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Ninja Ultime Violence


Ninja Ultime Violence

Titre original :Revenge of the Ninja

Titre(s) alternatif(s) :Way of the Ninja

Réalisateur(s) :Sam Firstenberg

Année : 1983

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Crimes (ninjas) et châtiments (ninjas)

Acteurs principaux :Shô Kosugi, Arthur Roberts, Kane Kosugi, Mario Gallo

La Créature du Lac Gris
NOTE
2/ 5


L'affiche française de la sortie ciné.


« On a tous droit à une seconde chance. »
Cette petite maxime m'était sortie de l'esprit quand je retirais, un peu dépité, la vidéocassette poussiéreuse que j'avais dénichée dans une succursale de l'entreprise de recyclage de l'abbé Pierre. Sans doute un peu refroidi par les commentaires mitigés de précédents spectateurs, j'avais visionné l'ensemble en faisant autre chose. Ce ninja était donc retourné dans ma pile à oublier, en stand-by pour la cave. Mais c'était sans compter la Nuit Excentrique 5, puis la 6, pour que ce film vienne se rappeler à mon bon souvenir. La Nuit Excentrique, c'est un peu notre Wrestlemania à nous, les aventuriers des films exotiques, qui nous risquons dans les jungles inexplorées à la recherche de bizarreries filmiques. Devant la rudesse des extraits projetés, je fus assailli de doutes. Tiens, y'a ça dans ce film ? Il fallait donc ressortir la cassette. Et finalement, cela valait bien un deuxième coup d'œil.


Autant le dire tout de suite, nous sommes assez loin des films de ninjas psychotropes de Godfrey Ho, avec tenue de camouflage jaune poussin, rose fuchsia ou rouge cerise, sans oublier le célébrissime bandeau ninja brodé servant à être reconnu dans les soirées déguisées. Retour aux saines valeurs du noir, sobre et classique, avec tout de même une petite variante histoire d'amuser la galerie. Mais vous n'allez pas perdre au change ! Parce que l'homme aux commandes de ce film n'est pas n'importe qui, non, c'est Sam Firstenberg... Mais si, rappelez vous : la saga des American Ninja avec Michael Dudikoff, c'est lui ! Il fait partie des Labels Rouges de Nanarland, un certain gage de qualité.



Hop, hop et hop ! Dudikoff peut aller se rhabiller.

Prends ça, gredin !


L'action s'ouvre à Tokyo, où une bande de ninjas zigouille sans scrupules, et sans raison apparente d'ailleurs, toute une famille : la mère, le lardon, les suivantes, tout le monde. Le maître de maison arrive, un peu tard, flanqué de son meilleur copain, et démonte tous les ninjas d'une main d'expert. Forcément avec lui, ça rigole plus, il arrête les flèches à mains nues, et même avec les dents ! Une fois le ménage terminé, Cho (interprété par Shô Kosugi, star ninja des années 80) décide donc de s'exiler aux États-Unis sur les conseils de son pote Braden, avec sa mère et le petit bébé seul rescapé du massacre. Nous le retrouvons donc six ans plus tard, occupé à gérer tant bien que mal sa petite galerie d'art (de jolies petites poupées faites à la main) tout en donnant des cours de karaté dans son arrière-boutique pour garder la forme. Mais tout cela ne va pas durer...


Ne rigolez pas, il pourrait envoyer son indien vous scalper.


Une des premières « qualités » de "Ninja Ultime Violence" réside dans son casting. Tout le monde, depuis le grand méchant jusqu'au simple sbire en passant par le mec au troisième plan, oui, tout le monde affiche une belle tête de vainqueur. Un parrain qui pourrait être un frère caché de Sim, une blonde qui passe la moitié de son temps à l'écran à poil ou en petite culotte (et ce même sous les yeux d'un môme de six ans)...




Elle trouve même le moyen de se battre sans pantalon !


...ainsi qu'un magnifique homme de main indien qui a fait l'admiration de toute l'assistance de la Nuit Excentrique 6, lui-même flanqué d'un clone de Victor Lanoux. L'équipée de ces deux zozos sera à l'origine d'une des plus chouettes séquences du film, dans laquelle Cho poursuit inlassablement les malandrins ayant piqué ses poupées. Leçon numéro un, ne jamais piquer ses statuettes à Shô Kosugi.


A l'abordage du van...

Et hop, un petit faux raccord pour la route !


Et c'est là en fait la deuxième qualité de ce film : il ne s'appelle pas "Revenge of the Ninja" pour rien. En effet, les vilains ne vont pas arrêter de gonfler Shô et sa famille. Or il est bien connu qu'à force de pousser à bout le héros, c'est toujours très mauvais pour le reste du casting. En fait, le film pourrait être découpé en plusieurs mini-sketches où notre immigré japonais botte des derrières en série. Sa femme, ses statuettes, sa mère, son pote, son fils, tout va y passer pour le plus grand plaisir des yeux. Ils auraient aussi pu continuer en brûlant sa voiture, malmenant son poisson rouge, fouillant dans son frigo, entrant chez lui avec leurs chaussures pleines de boue, que sais-je encore.


Un Indien avec une fausse tête d'Adrian Paul et un autre avec un lookalike d'un brocanteur bien de chez nous.


Concernant les décors et accessoires, on est tout aussi bien servi car l'arrière-plan fourmille de petits détails réjouissants, en venant ajouter un grain de folie dans cette ville tranquille. Une magnifique séquence aux frontières du réel se déroulant sur un terrain de jeux pour mômes est là pour nous rappeler qu'il n'est pas bon laisser nos chérubins dans ces endroits malfamés. D'après Sam Firstenberg, il y gravite des racailles tout droit sorties de l'antique jeu vidéo Double Dragon, ricanant et crachant par terre. Alors qu'ils s'y prendront une dérouillée mémorable sous le regard benoît de toute l'assistance présente, aucun des parents ne pensera à mettre son enfant à l'abri ou à lui détourner le regard ! Non, l'éducation des petits Américains passe par là. Un jour mon fils, si jamais on te menace d'un couteau, souviens-toi de ce jour béni où nous avons été les témoins privilégiés d'un plantage de shuriken-ceinture en pleine main !


Un logo d'un goût douteux qui n'empêchera pas Shô Kosugi de l'arborer sans vergogne sur sa bagnole.

Yeah, ninja tuning, brother !

La terreur des parcs à jeux.


Car les armes utilisées dans cet opus brossent tout un pan de la culture ninja. Comment le ninja soucieux de modernité peut-il s'adapter à la grande ville et transformer ses armes meurtrières en accessoires anodins ? Ami ninja, ne cherche pas plus loin ! Car la Boutique Ninja te propose en exclusivité des articles de qualité, qui te permettront de transporter partout ton esprit ninja ! Des poupées Kokeshi transformables en double chaîne, mallettes de transport, masque pour ne pas se faire reconnaître, lentilles qui brillent pour feindre l'hypnose, boucle de ceinturon avec shuriken intégré, bâton transformable en lance, billes d'acier et clous de même fabrique, sans oublier les incontournables succès qui ont fait la renommée de ce site : mains et mannequins en mousse, ainsi que nos célèbres bombinettes à fumée. Tout ce que vous désirez, nous l'avons ! Ninja urbain, ninja malin.


"Ninja Ultime Violence" se conclut sur un duel épique mis en exergue de la cinquième édition de la Nuit Excentrique. Une grande partie de cache-cache ninja sur les toits avec Shô Kosugi se battant contre un adversaire ayant la fâcheuse manie de se transformer en mannequin de toute consistance, avec moult bruitages bien ridicules à la clé. Véritable feu d'artifice nanar, tous les ingrédients sont là pour transformer cette scène en grand moment de n'importe quoi. Du sang qui jaillit sous pression, un mannequin disloqué jeté par dessus la rambarde, des bombinettes à étincelles et à fumée. Clairement le clou du spectacle.



Shô et l'insaisissable ninja au masque de supérette s'affrontent.


Comment repenser la ville comme un immense terrain de jeu ninja, voilà le véritable et gouleyant propos de ce film. Certes, il convient toutefois de reconnaître que son classicisme ne sera peut être pas du goût des accrocs au deux en un qui ne jurent que par les cimes stratosphériques des gros ninjas qui tachent de tonton Godfrey. Pourtant, "Ninja Ultime Violence" reste un spectacle bien sympathique, suffisamment rythmé pour ne pas susciter l'ennui. Une mise en bouche facile à caser en début de soirée, histoire de se mettre en appétit pour la suite. Une sorte de petit délire aussi régressif qu'inoffensif, comme un concert de Bernard Minet.


Shô escaladant un mur qui tremblote de drôle de façon.


Coïncidence troublante ou karma ? Revenant du travail en période de rédaction de cette chronique, je m'arrête dans un vide-grenier de quartier et sur quoi je tombe ? Sur la VHS d'"American Ninja", avec toujours Shô Kosugi, tourné deux ans plus tard, trônant fièrement entre deux Disney. Les voies du ninja sont décidément impénétrables.
Et pour les insatiables amateurs de résumé fleurant bon les racontars de VHS, en voici un peu plus.




- La Créature du Lac Gris -
Moyenne : 2.25 / 5
La Créature du Lac Gris
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
L'éditeur "ESC" a sorti en 2017 un beau coffret DVD ou Blu-ray avec ce film accompagné de "L'Implacable Ninja" et de "Ninja III" . Une édition soignée avec de nombreux bonus et un livret de 32 pages qui revient sur la genèse des ninjas Cannon.



Le DVD MGM ricain.

La VHS française.


D'autres VHS américaines.