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Lorna la Lionne du Désert

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Lorna la Lionne du Désert

Titre original :Strategia per una Missione di Morte

Titre(s) alternatif(s) :La Guerre du Pétrole, Black Gold Dossier

Réalisateur(s) :A.M. Frank (attribué à Luigi Batzella)

Producteur(s) :Marius Lesoeur

Année : 1978

Nationalité : Italie / France

Durée : 1h26

Genre : Lorna, la honte du désert

Acteurs principaux :Gordon Mitchell, Richard Harrison, Jean-Marie Lemaire, Florence Cayrol, Olivier Mathot, Gino Turini, Rudy Lenoir, Michel Charrel, Lemmy Carson, Claude Boisson, Étienne Jaumillot

LeRôdeur
NOTE
3/ 5




Chéri de ses dames, aventurier inoxydable, l'indispensable Richard Harrison.

Nous sommes dans les années 70, décennie du choc pétrolier. Parce qu'un pays du Moyen-Orient a rompu toute relation commerciale avec l'Occident, une multinationale pétrolière française leur envoie Richard Harrison en représailles. Sa mission : s'infiltrer en territoire nanar avec cinq baroudeurs de son choix pour faire péter une raffinerie.


Yul Sanders (de son vrai nom Claude Boisson), habitué des films Eurociné.



Autres seconds couteaux : Olivier Mathot et Rudy Lenoir.



"- Bonne Chance
- J'en ai toujours... " [dialogue authentique]


"- Vous avez du pain sur la planche !
- Ca vaut mieux que d'être dans le pétrin !"

Pour sa mission ultime, Richard Harrison recrute Lorna, la lionne du désert, une jolie blonde interprétée par Florence Cayrol, qui, à peine apparue à l'écran, se retrouve déjà à l'horizontale en compagnie de notre moustachu, le temps d'une traditionnelle séquence érotique moite. Nos deux amoureux se remémorent le bon vieux temps où ils étaient amants et déambulaient insouciants dans les rues de Paris :
"- Paris sera toujours Paris...
- Et réciproquement !
- A l'époque, je prenais les Invalides pour l'Opéra...
- Qu'est-ce que tu me chantes ?!"



Sacré Richard !

Mais l'heure n'est plus à la nostalgie, place à la mission. Richard Harrison recrute le second larron, Jean-Marie Lemaire, un blond au regard d'acier, gueule connue du cinéma français, spécialiste des seconds rôles de durs dans les polars (Le Bar du téléphone, Poussière d'ange, Légitime violence...) qui signa ses débuts chez Eurociné, notamment comme officier de la Wehrmacht désabusé dans A l'Est de Berlin. En voyant Lorna, la lionne du désert, il s'écrie :
"- Nous avons une femme avec nous !
- Non ! Je suis un mec, même si ça ne se voit pas !
- Mmmh ! Elle a beaucoup d'humour !"


Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des oies sauvages...

Puis vient le troisième homme : Gordon Mitchell(White Fire ! White Fire !), un vieux pote de Richard Harrison dans le film, mais aussi dans la vie (ils ont débutés ensemble dans le péplum italien au début des années 60 et se sont donnés la réplique dans une dizaine de films).


Présent dans un film de série Z sur 2 à cette époque, l'épatant Gordon Mitchell.

Les autres seconds couteaux sélectionnés, Richard Harrison et sa troupe partent donc pour le Moyen-Orient et comme « Eurociné » ça rime avec « production fauchée », ils traversent la Méditerranée, certes, mais en barque, à la rame ! Cela nous vaut une séquence de la plus haute nanardise, d’autant plus lorsqu’on s'aperçoit que le rameur n'était certainement jamais monté dans un bateau auparavant : il rame à l'envers et ses pagaies désynchronisées ne touchent même pas la surface de l'eau !
"- Pourquoi c'est toujours moi qui rame ? C'est pas gai !"
Arrivée en territoire ennemi, Lorna, la lionne du désert, part en reconnaissance : elle se met en slip et prend des poses de pin-up sur une dune pendant trois bonnes minutes, suite à quoi éclate une bagarre à la Bud Spencer entre nos héros (dont Lorna, la lionne du désert, toujours en slip) et une demi-douzaine de figurants grossièrement déguisés en émirs. Au cours de la baston, Jean-Marie Lemaire se prend une balle dans les fesses :
"- C'est juste une égratignure...
- Cette fois tu peux dire que tu l'as eu dans l'cul !
- C'est éculé comme blague, ça date !
- Bah ! Faut pas tourner les choses au noir...
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce qu'au noir el ça date !
- Ca n'a pas d'essence c'que tu dis !"

 
Baston en slip !

Mais trêve de dialogues nanars, nos lascars s'organisent. Richard Harrison a un plan : "On va enterrer nos armes ici et aller au devant de l'ennemi en se faisant passer pour des touristes, comme ça ils nous capturerons..."


La tactique des mercenaires d'élite, Phase 1 : on enterre ses armes...

Sitôt dit, sitôt fait, nos nanardeurs sont fait prisonniers par un quarteron de figurants au dialecte étrange qui les conduisent à leur chef, lequel propose à Lorna, la lionne du désert, un peu de nourriture ("- Goûtez mes raisins ! Les raisins du plus fort sont toujours les meilleurs !") puis une partie de jambes-en l'air (et re-plan nichon !), avant que nos Pieds Nickelés ne s'évadent du camp et ne se retrouvent au point de départ sans que l'intrigue aie progressé d'un pouce. Génial, le plan de Richard Harrison, n'est-ce pas ?!


Phase 2 : on se fait capturer comme des nazes.


Phase 3 : après s'être libérés, on va déterrer les armes qu'on avait enterrées. Si vous ne comprenez pas, c'est normal : vous n'êtes pas un mercenaire d'élite.

S'ensuit tout un tas de péripéties en nuit américaine qui finissent nettement par tourner en rond à la longue, où nos héros zigouillent des figurants-bédouins qu'on dirait doublés en VF par Jacques Ramade. Le tout étant toujours ponctué de répliques drolatiques qui surpassent l'almanach Vermot les doigts dans le nez ("- Il vaut mieux être dans le caca que dans le caveau, alors faîtes pas ces gueules d'enterrement !" ).


Les chevaux des méchants passent à deux centimètres de Richard Harrison, et les cavaliers ne le voient pas.

Au final, c'est encore un film bien matraqué du bocal que nous offre Eurociné. Mis en scène par l'habituel A. M. Frank, pseudonyme collectif sous lequel se cache cette fois-ci Luigi Baztella, cinéaste italien anciennement dans le western (et plus récemment dans le sado-maso nazi) à classer aux côtés de Jess Franco parmi les meilleurs que compte la compagnie : il est bon photographe et nous évite pour une fois l'esthétique "film d'entreprise le jour/ scènes illisibles la nuit" qui est le lot commun de trop de séries Z.


Raffinements de la séduction orientale.

Finissons en beauté avec LA réplique du film :
"- L'inconvénient d'une blessure au cul, c'est qu'on ne peut pas s'en vanter !"
Tout est dit.


Des propositions de tournage à Hong Kong ? Ma foi, je ne vois pas comment ça pourrait être pire qu'Eurociné...

Addendum :

Il convient de noter que le film existe en deux versions différentes. Le métrage d'origine était en effet une co-production italo-française, intitulée en Italie "Strategia per una missione di morte". Selon le dictionnaire du bis italien de Marco Giusti ("Dizionario dei film italiani stracult"), le co-producteur / distributeur français Eurociné fit rajouter les scènes du début et de la fin, mettant en scène Olivier Mathot (acteur maison d'Eurociné), en compagnie notamment de Richard Harrison. La version française, "Lorna la Lionne du Désert / La Guerre du Pétrole" semble avoir servi à la distribution internationale, "Strategia...", le métrage de Batzella, ayant été réservé à l'exploitation italienne.


Sur le forum de son site perso, le regretté Gordon Mitchell, toujours laconique et jamais méchant lorsqu'il évoquait les nanars dans lesquels il avait joué, déclarait simplement : "You know, I would arrive on a set, do my scene and leave for the next movie. I just remember running around oil wells with Richard shooting at each other" (Vous savez, j'arrivais sur un plateau, je jouais ma scène et je partais sur le film suivant. Je me souviens juste d'avoir couru autour de puits de pétrole, avec Richard et moi qui nous tirions dessus).

- LeRôdeur -

Entretiens

Moyenne : 2.94 / 5
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Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation


Un film resté obscur, on s'en doute, même si Eurociné rivalise de ruse pour sortir ses films en DVD, sous des visuels attrayants et mensongers. En attendant cet hypothétique revival il faut trouver l'une des 2 éditions V.H.S. éditées par "Les productions du Tigre Vidéo" sous son nom de "La Guerre du Pétrole" ou bien la version un peu plus récente (début des années 90) intitulée "Lorna, la Lionne du Désert".


Pour les collectionneurs (ils sont trois et tous fichés au Grand Nanardisme) qui voudraient avoir une belle copie de ce film, il faudra aller la chercher du côté des Allemands de "Marketing Film" et de "Star Media", qui l'ont édité en DVD dans deux éditions à très bas prix mais néanmoins de bonne facture (pas de bonus, piste audio en allemand sans sous-titres mais une image en 16/9è d'une qualité impeccable là où les VHS françaises n'ont qu'un 4/3 granuleux à offrir). Schöne Arbeit! En germain ça s'appelle "Stoßtrupp in die Wüste", ce qui signifie "troupe de choc dans le désert". Voilà qui survend un peu le produit final, tout comme sa délirante affiche (on cherche encore ce tractopelle dans le film).


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