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Reptilicant

(1ère publication de cette chronique : 2008)
Reptilicant

Titre original : Reptilicant

Titre(s) alternatif(s) :I, Alien

Réalisateur(s) :Desi Singh

Année : 2006

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h27

Genre : (Gary) Daniels versus Predator

Acteurs principaux :Gary Daniels, Tina-Desiree Berg, Jason Scott Johnson

Barracuda
NOTE
2.5/ 5


Le DVD tchèque, un des très rares pays où Cine Excel a réussi à vendre le film.


Reptilicant partait avec un solide a priori favorable. Un sous-Prédator avec Gary Daniels, à la bande-annonce hautement alléchante et produit par Cine Excel, les maîtres du nanar moderne, autant dire que ce film était fort attendu par l’équipe de Nanarland qui n’en pouvait plus de baver depuis 2004 (!) devant des photos de tournage annonçant un monstre solidement ridicule et des stéréotypes de personnages bien ringards. Aujourd’hui nous sommes enfin parvenus à nous procurer le film et le moment est venu de rendre notre verdict.


L’histoire de Reptilicant est racontée sous forme de longs flashbacks. Gary Daniels, agent du FBI, interroge la seule survivante d’un groupe de mercenaires s’étant introduits dans la prison d’Alcatraz, aujourd’hui transformée en musée, pour s’emparer d’une fortune en diamants cachée là par un prisonnier. Pour leur malheur, nos chasseurs de trésor se sont retrouvés attaqués par une créature mystérieuse d’origine extraterrestre, « mi-reptile, mi-réplicant » (d’où le titre du film), qui va rapidement décimer le groupe, d’autant qu’en plus le traître de service s’en mêle et que pour pleins de raisons super importantes nos baroudeurs sont obligés de se séparer incessamment. Sans trop en dévoiler, on peut toutefois révéler qu’à la fin Gary Daniels n’hésitera pas à enlever sa chemise pour aller savater le monstre.


Malgré tous ses atouts, Reptilicant apparaît de prime abord comme un nanar un tantinet décevant. Sa réelle faiblesse, pratiquement la seule d’ailleurs, c’est l’extrême prévisibilité du déroulement du film. Au bout de cinq minutes, le spectateur commence très bien à voir ce qui va se passer tant aucun cliché du film de monstre ne nous est épargné. Le scénario n’a aucun intérêt (NDLR : ou plutôt si, un seul : d’après Nikita, le film, en enchaînant les « flashbacks dans le flashback » sur pas moins de quatre niveaux, détiendrait à ce titre un record dans l’histoire du cinéma, mais ça n’apporte rien d’un point de vue nanar, l’histoire restant cohérente et très aisée à suivre) mais tient à peu près la route, les acteurs ne sont pas très bons mais aucun ne se distingue particulièrement. Les images de synthèse ringardes qui sont presque la carte de visite de Cine Excel se font étrangement discrètes passé un générique aussi interminable que mal fichu. Alors il faut chercher ailleurs sa dose de nanardise.


Le générique en images de synthèse n'était pas la meilleure idée au monde.


Le look des mercenaires est totalement ridicule, ça au moins sur ce point il y a un peu à se mettre sous la dent. Outre la coiffure de l’héroïne, qui doit bien peser dans les 5 kilos, on ne saurait assez célébrer le chasseur de trésor borgne équipé d’une visée laser en toc sur un coin de la tête. L’équipe comprend également un vague sosie de Brahim Asloun, ce qui est toujours appréciable.



Des baroudeurs surentraînés prêts à braver tous les dangers. Jeu : devinez lequel est le traître.


Notez que 5 kilos constitue l'estimation basse.


Ensuite, le monstre lui-même est gentiment naze. Il donne l’impression d’avoir été conçu avec un costume de gorille retourné pour laisser les poils à l’intérieur et faire apparaître la doublure de latex à l’extérieur. Il n’est pas aussi gratiné que celui d’Alien 3000, auquel il ressemble étrangement, mais pour ma part imaginer les démangeaisons de l’acteur à l’intérieur suffit largement à mon bonheur.




Reptilicant se hisse donc sans mal hors de la masse insipide des navets, mais déçoit un peu car il lui manque ce grain de folie qui fait tout le charme de Cine Excel, ce mélange de douce incompétence et de stupéfiante crétinerie qui fait se demander constamment « mais pourquoi ils ont choisi de filmer les choses d’une telle façon alors qu’il aurait été beaucoup plus logique que ça ce passe plutôt comme ça, et qu’en plus ça leur aurait évité d’exhiber des effets spéciaux d’une nullité aussi affligeante ?! ». Pourtant, cette alchimie inimitable renaît le temps d’une poignée de scènes furieusement débiles qui permettent à Reptilicant de sortir d’un visionnage avec la tête haute et un sourire en coin.




Prenez par exemple la manière dont nos mercenaires inspectent la prison pour tenter de retrouver et d’éliminer le monstre et le traître qui s’y cachent. On les voit se présenter à deux devant une cellule. Ils s’avancent avec prudence dans la pièce, tous leurs sens en alerte. L’un d’eux y pénètre et l’inspecte avec minutie, puis ressort tandis que son compagnon répète les même gestes juste derrière lui. Ces deux abrutis viennent de passer presque une minute à fouiller de fond en comble une pièce totalement vide de deux mètres sur deux, qui est de surcroit une cellule de prison, c'est-à-dire complètement ouverte sur un côté entier. Et le pire, c’est qu’ils répètent la méthode pour chaque cellule qu’ils croisent ! Comme en plus ce sont toujours les deux mêmes cellules qui constituent l’essentiel du décor (Alcatraz dans le film se résume à trois pièces, quatre couloirs et deux placards pour les cellules susmentionnées), j’aime autant vous dire que pas un microbe n’a dû échapper à la vigilance de nos inspecteurs pénitentiaires de choc.


Nos deux vedettes en action. Ca va les gars, vous êtes sûrs que le monstre est pas planqué derrière un mouton de poussière ?


A mettre au crédit du film figure également une fusillade effarante d’absurdité qui tente de la jouer Matrix ou John Woo mais au final n’arrive à ressembler qu’à… Ben à Reptilicant par Cine Excel en fait. Au panthéon des plans à la con, il ne faudra pas oublier un jour d’y faire figurer l’idée de génie de nos mercenaires pour percer la carapace du monstre : puisque le diamant est la matière la plus dure qui existe, ils décident d’en coller sur leurs balles pour en faire des munitions perforantes. Et quand ça ne marche pas, ils récidivent avec un marteau. Et comme une idée pareille ne doit pas se perdre, lorsque Gary Daniels verra son tour venir, c’est carrément sur ses poings qu’il fixera les diamants, dans une sorte de version bling-bling de Kickboxer.


Les tessons de verre, c'est bon pour cette lopette de Van Damme !


Les Diams : l'arme absolue pour se débarrasser des monstres extraterrestres et de tous les autres importuns. N'oubliez pas de monter le son bien fort.


Et Gary Daniels alors me demanderez-vous ? Et bien Gary, même s’il est présent tout au long du film pour conduire l’interrogatoire de la meneuse des mercenaires, il faut attendre la fin pour le voir se mettre en action (et arracher sa chemise d’un geste viril). Il est probable d’ailleurs que ses scènes ont été filmées à la chaîne au cours d’une session de tournage spéciale. Pour autant sa prestation contre le monstre n’a rien de honteux, les aptitudes martiales de l’acteur brillant même dans les productions les plus modestes. Le combat n’est pas exempt de bons gros morceaux de nanardise, mais ce n’est pas vraiment de sa faute : le réalisateur Desi Singh s’est enfin décidé à sortir de son chapeau les effets spéciaux Cine Excel que nous aimons tant et contre la ringardise desquels il est vain de lutter. Il faut aussi souligner la totale incompréhensibilité du plan très élaboré grâce auquel Gary parvient finalement à terrasser la créature. Il est question d’un phare, d’un groupe électrogène et apparemment d’un orage mais tout ça reste extrêmement confus.


Gary Daniels (ici avec sa chemise).


Un plan, un seul, et le doute n'est plus possible : nous sommes bien chez Cine Excel.


Au final, même s’il ne tient pas toutes ses promesses, Reptilicant reste un nanar honnête qui souffre plus de son extrême prévisibilité que d’une quelconque mollesse. On sourit souvent, on éclate de rire quelques fois et on ne se surprend jamais à vouloir mettre le film en avance rapide, ce qui constitue déjà une performance honorable. Un film parfait pour meubler un début de soirée, sorte d'apéro-nanar à picorer en attendant que tout le monde arrive et de pouvoir enfin passer aux choses sérieuses.






Et comme d'habitude, à la fin, Gary Daniels emballe la fille.

- Barracuda -
Moyenne : 2.17 / 5
Barracuda
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation



Le film n'étant pas sorti en France, il vous faudra aller fouiller sur des sites de vente en ligne américains un peu obscurs pour vous procurer le vieux DVD "Ciné Excel" épuisé. Le film est aussi sorti en DVD au Japon, en Hongrie, en République tchèque et en Russie.


David Huey, patron de Cine Excel, semble par ailleurs avoir essayé de "re-brander" le film sous un autre titre, I, Alien. (pour singer I Robot ?).

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