques indignes d’un téléfilm chypriote. Dommage que les interventions des bestioles se comptent sur les doigts d’une main, mais c’est aussi ça les stars, elles savent ménager leurs apparitions et tout donner l’espace d’une scène ou deux.


Après « Des Serpents dans l’avion », « Un Requin dans la gondole ». Forcément, ça dure moins longtemps.


Oui, c’est affreux comme trucages, mais il n’y a pas de quoi se mettre dans cet état.

Enfin, c’est pas bien pire que tous ces badauds j’menfoutistes qui zonent en arrière-plan.

Le squale ayant signé un temps partiel, on se dit que Danny pourra au moins compter sur les deux grands noms de son casting pour renverser la vapeur : Melle Johansson et Mr Baldwin. Les prénoms vous dites ? Ahem… Dans le rôle de Laura, on retrouve… Vanessa Johansson, grande sœur de la divine Scarlett. Comédienne correcte, ce n’est jamais vraiment par elle que le ridicule arrive, même si elle peine à convaincre son monde lorsqu’elle valide sans broncher les bévues historiques exposées plus haut. Semblant parfois se demander ce qu’elle fait là mais restant toujours très pro - une attitude respectable au vu du résultat final -, on retiendra que Vanessa est plus à l'aise pour jouer les bons sentiments gnan-gnan que pour rouler des mécaniques dans les scènes d’action. Difficile de dire si son parcours cinématographique l’amènera un jour au même niveau que sa frangine ou, au contraire, la verra s'enfoncer dans des productions Asylum ou TomCat tournées avec trois kopecks, mais comme elle est la seule à conserver un peu de dignité dans l’histoire, on se gardera bien de trop l’enfoncer.


Vous avez vu mademoiselle, je ne vous ai pas trop saquée. D’ailleurs je me demandais si vous n’auriez pas le numéro de votre sœur, à tout hasard...

Oh, ça va ! C’était juste une idée !


En revanche, le cas de Stephen Baldwin est largement moins défendable. Déjà aux portes du désespoir dans « Harpies », notre camarade franchit ici un nouveau palier dans le deuil de sa carrière, passant de l’abattement à la résignation. Bouffi et se trimballant une tête de neurasthénique quoiqu’on lui demande de faire, Stephen est tellement désarmant d’inconsistance qu’il ferait passer Chris Mitchum pour un concurrent de Jim Carrey. Hormis quelques soubresauts, demandez-lui d’exprimer la douleur du deuil, l'émerveillement de découvrir un fabuleux trésor ancestral ou la détermination quand il s'agit de tenir tête à un gangster, Stephen n’en a pour ainsi dire plus rien à foutre, semblant juste attendre le chèque qui lui évitera de tourner dans une énième télé réalité.


Colère, détermination, peur, chagrin, je vous laisse deviner quel sentiment va avec quelle photo, de toutes façons ça ne fait aucune différence.


Ceci dit, il y a de quoi s'en balancer quand on joue dans un nanar pareil, et qu'on vous fait tourner des scènes en dépit du bon sens. Le personnage de Baldwin semble invulnérable, c'est peut-être pour ça qu'il semble autant blasé. A titre d'exemple, on le voit gambader quelques instants à peine après s’être fait mordre le jarret par un requin. Et ne croyez pas que c’est dû à une combi en kevlar, parce que même après avoir perdu une jambe lors d’un assaut, il arrivera à poursuivre le film sur ses deux guiboles. A ce stade-là, vous vous doutez bien que ce ne sont pas de petites critiques sur son jeu qui peuvent encore l’atteindre.



Soyez sans crainte, cela fait beaucoup moins mal qu’il n’y paraît. Deux jours à l’hosto et on n'en reparle plus.


Toujours aussi fortiche, le Stephen Baldwin peut aussi utiliser un simple harpon pour faire exploser un requin (même si celui-ci se trouve dans un autre film) ou tenir une conversation claire avec un détendeur en bouche.


Alignant les perles sans inventer grand chose, « Shark in Venice » fera office de menu fretin pour les vieux loups de mer du cinéma étrange. Ne vous attendez donc pas au renouveau du nanar animalier mais à un nanar de bonne tenue, qui se laisse facilement regarder et sans gros temps morts. Prenant - ce n’est pas coutume - une autre saveur lorsqu’il est apprécié en VO, ce film a au moins le mérite de nous apprendre qu’outre le romantisme, Venise peut aussi symboliser le ridicule, surtout si on lâche un requin dans ses canaux. Merci Nu Image, ne vous reste plus qu’à produire une histoire de calamar détruisant Paris ou « Godzilla à Vienne », au point où on en est, ça peut difficilement être pire.

- Wolfwood -
Moyenne : 2.25 / 5
Wolfwood
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Il aura fallu attendre décembre 2010, et sa distribution chez "WE Prod", pour voir "Shark in Venice" atteindre les côtes hexagonales. L'occasion de nous prouver une fois encore qu'à défaut de grands cinéastes, "Nu Image" a d'excellents commerciaux.


Si vous souhaitez faire l'économie de quelques euros, soyez certains que vous pourrez tout de même voir ce film sur divers chaînes du satellite et de la TNT.


Ici, le dessinateur de l’affiche s’est un peu lâché sur les proportions. Ne rêvez pas, il n’y aura jamais rien d’aussi spectaculaire dans le film.

Le DVD allemand. Plus sage, mais nettement moins aguicheur.