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The Master


The Master

Titre original :Long xing tian xia

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Tsui Hark

Année : 1989

Nationalité : Hong Kong / Etats-Unis

Durée : 1h30 environ

Genre : Kung Fou

Acteurs principaux :Billy Blanks, Jet Li, Yuen Wah, Crystal Kwok, Jerry Trimble, Anne Rickets

Nikita
NOTE
2/ 5

 



Tsui Hark est un excellent réalisateur ; je ne me permettrais pas de contester la validité de cette affirmation sous peine de subir les mille supplices orientaux que les sinophiles de Nanarland réservent aux hérétiques. Seulement… il faut qu’il soit bien disposé ! Car le maître, pour peu qu’il ait mal mangé à midi, qu’il doive composer avec des producteurs américains ou tourner avec Jean-Claude Van Damme, est capable de pétages de plombs dont Nanarland a témoigné en plusieurs occasions : qu’il s’agisse de « Double Team », de « Piège à Hong Kong », ou de « Black Mask 2 », Tsui Hark a plusieurs fois donné dans une nanardise qui pourrait bien lui valoir d’inaugurer la catégorie paradoxale de « réalisateur nanar occasionnel ». Le style délirant et pyrotechnique du Hong-kongais se prête en effet, pour peu qu’il soit mal maîtrisé, à des perles nanardes. Mais avant même les ratages cités plus haut, Hark s’était rendu coupable d’un fiasco dantesque : si ses films avec Van Damme conservent une trace du talent de leur auteur, on ne peut pas en dire autant de ce « The Master », dont la frénésie est la seule qualité. 

 


Introducing Jet Li in California...



Jet Li interprète ici un jeune artiste martial chinois venu rendre visite à son maître, herboriste à Los Angeles. Notre héros ignore cependant que ce dernier se cache, après avoir été blessé lors d’une lâche agression perpétrée par un artiste martial américain, qui veut apparemment prouver qu’il est le meilleur kung-futeur de Californie. Perdu dans Los Angeles, et ne parlant pas un mot d’anglais, Jet va multiplier les rencontres : avec des Chinois américanisés, avec un gang de Latinos débiles qu’il va prendre comme élèves (source de gags bien lourds), enfin avec une belle nana qu’il va bien sûr emballer à la fin du film comme tout héros qui se respecte.


Un genre de "Taxi" à la sauce americano-hongkongaise...



Le film esquisse bien un tableau de la confrontation Asie / Occident, avec pour cadre une histoire d’arts martiaux, mais il souffre de plusieurs maux. Tout d’abord, un scénario si stupide qu’on le croirait issu de la plume de Godfrey Ho. Le méchant Américain veut apparemment devenir le caïd incontesté des arts martiaux, et mettre sur pied une école qui supplanterait toutes les autres. Que fait-il pour cela ? Il agresse tous les artistes martiaux qu’il trouve, et va avec ses sbires faire des descentes dans les autres écoles pour casser la gueule à tout le monde. Si l’on peut voir une vague logique derrière ses actions, on ne voit pas comment il évite des déboires judiciaires (sachant que ses agressions sont, en partie au moins, commises en public) qui ne bénéficieraient pas à la prospérité de son école.


Une figure classique du film de kung-fu : le héros seul face à des dizaines de combattants.



Les invraisemblances et les ellipses abondent
: le chef de la police de Los Angeles demande à Jet de l’aider à mettre fin aux exactions du méchant. Admettons, mais il devrait logiquement ignorer que notre héros est un grand artiste martial, puisqu’il ne l’a jamais vu en action. Qui le lui a dit ? Mystère. On croirait le Commissaire demandant l’aide de Mickey Mouse dans un épisode peu inspiré.

 



Le film est d’une lourdeur pachydermique dans sa description du hiatus entre l’Asie et l’Occident, et tombe dans le racisme en plusieurs occasions. Passons sur les trois compères latinos de Jet Li, si caricaturaux qu’on dirait des Noirs dans des films américains des années 30 ; un Chinois occidentalisé se voit traiter de « sale banane » (= "jaune" à l’extérieur, "blanc" en dedans) ; les répliques du genre « Quoi, tu es Asiatique et tu laisses un Blanc t’apprendre le kung-fu ? Honte à toi ! » abondent etc., etc.



Mais enfin et surtout, le véritable amplificateur de nanardise du film, c’est le méchant ! Jerry Trimble, excellent artiste martial mais comédien redoutablissime, est tout simplement ENORME ! Affublé d’une mullette si hideuse que ce doit être fait exprès, grimaçant, gesticulant, ridiculement doublé en cantonais dans la version originale, Jerry Trimble nanardise tout sur son passage, telle une véritable tornade !


Jerry Trimble et sa killer mullette



Il faut dire que le film semble tout faire pour confirmer le piètre jugement du cinéma de Hong Kong quant au choix de ses comédiens occidentaux. Lors du tournage à Los Angeles, Tsui Hark a dû écumer les pires bas-fonds de l’ANPE spectacle pour trouver des comédiens américains aussi mauvais, ectoplasmiques, insipides, infra-ridicules ! PERSONNE ne semble avoir la moindre compétence pour tenir un rôle à l’écran, ce qui finit par conférer un peu de talent à Jerry Trimble, suivant la loi de la relativité ! La palme revient à une certaine Anne Rickets, blondinette totalement inodore et incolore, qui joue le rôle d’Anna, gentille élève en arts martiaux. Rarement vit-on actrice plus dépourvue de présence !




La crème des acteurs américains, je vous dis !



Pour résumer rapidement, disons que Jet va retrouver son maître, et le persuader de l’aider à enseigner le kung-fu aux trois Latinos et à Anna, afin de résister au méchant et à ses sbires, et d’aller au final leur botter le cul. Le film se conclura par un combat assez mémorable, qui en rattraperait presque la mauvaise qualité, si l’on consentait à oublier que Tsui Hark est l’auteur du métrage qui précède.


Jet Li entraîne les Latinos : du nerf, les pédés !



Alors, « The Master » est-il un navet déprimant, dramatique faux pas d’un grand maître ? Que nenni, car même en très mauvaise forme, Tsui Hark conserve du peps, et sait nous offrir un film qui pour être totalement crétinoïde, n’en est pas moins dynamique. Les scènes de combat, si elles n’arrivent pas à la cheville de celles d’ « Il était une fois en Chine », n’en ont pas moins une réelle énergie, qui fait oublier la bêtise de l’argument. Enfin, la sottise même du scénario finit par être une attraction, tant la naïveté de l’univers décrit finit par le faire ressembler à une vaste BD ! Le kung-fu semble ici être la panacée universelle : tout le monde veut l’apprendre, il résout tout les conflits, et rend invincible ! On se croirait presque dans « Shaolin Soccer », sauf qu’ici, c’est sérieux.


Jet et son jokari kung-fu.



Sérieux ? Oui, concernant l’action. Non, pour ce qui est de la présence de nombreuses scènes de comédie d’une lourdeur assez accablante, qui font parfois passer au film la ligne jaune qui sépare nanar d’action et nanar comique. Ajoutons enfin que dans certaines scènes, Jet Li se retrouve à devoir jouer les comiques : il suffit de l’avoir vu jouer une fois pour savoir que ce n’est ABSOLUMENT pas son truc ! Le pire étant que le malheureux semble en avoir pleinement conscience...


Captain Mullette contre Chapeau-man !



« The Master » n’en est pas moins à voir, malgré son statut de ratage patenté, car son absence totale de crédibilité et la lourdeur de son scénario ne l’empêchent pas d’être un divertissement énergique et sympathique. La débilité même de l'histoire finit par lui donner du tonus, et à participer du plaisir qu'on peut éprouver à la vision du film !

 


- Hé chauffeur, où est-ce que tu m'emmènes ?
- Ben, euh... ahem... euh... au sommet, voyons !



Ajoutons que Tsui Hark était tout à fait conscient de l’échec artistique de son film, dont il préféra empêcher la sortie. Quelque chose l’avait cependant intéressé dans son acteur principal, dont il voulait exploiter le potentiel dans un meilleur film. La suite, on la connaît : le premier « Il était une fois en Chine », qui fit exploser l’étoile de Jet Li et assura la gloire de Tsui Hark. Ce n’est qu’après la sortie de ce dernier film que le réalisateur consentit à faire sortir ce piteux « The Master ».



Il est en tout cas amusant de penser que c’est de ce piteux nanar tourné aux USA qu’est née entre les deux hommes une collaboration qui devait faire leur renommée. Par un ironique retour de bâton, l’Amérique devait continuer à leur porter malchance : Jet Li se retrouvant amputé de son charisme dans de médiocres « actioners » comme « The One », et Tsui Hark naviguant à vue dans des films improbables, Hollywood ne sachant que faire de son talent. Ceci dit, tant qu’ils ne tournent pas « The Master 2 », rien n’est perdu !
Merci à David-Olivier, de Ciné-HK, pour les images.

- Nikita -
Moyenne : 1.80 / 5
Nikita
NOTE
2/ 5
John Nada
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Après avoir longtemps été obligés de nous contenter des DVD zone 1 américains, nous pouvons enfin savourer ce film dans un coffret français de toute beauté, édité conjointement par "HK Vidéo", "Métropolitan" et "Seven Sept". Deux versions semblent exister, la plus simple prévue pour la location est au couleur de "Metropolitan", la plus esthétique est celle de "HK Vidéo", même s'il faut bien avouer que fondamentalement ce sont les mêmes. En effet, on n'y trouvera, malgré la beauté de la présentation et des menus, pas de bonus particuliers hormis quelques bandes annonces. Mais déjà une image restaurée (normal qu'il aient soigné le master sur celui là), une V.O. cantonaise et une V.F. assez risible, c'est déjà pas mal pour ce film longtemps oublié.

 

En blu-ray des versions allemandes et chinoises existent et une version britannique chez "88 films" est annoncée pour l'été 2020 on croise les doigts pour une future version française.

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