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Le Ninja Blanc

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Le Ninja Blanc

Titre original :American Ninja 2 : The Confrontation

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Sam Firstenberg

Producteur(s) :Menahem Golan

Année : 1987

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Ninja without a cause

Acteurs principaux :Michael Dudikoff, Steve James, Larry Poindexter, Gary Conway, Jeff Weston

Kobal
NOTE
4/ 5

Deux ans se sont écoulés depuis les aventures masquées de Michael Dudikoff et la consécration du réalisateur Sam Firstenberg. Fort de son succès, ce dernier en a alors profité pour battre le fer tant qu'il était chaud et ainsi réaliser dans l'entrefaite "Avenging Force" (présenté en France comme la suite de "American Warrior" sous le titre fallacieux "American Warrior 2"), un film où brillait de nouveau le duo Dudikoff/James. Mais dans l'ombre, de terribles forces se réveillent...
Coup de fil de la Cannon, intercepté par le satellite espion du clan des descendants des Ninja Varriors :
- "Allo, Sammy !? C'est Menahem. T'as réfléchi à ton prochain film ?
- Bah nan, pas encore, mais je verrai bien...
- Laisse tomber, on a déjà un truc tout prêt pour toi, tu vas adorer !
- Ah bon, c'est quoi ? C'est pas encore du Ninja j'espère ?!
- Tu sais ce qu'on dit : c'est dans les vieux pots qu'on fait le plus de pognon..."


Le pitch : Joe Armstrong et Curtis Jackson, deux Rangers de haute compétence, sont envoyés sur l'île de St-Thomas dans les Caraïbes pour enquêter sur de mystérieuses disparitions de Marines. Ils ne tardent pas à découvrir qu'à l'origine de ces enlèvements se trouve Leo Barry, dit Le Lion, à la tête d'un réseau de trafic de drogue international. Dans son île secrète, il force le professeur Sanborn à se livrer sur les soldats capturés à des manipulations génétiques afin de créer une race de super guerriers Ninjas avec lesquels il compte bien prendre le pouvoir aux USA. Bref, c'est débile, mais c'est du Ninja, drogue & recherches génétiques.


Y sont-y pas beaux nos Rangers ?


Ce film a été très justement renommé en France "Le Ninja Blanc" car malgré ce que peut laisser présager la jaquette, point question de couleur de tenue mais bien de couleur de peau, ce titre insistant derechef sur le côté occidental du Ninja. Et oui, on vous le dit et vous le répète : comme toutes les bonnes vieilles recettes, "American Ninja 2" va reprendre un par un tous les bons ingrédients qui vous ont délecté dans le premier, avec un soupçon de nouveautés.
Ce nouvel opus fleure bon les vacances au soleil : musique synthé exotique, plan tourisme sur les bâtiments typiques de la ville, plan fesse sur les jolies petites baigneuses du coin, bref, on donne un peu dans le culturel histoire de se donner bonne conscience. Le campement militaire ressemble plus à "Mes Marines chez les nudistes" qu'à autre chose, et tout le monde est plus préoccupé par la dernière compétition de surf que par les récentes disparitions de soldats. Les Marines sont en short de bain, le Colonel joue au foot dans son bureau et on s'éclate à la plage, c'est le paradis tropical, quoi. Le ton du film est lui aussi plus léger car Sam Firstenberg a affublé certains combats de bar d'une touche d'humour, renforçant à l'insu de son plein gré le côté nanar de la chose.


Et oui, c'est peinard chez les Marines !



La voiture officielle du Colonel Wild Bill.


On peut assister avec plaisir à l'évolution de nos personnages préférés depuis la dernière fois ; Michael Dudikoff a ainsi du prendre quelque cours de théâtre entre deux, car s'il conserve sa face de pierre et son brushing figé la plupart du temps, il tente à plusieurs reprises de mimer des expressions faciales nouvelles (en relevant ses sourcils ou en bougeant la bouche par exemple).


Michael n'a rien perdu de sa mimique habituelle.



Vous voyez bien qu'il fait des efforts !


Un peu timide en début de film (c'est Steve James qui parle pour lui), il ose même la grande aventure du cinéma parlant par la suite. Préférant une tenue plus martiale, il nous fera languir jusqu'au grand final avant d'enfiler sa tenue de Ninja (un p'tit flashback de "American Ninja 1" et hop, le tour est joué !) qui n'est pas blanche, mais noire à ceinture rouge.


Compétence Ninja : pet-flamme !!



Snif, snif ? Ca sent la fin de flashback, ça !


Steve James est quant à lui plus éblouissant que jamais, s'épanouissant complètement dans son rôle de Black-déconneur-dragueur-bastonneur-sympa. De plus, ayant fait ses preuves dans le premier "American Ninja" (et attirant sans doute le public afro-américain), il a désormais droit à ses propres scènes de combat anti-Ninja.


Il traverse le film telle une masse inarrêtable, hurlant d'un plaisir non dissimulé lorsqu'il s'agit de tabasser seul et sans difficulté une dizaine de loubards ou encore une meute de Ninjas, que ce soit à mains nues, à l'arme blanche ou au pompeux. Plus que simple brute, il n'oublie jamais de rester cool et de sortir une ou deux vannes, chacune de ses interventions se buvant comme du p'tit lait. Steve James, un nom à ne surtout pas oublier...


Que serait un bon film américain sans un enfant, ici incarné par Toto, le gamin à tout faire du camp des Marines, bien pratique pour nos deux héros (et pour les scénaristes). Astucieux et roublard, Toto est de tous les coups, sortant Michael de quelques mauvais pas, se faisant rétribuer pour ses services la modique somme de "10 balles". Ce qui lui fait tout de même 40 balles au terme d'un film où il aurait pu mourir à de nombreuses reprises, Ninja oblige (Michael n'a décidément aucun scrupule).


Mieux qu'au Bois de Boulogne, Toto fait tout, et pour seulement 10 balles.


Quant au méchant, Le Lion, pas de problème de casting, c'est une star de la Cannon qui endosse les lunettes noires syndicales : Gary Conway. Cela ne vous évoque rien ? Et pourtant, ce fut le scénariste du grandiose "Over the Top" (ainsi que du présent film par la même occasion). Façon idéale de se montrer un peu et de gagner plus d'argent, il incarne ici un bad guy standard, prenant, derrière ses lunettes noires, l'air méchant de celui qui s'y connait en gestion de Ninjas à plusieurs millions de dollars l'exemplaire. Bref, Gary n'illumine pas le film par son jeu d'acteur.


Planqué derrière ses lunettes, Le Lion adore rester inexpressif.



Le symbole du Lion (notez le subtil et hautement artistique mélange Shuriken-Lion).


Mais c'est pas grave, parce que ce n'est pas Mike Stone (le Maître Ninja Méchant) qui va lui voler la vedette ; le charisme dans les chaussettes, Mike est loin d'être aussi convaincant que Tadashi "Black Star Ninja" Yamashita, sa seule particularité étant son faux oeil paralysé, maquillage ridicule à l'appui. En plus, il n'est même pas asiatique...


Tojo Ken, Maître Méchant Ninja en civil.



Ici dans son costume du dimanche.



Maître Méchant a enfin enfilé se tenue de travail (il la porte très peu).


Sam Firstenberg a conservé cette volonté d'exception culturelle en commandant le catalogue La Redoute des armes de Ninjutsu et en y achetant un peu de tout : des lances, une ou deux cordes d'étranglement, des couteaux, un bô, un gros filet noir, du sable, des fléchettes, des shuriken, bien évidemment 3 caisses de katana et même un shotgun pour le Maître Méchant, arme de Ninja par excellence comme tout le monde le sait. Devant ce flot d'armes hétéroclites, on se demande bien si ce n'était pas les soldes à La Redoute.


Une victime du sur-équipement Ninja.



Quelle dextérité ce Michael !


Toutefois, certains Ninjas n'ont nul besoin de tout ce matériel pour être hargneux, exemple de cet assassin incroyablement tenace qui après avoir été écrasé puis traîné pendant 5 bonnes minutes sur le bitume derrière la voiture de nos héros, puis re-écrasé derechef (on commence à avoir mal pour lui), parvient malgré tout à se hisser sur le capot du véhicule, harcelant Michael et ses amis au point de les forcer à foncer sur l'usine pétro-chimique du coin et à sauter en marche (seule la méga-explosion qui en résulte saura en venir à bout. Hallucinant !).


Ne vous laissez pas apitoyer, ce Ninja est une pure brute infatigable. Respect.


En plus de leurs armes, les Ninjas emploient quelques techniques bien marrantes, telle l'escalade d'un rocher à plusieurs, en se grimpant sur les épaules et en formant une chaîne sautillante vers le sommet (aaah, si tous les Ninjas du monde pouvaient se donner la main). C'est ce genre de petite trouvaille qui enrichit le film et lui donne ce ton nanar si particulier.


Hop, hop, hop, hop !


Et ce qui est bien avec les Ninjas, c'est qu'on peut s'en servir pour un peu tout et n'importe quoi, comme ces Ninjas videurs de bar qui ouvrent le film ou les Ninja responsables des visites guidées (on s'attend à tout moment à en voir passer la serpillière dans les laboratoires minables du Lion).


Stop Ninja torture now !



Encore un qui fait le mariole sur son caillou.


Mais qu'on ne s'y trompe pas, même s'ils sont braves, les Ninja ne sont là que pour mourir en masse, que ce soit sous les coups de butoir de nos deux Rangers ou bien lors des traditionnelles démonstrations de tuerie du Maître Méchant pour épater la galerie (au prix qu'ils doivent coûter ces bio-Ninjas, c'est vraiment du pognon foutu en l'air). D'ailleurs, le record de mortalité est dépassé car pour une quarantaine de Ninjas pourfendus dans le premier épisode, on a ici droit à plus de 70 Ninjas froidement exécutés (plus un castré). A quand la création d'une Ligue de Protection des Ninjas ?


Pourquoi s'obstiner à vouloir remplir des arènes avec des Ninjas ?



Séance collective d'aérobic.


L'action reste toujours aussi présente, et respecte le testament du premier opus : bastons entrecoupées de scénario avec un final bordélique où tout le monde tire dans tous les sens (mais où bizarrement seuls les méchants meurent). On a droit en prime à une touche couleur locale de St-Thomas avec son bar à loubards (feat. Ninjas) et son marché pittoresque (feat. Ninjas entre deux légumes).


Nos deux héros partent draguer les nanas du coin.



Entre deux bastons, Michael sait profiter de la vie.


Les combats sont chorégraphiés au coup par coup pour laisser le temps au téléspectateur de bien comprendre qui tape qui et dans quelle position. Steve James ne peut s'empêcher de grimacer à chaque percussion, au point parfois de ressembler à un Bruce Le afro-américain.


Le Colonel Wild Bill et les restes de Steve James (un film sur les uniformes).


Quant au montage, si l'ensemble est fluide, cela ne fait que ressortir d'autant plus certains raccords à la machette ; je pense par exemple à un plan digne d'un Max Thayer attrapant un hélicoptère en vol, où un Ninja saute dans une voiture en marche qui semble bien immobile lors de sa retombée acrobatique sur le plan suivant.
Et s'il manque dans cet épisode quelques figurants convulsifs en arrière-plan (rassurez-vous, il y en a lors de l'assaut final), on constatera tout-de-même des rassemblements de badauds regardant sans s'émouvoir Michael Dudikoff détruire quelques hommes en pyjama noir lors des scènes de baston du centre-ville. N'oublions pas non plus de remercier les bruiteurs et les artificiers sans qui l'ambiance nanar' n'auraient pas atteint de tels niveaux dans les scènes d'action/destruction (c'est fou ce qu'on peut faire avec de la poudre flash).


Quelqu'un a jeté une fusée, tous à terre !!!


Les dialogues font bien souvent mouche (merci la VF), propulsant Steve James au sommet de son art. Mention spéciale à Jeff Weston (le colonel Wild Bill) qui nous offre lui aussi une belle prestation. Les incohérences se multiplient sans que cela semble déranger qui que ce soit (Michael demande à une barmaid où se trouve un ami qui doit l'attendre dans ce bar. Elle lui répond "au fond du couloir". Et lui de monter spontanément au premier étage, de se promener dans un couloir et de frapper à la bonne porte). Le charabia scientifique n'a ni queue ni tête, le méchant parle beaucoup pour ne rien dire, bref, les dialoguistes nous ont pondu ce qu'on voulait : du nanar en barre.
Le scénario à proprement parler est quant à lui d'un culot affolant ; on veut nous faire croire qu'un professeur chercheur en cancérologie se retrouve forcé à fabriquer en cuve des super guerriers Ninjas (le lien n'est déjà pas évident). Mais en plus, celui-ci ose déclarer à la ronde qu'il pensait construire ainsi un monde meilleur et qu'on a perverti ses recherches ! L'enquête est tellement simple qu'elle donne l'impression d'être compliquée, et une fois de plus, les militaires américains partent à la guerre sur un coup de sang pour tout faire péter, et ce évidemment sans aucune autorisation de leurs supérieurs (technique dite "Patriot Chuck Norris").


Deux Ninjas victimes innocentes d'une grenade US.


En conclusion, "Le Ninja Blanc / American Ninja 2" réussit le pari insensé de faire plus fort que le premier opus. Sam Firstenberg nous servant sur un plateau un délicieux cake américain aux morceaux de Ninjas pour qui aime le genre. Les occasions de rire surgissent de partout, le taux de nanardise demeure constamment élevé, les Ninjas sont fidèles à leur réputation, Michael Dudikoff et Steve James forment un couple digne des plus grands duos, bref du grand spectacle qui se déguste sans modération. Ce film est tellement bon qu'il transcende son côté série B cheapos pour devenir un ami qu'on a plaisir à retrouver, une oeuvre qui nous apporte tellement de bonheur à la regarder qu'elle inspire le respect ; "Le Ninja Blanc / American Ninja 2" est réellement ce que j'appelle un mauvais film sympathique, un véritable nanar quoi...


Tout est bien qui finit bien pour notre joyeux couple de lutteurs...


Bonus

En exclusivité, le doubleur cascade de Michael Dudikoff (véridique, cet acteur remplace Michael 2 secondes sur ce plan inutile, ce qui peut passer inaperçu aux yeux du néophyte)



Et y'en a encore pas mal d'autres...

- Kobal -
Moyenne : 2.90 / 5
Kobal
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation


Comme les autres épisodes de la série, "Le Ninja Blanc / American Ninja 2" a profité des ressorties DVD à 1 € des hypermarchés. Le film est dégottable sous ses deux titres "American Ninja 2" chez "Global Pictures" et "Le Ninja Blanc" chez "Supra Vidéo", mais la copie semble malheureusement aussi mauvaise dans un cas comme dans l'autre, avec un recadrage en 4/3 évidemment inesthétique et bien entendu pas l'ombre d'un bonus. Ca reste mieux que rien pour découvrir ce film, mais mieux vaut encore mettre la main sur la VHS sortie chez "Warner Home Video" et théoriquement trouvable dans vos Cash Converters et trocantes habituelles. Si le blu-ray existe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, seul ou avec les 3 autres opus de la série, elle ne comprend pas la version française. Dommage, on attend toujours une version de qualité chez nous.

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